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EAN : 9782070145096
144 pages
Gallimard (13/03/2014)
4.12/5   29 notes
Résumé :
"Presque tous les recueils de Borges contiennent au moins un poème d'amour. Cette flamme - obscure merveille -, qui n'allume en général que quelques lignes à la fin du poème peut passer inaperçue. Après le recensement de thèmes qui lui sont chers, il lève la voix brièvement comme s'il proférait une sentence. Le lecteur fait halte sur ces mots qui s'écrivent simplement, de manière douloureuse et à la fois heureuse.
Le bonheur est-il douloureux ? Borges nous d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ces Poèmes d'amour, de Jorge Luis Borgès, ils sont agréables à lire. Bon, il n'y est pas question d'amour charnel, du moins pas exclusivement. On peut aimer des objets, des moments volés au quotidien, des lieux, beaucoup de lieux qui nous racontent des souvenirs, les astres qui nous font rêver, des idéaux qui guident nos pas, etc. Vous l'aurez compris, les vers du grand auteur argentin nous transportent un peu partout et touchent des sujets variés. Et certains beaucoup que d'autres, tirant leurs sources de la vie, de la mort, de la mythologie et d'autres choses de plus loin encore. Aussi, régulièrement, au détour d'un poème innocent, le nom de Maria Kodema (sa troisième et dernière épouse, qui fut également son assistante) fait de brèves apparitions. Après tout, quand il est question de poèmes d'amour, on ne peut négliger l'être le plus cher à nos yeux.

Le bouquin est court, 126 pages, mais dans son édition bilingue. Si vous êtes comme moi, ça ne changera rien puisque je me suis essayé à lire en espagnol. Ce fut parfois laborieux par moments mais tout de même une expérience enrichissante. Quand c'est possible, j'aime bien lire dans la version originale. C'est que la poésie est bien souvent difficile à traduire. Faut-il prioriser les mots et leur sonorité, les rimes ou bien un certain rythme ? Ou, plutôt, l'impression générale qui s'en dégage è travers ses thèmes. C'est le parti qu'a pris la traductrice Silvia Baron Supervielle et que considère que ça a été joyeux comme résultat.
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Anthologie éditée à titre posthume en 2014, Poèmes d'amour est à rebours un précieux recueil pour entrer dans l'oeuvre poétique de Jorge Luis Borges.
L'avant-propos et le choix des textes de Maria Kodama (elle fut l'assistante puis l'épouse du grand écrivain argentin) et la remarquable traduction de Silvia Baron-Supervielle sont également pour beaucoup dans la valeur de cet ouvrage.

Dans la plupart de ses écrits, Jorge-Luis Borges a très peu écrit sur l'amour et sur le sentiment amoureux. le titre de cet ouvrage peut donc surprendre.
Dans les textes en vers et en prose qui composent ce recueil, au contraire de très nombreux écrivains, Jorge-Luis Borges ne magnifie pas, n'exalte pas l'amour. C'est toujours avec une grande part de réserve, un sens de la retenue que l'écrivain s'est confié sur ce thème.

Dans Poèmes d'amour, c'est très souvent par un biais détourné, par différents moyens (entre érudition, curiosité, générosité, complicité, humour aussi), par une écriture superbe de maîtrise, qu'il entreprend de nous emmener vers cet endroit retiré, vers ce lieu secret connu de lui seul. C'est ici seulement, au creux du poème, que Jorge-Luis Borges décide de nous livrer, de nous confier tout ce qu'il sait de l'amour, tout ce que la réalité offre à l'imaginaire, qu'il ouvre ses souvenirs et ses émotions.
Dans ce moment-là, l'amour n'a alors plus de réserve, il est d'une inaltérable beauté.

Que ne donnerais-je pour la mémoire
De t'avoir entendue me dire que tu m'aimais
Et de ne pas avoir dormi jusqu'à l'aube
Déchiré et heureux.

