Yannick Chatelain s'inspire d'un genre littéraire contemporain bien
identifié, celui de la contre-utopie. Ce sont des textes largement fictifs
qui, à travers la description d'une société du futur, dénoncent
l'évolution totalitaire de nos sociétés actuelles : par exemple Métropolis
(1926) de Thea von Harbou,
le Meilleur des mondes (1932) d'
Aldous Huxley,
1984
(1949) de
George Orwell et
Fahrenheit 451 (1951) de
Ray Bradbury. Suscités par
la montée des dictatures puis par la guerre froide (...) le retour actuel de la
contre-utopie reflète les inquiétudes face à la mondialisation, dont
l'Internet est un aspect. (...) Ce roman s'inscrit également dans une
lignée littéraire plus ancienne qui remonte aux philosophes des Lumières :
sous un habillage fictif qui rend la lecture du texte très agréable, il
s'agit d'informer le lecteur et, mieux encore, de le faire réfléchir.
Fontenelle exposait ses idées sur l'habitabilité des autres planètes en
conversant avec une marquise fictive (Entretiens sur la pluralité des mondes,
1686) tandis que
Montesquieu critiquait son époque à travers les observations
de deux voyageurs orientaux imaginaires (Les
Lettres persanes, 1721). (...) Dès
la lecture de la première page de cette « conférence » sur l'instauration
d'un nouvel ordre mondial de l'Internet, on se rend compte que Yannick
Chatelain adopte une rhétorique de l'ironie : il fait semblant de louer ce
qu'il veut blâmer ; il se met apparemment du côté de l'ennemi, mais c'est
pour mieux le dénoncer. (...) C'est pourquoi, à l'inverse, les opinions qui
ont la sympathie de l'auteur sont énoncées à la fin du livre dans un tract,
défendant un Internet libertaire, que les participants à la conférence
piétinent, littéralement et symboliquement !
Lien :
http://livre.fnac.com/a18641..