L'Islam, des origines, au début de l'Empire ottoman

Ouvrage dense qui nécessite un recours fréquent à une encyclopédie pour s'y retrouver parmi les Alides, Zaidites, Husaynides, Hasanides, Khâridjites, Mu'tazilites et autres Râwandites... dans leurs rapports avec les Omeyyades et les Abbassides…

Bien qu'en apparence assez complet, il ne peut toutefois en 380 pages présenter qu'un survol de ce vaste sujet. Ainsi, seulement 10 pages sont spécifiquement consacrées à al-Andalus ; les chapitres sur l'Iran et l'Irak abbassides sont bien plus détaillés.
Il présente aussi une description intéressante des routes du commerce international et montre comment leur évolution au gré des conquêtes a modifié les rapports de force en Orient et en Occident.

Les événements sont présentés de façon nuancée mais l'auteur prend souvent la défense des musulmans contre les Occidentaux et parfois de façon excessive, ainsi quand il parle de l'intolérance des Almoravides « contraire à la tradition de quatre siècles de coexistence. » (p.359).
Les premiers siècles de la conquête avaient au contraire été extrêmement violents et la « tolérance », qui consistait en fait à laisser les non-musulmans en vie sous réserve qu'ils se soumettent à leur statut de dhimmis, n'a existé que dans les années 960-970 sous le calife Al-Hakam II, soit en fait pendant vingt ans.
Avec l'usurpation d'Al-Mansûr en 978 et surtout à partir de 1009 avec la révolution de Cordoue, les violences avaient repris et ne s'étaient arrêtées qu'avec l'expulsion des derniers Nasrides de Grenade.

Il ressort de cette lecture une impression de grande fragilité de la multitude des dynasties musulmanes sur neuf siècles, la plupart se faisant et se défaisant selon un schéma similaire qui relève de la nécessité de mater les révoltes en faisant appel à des contingents étrangers qui finissent par prendre le pouvoir avant d'être défaits à leur tour par les éléments allogènes qui les avaient renforcés dans un premier temps. La religion, dont les courants sont nombreux, servant le plus souvent dans ces processus de moyen plutôt que d'objectif.

Claude Cahen, historien orientaliste décédé en 1991, nous livre ici une synthèse de l'histoire de l'Islam médiéval, des origines jusqu'aux débuts de l'empire ottoman.
L'ouvrage se concentre essentiellement sur la période abbasside, qui aura duré le plus longtemps et au cours de laquelle les principaux événements de l'empire islamique ont eu lieu, aussi bien religieux, culturels et économiques (développement des courants de pensée islamique, effervescence culturelle et scientifique, essor du commerce international...) que politiques (morcellements territoriaux, proclamation de califats concurrents, arrivée des Turcs, Croisades, invasions mongoles...).
Le livre est souvent dense et parfois même complexe.
Cependant, le style globalement fluide de l'auteur facilite la compréhension générale.
J'ai relevé de nombreuses coquilles et fautes d'orthographe assez gênantes.

Un grand classique de l'histoire de l'Islam.

Claude Cahen (né en 1909 et décédé en 1991) fut l'un de nos historiens les plus éminents qui se consacra à l'orient, au monde arabe et à l'Islam.

Cet ouvrage consacré à l'histoire de l'Islam des origines au début de l'empire ottoman reste sûrement l'un des textes les plus érudits sur le sujet en langue française.

La vision globale de Claude Cahen (histoire, guerres, diplomatie, économie, société, culture, religion, politique) nous permet de mieux appréhender l'impact de l'Islam en Orient mais aussi dans l'histoire du monde. le rapport avec l'occident chrétien ainsi que le choc que provoquèrent les invasions mongoles sont également bien mis en valeur.

Indispensable dans toute bibliothèque consacrée à l'histoire des civilisations.
Lien : http://www.bir-hacheim.com/l..