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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Que dire de la dame du manoir de Wildfell Hall si ce n'est que J'ai ADORE ! Wouah... Ce roman m'a bien confirmé une chose, c'est qu'Anne était aussi talentueuse que ses deux soeurs aînées et qu'elle mérite amplement qu'on parle un peu plus d'elle ! On l'associe surtout à Agnès Grey, ce qui la dessert car ce n'est pas son oeuvre la plus aboutie ni la plus intéressante (je crois qu'on est à peu près tous d'accord la-dessus ! ) Dans ce second roman, publié en 1848, la jeune femme nous offre une très belle histoire, très plaisante à lire et très critique sur la place de la femme dans la société victorienne.

Plusieurs thèmes sont abordés comme le danger d'une conduite libertine, violente et excessive. L'alcool représente le pilier de la descente aux enfers pour plusieurs personnages. Comme avec Hindley dans les Hauts de Hurlevent, le personnage d'Arthur n'est pas sans rappeler par sa conduite le triste sort de Branwell. Et celle qui en fait les frais, c'est la jeune et belle Helen, sorte de reflet d'Anne, d'Emily et de Charlotte dans leur impuissance face à la déroute de leur frère dont la violence et les addictions sont irrécupérables. D'ailleurs c'est encore un personnage masculin torturé et blessé que nous offre l'une des soeurs Bronte, s'ajoutant aux célèbres Heathcliff et Mr Rochester.

Il y a de nombreux éléments qui ont du choquer l'opinion publique à l'époque dans ce récit : les conduites irrévérencieuses et violentes, la rébellion d'une femme, le réalisme saisissant des vices et de la boisson, la décision d'Helen de etc. L'auteur critique le mariage et ses conséquences parfois désastreuses : comment par exemple une femme peut-elle s'extirper de la vie conjugale dont elle dépend lorsqu'elle est faite d'abus et de violences ? Je crois qu'à ce sujet elles n'avaient même pas le droit de porter plainte. C'est dire...

J'ai beaucoup aimé le personnage d'Helen. Elle est très attachante, prête à aider, à pardonner, à soutenir. Elle est pleine d'abnégation, de courage, de douceur et de volonté.. Son amour est et j'ai eu mal pour elle car on devine assez vite que son époux est

Le style est très agréable. J'aime beaucoup l'alternance des points de vue entre les lettres de Gilbert et le journal d'Helen. le personnage de Gilbert m'a bien plus même s'il dépasse parfois un peu les limites vis à vis de certains personnages (pour Lawrence n'est-ce pas...) et qu'il rappelle un peu l'exaspérant Hargrave dans l'ardeur de ses sentiments.

En résumé, une très très belle découverte ! J'ai passé un excellent moment de lecture et je vais maintenant me pencher sur l'adaptation cinématographique de 1996 pour redécouvrir avec plaisir Toby Stephens (Quoi ? Arrêtez de me regarder comme ça ! ), le Mr Rochester de 2006 cette fois-ci dans le rôle de Gilbert Markham. Comme vous l'aurez compris, je ne peux que vous conseiller la lecture de la dame du manoir de Wildfell Hall...

COUP DE COEUR.
Challenge PAVES 2015-2016
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Un excellent roman dans la veine romantique que j'aime particulièrement pour son charme envoûtant qui paraît étrangement si lointain avec le ton des oeuvres d'aujourd'hui.
On retrouve la finesse dans l'analyse psychologique et le caractère tourmenté des personnages de ce genre. Anne Brontë n'a rien à envier à ses soeurs à qui elle ressemble fortement également par le choix de son inspiration : une nouvelle histoire d'amour qui replace le mystère au coeur des rapports entre personnages. Or il existe deux différences notables :

