L'inconvénient, lorsque je commence à remettre un peu d'ordre dans une de mes bibliothèques, c'est qu'à un moment donné, j'arrête le rangement et je commence à feuilleter des vieilles bédés que je n'ai plus relues depuis longtemps.
Cela faisait une éternité que les Paparazzi se trouvaient dans une biblio où sont classés les bédés que je relis moins et après avoir souri à quelques chutes, j'ai remonté le fil de l'entièreté du gag (oui, j'avais envie d'aller à l'envers), puis je me suis dit que merde, après tout, j'allais en relire quelques-uns, parce que dans mes souvenirs, c'était drôle et que je voulais m'assurer que ça l'était toujours.
Le dessinateur Mazel, je le connaissais de son autre série, "Câline et Calebasse" (nommée aussi "Les Mousquetaires"), série humoristique avec des mousquetaires (logique) du roi, découverte aussi dans des vieux hebdos Spirou ayant appartenu à mon père (et à son p'tit frère). Ses traits de crayon sont reconnaissables, particulièrement dans les figures des personnages.
La série des Paparazzi a pris un coup de vieux, notamment lorsqu'on lit les noms des stars que notre duo de branquignoles doivent épier afin de prendre LE cliché qui fera vendre plus de feuilles de chou à leur directeur.
En ce temps-là, on suivait furtivement Lady di (mon Dieu, notre duo de paparazzi ne savaient pas comment elle allait finir sa vie et à cause de qui), le président Clinton,
Yasser Arafat, Maradona, Depardieu et ce qui ressemble, de loin, à la princesse Stéphanie de Monaco (j'entends hurler un des Inconnus dans ma tête, tiens)…
Nicolas et Joy, son assistante, celle qui tente de prendre des photos, vont tout faire pour obtenir le cliché qui fera la une, mais ce ne sera pas toujours facile, que du contraire. Les pauvres, ils ne volent pas leur salaire en fin de mois.
Il y a beaucoup de cynisme dans les gags : leur patron qui veut aussi du glauque, du cadavre, afin de vendre plus. Un passage pour piéton dangereux, ça ne fait pas vendre, la photo du même passage clouté avec un accidenté dessus (ou un mort), là ça fait vendre !
Qui est responsable ? le directeur de publication d'un magazine qui affiche ce genre de photos morbide ou les clients qui n'attendent que ça pour l'acheter ? Je vous laisse deux heures.
On sent bien que l'on est dans une autre époque, celle d'avant les années 2000 : pas d'Internet, pas de réseaux sociaux, pas smartphone, les appareils photos sont des argentiques (et non des numériques), on voit aussi le boss de "Paris Flash" qui fume des gros cigares, avec la fumée qui s'agglutine au plafond et il y a souvent un verre sur son bureau, et ce ne doit pas être du ©Canada Dry… Dire que Lucky Luke doit mâchouiller un brin d'herbe...
N'ayant plus aucun souvenir de ces albums, j'ai redécouvert les gags avec plaisir et constaté qu'il n'y a pas que de l'humour au second degré, mais aussi des sujets de sociétés importants.
Raoul Cauvin, scénariste prolifique hélas décédé, avait des idées intéressantes à la pelle et ne s'est pas contenté de gags autour du cliché de Clinton prenant un bain, en string, dans du jus d'ananas (*), que nenni !
L'album abordera aussi le danger du nucléaire, le conflit Israëlo-Palestinien, la vente et la fabrication des mines antipersonnel par la France, le racisme dans certains hôtels, les reportages de guerre où l'on met en scène le blessé, bref, des faits de société encore actuels de nos jours.
Mais quelle bonne idée j'ai eue de m'asseoir par terre et de relire quelques albums des Paparazzi !
(*) J'eusse aimé voir cette photo...