Encore éprouvé de l'entretien, Maxime n'entend plus que les battements de son coeur qui tambourinent dans sa cage thoracique, résonnent peut-être secrètement sur les quatre murs. Ils couvrent les voisins qui braillent, râlent. La tempo tapant à gauche joue d'une chanson sourde mais plus apaisée, moins passionnée que celle que Max devait chanter pour obtenir d'éventuels aveux.
La main de son avocat tapotait doucement par moment son bras, le conduisait au calme même si l'attitude provocatrice des officiers de police dans le bureau pour obtenir une vérité, même si la situation dramatique dans laquelle il se retrouvait piégé forçait la passion et la colère.
Que d'émotions ! le visage de sa mère qui se sortait du lit, ses deux mains se posant sur ses joues, les yeux brusquement réveillés par les menottes serrées autour des poignets de son fils et par l'escorte des deux agents de police sur le pas de sa porte.
Elle le croirait forcément, dans son sang et sa chair.
« Peut-on fouiller la chambre de votre fils ? », avaient-ils demandé après l'exposition motif de l'arrestation, du crime dont il serait coupable.
« Dont-il serait victime », corrigerait avec force Max si l'appel au calme et à la mesure ne l'appelait pas à se contenir pour son propre bien.
200 euro et deux bobonnes de drogue trouvés dans son sac de lycéen.
Ramassé par la BAC, devant chez sa petite amie Lucie, comme un voyou, parce qu'il n'a su que faire que se cacher à l'approche de la voiture.
Que penserait Lucie ? Ils avaient l'habitude de s'envoyer un SMS le soir, de s'attendre le matin devant la grille du lycée. Elle devait être très inquiète. Il ne l'a pas oublié, pas fait marché. Il était réellement mordu de cette fille-là.
Qui pourrait croire qu'il a obtenu une telle somme en vendant des jeux vidéos ?
Ses meilleurs copains Thomas et Baptiste pourraient témoigner. Eux aussi doivent se demander où il est passé.
Une soirée de garde à vue entière, parmi les drogués, les voleurs et les ivrognes.
Juste 15 ans et la vie devant soi, du moins Max se le demande, tout se rejoue dans sa tête, tout bascule.
Qu'est ce que c'est que cette drogue dans son sac ?
Pourvu qu'on le croit !
: « Moment endroit mauvais moment » est un triller réaliste(disons le tout de même car pour un héros de quinze ans cela ne peut-être autrement), une intrigue policière fondée sur la présomption d'innocence d'un jeune adolescent bien sous tout rapport mais que des faits accusent de trafic de drogue.
Bénédicte Carboneill et
Régine Joséphine mènent habilement les lecteurs vers la résolution de leur histoire, une lente avancée qui suit progression de l'enquête d'un côté et les états d'âmes du jeune héros victime et incarcéré pour 48H.
Cela nous permet en effet de pouvoir suivre l'affaire sur deux plans, administrativement et psychologiquement.
L'ambiance des scènes d'interrogatoire restituées semblent crédibles, nous suivons le processus d'enquête vu aussi du point de vue du commissariat en charge via les deux officiers.
L'objectivité de la fonction ne force pas toujours la sympathie mais les auteurs découvrent un peu le masque, laissant entrevoir l'homme derrière l'uniforme heureusement.
La notion de temps pèse dans le récit, elle est subjective selon les parties, nous le ressentons bien selon le partie qui mène l'enquête et Max qui attend son innocence, nous entrons dans la tête de Maxime qui se retrouve piégé, remet en question sa petite vie tranquille d'adolescent, entre courage, douleur et humiliation.
Dans sa petite cellule, il remonte le temps, se repasse ses bons moments d'insouciance, mène sa propre enquête, la suspicion prend parfois le pas sur la raison.
La paranoïa gagne également son entourage tout bouleversé, ses meilleurs amis, sa petite amie, sa mère, animés de la volonté de l'innocenter, animés humainement aussi parfois de petites rancoeurs personnelles, des règlements de compte entre ados qui voilent l'objectivité et font monter la tension. Toutefois l'intérêt de Max reste bien au coeur des préoccupations.
Les auteurs mettent les pieds dans le plat avec beaucoup de tact, alternant temps d'observation et temps vifs d'émotion pour parler du trafic de drogue et des ados mais aussi comme cité au début, de la fameuse présomption d'innocence parfois compliquée et longue à démontrer.
Vraiment intéressant.