L'ambiance est moins marquée dans ce roman que dans celui des "Hauts-de Hurlevent" ou "Jane Eyre" qui, sans être lu, a été vu en film. Même si toutes les trois nous replongent dans un paysage de lande dominé par la présence d'un manoir (ou château), Emily et Charlotte intégraient davantage le surnaturel en rappelant l'atmosphère des rêves ou l'évocation de fantôme à travers leur récit. C'est un peu dommage que leur soeur n'ait pas mieux exercé sa plume pour accentuer cet aspect là qui est pourtant un des traits majeurs de l'oeuvre romantique. Mais l'on ne peut nier qu' il y a décrites plusieurs scènes qui relèvent de cette esthétique comme celle où Helen se trouve au sommet d'un promontoire avec une mer agitée à ses pieds, ou encore le dialogue nocturne dans le manoir près d'un feu, l'accident à cheval dans la lande sous un ciel venteux. Surtout le mystère plane dans cette histoire autour du portrait de l'héroïne que l'on perçoit d'abord à travers le regard de Gilbert Markham. Helen, à peine installée à Wildfell Hall, suscite la curiosité et l'interrogation de ses voisins par sa position insolite : il s'agit d'une jeune femme qui vit seule avec son fils, ce qui en ce temps là était peu courant. Il faudra attendre la seconde partie pour que l'on nous dévoile son parcours à travers son journal intime car l'auteure ménage le suspense tout au long de la première.

C'est donc à partir de là qu'intervient l'aspect le plus important du roman : la peinture sur la condition de la femme. Helen est une jeune femme qui vit sous la coupe d'un mari mondain et volage. Un choix malheureux dont elle se rend compte assez vite sans savoir quelle décision prendre en dépit d'un ressenti marqué. On suit donc page après page les tourments de cette conscience qui décrit aussi avec précision les souvenirs de sa vie de couple. Pour Anne Brontë, il s'agit de dénoncer par son entremise les ravages de l'alcool chez l'homme que doit subir son épouse, la blessure de l'adultère dont elle est victime ainsi que les disputes, les rancoeurs qui peuvent naître de cette situation entre deux personnes au mode de vie et aux goûts opposés. Face à cet échec conjugal, Helen toutefois trouve la force de fuir, un exil en retrait d'où s'ensuivra sa rencontre avec Gilbert Graham avec qui elle partagera une tout autre expérience. Anne Brontë met ainsi en perspective par ce dualisme la distinction entre le faux et le vrai amour. Il s'agit aussi de rappeler la pratique du commérage qui entretenait la vie des villageois, en proie si facilement à l'ennui dans les campagnes et qui ciblait plus les femmes que les hommes. Or, même si l'auteure mène la vie dure aux rumeurs en brisant les mensonges, j'ai trouvé qu'elle ne rapportait pas des propos si médisants que cela, juste quelques bruits qui courent sur une éventuelle liaison (on est loin des accusations de sorcellerie quand même). Il faut dire qu'Helen fait figure de marginale en ce XIX siècle, étant une femme indépendante qui a fait le choix de se séparer de son époux avant même que la société n'ait légiféré en ce sens.

