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C'est dans le guide de SF de David Pringle que j'ai vu passer le nom d'Angela Carter (1940-1992) pour la première fois. Il conseillait de lire « Heroes and villains » mais comme il n'est pas traduit et que c'est du post-apo, je me suis tournée vers ce livre.

‘Les machines à désir infernales du Docteur Hoffman' est un roman (publié en 1972) où un mystérieux savant a on ne sait pas quel moyen modifié la nature de la réalité. Il a détruit le temps, toutes les horloges donnent une heure différente. On suit un certain Desiderio qui a pour mission d'assassiner Hoffman.

Le début me plaisait bien et puis l'auteure y mettait de la musique comme la Symphonie fantastique de Berlioz, les Études de Chopin, …

Accusé de meurtre et blessé par balle, Desiderio est recueilli par une famille amérindienne. Mais

Il s'enfuit à nouveau et se cache au sein d'une foire itinérante où il se passe d'autres choses très surréalistes. Ensuite, je ne sais pas ce qu'il se passe vu je me suis arrêtée (à la moitié du livre) après une scène très dérangeante où L'auteure n'y va pas avec le dos de la cuillère. Cela faisait déjà quelques pages que le texte me mettait mal à l'aise.

Belle écriture, mais un peu trop tordu pour moi.



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En lisant d'autres critiques, j'ai appris que le nom du docteur dont parle ce livre serait une référence à l'inventeur du LSD (Hofmann avec un seul f). C'est amusant, car j'étais avant cela persuadé qu'il s'agissait d'un clin d'oeil à l'écrivain allemand ETA Hoffmann, notamment après avoir repéré une référence à sa nouvelle « L'homme au sable », vers le début du roman, quand un personnage féminin est comparé à une automate. Et un automate féminin n'est-il pas un prototype de machine à désir, de même que l'oeuvre de Hoffmann est un prototype du genre fantastique, si apprécié de Carter ? Tout cela pour dire qu'il y a fort à parier que cette dernière avait les deux Hof(f)mann en tête au moment de choisir ce nom propre. Dès le titre, le roman est donc placé sous le signe d'un postmodernisme résolument tourné vers la libération de l'imaginaire, sous l'égide conjointe de la science et de la fiction.

La plume très fin-de-siècle de Carter répond à cette ambition pour produire des feux d'artifice, parfois littéraux dans le premier chapitre décrivant l'assaut d'une ville sud-américaine par les illusions issues des fameuses machines à désir du mystérieux savant (fou ?). Ce cadre urbain surréaliste, bien que prometteur, est finalement assez vite survolé, le temps du chapitre en question, après quoi le récit suit les pérégrinations du narrateur interne, le bien nommé Desiderio. le contexte change dramatiquement d'un chapitre à l'autre, et n'est soutenu que par la présence inamovible du héros, et par un sous-texte qui reprend la distinction platonicienne entre idées et formes sensibles, avec l'argument que le désir permet d'incarner directement les premières dans les secondes. Un processus que les machines de Hofmann visent à étendre à l'ensemble de l'univers (rien de moins).

L'espace-temps lui même deviendra donc instable au fil d'un récit de plus en plus grotesque, où les héros traversent toutes sortes de délices et de supplices, livrés aux excentricités de leur fantasmes incarnés dans la matière. Ce roman m'a fait penser au commentaire d'une mes anciennes enseignantes au sujet des descriptions baroques élaborées par Joris-Karl Huysmans dans À rebours : « il s'est fait plaisir ». On pourrait dire ici la même chose de Carter. Outre le symbolisme (son dada) l'héritage de Sade imprègne la seconde moitié, et s'incarne dans la figure d'un conte lituanien extravagant, chez lequel on reconnaît aussi Baudelaire et Lautréamont (et la mégalomanie qui résulte de ce mélange hautement instable n'est pas sans évoquer Dali). Un sacré numéro de cirque !

