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EAN : 978B07Y3F5HB4
191 pages
Editions du Camembert (18/09/2019)
3.7/5   5 notes
Résumé :
On sous-estime trop souvent la capacité de nuisance d’un selfieL’existence de Marc s’écroule quand Sylvie, sa femme depuis 15 ans, fait une chute mortelle lors d’une séance de selfie sur un piton rocheux. La confusion vient s’ajouter à la douleur du deuil lorsqu’il découvre qu’elle le trompait.Dès lors, il traîne dans son pavillon du Clos des Philosophes, un lotissement de luxe sis en proche banlieue parisienne, ressassant son malheur, ne sortant que pour promener M... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cela fait longtemps que je n'ai pas fait de chronique express. J'écris ce que je pense dans la moindre correction, et ça se voit. Alors, hop, c'est parti.

Aujourd'hui, “Selfie” de Monsieur Aloysius Chabossot.

Force de reconnaître que je ne suis pas friand des feel-goods. C'est comme ça. Aloysius Chabossot en a écrit plusieurs à très large succès sur lesquels je ne m'étendrais pas. Déjà parce que d'autres l'ont déjà fait et que je ne pas que ça à foutre, non mais oh ! Et je fais ce que je veux, avec mes cheveux, surtout qu'ils sont longs (ceux qui restent du moins). Je préfère, et l'auteur le sait, sa phase plus expérimentale notamment extraordinaire “l'aquoibonisme”. Mais, dans ces romans plus légers, “le retour de la nounou barbue” m'avait beaucoup plu, il faut le reconnaître. C'était l'un de mes préférés de la période plus classique et plus intimement liée à la phase du feel-good. Alors, étrangement, et vu la couverture, je m'attendais à un truc de ce genre là. Mal m'en a pris de penser ainsi. Comme quoi, dès que je pense, c'est la merde. “SELFIE” est une oeuvre d'une tout autre teneur.

Un petit résumé ? Allez, moment feignasse et résumé de l'auteur :
“ On sous-estime trop souvent la capacité de nuisance d'un selfie
L'existence de Marc s'écroule quand Sylvie, sa femme depuis 15 ans, fait une chute mortelle lors d'une séance de selfie sur un piton rocheux. La confusion vient s'ajouter à la douleur du deuil lorsqu'il découvre qu'elle le trompait.
Dès lors, il traîne dans son pavillon du Clos des Philosophes, un lotissement de luxe sis en proche banlieue parisienne, ressassant son malheur, ne sortant que pour promener Maxou, bouledogue français, ersatz de l'enfant qu'ils n'avaient pu concevoir.
Après un bref retour au travail qui tourne au désastre, Marc va enfin tout mettre en oeuvre pour surmonter l'immensité de sa détresse. Son combat passera par plusieurs étapes : abrutissement par la télé, recherche effrénée de l'amant… C'est au court de cette traque désespérée qu'un rayon de soleil non dénué d'ironie viendra inopinément illuminer son chemin de croix.
Arrivée d'une météo plus clémente, simple éclaircie passagère…
Ou l'annonce d'un bouleversement sans précédent ?”

Dès la résumé, on sent que quelque chose a changé. On le sent dans l'énoncé même. On croirait à du feel-good, mais cela n'en est pas vraiment. Respirez ! du cynisme. Cela sent le cynisme, un peu comme s'il avait fusionné l'ancienne époque à la nouvelle, mais en conservant les fondamentaux d'un humour grinçant voire de la critique (satire ?) sociale pure.

Selfie (on va l'appeler comme ça) est pour moi une espèce d'ovni. Je suis très (trop) sélectif dans mes lectures, mais c'est bien la première fois que je vois un récit faussement classé par une impression se retourne en un hybride qui, finalement, se révèle être dans son intégralité, beaucoup plus noir qu'il y paraissait.

On n'est pas dans des montagnes russes, mais dans des courbes sinusoïdales qui, au fur et à mesure, tendent vers la détresse. Bien entendu, au détour de plusieurs paragraphes, on sent l'humour, mais plus nuancé. du cynisme sous couvert également de critiques sociales acerbes. Combien de fois je me suis reconnu dans ce livre ? Je ne saurai le dire avec exactitude. Que ce soient dans les rencontres du club ou dans le travail ou même dans les souvenirs liés au passé, on ressent non pas du mépris pour la vie que Marc traverse, mais une espèce de perdition poétique glauque. C'est absolument magnifique. Et c'est drôle, mais de cette saillie drolatique d'où peut naître l'imprévu. Ce n'est pas de la vanne pour faire de la vanne. C'est beaucoup plus subtil.

Plus on avance et plus on se rend compte que Marc, malgré la vengeance (je n'en dirai pas plus) qui le pousse à agir et à ne pas se foutre en l'air, devient de plus en plus un anti-héros à qui il arrive les pires crasses. Il se raccroche comme il peut à ce qu'il lui reste, mais se rend compte que ce monde, son monde, on va dire de manière générale, notre monde, n'est plus pour lui. Il est dépassé par les événements, se rattache à des bouts de brindille, et ces derniers se cassent. C'est en cela que Marc est un beau personnage : il est profondément humain avec ses faiblesses, sa naïveté et sa force d'aller jusqu'au bout (sans mauvais jeu de mots).

Quand il perd pied totalement, la lumière revient avec la fille de Mussella (odieux personnage bobo qui tient plus de la bourgeoisie que de la bohème). Et cela s'effondre de nouveau. Enfui dans un délire d'une jeunesse perdue, il se heurte à la cruauté acerbe de cette jeunesse parisienne. Il n'y a pas de place pour les rêveurs.