C'est pourquoi, je vous conseille la lecture de "La recluse de Wildfell Hall". Peut-être est-ce d'ailleurs à cause de ce portrait douloureux d'une épouse maltraitée qu'Anne a aussi été reléguée au second plan ? de toute évidence, elle portait un regard plus critique qui a dû déranger la société anglaise du XIX siècle dont la vie conjugale était la plupart du temps dominée par la seule autorité de l'époux. Un choix plus courageux que ses soeurs que, pour ma part, je salue car elle donne ainsi un peu voix au chapitre aux si nombreuses épouses bafouées qui n'avaient pu jusqu'à lors publiquement s'exprimer. de ce point de vue, on ne peut pas dire qu'Emily ait donné cette dimension éthique à son histoire alors que si Charlotte le développe aussi, il est encore plus manifeste dans ce roman qui est considéré comme le premier chef d'oeuvre féministe. Il faut dire enfin que sur cette question, les Anglais ont été plus sensibles que leurs homologues européens en donnant davantage de place aux femmes dans leur société avec la renommée de grandes reines qui ont gouverné dès le XVIè siècle et avec l'accès à la célébrité à un nombre plus diversifié d'artistes féminins : les soeurs Brontë, Jane Austeen, Virginia Woolf, Ann Radcliff, Agatha Christie, Joan Kate Rowling...
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Superbe roman, qui égale au moins ceux de Charlotte, à mes yeux en tout cas.
On sent l'ambiance Brontë dans le texte, manoirs, landes désolées, hommes brutaux et diaboliques, enchantement de l'écriture... Mais Anne Brontë se différencie de ses soeurs par son réalisme et la dimension politique de son livre. Car c'est un réquisitoire violent et magnifique contre la situation des femmes au XIXeme siècle, leur education, leur destin.
On rencontre d'abord la mystérieuse Mrs. Graham par les yeux de Gilbert Markham, jeune gentleman farmer du village où cette dame a trouvé refuge. Très vite, sa beauté, sa solitude et la présence de son fils sans celle de son père, délient les langues autour d'elle quoiqu'elle se déclare veuve...Impossible pour une femme de rester tranquille et anonyme...et les pires colporteurs de ragots sont ces mêmes femmes qui devraient être solidaires...Mais leur éducation et leur oisiveté les poussent à condamner tout ce qui semble un peu étrange.
Puis, suite à diverses péripéties, le lecteur découvre le journal intime de Mrs. Graham (Helen). Et c'est une plongée dans l'enfer que peut devenir un mariage à cette époque. D'abord, la jeune fille est littéralement lancée sur le marché du mariage, où ces messieurs se pressent pour voir la marchandise. Il y a quelque chose de profondément obscène dans ces scènes de bals hypocrites où les jeunes filles innocentes se pavanent la bouche en coeur au milieu des hommes avertis et pervertis. Ils cherchent laquelle sera la plus riche, la plus soumise...Alors qu'elles se croient dans Cendrillon. Helen, pourtant futée, se laisse littéralement embobiner par Arthur Hundington, un bellâtre qui cache sous son abondante chevelure et ses yeux moqueurs une âme faible et égoïste...Car, on constate sans peine que, si l'éducation des filles est scandaleuse, celle des garçons est une catastrophe...On ne leur met, pour parler comme aujourd'hui, aucune limite.On leur inculque l'idée que les femmes sont au monde pour les servir...et qui les éduque ainsi ? Les femmes elles-mêmes, créant leur propre enfer et celui de leurs filles. Mais condamnant aussi leurs fils à la souffrance s'ils n'ont pas la force de caractère de s'imposer eux-mêmes quelques ornières. C'est ainsi que des fortunes sont dilapidées, des familles ruinées, des dépendances mortelles à l'alcool, à l'opium, au jeu créées. L'éducation comme fondement essentiel de la société était déjà le grand thème d'Agnès Grey, l'autre grand roman d'Anne Brontë.
Donc Helen plonge avec son Arthur...Les lois l'empêchant de se libérer de cet esclavage sont aussi mises en évidence. L'Etat joue un grand rôle dans l'asservissement des épouses.
Bref, n'en disons pas plus. L'ensemble est absolument passionnant et génial.
La peste soit de cette p*** de tuberculose qui a emporté à 25 ans les plus grandes auteures du XIXeme siècle anglais.
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Après Agnès Grey, j'ai poursuivi la découverte de l'oeuvre d'Anne Brontë avec The Tenant of Wildfell Hall.
J'ai beaucoup aimé ce roman, le thème, le style, la construction, les personnages.
Une construction originale sous une forme épistolaire ce qui m'a rappelé La vie de Marianne de Marivaux. de plus, dans l'un comme dans l'autre, l'auteur n'est pas du même sexe que le narrateur.
Il s'agit de 2 lettres, rédigées par le narrateur à un ami. L'une très courte (le 1er chapitre) puis une 2ème qui se terminera avec le roman. Dans cette partie, Anne Brontë adopte le point de vue d'un homme (l'homme idéal à ses yeux sans doute).
Mais au milieu de cette deuxième lettre, un extrait d'un journal intime est reproduit sur 300 pages (sur 564), des lettres de l'héroïne remplacent le journal intime dans les derniers chapitres.
Le choix du journal intime permet d'avoir un récit chronologique, rythmé, non édulcoré, permettant de relater au plus juste comment peu à peu, jour après jour, espoirs après déceptions, sa relation de couple va devenir toxique.
L'originalité est qu'il y a un narrateur (pour les 2 lettres) et une narratrice (pour le journal intime et les lettres).
C'est une construction originale aussi car on nous raconte une histoire en partant de la fin ou presque, pour nous expliquer ensuite comment on en est arrivé là, ce qui rappelle la construction de nombreuses séries télé actuelles.
Une héroïne émancipée rejetant la docilité et la soumission, vertus indispensables pour les femmes de l'époque.
On ne s'ennuie jamais, le roman est rythmé par beaucoup de dialogues, de nombreuses intrigues et du suspens.
Les sujets traités sont malheureusement tellement d'actualité comme les violences psychologiques conjugales ou encore les ravages de l'alcoolisme.
Pour conclure, je me félicite de mon choix de lecture, ce roman étant considéré comme l'un des premiers romans féministes.
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Quel génie que celui d'Anne Brontë ! Je voulais vraiment découvrir cette oeuvre majeure depuis bien longtemps, étant une grande admiratrice des soeurs Brontë.
Et bien, je ne dirais qu'une chose : lisez ce livre ! Nous sommes toujours dans l'univers d'Anne, avec une héroïne qui cherche sa place dans la société, ici Helen Huntington - Graham, une jeune veuve, qui rencontre un homme extraordinaire, Gilbert Markham, après s'être installée avec son fils Arthur dans le château de Wildfell Hall. Helen n'aime pas la compagnie de ses voisins sauf celle de Gilbert et peu de temps après son arrivée, elle est la victime de fâcheuses rumeurs. Alors Gilbert, qui a appris par la bouche d'Eliza Millward, une jeune fille un peu sotte, les nouvelles concernant Helen, se rend à Wildfelld où nous découvrons l'amour de ces deux personnes mais surtout la vie passée d'Helen...

