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EAN : 9782914834438
114 pages
Passage du Nord-Ouest (02/04/2011)
4.28/5   9 notes
Résumé :

“J’ai commencé par leur expliquer comment j’étais arrivé jusque-là, le mal que j’avais eu à trouver ce magnifique parc. Les animaux m’écoutaient avec vénération et ne me lâchaient pas des yeux ; je n’exagère pas en disant qu’ils avaient l’air hypnotisés par mon récit. Les carpes étaient immobiles sous la surface, les yeux presque à fleur d’ea... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Voici un récit assez déconcertant. S'agit-t-il d'un roman dont le but serait de faire croire à une réalité et d'y entraîner le lecteur ? Il n'y a pas vraiment d'histoire. Sergio chejfec utilise le je, celui d'un narrateur qui nous plonge dans les méandres d'une longue introspection où tout se mêle, sans ordre ni hiérarchie, impressions, souvenirs, observations, rencontres, etc., au cours d'une promenade dans le parc d'une ville du Brésil. le style de Sergio Chejfec est très particulier, unique même, il ne prétend pas à une réalité objective, il invente, crée un monde à part. Un texte sans doute difficile, très loin des conventions de la fiction, mais très surprenant en même temps.
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Poésie étonnante et talentueuse d'une errance solitaire infinie, Mis dos mundos relate un narrateur las d'un chemin qui n'est plus initiatique. Désabusé de sa promenade urbaine, il n'est plus ce promeneur latino-américain fasciné de la subjectivité urbaine du 19ème siècle mais l'errant moderniste où il n'est qu'objet pétri de déception.
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Voilà, la page 115 est atteinte, elle est lue et je vais la tourner. J'en ai mis des mois pour y arriver. Tout me retenait, presque chaque phrase. Et pourtant, il ne se passe rien dans ces quelques pages...
Un écrivain est en déplacement dans une ville du Brésil qu'il ne connaît pas. C'est un marcheur et dès qu'il a un moment, il s'en va par la ville. Dans un premier temps, il s'impatiente de ne pas trouver le chemin vers ce grand parc, tâche de verdure mystérieuse et quasiment hypnotique, qu'il a vu sur le plan. Il y accédera bien sûr et là commencera cette longue promenade. le texte ne sont que ses pensées de marcheur dans un pays inconnu, avec cette obsession de se fondre dans la masse, dans cette population. Les regards, tous les regards sont des ...assauts, même ceux des oiseaux, même ceux des poissons.
Etrange sentiment d'avoir envie de l'écouter penser parce qu'il met en mot certaines pensées fugitives qui traversent l'esprit quand on erre seul , d'autant plus isolé et fragilisé que l'on se trouve loin. Mais ce "loin" est aussi la porte vers un autre monde...un monde changeant.
Enrique Vila Matas qui a rédigé la quatrième de couverture a raison : "Chejfec ne ressemble à personne, (qu')il a choisi son propre chemin, insolite et unique."
Un auteur à découvrir absolument.
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« Incapable de croire en quoi que ce soit, ou pratiquement ; déçu par avance de la politique ; spectateur oisif de la course collective à l'argent ; étranger aux bénéfices de la procréation ; incapable de m'enthousiasmer pour quelque vocation professionnelle irréalisable ; inutile pour le travail en général ; incrédule devant toute option religieuse ; trop timide ou incompétent pour une vie sexuelle enthousiaste ; dépourvu de toutes ces choses, il ne me resta d'autre solution que de marcher. » S.Chejfec