(extrait de Élégie du souvenir impossible)
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« Poèmes d'amour » de Jorge Luis Borges, édition bilingue de Gallimard, avant-propos de sa femme Maria Kodoma.
« C'est l'amour. Il me faudra me cacher ou fuir ». J'imagine qu'il faudra me cacher car je n'ai pas été avec toi, Jorge, sur ce coups-là. La mesure de mon temps s'est doucement lézardée dans l'ombre de ta voix. le soir, le matin, rien n'y a changé. Je n'ai pas trouvé Dieu dans ta créature. Un vrai labyrinthe ; un miroir sans reflet. Cette expérience partagée entre le poète et son lecteur s'est courbée. Il est perdu cet amour. Mais quelque chose, malgré tout, me lie à cette forme littéraire. Elle n'est pas très loin de moi.
J'ai aimé trois des poèmes : La Rose profonde (Talismans), Baruch Spinoza et Coins de rues. D'ailleurs, Baruch Spinoza me poursuit. Son nom apparaît dans plusieurs livres que j'ai lus récemment. A creuser.
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poèmes difficiles mais heureusement bilingues : très agréable de retrouver le texte original en langue espagnole
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Cette anthologie est constituée d'une sélection de pièces littéraires d'une grande beauté, avec la mélodie sud américaine des vers.
C'est une anthologie de poèmes d'amour... L'amour qui est si fragile et beau.
Sensibilité, complexité, c'est un hommage au printemps des poètes marqué cette année par ce triste sir que seul l'amour peut combattre pleinement.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Gunnar Thorgilsson
(1816-1879)

La mémoire du temps
Est pleine d'épées et de navires
Et de poudre d'empires
Et de rumeur d'hexamètres
Et de hauts coursiers de guerre
Et de clameurs et de Shakespeare.
Je veux me souvenir du baiser
Que tu me donnais en Islande.

(Traduit par Silvia Baron Supervielle)

La memoria del tiempo
Está llena de espadas y de naves
Y de polvo de imperios
Y de rumor de hexámetros
Y de altos caballos de guerra
Y de clamores y de Shakespeare.
Yo quiero recordar aquel beso
Con el que me besabas en Islandia.
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Je ne serai plus heureux. Est-ce important?
Il y a tant d'autres choses dans le monde ;
Un instant quelconque est plus profond
Et divers que la mer. La vie est brève
Et même si les heures sont très longues, une
Obscure merveille nous guette,
La mort, cette autre mer, cette autre flèche
Qui nous libère du soleil et de la lune
Et de l'amour. Le bonheur que tu m'offris
Et que tu repris doit s'effacer ;
Ce qui était tout doit devenir rien.
Il ne me reste que le goût d'être triste,
Cette vaine habitude qui me conduit
Au Sud, à certaine porte, à certaine rue.
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Elegía del recuerdo imposible /
Élégie du souvenir impossible
Qué no daría yo por la memoria/
Que ne donnerais-je pour la mémoire
De una calle de tierra con tapias bajas/
D’un chemin de terre aux murs bas
Y de un alto jinete llenando el alba/
Et d’un haut cavalier peuplant l’aube
(Largo y raído el poncho) / (Long et râpé le poncho)
En unos de los días de la llanura, / Dans un des jours de la plaine,
En un día sin fecha. / Dans un jour sans date.
Qué no daría yo por la memoria /
Que ne donnerais-je pour la mémoire
De mi madre mirando la mañana / De ma mère regardant le matin
En la estancia de Santa Irene, / Dans l’estancia Santa Irene,
Sin saber que su nombre iba a ser Borges./
... Sans savoir que son nom serait Borges.

Qué no daría yo por la memoria /
Que ne donnerais-je pour la mémoire
De un portón de quinta secreta / Du portail d’un jardin secret
Que mi padre empujaba cada noche /
Que mon père poussait chaque nuit
Antes de perderse en el sueño / Avant de se perdre dans le rêve
Y que empujó por última vez / Et qu’il poussa pour la dernière fois
El catorce de febrero del 38. / Le quatorze février de l’année 38.
...
Qué no daría yo por la memoria /
Que ne donnerais-je pour la mémoire
De que me hubieras dicho que me querías /
De t’avoir entendue me dire que tu m’aimais
Y de no haber dormido hasta la aurora /
Et de ne pas avoir dormi jusqu’à l’aube
Desgarrado y feliz. / Déchiré et heureux.
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Trofeo

Como quien recorre una costa
maravillado de la muchedumbre del mar,
albriciado de luz y prodigo espacio,
yo fui el espectador de tu hermosura
durante un largo dia.
Nos despedimos al anochecer
y en gradual soledad
al volver por las calles cuyos rostros aun te conocen,
se oscurecio mi dicha, pensando
que de tan noble acopio de memorias
perdurian escasamente una o dos
para ser decoro del alma
en la inmortalidad de su andanza.

