Páscoa et ses deux maris

Un véritable travail d'historienne. Une lecture complète. Un sujet précis et peu abordé; le cas d'une esclave dans lAngola, le Brésil et le Portugal esclavagiste du XVII ème siècle.

Páscoa et ses deux maris vous emportera dans la procédure de jugement de l'Inquisition d'une esclave noire.

La bigamie est le coeur du conflit, celle-ci se déroule entre lAngola et le Brésil. Non sans coïncidences , ces deux lieux sont des repères sur la carte du monde, pointant les interconnections du commerce triangulaire ou encore des voyages dédiés aux Européens. On peut donc parler d'un monde lusophone esclavagiste connecté et bien organisé.

Plus précisément, la rhétorique utilisée lors de l'enquête de Pascoa nous permet de comprendre le système judiciaire de la couronne portugaise.
L'Inquisition est très efficace et présente partout.

La relation maître-esclave est particulière à Bahia et permet d'introduire l'histoire du Nord-Est du Brésil. On y apprend que les hommes et les femmes gardent en partie, leur culture africaine et leur vision de l'amour et de l'esclavage. Ce dernier étant littéralement monnaie courante dans l'Afrique précolombienne puis colonisée.

De plus, ce livre illustre la place des femmes, parfois soumises ou puissantes. Blanches ou métisses, elles souvent propriétaires d'esclaves. Quant aux noires, leur condition sociale dénommera le statut d'esclave à leurs enfants par la suite. Pascoa, sujet principal, est une femme forte puisqu'elle a subit de nouveaux épreuves, sa vie a été déchiré entre 3 continents mais elle a su rester rusée auprès des juges de l'Inquisition en se présentant en bonne chrétienne.

Malgré la soumission de la religion , des noirs ont pu s'émanciper par la chrétienté.
Ces derniers ont bien compris que la religion soumet tous les hommes et encadraient leurs relations. En cas d'abus des maîtres, les esclavages pouvaient demander justice auprès de la couronne portugaise. La religion a donc une place prépondérante dans les colonies portugaise. Tout le monde doit être soumis à la foi chrétienne et la justice est là pour rappeler ceux qui ne respectent pas ce principe, notamment en terme de mariage, comme avec le procès de Pascoa.

Au fur et à mesure des pages je me suis rendue compte que je connaissais finalement que peu la traite des esclaves, et ces derniers.

En bref, j'ai énormément appris lors de cette lecture et dorénavant je ne vois plus le mot “esclave” de la même manière.

Cette enquête judiciaire est intéressante par bien des aspects : elle permet de comprendre en quoi consiste concrètement la vie d'une femme esclave en Amérique du Sud à cette époque tout en éclairant plus généralement sur la société esclavagiste brésilienne et angolaise. L'importance du mariage au sein des sociétés esclavagistes est ainsi pleinement soulignée : les esclaves sont encouragés à se marier selon les normes de l'Église, car ce sacrement prouve la réussite de la conversion des populations africaines.

Cet ouvrage nous informe donc sur l'importance de la christianisation dans la légitimation de la « Traite Atlantique » et la puissance de la « machine inquisitoriale », qui parvient à mener une enquête rigoureuse pendant plusieurs années sur trois continents différents. Au gré des digressions de l'auteure, l'on en apprend plus sur l'histoire de l'Angola portugaise, les différences entre l'esclavage africain et l'esclavage atlantique ou encore la complexité des rapports liant les maîtres et les esclaves.

Le livre, extrêmement rigoureux d'un point de vue historique, peut néanmoins paraître complexe par la diversité des sujets abordés dans chaque chapitre.