AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,47

sur 99 notes
5
5 avis
4
23 avis
3
7 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
°°° Rentrée littéraire 2023 #7 °°°

Delafeuille, éditeur parisien, est sommé par sa directrice commerciale de trouver LE livre de la rentrée, « un bon texte est un texte qui se vend » lui dit-elle. Il se met alors en quête de dénicher la perle rare, celle qui sera compétitive et saura se démarquer de la mêlée. Jusqu'à passer quelques jours chez un écrivain misogyne qu'il suit depuis longtemps et lui propose son dernier roman centré sur sa femme Delphine, pas du tout dans l'air du temps post MeToo, mais qui l'attire contre toute logique commerciale … tout autant que Delphine le fascine au point d'en tomber amoureux.

Ceux qui connaissent l'auteur seront enchantés de retrouver son héros récurrent Delafeuille, après L'Espion qui venait du livre et le Dernier thriller norvégien. Les autres découvriront un auteur d'une grande facétie qui joue de façon jubilatoire avec le lecteur tout en le faisant réfléchir sans prise de tête.

Un écrivain qui porte le même prénom que lui, Luc, et dont les romans portent les mêmes titres que ceux de Chomarat. Des fausses maisons d'édition parfaitement identifiables. Une fausse autofiction qui, par sa folie douce, fait penser au film Dans la tête de John Malkovitch. Par une mise en abyme malicieuse en diable et un procédé du livre dans le livre astucieusement utilisé, l'auteur alterne ou superpose plan fictionnel et plan réel pour construire un roman gigogne dans lequel tout se mélange jusqu'à fusionner en une joyeuse métafiction.

C'est déstabilisant au départ parce qu'on sent bien que quelque chose cloche, mais une fois entré pleinement en lecture, on se marre beaucoup et on se laisse charmer par l'absurde et le ton décalé du récit. Les scènes sur le monde éditorial sont croustillantes d'ironie, entre les piques sur les attentes supposés des lecteurs, la tambouille business des maisons d'édition très éloignée de toute prétention qualitative ou encore les écrivaillons de confinement qui se prennent pour des génies ( « tous ces gens qui écrivaient et qui ne lisaient pas. le peer to peer, on y était presque. Un lecteur par auteur. » )

On se marre, oui, mais sans pour autant que Luc Chomarat ne verse dans le cynisme gratuit. Mais derrière cette désinvolture apparente, se dessine une réflexion tous azimuts sur le processus créatif. Par exemple, comment écrire sur une femme quand on est un écrivain homme ? Comment se mettre dans sa peau en évitant le male gaze et de se laisser aller à une « masculinité débridée » … surtout si on appartient à une génération pour laquelle comprendre les transformations de son époque dans le domaine relations hommes-femmes ne va pas de soi ?

Et puis il y a un très bel hommage à la littérature, celle qui fait voyager chaque lecteur dans sa propre imagination avec son magie enivrante donnant l'impression que tout est possible, avec notamment le personnage de Delphine « une femme unique comme on n'en rencontre qu'une seule fois dans une vie, ou, ainsi qu'il l'avait précisé, comme il n'en existe qu'en littérature , « une femme dont on tombe amoureux dès l'enfance » ( j'adore cette phrase ! ).

Un exercice de style effervescent mené avec intelligence et tendresse.

Commenter  J’apprécie          11823

Le pitch, pour faire simple (en attendant que beaucoup de choses se dédoublent) : Luc l'écrivain (le double de Luc Chomarat), invite Delafeuille son éditeur (qui ne se souvient plus de son prénom) pour un week-end de repos dans le Sud-Ouest, à Farsac. Et il en a bien besoin Delafeuille, la rentrée littéraire approche et la directrice commerciale lui met la pression pour mettre la maison Mirage au premier plan. Il a bien un roman (« de la merde » selon lui-même) à proposer et à propulser, mais bon. Toujours est-il que Delafeuille tombe sous le charme de Delphine, la compagne de Luc. Ça tombe bien, Luc est en train de consacrer son nouveau roman à Delphine. Oui mais voilà, Luc, un brin macho sur les bords (voire plus), un homme resté scotché au 20ème siècle, ringard aux entournures, peut-il cadrer son texte avec les standards metoo ? D'autant que Delphine non plus n'est pas vraiment à l'image de la femme héroïque que le monde de l'édition et les lectrices (on ne parle pas beaucoup de lecteurs par ici, stats obligent) attendent aujourd'hui.