mes deux mondes - Chejfec

Difficile d'écrire sur « ce » livre, après une lecture exquise...
où le lecteur que je suis termina abasourdi, anéanti presque :
enfin un roman sur l'absence au monde ou sur son hyperprésence (ce qui revient au même), la marche vu quasiment comme thérapie l'auteur part dans des digressions ahurissantes et compose avec ses yeux des paysages puissants : un roman sur la présence de l'homme au monde dans tout ce qu'elle a d'énigmatique et de singulier...
la marche pour « se perdre » ou « se trouver »… car il s'agit bien de « contemplation » (d'ailleurs le mot est utilisé lors de sa « rencontre » avec des tortues et des carpes), contemplation du monde telle une interface entre l'esprit intelligent et le monde autour qui n'a cesse d'envoyer des signes et des messages. Bref une « contemplation réciproque » que Chejfec semble interpréter comme une « réalité ». Roman profondément existentiel, proche d'un intellectualisme forcené, voire démesuré ? Chaque observation, le reflet d'un gravier, l'irrégularité d'un chemin de terre, la perfection de l'alignement de cygnes-pédalos, est commentée et analysée : on part loin dans les délires de l'âme humaine « analysante ». la marche comme exutoire et comme analyse. Monde intérieur de l'écrivain plein d'inquiétude et de questionnements se reflétant dans le monde qu'on voudrait dire « réel » ; ce sont ces reflets miroitants dont il est question dans ce livre d'une densité absolue. Sens paranoïaque de l'être observé et observant (= orgueil et/ou la suffisance des être vivants), ressentir la quintessence de l'instant présent tout en indolence récurrente...
La lecture du coup en est éprouvante, et quant à moi je l'ai parcouru par petites lampées comme un alcool trop fort ou trop amer.Un Borges plus "moderne".
Enrique Vilas-Matas écrivait déjà :
« Mes deux mondes, c'est l'histoire d'un écrivain en visite dans une ville du Brésil. Parcourant un parc emblématique, il voit dans cet espace à la dérive des signes de sa propre incomplétude, la preuve cosmique que « de même que nous ne choisissons pas le moment de notre naissance, nous ignorons les mondes changeants que nous allons habiter. » Cette longue promenade, menée par une prose aux phrases parfois ahurissantes, nous ramène aux souvenirs d'auteurs remarquables comme Sebald, Saer et Aira. Puis nous réalisons que Chejfec ne ressemble à personne, qu'il a choisi son propre chemin, insolite et unique. Il semble appartenir à cette race d'écrivains apparue il y a bien longtemps, au temps où Proust méprisait une littérature réduite à un défilé cinématographiques des choses. »
Sans nul doute : le meilleur livre (du moins le mieux écrit) que j'ai lu ces derniers temps ; en outre ce face à face entre les soucis d'un homme qui a du mal à se définir à travers son espace-temps et les reflets du monde réel cherchant à lui répondre sont au coeur de mon propre mal de vivre, de mes propres questionnements, de mes propres inquiétudes, des recherches de mes diverses altérités ; bref Chejfec un vrai frère humain…
La force aussi de ce livre écrit en petits paragraphes est que vous pouvez l'ouvrir à n'importe quelle page, lire un petit paragraphe et prendre du plaisir dans votre lecture, donc à tout moment tellement c'est dense !
Si la littérature ne doit pas être divertissement, sinon autant regarder la télé (dixit Chloé Delaume), alors ce livre est de la grande littérature !
Vous trouverez sur le net quantité de critiques et d'analyses toutes intéressantes sur ce livre fort énigmatique...
Lien : http://www.frenchpeterpan.co..
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Je vous renvoie déjà vers une véritable critique, celle du Fric-Frac club, pour un livre qui le mérite amplement car il est extrêmement fascinant. Les deux extraits que j'ai mis illustrent les deux thèmes principaux de ce court livre, 110 pages : la littérature et l'écrivain mais aussi la relation temps-espace.

L'écrivain cherche à aller dans un parc dans cette ville où il est en visite. Il va se perdre, autant au niveau de l'espace (lire un plan en Amérique du Sud à l'air très complexe) que du temps (il repense à tellement de moments passés et fait des liens), et nous perdre aussi dans cet espace-temps (Einstein quand tu nous tiens !). Pour cela, il va faire des phrases que l'on pourrait dire à rallonge mais dans lesquelles il faut accepter de se perdre pour découvrir cette langue merveilleuse ! Vous ouvrez le livre et vous trouvez forcément une phrase magnifique (il n'y en a pas beaucoup qui peuvent en dire autant). L'auteur arrive à décrire son monde au travers de la description du monde réel. Il arrive à nous partager ses idées et ses doutes sans pourtant les formuler de manières trop explicites.

