Desproges est de moins en moins mort

Le pouvoir d'envoler des incultes

La biographie est un exercice difficile mais ici, la copie est remarquable. Ah, il est fort, Chabrol (désolé).

Dominique Chabrol évite le piège du maniement frénétique de l'encensoir ou celui du détachement artificiel, l'un comme l'autre, peu adaptés au sujet traité.

Le Desproges retracé dans ce livre, n'est qu'un homme, avec ses défauts : colérique, susceptible, trop élitiste sans doute, mesquin parfois...et ses qualités : vive intelligence, sensibilité, indépendance et créateur d'un style comique dont il reste le seul dépositaire.

Itinéraire passionnant à suivre, d'un homme qui ne trouve sa voie que tardivement et au hasard de la vie, des rencontres...et des disputes.

N'aimant guère que tout le monde pense comme lui, il est amoureux de Brassens et de Marcel Aymé (choix ô combien pertinents à mon sens) et de Vialatte (Chabrol se moque d'ailleurs gentiment au passage de tous ceux qui prétendent avoir lu cet auteur qui a si peu vendu). Desproges était aussi et c'est plus étonnant, fan de Pierre Doris ou de Jean Yanne.

De fait, Desproges n'était jamais là où on l'attendait.

Anti extrémiste virulent, ennemi du rassemblement en troupeau, il déplairait encore beaucoup aujourd'hui.
Son indépendance d'esprit devrait d'ailleurs faire réfléchir tous ceux qui crachent facilement dans la "bouillie politiquement correcte" et ceux qui la touillent.

Desproges était-il de gauche ? Extrait : "perfidie forestière, car seule la langue fourchue d'un homme des bois pourra venir à bout de la langue des bois des Français de souche". de droite ? Extrait : "Il y a des racistes noirs, juifs, chinois...mais à SOS machin, ils ne fustigent que le Berrichon de base et le Parisien-baguette...Quand un blanc dit qu'un noir est con, on dit que le blanc est raciste. Quand un noir dit qu'un blanc est con, on dit que le blanc est con".

Alors, Desproges, de moins en moins mort ?
- pas sûr, hélas.
- pas sûr, mais c'est peut être mieux comme ça : s'il voyait ce que sont devenues certaines des femmes qu'il admirait, à savoir Christine Ockrent ou Anne Sinclair...