Trophée

Comme qui partout un rivage
émerveillé de la multitude de la mer,
ébloui de la lumière et d'espace prodigue,
je fus le spectateur de la beauté
pendant une longue journée.
Au crépuscule ce fut l'adieu
et en progressive solitude
de retour aux rues où les visages te connaissent encore,
mon bonheur s'assombrit en pensant
que d'une si noble provision de souvenirs
survivraient à peine un ou deux
pour être parure de l'âme
dans l'immortalité de son errance.

*

EL otro, el mismo
1964

I

Ya no es mágico el mundo. Te han dejado.
Ya no compartirás la clara luna
Ni los lentos jardines. Ya no hay una
Luna que no sea espejo del pasado,
Cristal de soledad, sol de agonias.
Adios las mutuas manos y las sienes
Que acercaba el amor. Hoy solo tienes
La fiel de memoria y los desiertos días.
Nadie pierde (repites vanamente)
Sino lo que no tiene y no ha tenido
Nunca, pero no basta ser valiente
Para aprender el arte del olvido.
Un simbolo, una rosa, te desgarra
Y te puede matar una guitarra.

II

Ya no seré feliz. Tal vez no importa
Hay tantas cosas en el mundo ;
Un instante cualquiera es mas profundo
Y diverso que el mar. La vida es corta
Y aunque las horas son tan largas, una
Oscura maravilla nos acecha,
La muerte, es otro mar, esa otra flecha
Que nos libra del sol y de la luna
Y del amor. La dicha que me diste
Y me quitaste debe ser borrada ;
Lo que era todo tiene que ser nada.
Solo que queda el goce de estar triste,
Esa vana costumbre que me inclina
Al Sur, a cierta puerta, a cierta esquina.

L'autre, le même

1964

I.

Le monde n'est plus magique. On t'a quitté.
Tu ne partageras plus la lune claire
Ni les jardins indolents. Il n'y a plus une
Lune qui ne soit un miroir du passé,
Cristal de solitude, soleil d'agonies.
Adieu les mains réciproques et les tempes
Que l'amour rapprochait. Aujourd'hui tu n'as
Que la fidèle mémoire et les jours déserts.
Personne ne perd (tu répètes vainement)
Excepté ce qui n'a pas et n'a jamais eu,
Mais le courage ne suffit pas
Pour apprendre l'art de l'oubli.
Un symbole, une rose, te déchirent
Et une guitare peut te tuer.

*

Je ne serai plus heureux. Est-ce important ?
Il y a tant d'autres choses dans le monde ;
Un instant quelconque est plus profond
Et divers que la mer. La vie est brève
Et même si les heures sont très longues, une
Obscure merveille nous guette,
La mort, cette autre mer, cette autre flèche
Qui nous libère du soleil et de la lune
Et de l'amour. Le bonheur que tu m'offris
Et que tu as repris doit s'effacer ;
Ce qui était tout doit devenir rien.
Il ne me reste que le goût d'être triste,
Cette vaine habitude qui me conduit
Au Sud, à certaine porte, à certaine rue.

*

Lo perdido

Donde estará mi vida, la que pudo
Haber sido y no fue, la venturosa
O la de triste horror, esa otra cosa
Que pudo ser la espada o el escudo
Y que no fue? Donde estará el perdido
Antepasado persa o el noruego,
Donde el azar de no quedarme ciego,
Donde el ancla y el mar, donde el olvido
De ser quien soy? Donde estará la pura
Noche que al rudo labrador confia
El iletrado y laborioso dia,
Según lo quiera la literatura?
Pienso también en esa compañera
Que me esperaba, y que tal vez me espera.

Ce qui est perdu

Où est-elle ma vie, celle qui put
Avoir été et ne fut pas, la chanceuse
Ou celle de l'horreur triste, cette autre chose
Qui aurait pu être l'épée ou l'écu
Et ne fut pas ? Où est-il l'ancêtre
Perdu perse ou le norvégien,
Où le hasard de ne pas devenir aveugle,
Où l'ancre et la mer, où l'oubli
D'être qui je suis ? Où est-elle la pure
Nuit qui au rude laboureur confie
Le jour illettré et laborieux
Selon le voeu de la littérature ?
Je pense aussi à cette compagne
Qui m'attendait, et qui peut-être m'attend.

*

La Luna

Hay tanta soledad en ese oro.
La luna de las noches no es la luna
Que vio el primer Adan. Los largos siglos
De la vigilia humana la han colmado
De antiguo llanto. Mirala. Es tu espejo.

La Lune

Il y a tant de solitude dans cet or.
La lune des nuits n'est pas la nuit
Que vit le premier Adam. Les longs siècles
De la veillée humaine l'ont abreuvée
D'anciennes larmes. Regarde-la. C'est ton miroir.

