L'élan vital se manifeste quand nous coïncidons pleinement avec ce mouvement de la vie en nous, quand nous ne faisons plus qu'un avec l'impulsion génératrice de vitalité qui est en nous. L'élan vital, c'est quand "ma" vie s'ajuste avec "la" vie, quand les deux se recoupent sans distinction possible : mon mouvement propre concorde avec le mouvement universel du vivant, toute impulsion mienne est aussi excitation de la vie en général. De là, cette impression d'un "surcroît" de vitalité et le sentiment d'être portés par un mouvement qui, pour inhérent qu'il soit, nous entraîne cependant au-delà de nous-mêmes : l'élan vital fait participer d'une dynamique qui est à la fois intime et débordante, il surgit en somme quand "Je est la vie", quand "la" vie est en "moi". (p. 21)
Tout (re)commence par le corps, car la vie n'est pas éthérée, la vie est matérielle. Son mouvement de création incessante se nourrit du plus tangible. La pensée peut ainsi se révéler parfois le plus grand ennemi de l'élan vital, lequel est simple, brut, en ce qu'il va droit au but : ce qui l'intéresse, c'est la vie et son expansion, point. (p. 68)
Cultivons notre élan vital. La vie ne vaut pas d'être vécue en mort-vivant. (p. 15)
Traversée par un infatigable élan vital, "l'évolution [est] créatrice", en effet. C'est pourquoi la véritable "adaptation" est invention et non accommodation. S'adapter, c'est toujours innover : la contrainte appelle une réponse qui n'est pas prédéterminée, ce qui exige d'aviser et d'oser ce qui n'existe pas encore. (p. 47-48)
Ne les nommant pas,nous ne les voyons pas : quand j'ai le mot pour désigner la chose dans sa singularité, je me mets à la "voir". Nous n'exploitons pas toutes les ressources qu'une langue met à notre disposition. En appauvrissant notre niveau de langage, c'est le monde lui-même que nous appauvrissement. (p. 52)
Présentation de Sophie Chassat sur "la profondeur du superficiel" lors de la 4e édition des (im)pertinents le 21 février 2013 à L'Express