On pense à Ferri et Larcenet dans leur mise en abyme du « Retour à la terre », Fabcaro peut-être pour l'humour déjanté. Mais ici en plus du dédoublement des personnages et de celui des livres (celui qu'on lit et le manuscrit que Luc est en train d'écrire), il y aura aussi les lignes de la fiction qui seront franchies voire bousculées sans hésiter. Il ne faudra pas être surpris par un Delafeuille intervenant en direct par texto dans une scène du livre écrit par Luc – pas à son goût –, ou des voisins qui se présenteront comme personnages secondaires. le lecteur sera invité à naviguer dans des situations formelles cocasses en regard de la littérature traditionnelle, voire des temporalités embrouillées entre imagination et réel. Tout cela pourrait paraître compliqué. Mais pas de panique, ça reste lisible, l'écriture sobre de Luc Chomarat bienvenue dans l'imbroglio. Et puis c'est souvent drôle. Et intéressant. D'autant que le roman évoque la littérature, dévoile aussi un monde de l'édition et du livre étrangement proche de ce que l'on peut imaginer de sa version sombre en en étant éloigné, entre diktats économiques (« les commerciaux font la loi dans le livre ») et diktats idéaux pour l'économie : «Bon, vous savez comme moi ce qui marche. le capitalisme c'est pas bien, et ça il faut le dire, il faut avoir le courage de le signifier courageusement. Quoi d'autre ? La planète est en péril, d'après ce que j'ai entendu dire.... Et puis les femmes, oubliez ce que j'ai dit, les femmes qui en ont marre, c'est toujours une bonne idée. Et la maladie, le malheur sous toutes ses formes. Un peu de cul. du cul féministe, évidemment, je ne vais pas vous apprendre le métier ».

Voilà en tout cas un livre qui balance entre roman formel et diatribe d'un milieu, un méta-roman en mise en abyme assez barré, intelligent et fin aussi, iconoclaste, le plus souvent drôle dans son détournement de la littérature, corrosif dans sa description du milieu de l'édition. Il interroge à sa manière transgressive réalité et fiction, avec beaucoup d'humour. N'empêche... En cette période de prix automnaux, ne cherchez plus « le livre de la rentrée » (avec les guillemets)
Commenter  J’apprécie          611
Luc Chomarat a-t-il vraiment écrit le livre de la rentrée ?

Ce serait plutôt cocasse car l'auteur, plutôt facétieux, se livre ici à une caricature à peine voilée du monde de l'édition.
Dans ce récit, il engage une nouvelle fois Delafeuille, un personnage de fiction déjà présent dans d'autres romans, pour partir à la recherche du roman idéal de la rentrée littéraire, le roman qui se vendra bien.
Sous la pression de sa directrice commerciale, il se doit de trouver la perle rare. Il se rend chez Luc un ami écrivain alors en plein travail d'écriture, sur un portrait de femme fortement inspiré par son épouse. Mais ses idées et son comportement trop rétrogrades ne sont pas vraiment en phase avec les tendances du moment...

Luc Chomarat nous invite ici à réfléchir, souvent de façon ludique, au livre et à la création littéraire sous de nombreux aspects. Les sujets tendances, sensibles ("le male gaze"), le marketing, la commercialisation, rien n'échappe à la plume vivace de l'auteur qui n'hésite pas à faire des clins d'oeils à de nombreux auteurs...dont lui même...
Il se livre en effet à un bel exercice de métafiction où la fiction et la réalité vont s'entrechoquer, parfois nous perdre un peu, mais sans jamais sombrer dans la prise de tête. Les maîtres du genre comme Cervantes ou Italo Calvino auraient apprécié.