*

El amenazado

Es el amor. Tendré que ocultarme o huir.
Crecen los muros de su carcel, como en un sueno atroz.
La hermosa mascara ha cambiado, pero como siempre es la única. De que me servirán mis talismanes: el ejercicio de las letras, la vaga érudicion, el aprendizaje de las palabras que uso el áspero Norte para cantar sus mares y sus espadas, la serena amistad, las galerías de la Biblioteca, las cosas comunes, los hábitos, el joven amor de mi madre, la sombra militar de mis muertos, la noche intemporal, el sabor del sueno?
Estar contigo o no estar contigo es la medida de mi tiempo.
Ya el cantaro se quiebra sobre la fuente, ya el hombre se levanta a la voz del ave, ya se han oscurecido los que miran por las ventanas, pero la sombra no ha traído la paz.
Es, ya lo sé, el amor: la ansiedad y el alivio de oir du voz, la espera y la memoria, el horror de vivir en lo sucesivo.
Es el amor con sus mitologías, con sus pequeñas magias inutiles.
Hay una esquina por la que no me atrevo a pasar.
Ya los ejércitos me cercan, las hordas.
(Esta habitación es irreal; ella no la ha visto.)
El nombre de una mujer me delata.
Me duele una mujer en todo el cuerpo.

L'homme menacé

C'est l'amour. Il me faudra cacher ou fuir.
Les murs de la prison se dressent comme dans un rêve atroce. Le beau masque a changé mais il est comme toujours unique. A quoi me serviront mes talismans : l'exercice des lettres, la vague érudition, l'apprentissage des mots utilisés par l'âpre Nord pour chanter ses mers et ses épées, la sereine amitié, les galeries de la Bibliothèque, les choses ordinaires, les habitudes, le jeune amour de la mère, l'ombre militaire des mes morts, la nuit intemporelle, la saveur du rêve ?
Etre avec toi ou ne pas être avec toi est la mesure de mon temps.
Déjà la cruche se brise sur la fontaine, déjà l'homme se lève à la voix de l'oiseau, les ombres gagnent ceux qui sont aux fenêtres, mais l'ombre n'a pas apporté la paix.
C'est, je le sais, l'amour : l'anxiété et le soulagement d'entendre ta voix, l'attente et la mémoire, l'horreur de vivre de manière successive.
C'est l'amour avec ses mythologies, ses vaines petites magies.
Il y a un coin de rue par lequel je n'ose passer.
Déjà les armées m'assaillent, les hordes.
(Cette chambre est réelle : elle e l'a pas vue.)
Le nom d'une femme me dénonce.
Une femme me fait mal dans tout le corps.

*

Baruch Spinoza

Bruma de oro, el ocidente alumbra
La ventana. El asiduo manuscrito
Aguarda, ya cargado de infinito.
Alguien construye a Dios en la penumbra.
Un hombre engendra a Dios. Es un judio
De triste ojos y piel cetrina;
Lo lleva el tiempo como lleva el rio
Una hoja en el agua que declina.
No importa. El hechicero insiste y labra
A Dios con geometria delicada;
Desde su enfermedad, desde su nada,
Sigue erigiendo a Dios con la palabra.
El mas prodigo amor le fue otorgado,
El amor que no espera ser amado.

Baruch Spinoza

Brouillard d'or, l'occident éclaire
La fenêtre. Le manuscrit ponctuel
Attend, comblé déjà d'infini.
Quelqu'un construit Dieu dans la pénombre.
Un homme engendre Dieu. C'est un juif
Aux yeux tristes et au teint olivâtre ;
Le temps l'emporte comme un fleuve
Emporte une feuille dans l'eau qui décline.
Peu importe. Le sorcier insiste et façonne
Dieu avec une délicate géométrie ;
Depuis sa maladie, depuis son néant,
Il continue à ériger Dieu avec la parole.
L'amour le plus prodigue lui fut donné,
L'amour qui n'espère pas être aimé.

*

Loado sea el amor en el que no hay poseedor ni posada, pero los dos se entregan.

