J'aime beaucoup
Brussolo. Il a cette capacité d'investir des genres divers (SF, thriller, fantasy, polar) en faisant toujours du
Brussolo. Son style, empreint de cynisme et d'une certaine violence, a le mérite d'assumer la démesure et de magnifier la puissance de l'imagination. Et dieu sait que Mr
Brussolo dispose d'une imagination débordante.
"Ange de fer, Paradis d'acier" est la suite de "
Frontière Barbare" mais peu se lire indépendamment. Néanmoins, je pense qu'on l'appréciera mieux en ayant lu la première partie. David Sarella, qui travaille au service du néo pape Nothanos III, est chargé par le souverain pontife de libérer trois entités divines, dont la mission sera de terraformer une petite planète stérile, afin d'en faire un paradis pour le pape et ses fidèles. En effet, l'Eglise du Pardon Universel Intergalactique est aux abois. Retranchée dans une forteresse sans cesse harcelée par des avions kamikazes, la défaite semble inéluctable. La grande majorité des humains a développé une aversion pour les extraterrestres, quand l'Eglise prône une tolérance, qui n'est en fait qu'un discours de façade. Comme toute institution qui se respecte son but est avant tout de survivre (et si elle peut encaisser du pognon au passage, elle ne dit pas non). On devine que cette délicate mission ne sera pas de tout repos...
Globalement j'ai bien aimé. Comment ne pas être aspiré par la formidable imagination de l'auteur qui (comme c'est souvent le cas) enchaîne les idées toutes plus "folles" les unes que les autres, et arrive à les rendre crédibles. Alors c'est sur que ceux qui s'attendent à de la hard-science en seront pour leurs frais. le but n'est pas tant la crédibilité que la puissance d'évocation.
Brussolo prend également le temps de distiller un bakground historique bienvenu, afin de nous expliquer comment l'humanité a pu en arriver là (on sent d'ailleurs le peu de foi qu'il doit avoir en l'humain).
La seule chose qui m'a vraiment posé problème c'est le peu de cas (voir le massacre pour certains) qu'il fait de ses personnages (cette critique serait peut-être tempérée si j'avais lu "
Frontière Barbare" mais bon ce n'est pas le cas).
Et puis il faut également avouer que dans la deuxième partie, le rythme des événements à tendance à s'accélérer, comme si l'auteur avait voulu faire tenir son histoire dans un format trop court pour elle, ce qui fait qu'on a parfois l'impression d'avancer en apnée.
Pour autant, je ne boude pas mon plaisir. La lecture est agréable et l'imagination de l'auteur est si riche qu'on ne s'ennuie pas une seconde. Qu'est-ce que ça aurait donné s'il avait pris le temps de prendre le temps...