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EAN : 9782940516476
91 pages
BSN Press (30/10/2015)
4/5   3 notes
Résumé :
"Les lumières s'éteignirent, une à une, pareilles aux projecteurs d'un stade après la fin d'un match. Il eut l'impression que le paysage entier devenait flou. Ses jambes se dérobèrent, il s'effondra lourdement, l'esprit vide de toute pensée hormis cette phrase qui résonna entre ses tempes : les petits ruisseaux font les grandes rivières... Puis il sombra dans l'inconscience. Un filet de sang se mit à couler sous sa tête, s'éparpillant en méandres vermillon sur le bé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sa forme singulière en fait son originalité !

L'agent de police Baumann, le fraudeur Loïc Menetrey, Sa petite amie Sabrina, le jeune Sam, Son père Michel Auberson, il n'y en a pas un qui soit moins important que l'autre. Chacun a, d'une certaine manière, joué un « rôle » indirectement ou non, dans les dernières heures de la vie de Cédric Vallotton.

Attaché commercial, écolo à ses heures perdues, admiré par son épouse et père de trois enfants, il n'est pas moins à l'effigie de l'homme parfait...ou presque. Un matin, alors qu'un rendez-vous clientèle l'attend en ville de Lausanne, il préfère partir à pied que de prendre sa voiture. Une sonnerie retentit, un retard de rendez-vous, un vide de temps à combler, tout cela comme une réponse donnée, à un besoin révélé quelques minutes plus tôt.

« [...] il regarda sa montre. Il avait rendez-vous cinq minutes plus tard. Pour la première fois depuis longtemps, depuis le début de sa vie professionnelle sans doute, il n'avait pas envie de se rendre chez son client. Il aurait aimé s'asseoir dans un bistrot, commander une bière et la savourer gorgée par gorgée, lentement, comme s'il s'agissait de la dernière. » - p. 20

Longeant la zone nord du parc de Mon Repos, Cédric va se trouver devant un choix. Entrer dans l'antre d'un artiste peintre ou continuer sa quête, pour s'arrêter au premier bar venu, afin de « s'abrutir » une fois de plus devant « les pages bâclées d'un quotidien gratuit ». Pour une fois ses habitudes n'ont pas cours, il fait volte-face, traverse la rue et frappa à la tanière de l'agité du pinceau, l'ancienne orangerie.

Est-ce que Cédric aurait pris cette décision s'il avait su ce qui allait se produire ? Est-ce-que cela aurait changé quelque chose s'il avait gardé ses habitudes ? Destinée ou concours de circonstances ? Jamais personne ne le saura, mais Gayle Forman, auteure et journaliste américaine a dit : « Dans la vie il faut parfois faire des choix, et parfois ce sont les choix qui te font. »

A sa sortie, Cédric reprend le chemin du Parc. Cet endroit aux effluves romantiques, témoins des premiers émois pour sa femme. Cet endroit où aujourd'hui, pour une raison qu'il ignore, un souvenir d'antan vient le hanter, comme un couperet prêt à fendre.

« C'est alors qu'ils entendirent clairement un coup de feu claquer dans l'air, à moins de cent mètres, un coup de feu qui figea les trois hommes et le couple de géants dans une posture de statues de sel, tandis qu'entre les arbres s'envolaient quelques oiseaux affolés. » - p. 40

Dans ce roman, l'auteur n'a de cesse de tenir son premier rôle, celui de narrateur. Au fil des chapitres, acte après acte, il déroule les événements sous forme d'analepses, modifiant uniquement l'angle de vision. Comme un puzzle, chacun des récits apporte un élément supplémentaire à l'histoire principale. Maîtrisant parfaitement son sujet, il ressert les étaux, tour après tour, réduisant ainsi la distance qui nous sépare de l'intrigue. Il nous entraîne où il veut, nous manipulant telle un fantoche dans les mains de son marionnettiste.