Ce qui est le plus important dans cette histoire, c'est le point de vue adoptée à chaque fois ; au début de l'histoire, nous rencontrons la plume de Gilbet qui livre ses impressions à son ami Halford sur son petit village et ses habitants (sa soeur, Rose, son frère, Fergus, Eliza,Mary et le pasteur Millward, les Wilson, M.Lawrence, habitant très discret et mystèrieux et bien évidemment, Helen, son fils Arthur), puis nous décrit son amour naissant pour la recluse et enfin, la scène qui permet de "passer le relais" à Helen qui lui donne son journal intime après une explication passionnée. Nous débutons alors le récit des premières années d'insouciance d'Helen, alors qu'elle n'a pas encore vingt ans, son amour pour Arthur Huntington puis son mariage, ses espoirs mais bientôt ses craintes et son désespoir lorsque son mari la trahit. Nous croisons également d'autres personnages : les Hargarve, Annabella et lord Lowborough, Hattesley...qui seront aussi essentiels dans la compréhension de l'histoire qu'Helen et Gilbert mêmes.

C'est donc avec un immense plaisir que je vous conselle ce magnifique livre dans un style particulier vraiment touchant et aussi passionnant que Jane Eyre ou Les Hauts de Hurlevent. A dévorer avec beaucoup de bonheur !

A lire absolument !!
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Ce roman fait partie de ces livres que je quitte à regret, tant les destinées de ses héros m'ont fait frissonner, trembler, sourire, en un mot, rêver. C'est avec un pincement au coeur que je leur dis adieu. S'ils avaient existé ailleurs que dans l'imaginaire, ils seraient morts depuis longtemps, leur inventrice a quitté cette terre il a plus de cent cinquante ans, mais on ne s'en souvient qu'une fois le livre refermé, tant ils étaient vivants et peuplaient les pensées durant la lecture.

La Dame du manoir de Wildfell Hall, c'est l'histoire d'une femme d'une époque, le premier tiers du 19ème siècle, où celles de son sexe n'avaient sous la férule de leur époux aucun droit véritable. Pourtant, Helen Huntington va braver les interdits. L'enjeu : se libérer d'un homme qui la détruit et met en péril l'avenir de leur enfant. L'argument sera-t-il suffisant pour que la société accepte une telle entorse aux moeurs ?