Ce que j'ai particulièrement apprécie : on me fait souvent la remarque que je regarde les toutes petites choses avec énormément d'intérêt et j'invente autour sans me soucier de la réalité et mon esprit après divague autour de cela. Mon collègue résume cela en disant que je ne dois jamais m'ennuyer dans le bus, dans la rue, au bureau (c'est à propos des e-mails que l'on reçoit). L'auteur a exactement su dépeindre ce que je ressens ! J'étais fascinée que quelqu'un puisse dire cela ! Et aussi quand il parle des activités improductives, de ce que l'on ressent, de l'envie de le cacher plus que de le dire. C'est exactement cela aussi.

Je ne rends pas justice à ce livre. Il est un peu compliqué à aborder mais il faut absolument le lire !
Lien : http://cecile.ch-baudry.com/..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Pendant longtemps, j'ai considéré l'écriture comme une tâche privée, qui toutefois doit devenir publique à un moment, sinon elle aurait beaucoup de mal à subsister, en particulier et en général. Mais la honte ne venait pas seulement du fait que je me consacre à quelque chose de privé aux yeux de tous, mais du fait que je faisais quelque chose d'improductif, une chose plus ou moins inutile et assez banale. Je sentais qu'on parlerait de moi comme de quelqu'un de léger, capable de perdre son temps sans se soucier de rien, étranger à tout intérêt élevé. Et je me connaissais trop bien pour ne pas leur donner raison par avance. Du coup, ma principale préoccupation ne consistait pas à surmonter mes défauts et mes illusions insensées d'écriture, mais à ne pas être découvert. C'est à cela que se réduisait ma vie, pouvais-je dire, juste avant cet anniversaire crucial : à ne pas être découvert. Chacun a un mensonge vital, sans lequel son existence quotidienne et routinière s'effondrerait ; le mien résidait dans les simulacres, de la littérature dans ce cas.
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Durante mucho tiempo consideré la escritura como una labor privada, que sin embargo debe hacerse pública en algún momento porque de lo contrario sería muy difícil que subsista, en particular y en general. Pero la vergüenza no sólo derivaba de dedicarme a algo privado ante la vista de todos, sino también de hacer algo improductivo, una cosa medianamente inútil y bastante banal.
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Quedan pocos días hasta un nuevo cumpleaños, y si decido comenzar de este modo es porque dos amigos a través de sus libros me hicieron ver que estas fechas pueden ser motivo de reflexión, y de excusa o de justificación, sobre el tiempo vivido.
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Habituellement je ne me pose pas ce genre de question; et quand je le fais elles concernent des personnes : que pensent de moi ceux qui me connaissent, ou plutôt, que devraient-ils penser de moi. Je ne parle pas des plus proches, ceux qui me connaissent depuis longtemps et avec qui j'ai un lien durable. C'est l'opinion des autres qui m'intéresse, ceux que je connais à moitié; si je puis dire, ceux qui me connaissent peu, peut être seulement de vue, et auxquels je suis relativement familier, ou au contraire relativement flou et inexistant. C'est une question cyclique qui d'ailleurs ne m'inspire pas toujours la même curiosité, peut être à cause de son caractère sporadique, mais que j'assume régulièrement comme une preuve d'existence propre, ou plutôt de permanence physique dans le monde.
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Du coup, ces promenades d'anniversaire étaient approximatives à plus d'un titre. Mes anniversaires consistaient en exercices ambigus de ce type, un exil de quelques heures vers une partie du passé et un secteur de la géographie qui ne correspondaient plus à moi, mais que pour m'avoir appartenu je considérais jusqu'alors unis : les deux parties étaient une même chose, mélange de temps et de lieu. Lorsque la fin de la journée arrivait, je rentrais des faubourgs comme si je revenais non pas d'une autre réalité mais d'une planète sœur, une dimension extravagante que je ne pouvais approcher qu'une fois par an, quand le calendrier, en soulignant ma présence, disons, dans le monde, m'invitait par cette même opération à la suspendre, ou à la mettre en doute, ou du moins à la cacher.
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