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EAN : 9782258061125
190 pages
Presses de la Cité (07/11/2002)
3.89/5   164 notes
Résumé :
Policiers, juge et psychiatre cherchent à comprendre l'étrange comportement de Tony Falcone, après la mort de Nicolas, le mari de sa maîtresse. Ancien ouvrier, fils d'immigré italien à la tête d'une petite entreprise de vente de tracteurs et de machines agricoles, Tony est marié à Gisèle et père d'une petite Marianne. Mais il vivait en secret, il y a quelques mois encore, une relation amoureuse avec Andrée. Etait-il amoureux d'elle ? Il ne peut aujourd'hui l'affirme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Alors que vos désirs tournent rouge et que vous vous demandez si l'herbe est plus verte ailleurs, je vous invite à lire La chambre bleue, vous vous éviterez bien des nuits blanches ainsi qu'un avenir noir… Un manuel à mettre entre les mains de tous jeunes couples, à placer dans toutes tables de chevet des hôtels en lieu et place de la Bible, c'est plus radical pour ne pas pêcher…
Car oui, ne vous fiez ni au titre, ni à la couverture bleutée de ce livre de Georges Simenon, ce livre délicieusement désuet, est noir, aussi noir que la chambre de ces amants frénétiques est bleue.

Nous voilà à Saint-Justin-du-Loup, au début des années 60, un petit village français, où tout le monde se connait et où les ragots sont légion et vont bon train. Nous sommes directement dans l'interrogatoire que subit Tony Falcone, interrogatoire au cours duquel, au fil des questions, se mêlent les souvenirs de cet homme qui trompait sa discrète femme Gisèle, avec la vibrante Andrée, grande femme statuaire connue à l'école primaire.
Tous les jeudis ils se retrouvent à l'hôtel du frère de Tony, dans cette chambre bleue, parenthèse hors du temps n'appartenant qu'à eux. Des mots doux murmurés, des corps à corps passionnés, des promesses tels des mots n'ayant de valeur qu'entre les quatre murs lavande…Dans la chambre bleue, rien n'est vraiment réel, du moins d'une réalité différente.
Nous nous doutons qu'il n'est pas accusé pour cet adultère mais jusqu'à la fin du livre le mystère reste entier sur ce qui s'est passé et l'angoisse enfle au fur et à mesure des pages. Tony raconte, raconte de nouveau, connait les mots par coeur les ressassant ad nauseum.

« Combien la vie est différente quand on la vit et quand on l'épluche après coup ! Il finissait par se laisser troubler par les sentiments qu'on lui supposait, par ne plus reconnaître le vrai du faux, par se demander où finissait le bien et où commençait le mal ».

J'ai profondément aimé ce livre que j'ai dévoré d'une traite. C'est un policier de facture classique très réussi qui nous tient en haleine jusqu'au bout. C'est une description d'une époque passée, celle des années 60 au sein des petits bourgs français où les hommes commettent facilement quelques écarts sans que cela porte à conséquence, où « le lundi est jour de lessive, mardi ou le mercredi, selon le temps, selon que le linge est sec ou non, celui du repassage », ce sont les senteurs de lieux campagnards, celles du vin et des alcools, des ragouts qui mijotent…
C'est un roman d'ambiance dans lequel on plonge dans l'intimité d'une famille marquée par le non-dit de l'adultère qui entache le couple, ayant l'intelligence et la pudeur de le tenir à distance, rongé par le remord. J'ai été très touchée par cette façon qu'a Tony, alors qu'il sent le danger rôder, se raccrocher à sa fille, à sa femme aussi d'une manière silencieuse et désespérée.

« Gisèle souriait, d'un sourire bien à elle, très mince, qui étirait à peine ses lèvres, comme si elle s'efforçait de le garder à l'intérieur ».

Au fur et à mesure du récit, on se rend compte à quel point la routine, les traditions au sein du couple, sont rassurantes…Vouloir les pimenter peut couter cher, très cher. Car ne jamais oublier cela : « On ne passe pas sa vie sur un lit, dans une chambre vibrante de soleil, à subir la fureur de deux corps nus »…

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Hôtel de la gare, la chambre bleue est occupée en ce jeudi après-midi.
 
L'origine du monde post-coïtal : Scène d'ouverture très crue (surtout pour l'époque, édition 1964) qui fait appel à tous nos sens : il y a de la couleur, de la chaleur, des ombres, des gouts, des sons, des odeurs, des fluides, des textures, tout est trivialement vivant, quasiment animal.
 