Commenter  J’apprécie          610
« C'est l'histoire d'un éditeur qui s'aperçoit qu'il fait partie du texte dont il est censé assurer la publication. Un éditeur qui se rend soudain compte qu'il est un personnage de fiction », p. 41. L'éditeur Delafeuille (!) se démène pour dénicher le livre de la rentrée. Il a intérêt à le trouver : il risque sa place. Aussi, quand Luc, un de ses amis écrivains, lui propose de venir se reposer quelques jours à la campagne, il accepte avec joie. Delphine, la femme de Luc, vient le chercher à la gare. Delafeuille est tout de suite séduit par cette image d'idéal féminin au caractère bien parfois trempé et à d'autres moments caricaturalement traditionnelle. Delphine deviendra pour lui une véritable obsession… Mais Luc l'a invité aussi pour que, à la rentrée il mette en avant le roman qu'il est en train d'écrire, celui dont Delafeuille est un des personnages importants et Delphine l'héroïne...
***
Devinez à qui Luc Chomarat dédie le Livre de la rentrée ? À sa femme, bien sûr. Dans ce roman, le personnage écrivain se prénomme Luc et les livres qu'il a déjà écrits portent les mêmes titres que ceux de Luc Chomarat dans lesquels Delafeuille est un personnage récurrent. La mise en abyme plonge tout de suite le lecteur dans un univers ou fiction et réalité s'interpénètrent pour lui proposer une critique bien sentie et amusée sur le milieu de l'édition ainsi que les modes et engouements littéraires. J'ai bien aimé les piques assez cruelles et que j'imagine lucides et véridiques sur le monde de l'édition, ses modes, ses compromis et compromissions, sa recherche de l'originalité à n'importe quel prix, sa quête du succès commercial, etc. La transformation de la maison d'édition Rivages qui devient très habilement Mirage m'a beaucoup amusée : que faut-il lire dans ce glissement quand on sait que Luc Chomarat a changé d'éditeur après son deuxième roman ? Je me suis sentie un peu perdue dans le passage au « Je » de l'écrivain, mais il m'a sans doute rendue plus sensible à la mise en avant de la misogynie de l'écrivain dépassé par MeToo : à la première personne, les regards et les gestes de propriétaire qu'il pose sur Delphine deviennent encore plus choquants ! Paradoxalement, Delafeuille, le personnage « officiellement » de fiction me semble le plus réel malgré son obsession pour Delphine ou peut-être grâce à elle. Une étudiante en littérature comparée produira des explications théoriques dans les derniers chapitres du livre, utiles ou pédantes, selon le regard que l'on a adopté. Je n'avais rien lu de Luc Chomarat ; je me suis bien amusée avec ce roman déjanté et plein d'humour, et je lirai le suivant !
Commenter  J’apprécie          395
Le sujet, c'est la femme de mon auteur

Luc Chomarat met en scène un éditeur, un auteur et un libraire dans son Livre de la rentrée. Une façon subtile de nous plonger dans le milieu littéraire autour d'une quête amoureuse. Et de nous rappeler combien la littérature peut être envoûtante.

