Aux heures sombres de la tyrannie

Avant de commencer cette chronique, je remercie Babelio et les éditions Hurlevent pour l'envoi de ce titre à l'occasion de la Masse Critique. Quel ne fût pas mon plaisir lorsque j'ai découvert que je le recevrai ! Plusieurs titres de cette ME sont dans ma wish-list donc autant vous dire qu'avec la Masse Critique, c'était l'occasion parfaite pour découvrir l'un de leurs titres. Dois-je vraiment mentionner le fait que l'objet en lui-même est du plus bel effet dans une bibliothèque ?

Pourquoi ce titre là ? Je savais que ça parlait de Révolution et 700 pages... ? Même pas peur !

J'avais quand même deux légères appréhensions en ouvrant cet ouvrage : avoir du mal à suivre par rapport à l'Histoire et ne pas m'y retrouver avec les différents personnages (surtout si je le lisais par à coups, ce qui n'a finalement pas été le cas).

La première à vite été balayée. En effet, la lecture est fluide et au fur et à mesure des chapitres, on suit le cheminement de la Révolution/tyrannie. Ces chapitres ne sont pas lourds à lire, je me suis même surprise à être à fond dans ma lecture et être « déçue » que ce soit temporairement fini (pour passer à un autre chapitre). Peut-être qu'un point vite fait sur le contexte historique en intro aurait été intéressant mais au final je m'y suis retrouvée. Je dois dire aussi que j'ai appris pas mal de choses car ce n'est pas une thématique sur laquelle je suis « calée ». J'ai grandement apprécié les parties de discours retranscrits et les passages sur l'échafaud (oups).

L'histoire, rythmée grâce aux nombreux chapitres, est un joli condensé d'aventure où les actions s'enchaînent sans moment de latence. Mensonges, rancoeur, manipulation, déception sont les maîtres-mots de ce récit. de quoi faire un véritable page-turner !

Les personnages sont très bien développés/construits, on s'y attache, on a de la peine pour eux, on les méprise… Ils reflètent, à mon sens, un bon éventail des différentes couches de la société que l'on pourrait rencontrer durant cette période de l'Histoire. Ceux-là plus les personnages historiques qu'ils coutoient font que l'ensemble est cohérent et agréable.

Je dois cependant vous parler d'un petit point qui m'a dérangée. Je ne pense pas spoiler mais dans le doute, je mets cette partie de texte caché si vous ne voulez pas en savoir plus (il concerne l'un des personnages).

Je trouve que pour l'un d'entre eux (les personnages donc), il m'a semblé avoir un manque de transition, un manque d'éléments pour comprendre qu'il y avait un changement dans son comportement. Je ne sais pas si c'est moi qui l'ai mal perçu mais j'ai trouvé qu'il était passé d'une extrême à l'autre. Au point de me dire qu'il s'agissait de deux personnages différents (certes, certaines personnes cachent bien leur jeu, c'est là toute la complexité). Voilà, c'est un point qui m'a interpellée, peut-être que d'autres lecteurs ne l'on pas perçu ainsi. Après, je ne peux que saluer l'auteure qui a réussi à vraiment le rendre détestable ;)


Je conclurai donc cette chronique en disant que « Aux heures sombres de la tyrannie » de Rose Castelet est une très très bonne lecture, on peut dire que l'année littéraire commence bien.

Nous sommes en 1793 à Paris et Victoire, une jeune femme pieuse, vient de renoncer à son voeu d'entrer au couvent pour épouser l'homme qui la courtise et dont elle est tombée amoureuse. Ses parents sont ravis, voyant là l'occasion rêvée de redorer leur image familiale quelque peu ternie. Mais le bonheur du jeune couple est de courte durée alors qu'un vent de révolte souffle sur le pays. le peuple s'est lassé des inégalités de l'Ancien Régime et des affrontements sanglants éclatent un peu partout dans les rues. de son côté, l'avenir de Victoire prend lui aussi un tournant auquel elle ne s'attendait pas ... Frère Matthieu, un ancien moine tourmenté de l'abbaye d'Aiguebelle assiste totalement impuissant aux changements qui se manifestent aussi bien dans le couple qu'il côtoie de près que dans le pays tout entier. Lui aussi se retrouve très vite emporté dans le tumulte de la Révolution française sans savoir où cela va le mener !