Un couple s'y désenlace à l'instant, encore bouillant de ses ébats adultères.
 
Mais tout ceci n'est que souvenirs, souvenirs à remettre en perspective au gré d'un interrogatoire dont on ne connaît pas la raison.
 
Que s'est-il passé après cet épisode de jouissance décomplexée ?
 
L'écriture est extrêmement moderne, découpée tel un scénario de cinéma qui enchevêtre les faits et, à distance, l'enquête menée on ne sait pourquoi mais qui ausculte la vie de Tony, lui.
 
Lui se sauve, les vêtements sous le bras car, à travers les volets mi-clos, il a aperçu son mari, à elle, qui, lascive encore et impudique toujours, garde le lit aux draps souillés.
 
Il part, il fuit, il s'éclipse, il quitte la scène dont on ignore de quel coup de théâtre elle va être le lieu.
Il n'a rien fait que de se sauver, croit-on.
 
Bien que focalisé sur le personnage de l'homme, le récit,  par petites touches, par aplats impressionnistes nous dresse le portrait d'une époque révolue ou l'on entend le sifflet d'un train en manoeuvre ou le hurlement de l'enclume d'un maréchal ferrant tout en croisant des vieilles filles en devenir brossées rapidement en quelques mots simples ou des beaux parents cruellement familiarisés avec la bêtise la plus crasse.
 
Il est incarcéré, emprisonné, interrogé, soupçonné mais de quoi ?
 
Ce jeudi après-midi, il est parti, il est rentré chez lui, il a rejoint épouse et enfant puis il les a vus passer en 2cv, elle et son mari, alors ?
 
Bien sûr elle lui avait demandé ce qu'il ferait si elle se retrouvait libre, débarrassée de son mari, mais ?
 
Il nous semble découvrir les faits qui lui sont reprochés en même temps que nous, pourtant !
 
On saura tout de sa vie, à lui, Tony, que les policiers, juge ou psychiatre découperont en de multiples pièces de puzzle pour la reconstituer avec lui, sous son éclairage à lui.
 
Au milieu du livre, on ne sait toujours pas qui est mort mais la pression se fait forte et insidieuse comme un piège qui se ferme imperceptiblement, l'incompréhension aussi, et c'est tellement bien écrit.
 
A travers les interrogatoires auxquels Tony est soumis, on devine le climat qui règne au village, on entend gronder la rumeur qui enfle, on voit se détourner les regards sur son passage qu'il pense être des plus discrets, on sent le danger poindre, tous nos sens sont impliqués.
 
Et nous allons rester ainsi, tendus, tétanisés comme les muscles d'une grenouille que l'on soumet à un courant électrique jusqu'à la dernière page du livre, persuadés,  en plus, que le verdict final n'est pas celui que nous aurions prononcé.
 
Du grand art, à tous les niveaux qui me fait écrire que je reviendrai, régulièrement, exhumer un vieux Simenon qui n'est pas seulement le créateur d'un Maigret que la télé en noir et blanc a un peu recouvert d'une fine couche de poussière.
 
 
 
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« La Chambre Bleue », écrit en 1963, est l'un des nombreux "romans durs" de Georges Simenon.
J'ai été un peu déroutée, au départ, par le processus de narration adopté. On assiste presque d'emblée à un rendez-vous de Tony Falcone chez le juge Diem. Pourquoi est-il là ? Qu'a-t' il fait ?
De fil en aiguille, tout s'explique mais de là à dire que tout s'éclaircit... il y a un fossé ! En effet, les rencontres amoureuses de Tony et Andrée nous sont contées par le seul Tony lors des interrogatoires chez le juge. Comment cet homme, de plus en plus apathique au fil du roman, pourra t'il sortir de cet engrenage subtil mais redoutable où il se trouve enfermé ? Il se retrouve seul face à un système de justice qui peut établir la culpabilité d'un prévenu sur un faisceau d'apparences, de rumeurs villageoises et de coïncidences.
Ce roman est, aussi, le portrait d'une petite bourgade de la France profonde, dans les années 60. Une étude de la société où c'est bien connu...Simenon excelle. Un polar court et efficace (avec des personnages très crédibles) et une histoire qui l'est tout autant.

A ne pas manquer !
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La chambre bleue est un excellent roman policier. Nous sommes transportés, à Saint-Justin-du-Loup, un petit village français au début des années 1960, où tout le monde se connait et où les ragots vont bon train.

