Uraniborg, 1594. le roi danois Frédéric II s'est pris pour le roi-pharaon Ptolémée II Philadelphe et son rêve est devenu réalité : la Bibliothèque et le Musée d'Alexandrie ressuscitent, et sur l'Île de Ven dans le détroit de l'Öresund sont accueillis et rassemblée par Tycho Brahe les savants venus des quatre coins du continent… Mais la terreur y règne depuis qu'à chaque pleine lune un assassin accomplit des meurtres rituels d'une violence révoltante qui choque tant la communauté scientifique que la communauté villageoise… Mais chacune suspecte l'autre car l'assassin manifeste trop de connaissances scientifiques pour être un villageois et trop de superstitions païennes pour être un savant… Et alors que la tension monde les savants européens se perdent en conjectures : Tycho Brahe astronome danois, Johannes Kepler bavarois, Melkiorr van Noort l'opticien hollandais, les jumeaux de Moraes physiciens portugais, Soren Hadegaard mathématicien danois, Ingmaar Lassen et Klaus Krogh astronomes danois, Adrian Kovalis chimiste prussien, Jonas Bergen mécanicien et imprimeur danois, Klaus von Haupstein médecin et pathologiste suisse, Gregorius Knopp pharmacien et botaniste danois… Ils font appel à Galileo Galilei dit Galilée, l'astrologue italien le plus en vue de l'époque, pour leur venir en aide et comprendre les motivations et le modus operandi de l'assassin… Le résolu et pragmatique Galilée fait alors équipe avec l’indécis et idéaliste et Kepler son collègue de 7 années son cadet pour faire la lumière sur tout cette affaire, mais quand un père se met en quête de vengeance au nom de son enfant, et qu’un enfant se met en quête de vengeance au nom de son père la tension monte d’un cran !
Notons que si les savants travaillent à la connaissance et à l'intelligence, leurs adversaires travaillent à la peur et à l'ignorance, car la culture ne doit pas faire de l'ombre au pouvoir et à l'argent… Encore des crimes à imputer au Veau d'Or et ses sbires habituels qu'on subit chaque jour que Dieu fait !
C'est très classique mais très réussi, car le polar se marrie bien au roman historique et au buddy movie donc ici c'est double combo avec un duo inspiré de "The Persuaders" / "Amicalement vôtre" ! Nous sommes dans la plus pure tradition du récit policier britannique, car ici on emprunte à parts égales à Sir Arthur Conan Doyle et Agathe Christie la Duchesse de la Mort (mais le coupable n'est pas le majordome ^^)… Au cours de leurs investigation les personnages mobilise leur intellect et leurs connaissances scientifiques pour faire le lien avec le détective culte Sherlock Holmes, mais il manque vraiment des appendices présentant les deux personnages principaux et leur époque : à ce niveau là, l'éditeur n'a pas fait son boulot correctement !
J'ai vraiment passé un bon moment avec un chouette récit bien scénarisé par Luca Blengino, bien dessiné par Stefano Carloni et bien colorisé par Franck Isambert (les deux compères étant finalement bien plus inspiré par le temple de la connaissance du Nord que par celui du Sud) ! Je peux juste reprocher quelques facilités pour faire avancer le récit, mais j'imputerais cela davantage au faire tenir l'enquête et sa résolution dans un stand alone de 56 pages qu'à des maladresses de la part des auteurs… Evidemment cela ferait un chouette film et/ou une chouette série, mais c'est mort puisque comme vous le savez la plupart des scénaristes actuels de BD sont déjà des recalés du monde du ciné et de la télé dirigé par une caste qui n'aime ni le changement ni la concurrence… Triste France voire triste Europe qui voit ses talents ciné et télé obligés de s'exprimer à l'étranger pour ne pas déranger les bonnes familles qui y font la pluie et le beau temps !
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Voici le deuxième tome de la série dont j'avais fort apprécié le premier. Ce volume correspond bien au plaisir que j'avais eu à lire "Ferrare". Toujours un bon policier replacé dans un contexte historique avec des illustres enquêteurs. le scénario est bien dense, ce qui éloigne à coup sur, tout ennui. Les dessins sont agréables et efficaces. Par rapport au premier tome qui bénéficiait de l'ambiance de la renaissance italienne, on se trouve confronté ici à une ambiance froide due au pays (le Danemark) où se situe l'intrigue.
B.D. agréable à lire.
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Blengino semble avoir bien retranscrit les caractères des savants rencontrés. Accompagné par des planches envoûtantes, on pardonnera aisément les quelques imperfections.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Une fois le décor planté, la tension est palpable, et le jeu des dialogues entre les deux savants s’avère passionnant.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Un moment de lecture plaisant dans un cadre dépaysant. De quoi surveiller le prochain duo d'enquêteurs qui se frottera aux plumes des auteurs.
Lire la critique sur le site : BDGest
[Kepler] C’est moi qui souffre de vertige, quand je tente de réduire l’immensité à une série d’équations. C’est comme… Comme regarder Dieu dans les yeux et se dissoudre dans sa lumière. Je… Je suis probablement le pire astronome de tous les temps.
[Galilée] Ha ha ha !! Tu es jeune, tu deviendras un grand savant. Le Tout-Puissant t’a accordé un talent qui m’a été refusé, un talent qui te suffit à tout comprendre des mystères du ciel. Regarde-moi. J’ai un excellent esprit d’observation. Ma vie durant, je me suis penché sur tous les sujets possibles. Astronomie, astrologie, physique, chimie, philosophie, mathématique… Tout m’intéresse. La voici, ma limite. Les détails, les détails… Je suis comme cette loupe. Je me perds en me concentrant sur des millions de détails. Mai toi, mon bon Johann, tu as une vision d’ensemble.
- Une vision d’ensemble…
- Tu as le vertige parce que ton regard embrasse le cosmos tout entier. Voilà pourquoi du deviendras le plus grand astronome de tous les temps !
-Le paysage est aussi opaque que le message de cette mégère... Si tant est que tout ceci ait réellement une signification.
-Après tout, presque personne ne parle en termes clairs... Et l'interprétation, c'est le véritable métier de tout savant.
-J'en ai vraiment beaucoup, des impressions mais... je ne crois pas qu'une impression nous aidera à identifier le meurtrier. Un scientifique s'en tient aux faits. Il observe la réalité et ne tire de conclusions que d'elle.
- Vous répétez sans cesse que l'observation est fondamentale, c'est ça ?... Alors regardez un peu où vous mettez les pieds !!
Un scientifique s'en tient aux faits. Il observe la réalité et ne tire de conclusions que d'elle.