Pigiste dans un quotidien, le narrateur, en panne d'inspiration pour boucler une de ses chroniques, en vient à inventer un fait divers. C'est un succès, qui l'entraîne bientôt dans une spirale implacable, l'engageant à écrire chaque jour le récit d'un assassinat différent et original "mêlant réalité et imaginaire, mort et sexe, sang et bizarre".
D'abord galvanisé par cette soudaine liberté de décider, par l'illusion de dominer le réel, notre journaliste est bientôt hanté d'un sentiment de vacuité, et perd peu à peu son inspiration. Il reçoit par ailleurs des lettres signées d'un mystérieux Dompteur de mouches, qui propose ses propres chroniques de crimes qu'il prétend réels.
C'est donc un récit de faux-semblants, où l'entremêlement entre réalité et fiction crée une dichotomie menant au questionnement qui obsède le narrateur quant à la manière d'affronter la brutalité du monde, inventer des histoires violentes étant un moyen de l'aborder sans s'y confronter directement.
L'univers fictif qu'il élabore, dans lequel lui-même semble se perdre, fait ainsi écho à une violence bien réelle, celle d'une ville -Lima- que son évocation elliptique fait paraitre presque abstraite et pourtant profondément angoissante, une ville corrompue, miséreuse, où la mort est inique et omniprésente.
A la fois roman à forte dimension symbolique et exercice de style (jeu de miroir entre imaginaire et vérité, mais aussi mélange de genres -fantastique, policier, psychologique…-), "
La conscience de l'ultime limite" résulte d'un projet intéressant mais qui ne m'a pas totalement convaincue : j'ai regretté sa brièveté et sa dimension parfois absconse.
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