Et pourquoi pas la rose…
Et pourquoi pas la rose,
dit le poète clos,
avec bien peu de chose
je vous fais un sanglot.
La rose se repent
pétale après pétale
la rose qui se vend
après la bacchanale
la rose au cœur de pierre
qui tombe avec la foudre
la rose qui passe outre
aux amants sans hiver
La rose débusquée
moite, molle, mêlée
aux chardons,
aux liserons
la rose qui m’a quitté.
La rose qui fait des scènes,
tandis que ses épines
sur les tempes divines
n’ont plus rien qui les gênent.
Et la rose empaillée
que la vieillesse oblige
la rose retraitée
où le printemps se fige.
Mais la rose
qui ose sa mort,
la rose
qu’on remet
dans les plis de la Cause.
IRIS…
Iris en ruine
tout défait par le souffle
et brusquement
craquant comme une momie,
croqué
un pain sans mie,
un matin sans tranchant.
Au-dessus d’un baquet
parmi ses javelots luisants
un enfant cherche le quai,
le pays troublant.
Iris sans personne,
petit parchemin déroulé
qui parle de ma Garonne,
tu reprends dans la mort
l’apparence d’une bête
sur laquelle on met le pied.
Et c’est sa graine
comme une figue inutile
que personne ne dévore
une graine de garenne.
Iris de charme
décoiffé,
pavillon pour une fée,
Iris en larmes.
Iris de la folie
comme une tombe déserte
Adieu les journées vertes,
ma fleur de l’huis.
Mais par tous les temps
un grain de raisin
un peu de lilas blanc
Mais par tous les temps
un pas de facteur
un air raisonneur
la douce impatience
Mais par tous les temps
le droit de me dire
je peux bien en rire
c'est l'affaire du vent
Mais par tous les temps
et sans savoir quand.
Glissante glycine
tape à la fenêtre ;
l’enfant lui fait signe
quand ses murs vont naître.
Puis,
les grappes dissoutes,
le feuillage vient ;
le long de la route,
la glycine est bien.
Glycine rapide
adieu les beaux murs
les prisons se vident
à son vieux murmure.
Coquelicot …
Coquelicot essoufflé
dans les mains tu crains
la chaleur des plaies.
Coquelicot toujours refusé,
toujours battu.
Ô qu’as-tu fait
du blé tout nu
du grain mangé,
ne rougis pas.
Coquelicot, je ne t’ai plus
quand brûle l’hiver
sur mes pas
coquelicot tout cru.
Fleur, mon écho,
vite, un verre de vin ;
finis les bécots,
sont froides mes mains.
Jean Frémon de quelques rencontres (Paul Otchakovsky-Laurens, Pierre Morhange, Jacques Dupin, etc.) - : où Jean Frémon, -à l'occasion de la parution de son livre " le Miroir magique"-, se souvient notamment de sa rencontre avec Paul Otchakovsky-Laurens et de ses deux mères, de la revue Strophes et de Pierre Morhange, de Bernard Noël et de Jean Cayrol, de Jacques Dupin et d'Aimé Maeght, de Samuel Beckett et de Maurice Blanchot et où il est question d'édition, de poésie et de prose.