Amateurs de romans historiques et plus particulièrement de romans sur la Révolution française ce roman se doit d'avoir une place dans vos bibliothèques. L'autrice nous transporte durant cette époque terriblement sombre et cruelle comme si on y était. Plus réaliste tu meurs (sans mauvais jeu de mots) ! Entre les affrontements sanglants, la menace pesante de la guillotine, les scènes de rue dramatiques et les passions enflammées de certains personnages il n'y a pas un seul temps mort. J'ai lu plus de 700 et quelques pages en moins de 48 heures c'est pour dire ! le fait qu'il y ait de l'action, des rebondissements, de l'amour, de l'amitié, des combats personnels et des alliances à bien choisir permet de ne pas tomber dans un roman historique trop lourd à comprendre. On ne s'embête pas avec une multitude de dates ou de descriptions. le principal est dit et cela suffit pour être immergé, la tension s'accentuant au fur et à mesure du récit. Les bouleversements politiques et sociaux sont eux aussi criants de réalisme et tandis qu'on assiste à des scènes qui nous mettent la peur au ventre il y en a également d'autres qui nous mettent les larmes aux yeux, rendant le tout encore plus prenant. Victoire m'a beaucoup émue, d'autres personnages un peu moins, mais j'ai aimé suivre leurs aspirations respectives et je reste convaincue que jamais un roman n'a aussi bien porté son titre. 

Revenons au temps de Robespierre et Danton, quelques années après la prise de la Bastille. Une époque de terreur où différents groupuscules révolutionnaires ou pro-monarchiques cherchent à prendre le pouvoir.

C'est dans ce contexte que l'autrice nous propose d'évoluer par le biais de multiples personnages venant de mondes opposés, mais que les événements historiques vont étrangement rapprocher :

Victoire, jeune fille très pieuse du Sud de la France, qui va s'interdire d'entrer dans les ordres pour épouser un jeune comte, Louis. Ce dernier, noble aux allures “apparemment” douces et avenantes, va emmener Victoire à Paris pour assouvir ses ambitions politiques.

Frère Matthieu, jeune moine vivant reclus dans une abbaye aux proies des brigands.

Jean-Baptiste, révolutionnaire acharné et proche de Robespierre qui va se plier en quatre pour défendre ses valeurs.

Anne, jeune et belle femme, révolutionnaire, mais surtout une espionne hors pair.

Tout ce petit monde va se croiser à un moment ou l'autre de l'intrigue. La connexion entre ceux-ci et les véritables personnages historiques est remarquable. On a vraiment l'impression qu'ils ont participé à ces moments terrifiants de l'histoire française.

L'écriture est fluide et les plus de 700 pages sont lues rapidement car il y a de l'action, de la manipulation, du chantage, de la trahison, de la romance...
Tous ces éléments que Rose CASTELET incorporent dans son roman fait de celui-ci un incroyable page turnover.

J'ai énormément apprécié la qualité apportée aux détails historiques comme par exemple reprendre mot à mot le discours des certains orateurs comme Danton.

L'autrice n'a pas édulcoré ses lignes. Certains passages reflètent exactement les tortures, viols ou sévices perpétrés à cette époque troublée. C'est trash parfois, mais je respecte totalement le choix de la romancière.

La psychologie des personnages est aussi très bien réalisée.
On s'attache à certains comme Victoire ou Anne et on en déteste d'autres. On vit ce roman, on est impliqué, ce qui rend nos sentiments plus exacerbés.

La playslist SPOTIFY proposée durant la lecture est un réel atout et plaisir. La sensation d'immersion est transcendée.

AUX HEURES SOMBRES DE LA TYRANNIE est un grand roman sur fond historique, inondé de détails et d'action.
Il est très plaisant, très addictif et j'attends impatient le prochain bébé de cette auteure.