Et si je choisissais, pour l'une de mes premières chroniques de la rentrée littéraire, de vous présenter le Livre de la rentrée? Rien de plus logique me direz-vous, soulignant par-là que Luc Chomarat avait déjà marqué un bon point avec son choix de titre. Imaginez en effet un lecteur un peu perdu face à la montagne d'ouvrages qui paraissent ces jours. Il se tourne alors vers son libraire et lui demander s'il peut lui conseiller LE livre de la rentrée. Ce dernier n'aura alors qu'à lui tendre ce nouveau roman avec l'assurance de répondre sans hésiter à la question. Ce faisant, il n'a du reste pas à avouer que sa capacité de lecture et d'analyse ne lui ont pas permis d'être exhaustif sur le sujet. Peut-être se souviendra-t-il que l'an passé Éric Neuhoff avait déjà tenté le coup avec Rentrée littéraire.
Et au-delà de l'anecdote, ce choix n'est pas aussi gratuit qu'il en a l'air. Car l'auteur est un habitué de ce jeu subtil avec le lecteur. Passé par le polar avec L'Espion qui venait du livre et Un trou dans la toile, il a aussi produit quelques essais improbables avec le Zen de nos grands-mères ou encore Les 10 meilleurs films de tous les temps. Ayant ensuite fait le choix de passer à la littérature blanche, il était donc tout à fait logique de faire suivre le Polar de l'été par le Livre de la rentrée, subtil jeu de miroirs et de réflexions sur le milieu littéraire. Ses plus fidèles lecteurs y retrouveront aussi un personnage récurrent, l'éditeur Delafeuille, pris cette fois entre son métier et ses pulsions amoureuses.
Au centre de cette vraie-fausse intrigue, pleine de subtilité et de chausse-trapes, il y a donc ce métier d'éditeur et cette quête toujours renouvelée du manuscrit qui permettra de remporter un prix prestigieux, de renflouer les finances, voire d'assurer gloire et succès à l'auteur et à celui qui a cru en lui. Mais les manuscrits ont beau s'accumuler, la perle rare reste bien enfouie pour l'instant. Même si avec l'arrogance du débutant qui n'a peur de rien, un jeune plumitif se fait fort de lui offrir le roman qui rassemble tous les ingrédients marketing qui lui assureront des nuits paisibles. Un roman épistolaire qu'il présente ainsi: « Voilà, c'est quelqu'un qui est amoureux de quelqu'un d'autre et qui lui envoie des SMS. Et l'autre il répond par des SMS. En fait c'est que des SMS, tout le bouquin jusqu'à la fin. (…) c'est moderne. Y a zéro description et un vrai langage d'aujourd'hui. La forme, c'est vachement important. » Pas la peine non plus de mette un correcteur, car le texte «est plein de fautes comme les vrais SMS. Ça donne un côté vécu vrai.»
Pourtant Delafeuille mise plutôt sur un auteur déjà publié, sur un livre qui s'éloigne bien de ces fameux critères, celui de Luc. Il lui propose une autofiction mettant en scène son couple, mais centré sur son épouse Delphine.
Très vite, on se rend compte que le choix de Delafeuille n'est pas littéraire, car il a croisé le regard de Delphine et s'est senti attiré par cette femme désormais objet de tous ses fantasmes. Alors quand Luc lui propose de les accompagner dans le Sud-Ouest pour tenir compagnie à son épouse pendant qu'il travaille à son manuscrit, il accepte volontiers. Et profite de chaque opportunité pour parfaire le portrait qu'il se fait de cette femme. Par exemple, quand au petit matin, il l'accompagne dans sa promenade avec son chien. « Ils quittaient la maison silencieuse, au milieu des brumes matinales. On n'y voyait rien, ou presque rien. La forêt semblait se refermer derrière eux comme un piège. On était dans le Seigneur des anneaux. Ou ce qu'il en imaginait, il n'avait pas lu Tolkien. le brouillard, les arbres qui ressemblaient à des sorciers aux bras multiples. Delphine elle-même avait quelque chose de gothique, dans le long manteau noir qui lui prenait la taille et ses hautes bottes à lacets. »
Voilà la magie de la littérature. Et voilà comment Luc Chomarat est grand. Il nous fait «croire à l'existence d'un être sur la foi de simples signes typographiques, élaborer son physique, sa psychologie, sa présence et même son absence, et pose une question annexe et troublante. Est-ce aussi notre cas à nous?» Non, la littérature n'a pas fini de nous envoûter, le livre de la rentrée nous le confirme une fois de plus.

Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          270
C'était le tout premier jour de la rentrée littéraire et je n'avais pas pu m'empêcher d'entrer dans la première librairie sur mon chemin. Déjà pas mal de nouveautés clignotaient sur les tables, rivalisant de bandeaux rouges et de formules aguicheuses. Alors ? me glissa un petit homme venu discrètement se poser à ma droite. Vous croyez qu'il est ici le fameux livre de la rentrée ? Un peu surprise, je ne répondis pas tout de suite et l'homme enchaîna. En fait je suis éditeur, je viens humer l'atmosphère... Mon nom est Delafeuille. Je réprimai une envie de rire et cherchai du regard une possible caméra cachée. Mais l'homme avait vraisemblablement l'habitude de ce genre de réactions et ne se formalisa pas. Il se lança dans de longues explications sur son métier, la façon dont il avait évolué au fil des années et la pression folle que sa directrice lui avait mis l'année précédente pour qu'il dégotte LE livre de la rentrée, celui que tout le monde lirait. Pas simple à notre époque où "tout le monde avait écrit un livre", le confinement n'avait fait qu'accentuer le phénomène. Je le trouvais sympathique mais j'avais aussi l'impression de l'avoir déjà croisé quelque part. Et soudain, l'éclair... Mais, attendez - lui ai-je demandé - vous n'étiez pas le personnage de ce drôle de roman noir, mince, le titre m'échappe, un truc de polar scandinave... ? Ah oui, le dernier thriller norvégien ! Vous êtes ce Delafeuille ? L'éditeur de fiction ? C'est bien vous ? Et là le pauvre est devenu tout pâle, je l'ai vu vaciller et l'ai rattrapé in extremis avant qu'il ne s'affale au milieu des livres. Il semblait totalement abattu, je lui ai proposé d'aller prendre un café juste à côté et il m'a raconté toute l'histoire. Sa surprise de découvrir que l'auteur qu'il croyait être un ami l'avait transformé en personnage et utilisé pour au moins trois romans, qu'il ne pouvait plus faire un pas sans qu'on lui demande s'il était ce Delafeuille là, que son identité était totalement phagocytée par ce type de papier et que l'auteur semblait insensible à ses tourments. D'ailleurs il n'écoutait même plus ses remarques et continuait à écrire comme dans les années 80... Il allait sûrement avoir de sacrés problèmes surtout avec sa manière de parler des femmes. Et puis il y avait Delphine. Qui est Delphine ? avais-je demandé. Ah Delphine... Delafeuille était immédiatement tombé sous son charme. C'était une femme comme on n'en trouve que dans les romans, si belle, si parfaite. C'était la femme de l'écrivain, il avait passé des heures charmantes en sa compagnie. Mais rien n'était possible entre eux. Bien sûr - ai-je répondu - elle est déjà mariée et à votre ami. Mais non, ce n'était pas la raison d'après Delafeuille. J'attendais qu'il m'en dise plus mais il se taisait, le regard errant dans la salle du café à moitié remplie. Est-ce que je suis bien réel ? m'a-t-il soudain demandé. J'avoue qu'à ce stade je commençais moi aussi à me poser la question... Mais vous m'avez parlé de trois livres dans lesquels vous apparaissez - lui ai-je demandé - je n'en connais que deux, quel est le troisième ? Il a souri. Eh bien celui dont je suis en train de vous parler, celui dans lequel je rencontre Delphine... J'étais de plus en plus perplexe mais je continuais à jouer le jeu. Et quel est le titre de ce livre ? - ai-je demandé. Mais je vous l'ai dit, le livre de la rentrée. Oh c'est magnifique ! - me suis-je exclamée - je suis une blogueuse littéraire et c'est exactement le livre que je cherche pour mon compte Instagram. Il a proposé de me présenter à l'auteur parce que lui-même ne serait pas contre revoir Delphine, mais j'ai préféré filer. J'avais bien lu ses précédents romans et n'avais aucunement l'intention de m'apercevoir un jour que j'étais en fait un personnage de fiction. La littérature est bien assez compliquée comme ça.

(oui, ce livre existe bien, il est drôlement malin et rudement bien ficelé, la mise en abyme est vertigineuse et la photographie du monde de l'édition savoureuse)
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          170
Luc Chomarat est un écrivain aux romans atypiques, dont les récits brouillent les codes et peuvent parfois perdre le lecteur en mêlant fiction et réalité, et c'est exquis!

