Dernière sortie pour l'Afrique

Le hasard et la curiosité ménagent d'heureuses découvertes à qui ne lit plus pour la presse servile mais à son seul désir… Dernière sortie pour l'Afrique, roman d'un jeune avocat nommé Grégoire Chaste, récemment paru à L'Harmattan, m'a rendu addict dès les premières lignes et je n'ai pu le lâcher jusqu'à l'avoir fini, mon dimanche durant.
Ce roman tresse trois ou quatre motifs qui s'articulent à la perfection dans l'atmosphère à la fois étouffante et follement libertaire du « cher et barbare » Gabon ; plus particulièrement de Libreville sa capitale : l'Episode « Picaillon », du nom d'un enfant esclave arrivé là du Bénin, sorte de Poulbot d'un optimisme à toute épreuve. Episode Gourmandine – et quelques déités semblables, sur le thème « femme noire, ivresse de vin noir », comme eût dit le poète Senghor. Un tableau très bien vu de nos « Expat », avec des personnages criants de vérité. L'amour pour Soli la sublime métisse, enfin, et sa résurgence finale en une sorte d'union mystique à la vieille et tremblante mère Afrique. Et par qui vécus, ces jours anémiants, dangereux ou torrides ? Par Bartolomé lui-même (l'auteur ?) gyrovague du rêve, à coup sûr doué pour nous faire partager ses envoûtements.
Techniquement, cela fonctionne à merveille, en une langue écrit-parlé d'une grande justesse. Il faut lire – faire lire – ce beau roman qui existe si fort. Il mériterait de trouver sa route en marge d'un marigot littéraire où le pire côtoie trop souvent le médiocre…