AUX HEURES SOMBRES DE LA TYRANNIE

Quel livre ambitieux ! Une très belle uchronie ! Fictifs ou réels, les personnages ont une vraie identité et l'autrice nous fait entrer dans l'Histoire, foisonnante et glaçante. Ce roman n'épargne aucun de ses protagonistes, il ne m'a pas épargnée, il ne vous épargnera pas non plus.

C'est le temps de la Révolution, on se retrouve dans une période ô combien troublée, dans une révolte d'une grande violence, qui change le visage de nos amis, de nos voisins, de nos chemins, de la France. Une violence qui fait de nombreuses victimes…

L'autrice nous fait traverser des heures sombres. Liberté, égalité, fraternité ? à quel prix ?

Des hommes et des femmes croient corps et âmes en un idéal. Nous les suivons tour à tour.

On suit le cours de cette révolution à travers les journées de nos personnages des années 1793 et 1794. On se retrouve mêlé à une foule compacte de bonnets rouges se dressant fièrement, prête à prendre les tuileries, puis dans la vie intime des personnages, on assiste à des assemblées puis on prend part à des complots...

On alterne entre Paris, la province. On se situe du côté des royalistes, puis des révolutionnaires. En plein coeur de l'Histoire, on vit des jours historiques, des complots politiques, des prises de pouvoir… bien d'autres choses aussi.

Je me suis fortement attachée à Victoire, premier personnage rencontré. Elle avait 10 ans en 1782 (quand débute le récit) et vivait alors pleine d'insouciance, de générosité et de rêves en compagnie de sa soeur cadette. Jeanne, leur grand-mère adorée venue pour les garder, autrefois dynamique et alerte lui cause de l'inquiétude. Déjà elle sentait que quelque chose n'allait pas…

Les personnages sont nombreux, l'autrice prend le temps de poser le contexte et de nous les présenter. Une fois chose faite, impossible de s'arrêter… Et on suffoque. ATTENTION : certains passages sont extrêmement durs. L'autrice ne néglige aucun détail et montre combien la révolution a les mains sales.

Une réussite !

1793. Une jeune femme pieuse, un homme d'Eglise tourmenté, une courtisane effrontée, un républicain vindicatif. Tous se retrouvent liés et emportés dans le tumulte de la Révolution française.

Quel roman ! Je me suis laissée emporter par le tourbillon de la Révolution française. Nous sommes en 1793, la Terreur s'installe ! Les Montagnards prennent le pouvoir, les têtes tombent les unes après les autres, les complots se fomentent, les personnages se dévoilent.

Et les personnages justement sont le point crucial de ce roman. Issus de classes sociales différentes, ils sont tous dévorés par leur idéologie et leur soif de changer les choses. Tous sauf une, Victoire, une jeune femme pour laquelle j'ai eu beaucoup d'empathie.
Il y a Louis, jeune comte, que son ambition et sa cruauté vont dévorer, Anne et Jean-Baptiste, frère et soeur, prêts à tout pour sauver la Révolution, Victoire, jeune femme entravée dans un mariage malheureux et Matthieu, religieux non assermenté dont la vie va prendre un tournant décisif. Tous se révèlent petit à petit et l'on s'aperçoit bien vite qu'ils ne sont pas ce qu'ils prétendent être. Ainsi, je suis allée de surprise en surprise, détestant l'un pour mieux en aimer un autre.
L'occasion de côtoyer par la même occasion Robespierre, un homme ô combien énigmatique et d'observer le déclin d'une aristocratie, qui ne sait que choisir pour sauver sa peau. Et enfin le bas peuple prêt à toutes les folies pour avoir un semblant d'égalité. C'est donc dans ce contexte enflammé que vont évoluer tous les personnages du roman, se croisant au fil des rebondissements. Leur vie se mélant dramatiquement à L Histoire, les masques tombent et bientôt des têtes !

J'ai vraiment adoré ce roman et les 700 pages ne m'ont pas effrayée.
Si vous aimez les personnages torturés, la Révolution française et l'Histoire de manière générale, ce roman est fait pour vous !