Quels sentiments ont été à l'origine de ce désir de savoir, et de vouloir écrire ? Sur ce sujet, les témoignages abondent : le désir de ne pas se sentir humilié, le sentiment d'infériorité, le désir de défendre sa classe, de lutter contre l'injustice, d'être efficace, de mieux servir un idéal, d'être à la hauteur des responsabilités acceptées . On ne saurait oublier aussi le rôle joué par la femme, plus "cultivée", que l'on voudrait conquérir, -c'est le thème de Martin Eden de Jack London. Mais, toujours dans ce désir de culture, il s'agit de dignité. Pour les autodidactes, la culture est le contraire de l'humiliation. (p.11)
Les autodidactes ne constituent pas une espèce ou une école littéraire. Ce mot exprime seulement une condition de vie commune à un certain nombre d'hommes qui se sont formés seuls. (...)
au XIXe siècle, dans une société où les voies d'accès à la culture étaient loin d'être ouvertes à tous, l'acharnement de ces travailleurs manuels pour "écrire" atteint à la grandeur. (p.7)