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EAN : 9782729110857
132 pages
Editions de La Différence (19/04/1995)
4.17/5   3 notes
Résumé :
On dira que la perte d'un être aimé est l'un de ces événements de la vie qui possède, de longue date, depuis les anciens élégiaques, depuis Pétrarque, sa poétique, sa rhétorique, ses lois du genre, et qui en font un thème bien défini, parmi les grands thèmes traditionnels. Une région du paysage littéraire. On dira donc, sans se tromper tout à fait que Chappaz a composé une grande élégie moderne, c'est-à-dire rompue, fragmentée, trouvant son unité de façon plus secrè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un trésor de pudeur et de poésie d'un homme qui a perdu la compagne d'une grande partie de sa vie et la mère de ses trois enfants…

Il se sent amputé, abasourdi, perdu, anesthésié comme tout être en souffrance, en deuil…Maurice Chappaz reprend le quotidien, les souvenirs, les questionnements violents que provoque la mort d'un être cher…pour poursuivre « seul » le chemin…
“Le millième portrait
Quelqu'un part pour toujours, sa chambre se fige. Comment oser déplacer un objet ? Des lettres attendent sur la table, à l'une un début de réponse en train de sécher ou de vous interroger, et vous savez les lettres, chaque mois j'en reçois à son nom. Des amis perdus, innocemment font signe, des inconnus s'informent. (...) Sortir d'une maison, y rentrer: le passé et l'avenir condamné tâtonnent. (...)”
Un livre que j'ai emprunté à ma médiathèque depuis déjà un bon moment…Toutefois c'est le genre d'ouvrage que l'on ne lit pas d'une traite…qu'on lit peu à peu : Un hommage d'un écrivain- poète , Maurice Chapaz à la femme de sa vie,auteure elle-même, qui vient de mourir. La compagne aimée de toute une existence commune; leurs deux vies, dédiées l'une et l'autre à l'écriture.


« Louange

Tous les pas s'éloignent sur la route.
Rien à dire :
J'ai perdu- sans le connaître? - une être qui était la merveille de ma vie.
Je devrais maudire.
Or une louange monte, souffle. (...)
Notre monde est une aventure.
Le disparu est en moi.
La louange inconnue, qui d'ailleurs me nie, me traverse.
(p. 17)”
Un très, très beau livre qui se passe de commentaires, ne pouvant être que des « verbiages »…tant le style de Chappaz est ciselé, élégant, une petite musique précieuse…
Je rajoute simplement un extrait de la postface de Jean Starobinski : «(...) « Comme certains veufs, accroupi devant la soupe qu'elle faisait (je revois tous ces gestes pour soulever le couvercle, remuer, prendre une branchette de sapin, mon Dieu ! elle est là courbée devant moi, de dos, avec sa jupe sombre, elle va me servir) , je sens un vide terrible en même temps : la faute de celui qui reste, vertigineuse dans les plus petits détails [...] Je tisonne. Je tire de la marmite, pour moi, la soupe dans un bol. Je n'ose presque plus faire les gestes qu'elle faisait.
Plus personne.
Je tombe en larmes."

Nous le voyons bien: ce n'est pas de la tristesse qui donne le ton. Au contraire, c'est l'acuité augmentée, qui fait percevoir plus finement, penser avec plus d'insistance, remémorer de façon plus intense. (...) le Livre de C. n'est pas un livre de mélancolie, même si elle y fait irruption à de certains moments. (...) D'une présence perdue, d'une relation ininterrompue, il résulte que toutes les présences doivent être à nouveau interrogées, toutes les relations réexplorées. En tout sens: avec d'autres disparus, avec les lieux habités, avec le moment présent. Alors peut subvenir la sensation de la vie déserte et, presque aussitôt, un goût de plénitude. Ainsi au début du "chant" intitulé "Le Passage" :
"Le rouge-gorge plaintif siffle mais ce n'est que pour mémoire. On est toujours entre l'hiver et le printemps." (p. 150)
Très beau livre : contenu et forme: papier crème de belle texture, texte enrichi de deux portraits [de Corinna Bille et Maurice Chappaz ] dessinés par Gérard de Palézieux