Ce délire aussi incontrôlable que le désir forme une sorte de monstre de Frankenstein littéraire, pas forcément plus grand que la somme de ses parties. Je regrette aussi que la fin marque un essoufflement, avec un dénouement expéditif. J'y ai définitivement perdu mon empathie envers les deux héros, Desiderio et son « anima » androgyne du nom d'Albertina, dotés de personnalités très succinctes et parfois peu crédibles. La suspension volontaire d'incrédulité est tellement poussée dans ces derniers retranchements qu'il s'avère ardu de s'immerger jusqu'au bout, d'autant plus que Desiderio gâche systématiquement les rebondissements principaux avec ses prolepses intempestives. À croire que Carter cherche à nous faire partager la psyché de son héros cynique, incapable de se laisser séduire par les illusions. Et si les contorsions grotesques de ce roman étaient destinées à moquer les excès des mondes imaginaires, mais non sans en offrir des échantillons orgiaques au lecteur, mêlant ainsi la souffrance au plaisir ? Dans ce cas, Carter n'est pas seulement sadienne, elle est aussi sadique.

Bref, après avoir lu ce livre, j'ai l'impression que l'on a abusé de moi, et pourtant j'en redemande. C'est grave, docteur Hoffmann ?
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Avertissement : Toute ressemblance avec des personnes ou des oeuvres existantes, ayant existé ou pouvant exister est purement et phénoménologiquement fortuite. Lecteurs, vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir de distinguer le vrai du faux. Aventure, érotisme, « réalisme magique féministe » et « science-fiction postmoderne », rien ne vous sera épargné de la textualité et de l'onirisme protéiformes. Entrez et laissez-vous entraîner par Les Machines à désir infernales du Docteur Hoffman d'Angela Carter, remarquablement traduit de l'anglais par Maxime Berrée et sorti en beauté chez L'Ogre le 21 février. le docteur Hoffman fait parler la foudre ! La suite de la chronique polymorphique de ce merveilleux roman ici : http://ericdarsan.blogspot.fr/2016/02/les-machines-desir-infernales-du-dr.html
Lien : http://ericdarsan.blogspot.f..
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Angela Carter fait appel à la mythologie, évoquant autant Prométhée que les centaures, et y mélange en plus les tribus "exotiques" telles que les indiens descendants des oiseaux ou les cannibales africains, les "bêtes de foires", les pirates, tout autant d'exemples d'humains et non-humains, marquant les frontières distinctes qui séparent chacun, formant une fresque variée, presque inconcevable, repoussant les limites de l'acquis, des préjugés et des cultures.

Le langage est donc un des piliers principaux du roman, rendant la compréhension des personnages encore plus complexe, densifiant les frontières, et pourtant chaque langage apprivoisé est beau comme le chant d'un oiseau, majestueux comme les saintes écritures, tragique et sommaire. le langage, les signes, les symboles sont triturés, mais l'écriture de l'auteure est simplement impeccable. Elle est riche, visuelle, intense, chaque mot semblant être choisi avec soin pour rendre ce spectacle presque palpable, pour mieux inviter à s'y plonger corps et âme, esprit et chair. En trois centaine de pages, c'est l'impression d'avoir vécu plein de vies, lu plusieurs livres différents, exploré les différentes facettes de la réalité, des peurs et des désirs. Un cirque à l'esthétique intrigante, dévergondée, déjantée et hallucinée dans lequel on ressent vertige, curiosité, fascination, dégoût et petite mort.

Ce qui rend le tout plus supportable qu'il ne devrait l'être - car c'est bien une véritable image de l'enfer, des tréfonds de l'inconscient et des vices, des fantasmes sensés restés inassouvis, des plaies purulentes de l'esprit -, c'est ce sentiment d'étrangeté, d'impossible, d'irréel, de surnaturel, comme les hallucinations induites au début du livre, et l'attitude de résilience et la capacité d'adaptation à toute circonstance des personnages, du personnage qui s'enfonce de plus en plus dans un marais pestilentiel d'analogies, de métaphores, d'aphorismes et de possibilités, à la fois merveilleuses et monstrueuses, autant exotiques qu'ignobles. Comme dans un trip d'acide, on passe de la joie extatique à la peur terrible, débordant à la fois d'un sentiment de vie pleinement effleuré, exploré, à la sentence de mort, aux ombres et au chaos, tout en dansant en ronde avec le réel et l'irréel, qui fusionnent pour offrir une meilleure vision des possibles.