Avec ce superbe roman qu'on a qualifié de premier féministe, Anne Brontë se révèle comme l'égale de Charlotte et d'Emily. Par le message qu'il porte, il y a beaucoup de force dans ce récit. La plume d'Anne se révèle plus incisive que celle de ses soeurs, plus osée, plus impertinente. Les Hauts de Hurlevent s'abîmait dans la description merveilleusement gothique d'un amour tourmenté, sans se préoccuper de dénonciation apparente ; Jane Eyre retraçait le parcours romanesque d'une jeune fille pauvre, avec de beaux accents de réalisme, mais sans entrer dans le débat. Anne s'engage davantage, et son oeuvre en paiera le prix. La postérité ne retient guère que les noms des hommes qui chantèrent la liberté. La première personne à avoir enterré le roman d'Anne Brontë fut sa soeur Charlotte.

Lectrices/lecteurs amateurs de plume délicate en apparence et acérée sur le fond, aidez à faire sortir ce superbe roman de l'ombre !
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Gilbert Markham, gentleman farmer, écrit à un ami, en guise de confession, le récit des évènements qui ont marqué sa vie avant leur rencontre, est qui ont trait à Mrs Graham. Cette étrangère, nouvellement débarquée alors dans le voisinage, attirait la curiosité du microcosme de la petite ville, car, jeune veuve, avec un fils en bas âge, seulement accompagnée d'une vieille gouvernante,et n'ayant depuis son arrivée pas paru au sermon du dimanche, vivait seule dans une demeure qui passait pour une ruine, dans une lande désolée, Wildfell hall. Aussitôt entourée et assaillie des sages conseils que le voisinage s'empressaient de lui donner, et que chaque femme qui se respecta aurait eu le plus grand profit à mettre en pratique, cette belle étrangère fit montre d'une indépendance d'esprit qui ne tarda guère à surprendre la petit communauté, qui peinait à la cataloguer. Les commérages ne tardèrent pas à aller bon train et elle fut en bute à la mesquinerie du qu'en dira-t-on, à la calomnie et à tous les préjugés de l'époque Victorienne.

Roman épistolaire, la Recluse de Wildfell Hall, est précieux à plus d'un titre. Il est tout d'abord magnifique par son écriture. La langue est policée et parfaitement ciselée. Ensuite, c'est un roman proto-féministe : son héroïne a ses opinions, les revendique et les expose avec aplomb, dans une époque où la femme mariée n'avait ni indépendance financière, ni de droit sur ses enfants, ni d'existence légale en dehors de son couple. Y sont exposés les préjugés qui avait court à l'époque Victorienne en matière d'éducation, d'union matrimoniale et plus généralement concernant la place de la femme dans son couple et dans la société : on considérait en premier lieu ce qui se devait faire, puis le bon plaisir des hommes et ensuite on estimait que les femmes s'accommoderaient fort bien du reste. C'est aussi un roman de formation et d'analyse psychologique où une femme, par l'expérience, ne se fie plus qu'à sa raison et se trouve entourée d'hommes que leurs sentiments volatiles et leurs passions débridées rendent jouets de leurs impulsions et des circonstances. Les hommes y font triste figure, il est vrai, se sont souvent des égoïstes, des hypocrites, des lâches ou de fieffés coquins. Enfin, Anne Bronte traite avec réalisme, sans fard ni fausse pudeur, du fléau de l'alcoolisme, dans une atmosphère étouffante de perversité et de contrainte psychologique, commune aux roman des soeurs Brontë. On parle plus souvent des Hauts de Hurlevent ou de Jane Eyre lorsqu'on évoque ces soeurs bénies des belles-lettres et frappées durement par la vie. Mais on peut, sans guère de chance de se tromper et pour tout cela, qualifier la Recluse de Wildfell Hall, de chef-d'oeuvre méconnu de la littérature Britannique
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Décidément, les soeurs Brontë ont beaucoup de talent, toutes les trois. La Dame du manoir de Widfell Hall est un roman brillant, par son modernisme dans l'écriture, par la justesse de ses personnages, et par les thèmes qu'il aborde.
Le personnage d'Helen n'a certes pas à rougir de la comparaison que l'on pourrait faire avec celui de Jane Eyre. C'est un personnage passionné, droit, franc, avec un sens du devoir profond. Il est aussi nimbé de mystère, car on découvre d'abord Helen à travers les yeux de Gilbert Markham. le voile se lève quand on commence à lire son journal intime et on vit avec elle ses espoirs et désillusions.
Anne Brontë nous parle de la condition féminine de l'époque, qui est simple : la femme célibataire ne trouve son salut que dans le mariage si elle n'a pas de fortune, et la femme mariée est totalement dépendante de son mari, financièrement, moralement. Elle nous parle aussi des ravages de l'alcoolisme et de l'oisiveté.
Seul le côté « religieux » du récit m'a légèrement dérangé : la rédemption, le salut, le réconfort , le sacrifice sont assez présents, mais n'oublions pas qu'Anne Brontë est fille de pasteur, et qu'il a été publié en 1848.
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Bien qu'il ait longtemps attendu dans ma PAL, au point d'avoir injustement le qualificatif de "relique", ce fut une lecture idéale sortie au moment idéal.