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Quand un être proche disparaît, on réalise d'un coup qu'on ne s'est pas tout dit qu'il fallait dire. Tant qu'on a partagé table et lit, tout semblait être clair. Dès que la bien-aimée n'est plus, un torrent de questions nous envahisse. Maurice Chappaz a le courage de pénétrer la façade du courant normal et le don de trouver les mots pour cette situation extraordinaire où ma compréhension de vivre est mise en question.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Postface- Le livre de C. lu par Jean Starobinski

(...) Comme certains veufs, accroupi devant la soupe qu'elle faisait (je revois tous ces gestes pour soulever le couvercle, remuer, prendre une branchette de sapin, mon Dieu ! elle est là courbée devant moi, de dos, avec sa jupe sombre, elle va me servir) , je sens un vide terrible en même temps : la faute de celui qui reste, vertigineuse dans les plus petits détails [...] Je tisonne. Je tire de la marmite, pour moi, la soupe dans un bol. Je n'ose presque plus faire les gestes qu'elle faisait.
Plus personne.
Je tombe en larmes."

Nous le voyons bien: ce n'est pas de la tristesse qui donne le ton. Au contraire, c'est l'acuité augmentée, qui fait percevoir plus finement, penser avec plus d'insistance, remémorer de façon plus intense. (...) Le Livre de C. n'est pas un livre de mélancolie, même si elle y fait irruption à de certains moments. (...) D'une présence perdue, d'une relation ininterrompue, il résulte que toutes les présences doivent être à nouveau interrogées, toutes les relations réexplorées. En tout sens: avec d'autres disparus, avec les lieux habités, avec le moment présent. Alors peut subvenir la sensation de la vie déserte et, presque aussitôt, un goût de plénitude. Ainsi au début du "chant" intitulé "Le Passage" :
"Le rouge-gorge plaintif siffle mais ce n'est que pour mémoire. On est toujours entre l'hiver et le printemps." (p. 150)
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Derrière le miroir

Derrière la glace, voilà elle me voit. Tout ce que j'ai cru avait été limé par l'usure quotidienne, l'habitude, parfois même la vertu, englouti dans le temps gris. Mais est ressorti comme un sou d'or, sans cours hélas, au moment de la mort.
Tant de pensées, tant d’actes ont été imprimés en nous sans paraître car le vrai langage adressé à nos proches : c’est le non-dit ! Sans percer la nuit, car nos vrais désirs nous échappent et peut-être sont formés d’un échec mutuel qui, si on le dépasse, nous accomplit.(p. 31)
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louange

Tous les pas s'éloignent sur la route.
Rien à dire :
J'ai perdu- sans le connaître? - une être qui était la merveille de ma vie.
Je devrais maudire.
Or une louange monte, souffle. (...)
Notre monde est une aventure.
Le disparu est en moi.
La louange inconnue, qui d'ailleurs me nie, me traverse.
(p. 17)
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Le lit

j'aime un corps dans l'autre monde. Je n'ai pu lui témoigner tout ce qui naissait dans mon coeur. Et je me moque du coeur, dit l'homme, s'il a été inutile. Il donne un coup de pied à la porte de son jardin (qu'il ne cultivera plus) abandonné aux graines, couleurs, parfums qui survivent depuis dix-sept ans par-dessus les orties qui ont franchi le mur. (p; 39)
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– Ô maître explique-moi !
– Je l’ai créée parfaite, et lui ai mis un défaut pour qu’elle s’attache à toi.
– Et à moi ?
– Je t’ai mis un défaut pour que tu la fasse souffrir.
– Mais pourquoi ?
– Pour qu’elle te crée une nouvelle âme et s’en crée une aussi que vous n’imaginez pas.
– Mais comment ?
– Le mal vécu l’un par l’autre, l’un pour l’autre, multipliera infiniment tout ce que vous êtes quand vous aurez compris.
– Mais encore comment ?
– Par votre réponse à vous-mêmes. Vous serez devenus l’autre en supportant ce mal d’aventures. Il suffit que l’un le souhaite : les vies seront échangées.
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