Marc est las de son existence qui n'a pas de but. J'ai éprouvé beaucoup d'empathie pour lui, surtout dans la phase où “spoiler”. Mais, déjà, il n'est plus le Marc que l'on connaît. Il est devenu un monstre qui va se trouver une utilité, comme les monstres des contes de mon enfance. Un monstre doté d'une conscience forte et d'un devoir. C'est d'une justesse...le tout avec la vision d'un décalage absolu et la plume acerbe de l'auteur qui dépeint ce qui entoure son anti-héros avec des couleurs toutes aussi opposées les unes aux autres que l'on est prêt à crier au génie (sans bouillir).

Il est énervant, Monsieur Aloysius Chabossot, tout ce qu'il touche se transforme en or. Pourquoi ? Parce qu'il a un humour d'une grande finesse, et qu'il métaphorise avec un talent de dingue.

Alors, ce “SELFIE” n'a rien d'un feel-good, n'a rien non plus d'un feel-sad. Il s'inscrit juste avec ténacité dans une littérature moderne de haut niveau où la plume de l'auteur semble se jouer de nous autant avec son histoire qu'avec ses mots. Il est juste un livre dont j'aurais aimé être l'auteur...et ça, c'est plus qu'un compliment. Non pas que j'écrive à la perfection, non, loin de là même. Non, c'est plus concret. C'est tellement fin que l'on en vient à jalouser l'adresse de l'auteur, et à se rendre compte, en refermant les dernières pages, que l'on est encore estomaqué plusieurs minutes encore. Des minutes qui semblent être une éternité. Une éternité de bonheur tellement on se sent touché par un livre.

Hautement recommandé !
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Sylvie ne digérait pas l’idée de ne pouvoir devenir mère, elle trouvait profondément injuste ce camouflet que lui adressait le destin, un destin qui, jusqu’à aujourd’hui, ne lui avait jamais fait faux bond : issue de la petite bourgeoisie de province, elle avait réussi, à force de travail et de ténacité, à s’imposer dans le petit monde volontiers phallocrate de l’intérim, puis elle s’était marié avec Marc et menait depuis l’arrêt de ses activités professionnelles une existence oisive et doucereuse constituée de séances de shopping, de cinéma, de fitness, ou de massages, qu’ils soient thaïs, californiens ou ayurvédiques. Un parcours de vie exemplaire, pour lequel l’arrivée d’un enfant aurait représenté, en quelque sorte, la cerise sur le gâteau. Or, il apparaissait que, sans raison valable, la joie de la maternité lui était refusée, alors qu’à quelques kilomètres de là, au fin fond d’obscures et sordides banlieues, des familles sans le sou en étaient à leur cinquième moutard. Où était la logique, là-dedans ?
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En introduisant le pistolet de la pompe dans le réservoir de la voiture, Marc émit un bref ricanement qui secoua son corps ramolli par la déconvenue. C’était à vrai dire le seul acte de pénétration dont il se sentait en ce moment capable, le seul pour lequel il s’estimait à peu près légitime, aussi. Aucune frustration dans ce constat, le désir sexuel, à l’instar des autres désirs, l’avait depuis longtemps déserté, emportant avec lui toutes les tensions, parfois exquises, souvent inconfortables, qu’il charrie d’ordinaire. Cela étant, il ne se plaignait pas de cette extinction, elle l’arrangeait, même. Il avait déjà bien assez de problèmes à gérer dans sa tête pour s’embouteiller davantage l’esprit avec des histoires de besoins physiologiques à assouvir coûte que coûte. Pourtant, s’il voulait bien se donner la peine de s’en souvenir, il fut une époque pas si lointaine où l’acte sexuel occupait une place sinon centrale, du moins de choix au sein de son existence.
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L’hypothèse d’une fille attirée par les hommes mûrs n’était pas à exclure. Processus inconscient issu de carences affectives qui prenaient leurs sources dans la petite enfance (père absent, inexistant ou décédé) il restait persuadé que cette attirance excédait généralement les simples motivations pécuniaires, contrairement à ce que certaines vieilles femmes aigries laissaient lourdement supposer d’un air entendu.
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N’ayant jamais cru en l’influence d’une quelconque puissance divine, Marc s’en était toujours remis pour gérer son existence à des éléments tangibles et irréfutables : l’argent, principalement, et les moyens de thésaurisation auxquels il donne naturellement accès. Sans oublier, bien sûr l’ensemble des biens de consommation qui contribuait à rendre la vie plus douce et agréable, bien plus efficacement du moins qu’une aveugle croyance en un être supérieur censé veiller sur notre destinée.
Le risque était donc faible que le décès soudain de Sylvie n’enclenche chez lui une fulgurante crise mystique, comme cela se constate parfois chez certaines personnes qui, frappées par l’adversité, se mettent aussitôt en quête d’explications auxquelles se raccrocher pour ne pas sombrer.
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femme aussi pugnace, même si ses moqueries, adressées à des personnes en incapacité de les entendre, ne nécessitaient aucun courage particulier. Il la serrait alors plus fort entre ses bras. Parfois, leurs lèvres se touchaient, puis il enfouissait le visage dans son cou tout en déboutonnant son chemisier, à l’aveugle. Quand l’excitation avait atteint un point de non-retour, Sylvie se dégageait doucement, éteignait la télé et conduisait son mari jusqu’à la chambre qui se situait à l’étage. Ces moments d’intimité, quand bien même égrenés avec parcimonie au long des saisons, suffisaient néanmoins à démontrer aux yeux de Marc qu’après toutes ces années de vie commune, l’amour était encore bien vivace au sein du couple.
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Videos de Aloysius Chabossot (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aloysius Chabossot
Interview de Aloysius Chabossot par Vera Sayad pour le Tremplin des Auteurs diffusée le 14 et le 17/01/14 sur Radio Lez'Arts.fr
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