Mais cet écart « imposé » au lecteur par un schéma narratif et un style original est aussi le talon d'achille de l'oeuvre. A tort ou à raison, j'attends des séries noires qu'elles me fassent ressentir tout un ensemble d'émotions. La curiosité, la suspicion, l'inquiétude, l'angoisse, la colère, le dégoût, le suspense et cetera. Malheureusement, ça n'a pas été le cas. Il me manque cette relation plus approfondie avec le personnage principal afin d'éviter un sentiment corrélatif à un fait divers. A regrets, je ne peux qu'aimer moyennement ce roman, préférant de surcroît « Nage Libre » paru cette année aux éditions Encre Fraîche.
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Même si je ne suis pas un aficionado des rencontres avec auteurs et éditeurs en tout genre, même si je ne fréquente que très rarement les salons et autres festivals du livre, il est immanquable, au fil des années, de faire quelques agréables rencontres dans le monde littéraire à l'instar de Giuseppe Merrone, directeur de la maison d'éditions BSN Press, dont la connaissance en matière de romans noirs et policiers semble incommensurable. C'est peu dire que j'apprécie la sensibilité du personnage qui possède cette particularité, désormais presque exceptionnelle, de travailler avec les auteurs sur les textes qu'il publie au sein de cette belle maison d'édition. Alors bien sûr on pourra arguer le fait que la présente chronique est teintée d'un certain parti pris, ceci d'autant plus que l'on peut qualifier le Parc d'Olivier Chapuis de parfaite illustration de ce que peut être un excellent roman noir helvétique.

Tout est si calme du côté de Lausanne. La quiétude de la neige recouvrant doucement l'étendue morose d'un parc figé par la froidure hivernale. Un homme étendu sur le côté, sa main encore accrochée à la serviette en cuir. le sang qui se répand lentement sous sa tête. Un photographe saisissant silencieusement la scène du crime. L'art et le sang peuvent-ils avoir un prix ? « Si l'art ne possède pas le pouvoir de conjurer la mort, il peut cependant la magnifier. » Mais que s'est-il vraiment passé du côté du parc Mon-Repos ?

Lorsqu'ils sont de qualité, on dit souvent des romans très courts qu'ils génèrent un sentiment de frustration ce qui n'est pas le cas avec cet excellent texte d'Olivier Chapuis. En effet, le Parc bénéficie d'un bel équilibre pour ce roman choral où l'auteur examine les points de vues des différents acteurs ayant pris part à ce fait divers sans pour autant s'appesantir sur une myriade de détails inutiles. Ici on va à l'essentiel et en quelques phrases bien senties, l'auteur parvient à dresser un portrait et surtout à capter une ambiance dans ce quotidien lausannois presque banal et ennuyeux. Mais le crime survient et alimente tout le récit en générant son lot de suspense avec une belle poursuite palpitante fourvoyant rapidement le lecteur qui ne peut se dépêtrer de certains à priori. Pourtant les apparences sont trompeuses et la résultante de l'intrigue s'avère des plus surprenantes. C'est la force de ce roman où Olivier Chapuis parvient à manipuler le lecteur et à le conduire là où il le souhaite en jouant avec la temporalité des multiples points de vue des personnages dont les noms titrent les différents chapitres.

Le portrait de la victime est particulièrement poignant. Ce quotidien ordinaire d'une vie bien rangée « agrémenté » de son lot de petites trahisons familiales et de regrets que le fait divers balaiera définitivement. Mais tout se détraque déjà légèrement avec ce rendez-vous reporté et cette rencontre surprenante dans une ancienne orangerie où officie un artiste peintre orientant ainsi toute une partie le récit sur une autre thématique où l'auteur nous interroge subtilement sur la définition de l'art et sur son prix. C'est finalement dans la réunion du fait divers et de l'art qu'Olivier Chapuis donnera une réponse teintée d'une certaine ironie morbide. Car le quotidien devient soudainement extraordinaire, le sang prend désormais une valeur artistique et l'art magnifie le crime tout en le rendant immortel.

Court et percutant, le Parc d'Olivier Chapuis est un roman incisif dont le souffle mortel de cette balle perdue n'a pas encore fini de vous faire frémir. de la belle ouvrage comme on l'aime.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Un roman réussi, original, captivant et percutant qui donne matière à réflexion
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Si l’art ne possède pas le pouvoir de conjurer la mort, il peut cependant la magnifier.
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