Loué soit l'amour qui n'a ni possesseur, ni possédée, mais que les deux se livrent l'un à l'autre.
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- Trophée

Comme qui parcourt un rivage
émerveillé de la multitude de la mer,
ébloui de lumière et d'espace prodigue,
je fus le spectateur de ta beauté
pendant une longue journée.
Au crépuscule ce fut l'adieu
et en progressive solitude
de retour aux rues où les visages te connaissent encore,
mon bonheur s'assombrit en pensant
que d'une si noble provision de souvenirs
survivraient à peine un ou deux
pour être parure de l'âme
dans l'immortalité de son errance.

p.19
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Vidéo de Jorge Luis Borges
INTRODUCTION : « Le siècle qui commence trouve une Argentine confiante en l'avenir. le positivisme à la mode met une foi illimitée dans les avancées du progrès et de la science, et la croissance de la jeune république autorise une vision optimiste du destin national. La classe dirigeante a bâti son programme sur la base d'une instruction publique et gratuite pour tous, destinée à réaliser l'intégration culturelle de la deuxième génération d'une masse énorme et hétérogène d'immigrants à peine débarqués d'Europe. Cette Argentine, qui est à l'époque une toute jeune nation - sa guerre contre les Indiens n'est terminée que depuis vingt ans -, dépend économiquement de l'Angleterre, est fascinée par la culture française et admire autant l'opéra italien que la technologie allemande. Ce qui ne l'empêchera pas de tâtonner à la recherche de sa propre identité, à la faveur d'un sentiment nationaliste exacerbé dès 1910 […]. L'avant-garde poétique porte le sceau du modernisme, largement diffusé à Buenos Aires par Rubén Darío qui […] marquera d'une empreinte durable la vie culturelle du pays. […] La quête de la modernité inscrite dans le nouveau courant anime déjà ce pays avide de rallier un monde qui ne jure que par Le Louvre, la Sorbonne et Montparnasse. […].  […]  La seconde décennie du siècle […] marque un tournant décisif dans la réalité argentine. […] Hipólito Yrigoyen accède au pouvoir. Avec lui surgit une nouvelle classe sociale, issue de l'immigration et amenée, pour un temps, à prendre la place de la vieille oligarchie qui a dirigé le pays depuis les premiers jours de l'indépendance. […] Cette modernité, qui relie les poètes argentins à l'avant-garde européenne, se concrétise avec le retour au pays de Jorge Luis Borges, en 1921. […] Dans un article polémique paru dans la revue Nosotros (XII, 1921), Borges explique : « Schématiquement, l'ultraïsme aujourd'hui se résume aux principes suivants : 1°) Réduction de la lyrique à son élément fondamental : la métaphore. 2°) Suppression des transitions, des liaisons et des adjectifs inutiles. 3°) Abolition des motifs ornementaux, du confessionnalisme, de la circonstanciation, de l'endoctrinement et d'une recherche d'obscurité. 4°) Synthèse de deux ou plusieurs images en une seule, de façon à en élargir le pouvoir de suggestion. » […] […] les jeunes poètes des années 20 se reconnaissent au besoin qu'ils éprouvent de revendiquer une appartenance et de se trouver des racines. […] Il faut attendre une dizaine d'années encore pour que, dans le calme de l'époque, de jeunes créateurs, avec l'enthousiasme de leurs vingt ans, apportent un élan nouveau et de nouvelles valeurs poétiques. Prenant leurs distances par rapport à l'actualité, ils remettent à l'honneur le paysage et l'abstraction, ainsi qu'un ton empreint de nostalgie et de mélancolie. […] Les années 60 correspondent en Argentine à une période d'apogée culturel. le secteur du livre est en plein essor ; de nouvelles maisons d'édition voient le jour et, conséquence du boom de la littérature sud-américaine, la demande d'auteurs autochtones augmente, ce qui facilite l'émergence de noms nouveaux. […] La génération des années 70, à l'inverse, est marquée au coin de la violence. Plus se multiplient les groupes de combat qui luttent pour l'instauration d'un régime de gauche, plus la riposte des dictatures militaires successives donne lieu à une répression sanglante et sans discrimination qui impose au pays un régime de terreur, torture à l'appui, avec pour résultat quelque trente mille disparus. […] » (Horacio Salas.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Alejandra Pizarnik 2:30 - Santiago Kovadloff 3:26 - Daniel Freidemberg 4:52 - Jorge Boccanera
5:51 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Horacio Salas, Poésie argentine du XXe siècle, traduction de Nicole Priollaud, Genève, Patiño, 1996.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Alejandra Pizarnik : https://universoabierto.org/2021/09/27/alejandra-pizarnik/ Santiago Kovadloff : https://www.lagaceta.com.ar/nota/936394/actualidad/santiago-kovadloff-argentina-pais-donde-fragmentacion-ha-perdurado-desde-siempre.html Daniel Freidemberg : https://sites.google.com/site/10preguntaspara1poeta
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