Daumier,
Honoré Daumier , né à Marseille en 1808. Son père vitrier manifestement ne veut pas en faire un artiste, sans doute pensant au bien pour son fils ..
La vie fait qu'il monte à Paris et fait des rencontres qui aboutiront à qu'il soit un artiste et qu'il sera considéré comme un des grands artistes du 19 e siècle.
Pas facile de cheminer dans son siècle, il fait des caricatures et épingle les politiciens, les avocats dans les salles d'audience où il aime exercer son talent .. la loi de 1835 sur la censure de la presse tombe et le caricaturiste est prié de changer de crémerie, il s'en prendra alors aux bourgeois puis va désamorcer ses effets au profit des pauvres (si je puis dire !) ..
Dans le livre présent de Stefano Suffi traduit par Gallimard en 1998, je fais défiler les pages et mon attention s'arrête sur une peinture de
Honoré Daumier, c'est un grand format, elle s'intitule : "Le wagon de troisième classe" qui date de 1862, autant dire que c'est le début de l'ère ferroviaire. Cette peinture est hallucinante. Et franchement j'ai envie de dire à Macron qu'il s'imprègne de cette peinture et qui devrait lui vriller l'esprit pour toujours. Bon elle est à Ottawa, vers chez son pote Trudeau, à peu près de la même veine que lui...
C'est à peu près l'époque où ses finances périclitent, il s'enfuit avec sa femme à Valmondois dans le 95 que je connais. C'est un endroit magnifique, surtout il devait l'être à l'époque plus qu'aujourd'hui. C'est son ami Corot qui lui prêta une maison.. Il me semble que les Guimard (Paul et Benoite) séjournaient là aussi le week end, sauf erreur. Il a terminé là ses jours, il vécut jusqu'à 70 ans, mais avant de refermer la page sur ce peintre de la misère sociale, ce en quoi il innovait, je voudrais citer ceci : "Le réalisme de Daumier qui atteint ici une expression particulièrement forte grâce à sa pénétrante capacité à saisir les traits et les silhouettes des personnages, va dans le sens d'une dénonciation sociale défiant les obstacles de la censure ainsi que le goût traditionaliste du public et de la critique parisienne. Dans un compartiment bondé de troisième classe, faiblement éclairé par la lumière latérale qui entre par les fenêtres, on ressent le poids de la fatigue et de la résignation. Dans cette oeuvre, il n'y a ni mysticisme, ni accents pathétiques forcés, mais la représentation, sans allégories, ni sous-entendus, d'une réalité difficile."
C'est bien ce qui m'avait semblé. Si par bonheur il y aura une expo de Daumier par ici, je ne manquerai pas d'aller admirer ce chef d'oeuvre : les regards de ces pauvres bougres sont réellement fascinants, dérangeant nos consciences égoïstes. A l'analyse remarquable de
Stefano Zuffi, J'ajouterais juste de la tristesse comme celle d'un chien abattu par le mauvais sort ou avec une mine de chien battu comme on voudra. Vraiment l'art éclipse tout le reste.