Dans son dernier titre, il met en scène Delafeuille, un éditeur parisien, à qui l'on a posé un ultimatum : trouver LE livre de la rentrée littéraire, celui qui remportera des prix. Et si en plus, il surfe sur la vague du moment et est féministe, c'est encore mieux!

Lorsque Luc (tiens?), un auteur de roman noir avec qui il est ami, l'invite à passer quelques jours chez lui dans le sud et lui apprend qu'il travaille sur son prochain roman, de la littérature blanche cette fois-ci, avec une auto-fiction dont le personnage central est sa femme, Delafeuille se dit qu'il tient sont titre! D'autant plus que la femme de Luc ne le laisse pas indifférent! Ce serait l'occasion pour lui de répondre aux exigences de sa hiérarchie tout en se laissant aller au charme de la femme de son ami.

Voilà un roman drôle et acide mettant en scène avec beaucoup d'ironie le milieu littéraire actuel! On se plaît à ricaner devant cette course au manuscrit, cette envie de remporter tous les prix, cette frénésie de publication, mais surtout, on est subjugué par la manière avec laquelle l'auteur de ce roman joue avec les limites du réel et du fictionnel!

La mise en abyme est subtile et c'est là une des nombreuses qualités de cette lecture!
En outre, elle nous fait également nous questionner sur les rapports homme/femme ainsi que sur la vision qu'a l'homme de la femme moderne...

Un très bon moment de lecture, qui bouscule et fait sourire!

Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          130
Avant d'acheter ce bouquin - fortement recommandé par la libraire, soit dit en passant - je n'avais jamais entendu parler de Luc Chomarat, et donc encore moins lu un de ses livres. La libraire m'avait rapidement expliqué le pitch de départ, soit un éditeur quelque peu dépassé, pour ne pas dire has been, sommé par sa hiérarchie de trouver LE livre de la rentrée. le voilà parti à la découverte de LA pépite lorsqu'un auteur de polars, presque un ami, exilé dans le Sud-Ouest de la France reprend contact avec lui, l'invite chez lui et lui met entre les mains les premières pages de son nouveau roman qui s'avère être, ô miracle, de la littérature blanche. Et si c'était celui-ci, justement, le livre de la rentrée? D'autant plus que l'histoire se gâte quand l'éditeur tombe sous le charme de l'épouse de son auteur...
La libraire m'avait indiqué que c'était assez drôle, très sarcastique, et qu'en prime il y avait une assez bonne critique du monde de l'édition.
Et? Et bien oui, j'ai bien retrouvé cela dans ce roman.

J'ai été un peu perturbée au démarrage, n'arrivant pas trop à entrer dans l'histoire. J'ai rapidement compris que Delafeuille, le héros de ce livre, était un personnage que l'on rencontrait régulièrement dans les autres romans de l'auteur. le fait de ne pas les connaître n'a finalement en rien gêné ma lecture. Puis, découvrir la mise en abîme de la mise en abîme de la mise en abîme, bref vous aurez compris,... tout au long du livre a eu un effet jubilatoire sur moi. Et j'avoue aussi quelques petits dialogues bien menés, particulièrement ceux entre Delafeuille et son pote libraire, m'ont beaucoup plu.
Cependant, même si j'ai passé un très agréable moment, j'avoue ne pas non plus sortir de cette lecture avec un souvenir inoubliable. C'était chouette sur le moment, c'était divertissant, plaisant, mais je sais déjà que ce livre ne me marquera pas.

En bref, un roman de métafiction intéressant, surtout pour les fans de l'auteur selon moi.
Commenter  J’apprécie          60
Deux questions se posent : Luc Chomarat existe-t-il réellement et suis-je moi-même un personnage de fiction ? Là, vous vous dites : ça y est, le Yvon il a pété un câble, ou fondu un plomb, c'est selon. 😁 Je vous explique.

