Livre reçu dans le cadre d'une masse critique
Je suis née en 1986. Je suis donc née à une époque où les personnes possédant un utérus avaient le droit à l'avortement.
Annie Chemla a seulement 2 ans de plus que ma maman, et je pense forcément à elle qui a connue cette époque où les femmes vivaient dans l'angoisse de tomber enceinte quand ça n'était pas désiré sans avoir de moyens légal derrière de choisir, si oui ou non, cette grossesse devait se poursuivre.
A l'heure où ce droit pourrait être remis en question, il était déjà important de connaître comment nous l'avons "acquis". Oui je mets des guillemets car, on le sait, quand il s'agit des femmes, aucun droit n'est jamais acquis ( regarde vers les États-Unis).
Simone de Beauvoir disait "n'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant".
Avant le fameux procès de 1972 qui a permis ensuite la lois pour le droit à l'avortement en 1974, les femmes n'avaient d'autres choix que de pratiquer elles mêmes leurs avortements ou de manière clandestine. Ça a d'ailleurs continué même après la loi car elle n'était pas ouverte à toutes et sous certaines conditions, pas remboursé par la sécu...
C'est comme ça qu'est né le MLAC. Mais c'est quoi le MLAC ? C'est le mouvement pour la libération de l'avortement et de la contraception. Oui par ce que même si la contraception féminine était légale a l'époque, peu de médecins ou pharmacies étaient enclin à délivrer ou fournir des contraceptifs. Et qui dit pas de contraception, dit grossesse. Il a donc fallu mettre en place des centres clandestins d'avortement pour toutes celles qui voulaient avoir le choix.
C'est aussi ça le MLAC, donner le choix, avoir de longue discussions pour permettre aux femmes de prendre conscience qu'elle on le droit de choisir puisque c'est leurs corps. Apprendre à connaître son corps ( par le self help).
On y apprend comment les collectifs ont évolués mais surtout la pratique. D'abord par curetage puis ensuite par aspiration. Comment les femmes se sont formées et ont transmit à d'autres afin d'en faire profiter au plus grand nombre. Comment elles s'organisaient pour les lieux, le matériel, les rendez vous, les réunions, l'accompagnement, le soutien... Certaines personnes du personnel médical ont eu un rôle d'aide important parmi ces collectifs. J'ai même été surprise de découvrir que quelques hommes se sont beaucoup impliqués dans ces causes.
On y découvre le parcours de vie de plein de femmes et pourquoi elles en sont arrivées à rejoindre le collectif ou à se faire avorter. Tant de témoignages poignants.
Ce qui m'a le plus touchée dans ce récit c'est la sororité. Être là les unes pour les autres, être dévouée, à l'écoute, compatissantes, d'un soutien indéfectible.
C'est puissant et ça remue.
Cela m'a fait me questionner sur mes propres engagements. Qu'est ce que je fais, moi, à part m'indigner sur les réseaux sociaux ? N'aurais je pas envie d'en faire plus ? Quelques chose de plus concret ?
Ce récit est nécessaire, important. Un devoir de mémoire, pour les générations futures, que nous ne devons jamais oublier.
Merci à Annie, Béatrice, Anne, Nicole, Cécile, Brigitte et à toutes les autres pour la lutte, cette solidarité et se dévouement si fort.