Le roman s'ouvre et se déroule presque uniquement sous forme d'interrogatoire et entremêle les souvenirs de Tony. Nous savons qu'il est accusé mais le mystère reste entier sur son crime. Il trompait son épouse avec Andrée et cet adultère va lui apporter bien des ennuis.

La construction du roman m'a beaucoup plu et ménage le suspense jusque dans les dernières pages. L'intrigue est très noire, prenante et la tension monte crescendo.

Tony est attachant, un peu bêta, qui ne se rend pas compte que ses actes / paroles peuvent être lourds de conséquence. Il se retrouve pris au piège et on éprouve forcement de la compassion pour lui.

Adapté plusieurs fois au cinéma, il me tarde de voir ce que peut donner cet excellent roman sur grand écran.

Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Roman noir, très noir, aussi noir qu'est bleue la chambre où viennent de s'ébattre fougueusement "les amants frénétiques", Tony et Andrée, cette chambre brûlante au soleil d'août et exhalant l'odeur des corps repus de jouissance "d'un mâle vigoureux et une chaude femelle". C'est ce jour là, le deux août, que, sans qu'il en ait conscience, dans les paroles échangées après l'amour, va se jouer le destin de Tony.
Tony, nous le retrouvons sans transition devant le juge d'instruction qui l'interroge sur le déroulement de cette journée du deux août. Pourquoi est-il là ? que lui reproche t-on ? qu'a-t'il fait ?
"Combien la vie est différente quand on la vit et quand on l'épluche après coup !"
Et cette vie, elle sera consciencieusement épluchée, au cours d'un récit fiévreux, alternant le passé de Tony et le présent de son interrogatoire, dans une narration d'une remarquable fluidité passant avec naturel de l'un à l'autre sans pour autant casser le rythme du discours et avec une telle évidence que cela tient du grand art ; tout comme cette évocation de la vie quotidienne d'un bourg provincial dans les années soixante qui apparaît d'une impeccable justesse.

Un roman très court, mais d'une force exceptionnelle, où le destin, la fatalité, ou la passion de mante religieuse d'une femme, va refermer peu à peu sur Tony les mâchoires du piège mortel dans lequel il s'est englué.
Sidérant de maîtrise et de talent !
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La chambre était bleue, d’un bleu de lessive, avait-il pensé un jour, un bleu qui lui rappelait son enfance, les petits sachets d’étamine emplis de poudre bleue que sa mère diluait dans le baquet à lessive avant le dernier rinçage du linge, juste avant d’aller l’étendre sur l’herbe luisante du pré. Il devait avoir cinq ou six ans et il se demandait par quel miracle la couleur bleue pouvait rendre le linge blanc.
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Ce n’est qu’au retour, dans l’obscurité de la voiture dont les phares faisaient surgir des paysages en noir et blanc comme ceux du film, qu’il prononça soudain :
— Nous sommes jeudi.
Rien que ce mot-là le faisait rougir. N’évoquait-il pas la chambre bleue, le corps pulpeux d’Andrée, ses cuisses écartées, le sexe sombre qui perdait lentement la semence ?
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La chambre était bleue, d'un bleu de lessive avait-il pensé un jour, d'un bleu qui lui rappelait son enfance, les petits sachets d'étamine emplis de poudre bleue que sa mère diluait dans le baquet à lessive avant le dernier rinçage du linge, juste avant d'aller l'étendre sur l'herbe luisante du pré. Il devait avoir cinq ou six ans et il se demandait par quel miracle la couleur bleu pouvait rendre le linge blanc.
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Il lui arrivait d’attendre dans le couloir, à la porte du cabinet du juge, assis sur un banc, menottes aux poignets, entre ses deux gendarmes qui changeaient presque chaque fois.
Il n’en était plus humilié, ne rageait plus. Il regardait passer les gens, des prévenus, des témoins qui allaient attendre devant d’autres portes, des avocats en robe qui agitaient leurs larges manches comme des ailes, et il ne bronchait pas quand on lui lançait un coup d’œil curieux ou quand on se retournait sur lui.
Une fois dans le cabinet, on lui retirait les menottes, les gardes sortaient sur un signe du magistrat et Diem s’excusait d’être en retard ou d’avoir été retenu, lui tendant son étui à cigarettes en argent. C’était devenu une tradition, un geste automatique.
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Combien la vie est différente quand on la vit et quand on l'épluche après coup ! Il finissait par se laisser troubler par les sentiments qu'on lui supposait, par ne plus reconnaître le vrai du faux, par se demander où finissait le bien et où commençait le mal.
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Videos de Georges Simenon (134) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Simenon
"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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