Luc Chomarat se livre ici (ce livre ici 😉) à un vertigineux jeu de miroirs et de mise en abime... Delafeuille (oui, il n'a pas de prénom) est un éditeur parisien, variante dite de Saint-Germain des Prés. Il est à la recherche du "livre de la rentrée"... Non, pas un manuel scolaire (voir le fils du professeur, du même Luc Chomarat), le Livre qui va tout rafler, prix, succès public et critique. Il va avoir le choix entre une daube (pour rester poli) très 2023 avec réseaux sociaux, SMS et fautes d'orthographe d'un jeune "crétin" pistonné ou le livre de Luc (tiens ? le même prénom que notre auteur) qui écrit un livre qui s'intitulera le livre de la rentrée et qui racontera sa femme la belle et toujours jeune Delphine. Laquelle ne va pas tarder à devenir une obsession pour Delafeuille...

Portraits acidulés du milieu de l'édition parisien, recherche du profit plus que de projets littéraires au sens noble du terme, on vend, on "marketing", on publie des m... qui se vendent (je cite), les lectrices en prennent pour leur grade, les auteurs aussi. Luc Chomarat a glissé une multitude d'indices dans son texte qu'il faut lire attentivement. Références littéraires, cinématographiques tout au long du "voyage" de Delafeuille. Et puis, illumination, page 50, j'ai deviné ce qu'il faisait. Parce que Delafeuille, personnage de fiction, nous sommes bien d'accord, se rend compte qu'il est un personnage de fiction. Non, pas un vrai éditeur utilisé comme un personnage dans un roman, mais que lui Delafeuille n'existe que dans ce livre que vous tenez. Vous suivez toujours ? 😂

Intéressant, non ? J'avais déjà fait une chronique il y a quelque temps sur le thème du personnage de fiction qui se sait fictif. Est-il libre de faire ce qu'il veut puisque tout ce qu'il dit, fait ou pense est une décision d'un créateur-auteur ? (Voir RECREATION, une BD sur notre blog)

Donc... Delafeuille éditeur fictif rencontre Luc auteur dans cette fiction écrite par Luc (Chomarat) et... tout ceci se passe au célèbre salon de Nancy "Le livre sur la place" où il croise Justine Lévy, Pierre Lemaître, et consorts.
Donc... un éditeur fictif rencontre des auteurs réels dans un festival réel, ceci dans cette fiction. Au secours ! 😉

C'est jubilatoire une fois qu'on a accepté de ne jamais être très sûr du niveau dans lequel on est. A quoi sert d'écrire une histoire qu'on sait fictive et que le lecteur sait fictive mais qu'on s'accorde tous à penser réelle dans ce livre. Tant qu'il existera....

Amateurs de polars-thrillers-feel-good, passez votre chemin sauf si ce genre de jeu vous amuse... le vrai éditeur de ce livre, La Manufacture de Livres, est aussi l'éditeur fictif du Livre de la rentrée (le roman fictif du Luc fictif) est donc aussi l'éditeur réel de ce Livre de la rentrée que vous tenez entre vos mains.

D'où quelques questions...
Luc Chomarat est-il réel ?
Suis-je un personnage de fiction ?
Pierre Fourniaud (*) est-il Delafeuille ?
Pierre Fourniaud existe-t-il réellement ?
Où sont mes aspirines ?
Lien : https://mgbooks33.blogspot.com
Commenter  J’apprécie          50
Un drôle de livre mais un livre drôle également, un brin cynique, un brin décalé mais très plaisant à lire.
Il ne faut pas perdre sa concentration cependant pour discerner réalité et fiction car la frontière est ténue.
Delafeuille, éditeur dans la maison Mirage (l(utilisation des mots est formidable!) doit absolument trouver LE livre de la rentrée pour espérer garder son emploi. L'appel de son ami Luc, écrivain, risque de lui sauver la mise car son nouveau roman est passionnant à plus d'un titre mais...complètement à contre-courant des idées d'aujourd'hui sur les femmes, entre autres.
C'est enlevé, savoureux même parfois, un très bon livre de rentrée même si ce n'est pas LE livre de la rentrée.
Commenter  J’apprécie          50





Lecteurs (204) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20285 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}