Pour donner un point de comparaison, d'accroche, à ce roman à la fois burlesque, traumatisant, épique et métaphysique, l'éditeur cite Aleister Crowley et Lewis Caroll ; je rajouterai personnellement que ce livre m'a évoqué également Tom Robbins avec Une bien étrange attraction ou encore Féroces infirmes retour des pays chauds, Will Self avec No Smoking, John Herdman avec La Confession, mais aussi l'Imaginarium du docteur Parnassus, puis David Cronenberg pour le côté dingue, absolument improbable et anxiogène, sans oublier un petit air de William Burroughs par moment, sale et dérangé, voire même un peu de Chuck Palahniuk, et bien sûr pas mal de Sade ici et là. Et bien sûr, un clin d'oeil appuyé à ce cher Albert Hofmann, chimiste de renom et saint patron des états modifiés de conscience.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Extrait de ma chronique :
Le livre est refermé. Après l'aventure, le désenchantement d'un vieillard dans un réel où les ombres ne se détachent pas de leurs objets. « Les fissures dans le monde solide de l'ici et du maintenant » sont colmatées. En sommes-nous sûrs ? le livre clos, posé sur le bureau. Restent les images. Leur foisonnement, leurs détails. L'étrange. Surimpression, souvenir, réminiscences de tableau lus, présents et insaisissables, vécus dans l'intime du crâne, dans l'au-delà du conscient. Angela Carter ouvre la brèche (...) (suite sur mon blog)
Lien : https://lesfeuillesvolantes...
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Singuliers et somptueux mémoires d'une guerre contre l'irréalité née du désir et de l'imagination.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/02/01/note-de-lecture-les-machines-a-desir-infernales-du-dr-hoffman-angela-carter/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Parcours initiatique, quête amoureuse, poursuite chimérique, tous les éléments de la fable sont rassemblés dans un roman allégorique, parfois cru, souvent extravagant, toujours passionnant. Bel hommage au réalisme magique sud-américain, cette variation sur le thème du savant fou brille par une rare ambition et offre au passage une critique tout en finesse d'un monde normé et d'une vie tristement conforme.
L'article complet sur mon blog.
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Un monument de la littérature ! Une femme incroyable ! Une plume magistrale !
Cela vous suffit-il pour plonger dans ses livres ?
Ça devrait, mais cela ne suffira pas à remplir ma critique . Je vais donc vous présenter la Grande Angela Carter !Ce roman est l'exemple parfait de ce qu'est la littérature du réalisme magique: style qui permet l'intervention de magie ou de surnaturel dans un environnement parfaitement réaliste, historique ou géographique. Pas de fantasy, ni de science-fiction, juste la banale réalité sublimée par l'irrationnel.
Qualifié à sa sortie de « plus beau roman surréaliste des trente dernières années », Les Machines à désir infernales du Docteur Hoffman est , selon Angela Carter, son roman le plus audacieux.
Le docteur Hoffman, un mystérieux savant fou, “attaque” la réalité d'une ville d'Amérique du Sud en y créant des illusions. Au milieu du chaos et de la confusion qui règnent, Desiderio est le seul être insensible aux illusions déployées par l'infâme docteur. Non qu'il ne les voie pas, mais il y est profondément indifférent, comme en réalité à toute chose. Tombé amoureux, en rêve, de la fille du docteur Hoffman, ce héros maussade reçoit pour mission de remonter la trace du docteur afin de sauver la ville, et, ce faisant, s'embarque dans un voyage picaresque qui lui fera rencontrer centaures et autres peuplades plus ou moins barbares, devenir membre d'une troupe de carnaval itinérante, intégrer la suite d'un comte lituanien et échapper de peu à des cannibales…
Entrez dans ce roman, laissez vous entraîner, voguez et rêvez ! La plume parfaite d'Angela rend chaque objet, lieu ou émotion palpable, réel et spectaculaire ! Les illusions du docteur sont dérangeantes, de délices en supplices on traverse l'érotisme, l'aventure et le majestueux ! C'est sadique parfois, onirique souvent, beau, tout simplement !
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Les Machines à désir infernales du docteur Hoffman d'Angela Carter est un roman de SF dans lequel l'autrice met en scène une ville attaquée par les illusions déchaînées par le Docteur Hoffman, un savant qui cherche à montrer que toute imagination peut devenir une réalité. le Ministre de la ville tente de s'opposer à Hoffman en créant un régime sécuritaire et rationnel qui bannit les illusions par la violence et l'adéquation des mots et de leurs référents.
Le personnage principal du récit, Desiderio, couche son histoire par écrit et revient sur les étranges aventures, rencontres et expériences sexuelles qu'il a vécues en cherchant le Docteur Hoffman et sa fille, Albertina.
Si vous vous intéressez à la SF qui interroge la nature de la réalité et les univers étranges, je vous recommande ce roman !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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