J'aime lire les classiques mais pas à n'importe quel moment. Ce fut pour cet été que j'ai découvert La dame du manoir de Wildfell Hall. Je pensais aimé. J'ai découvert que j'ai été littéralement happée par cette histoire que l'on peut facilement diviser en trois parties.

La première concerne Gilbert Graham qui n'est pas le protagoniste le plus attachant qui soit. Malgré tout, cela le rend authentique et lui laisse surtout une bonne marge de progression. Notamment en ce qui concerne les sentiments humains. Un peu fier, le voilà bientôt éperdu d'une jeune veuve qui vit recluse, semble attachée à lui mais se refuse.

La deuxième partie est un véritablement basculement puisqu'on retourne dans le passé de la veuve, Helen, et de la passion destructrice qui l'a liée à un homme méprisable, a fait de sa vie un enfer, allant de déceptions en désillusions. Par la vie de cette femme, on sent l'envie de l'autrice de dénoncer l'alcoolisme, fléau qui a durement frappé son frère et toute la famille par effet de ricochets. On a également ici une partie très féministe où l'on la place des femmes au XIXe s, dans leur rang d'épouse, de mère ou tout simplement de femme. Helen est dans un carcan et on ne peut que compatir à sa situation et admirer les valeurs qui la soutiennent.

La troisième partie est peut-être la plus longuette. C'est l'après-révélation et surtout les différents événements qui amènent une certaine conclusion.

Ce fut de manière générale une lecture fluide qui m'aura beaucoup plu. La vie de Helen et de son entourage toxique est encore tristement d'actualité à notre époque et nul doute que beaucoup de personnes peuvent se retrouver en elle. Quant à la prise de position de l'autrice, je la trouve moderne, créant ainsi des personnages authentiques, des situations criantes de vérité et suscitant un spectre étendu d'émotions chez le lecteur.
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La Dame du Manoir de Wildfell Hall d'Anne BRONTË
🍁 🍁 🍁 🍁 🍁
La version que j'ai lue est éditée dans la collection Archi poche sous le titre de "La dame du manoir de Wildfell Hall" (ce livre est connu également sous le titre "La recluse du manoir de Wildfell Hall.)
La traduction en a été assurée par Denise et Henri FAGNE.

°°°°°°°°°°°
Cette oeuvre, superbement écrite, est à la fois délicate et terriblement musclée. Elle est le testament littéraire de l'auteure, ayant été publiée en 1848, un an avant sa mort, à l'âge de 29 ans.

J'ai été à maintes reprises étonnée par la profondeur de l' analyse de la complexité humaine par cet être de moins de 30 ans, féminin, qui plus est, et né au tout début du 19 ème siècle en Angleterre (circonstance aggravante lorsqu'on se représente la dureté des conventions qui y régnaient en matière d'éducation des filles).

Ce livre est un monument. Absolument contemporaine De BALZAC, tout aussi lucide, mais sans le ricanement jubilatoire de ce dernier devant l'ignominie de ses personnages, Anne BRONTË est capable de peindre, sans se départir de son empathie, des spectacles tragiquement sordides et d'accompagner d'un regard clair la déchéance provoquée par la plus sombre débauche.

Pas d'attendrissement, pas de condamnation ; mais un espoir, toujours : un être humain reste un être humain, même au fond du puits où il s'est lui-même jeté.
Et quelques esprits éclairés demeurent, malgré tout, au milieu de la tourmente, et font leur possible.
🌻
Ce livre est celui de la rédemption, prise au sens religieux, mais aussi philosophique du terme.

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