Léna, tome 2 : Léna et les trois femmes

Le lent écoulement du temps !


André Juillard (né en 48) a créé avec le scénariste Patrick Cothias le personnage ‘historique' (par rapport à l'histoire de la BD franco-belge en tout cas) de ‘Masquerouge', un justicier masqué (à la ‘Zorro') de la France de Louis XIII. Imaginé et dessiné au départ pour la jeunesse, ‘Masquerouge' (3 tomes ; les 7 suivants furent dessinés par Marco Venanzi) est devenu entre 83 et 91 le héros d'une préquelle, destinée cette fois aux adultes, ‘Les sept vies de l'épervier' (en 7 tomes) qui allait faire d'André juillard l'un des auteurs majeurs de la BD des années 80/90. le succès fut tel que les deux complices donnèrent même, entre 95 et 2002, une suite en 4 tomes aux aventures de l'épervier sous le titre de ‘Plume aux vents'. A partir de 99, il devint l'un des ‘repreneurs' des aventures de ‘Blake et Mortimer' avec Yves Sente au scénario (4 albums à ce jour), mais surtout, fort de sa notoriété, il se mit à partir de 94 à écrire et à dessiner quelques oeuvres personnelles qui constituent aujourd'hui incontestablement le haut du panier de sa production et le meilleur de la bédé actuelle (‘Le cahier bleu', ‘Après la pluie', ‘Le long voyage de Léna' et ‘Léna et les trois femmes').


Léna et les trois femmes – 54 pages en couleur (2009), avec la collaboration de Pierre Christin, le scénariste des ‘Valerian' de J.C. Mézières, de nombreuses oeuvres d'Enki Bilal comme d'Annie Goetzinger


Léna a refait sa vie en Australie, à Adélaïde, aux côtés de Rob et de Danny, qui ont remplacé son mari et son fils défunts. Mais on n'échappe pas à son passé, ni à son présent : les services secrets français font, une fois de plus, appel à elle, pour une mission d'infiltration au sein de la mouvance terroriste islamiste qui, de Bosnie en Tchétchénie, de Lybie en Algérie et de Syrie en Afghanistan, de palaces internationaux aux madras les plus réputées, rassemblent irakiens, iraniens, égyptiens et bien d'autres, issus du marxisme stalinien, du maoïsme pro chinois, du nationalisme arabe, du panafricanisme jusqu'à l'islamisme radical d'aujourd'hui, pour défendre l'honneur du Prophète, avec pour mission de former trois jeunes martyres destinées à périr à Paris dans un attentat-suicide…


Le beau dessin d'André Juillard et l‘habile scénario de Pierre Christin font de cette nouvelle oeuvre politique résolument ancrée dans notre histoire actuelle un intéressant brûlot sur le monde du terrorisme islamiste. Intéressant et très prenant, ce récit géopolitique sur fond de djihad, qui est la suite du ‘Long voyage de Léna', au fort parfum d'amertume, s'inscrit dans le droit prolongement des albums personnels de Juillard des années 90 (‘Le cahier bleu' et ‘Après la pluie'). Si vous goûtes la BD ambitieuse, proche du documentaire, mais surtout engagée, vous ne serez pas déçu-e- du voyage !

Un très beau récit que le périple de Léna, une jeune femme que plus rien ne semble affecter. Solitaire, elle semble arrogante pourtant c'est un faux-air qu'elle se donne. Cette femme est très touchante. Elle se vit comme une coquille vide, elle cherche un sens à donner à son existence. le récit est sobre, fluide et propose une bonne alternance entre narration et dialogues. On s'embarque rapidement aux côtés de Léna, mis en haleine par une intrigue qui va se dévoiler au compte-gouttes.
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Quelques années après la fin de son long voyage, Léna vit en Australie, auprès d'un ami et du fils de ce dernier. Famille paisible en apparence seulement car Léna part souvent faire de très longues balades en jeep dans le bush.

C'est là que la retrouve son officier traitant  pour lui confier une mission des plus dangereuses : infiltrer un groupuscule islamique et déjouer autant que faire se peut de futurs attentas.

Dans un récit qui ressemble en de nombreux points à celui des Hommes sans nom (mais la BD date de 2009 et le roman de 2022 ! d'où qui a copié qui ?), Léna se lie d'amitié avec ces jeunes filles qui se sont engagées pour devenir des martyrs d'Allah. 

Elle les forme les assiste, les accompagne à Paris ...

Un dessin toujours aussi superbe d'André Juillard accompagne les pérégrinations de Léna du bush australien aux  déserts du Pakistan aux avenues du treizième arrondissement parisien.

Un très bel album qui sert une héroïne attachante, blessée et résiliente.

A suivre .... j'ai aussi emprunté le troisième tome des aventures de Léna ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..

Espionnage et lenteur, c'est ce que m'inspire cette histoire où une jeune femme est recrutée pour infiltrer un réseau de commando kamikaze, elle doit donc convoyer 3 jeunes femmes destinées à mourir en martyre. Après le premier tome qui avait permis à la jeune femme blessée et en colère de se venger en réalisant une mission pour les services secrets, elle pensait refaire sa vie avec un nouvel homme et un nouvel enfant, mais c'est difficile de repartir à zéro. Alors hésite t'elle quand son ancien commanditaire revient la chercher pour une mission ambigue où elle devra espionner des femmes manipulées? Pas vraiment...
Un dessin élégant, une entre deux où la psychologie un peu torturée de notre héroine ressort bien. C'est différent du pur album d'action, on aime ou pas; Moi j'aime beaucoup.

Après la lecture du premier tome qui m'avait intriguée par sa mélancolie et son rythme très lent, sans que cela ne rende la bande dessinée désagréable, j'ai entamé le second tome du voyage de Léna.

Pas vraiment satisfaite de sa vengeance passée, Léna accepte de rempiler pour une nouvelle mission, direction le Moyen-Orient et Paris cette fois-ci. Même formule que dans le premier opus : notre héroïne se contente de suivre les instructions reçues, et d'attendre que les personnages qui gravitent autour d'elle déclenchent une quelconque action.

Après un entraînement militaire physique et psychologique qui doit faire d'elle et des jeunes filles qui l'accompagnent une parfaite kamikaze, l'échéance de l'attentat se rapproche, et Léna s'efforce d'en comprendre les rouages pour prévenir ses contacts.

Encore une fois, ce n'est pas vraiment la succession d'action et l'intrigue qui m'a intéressée, mais plus la psychologie des personnages et la solitude, le vide qui les entoure bien qu'ils soient en permanence entourés d'autres personnages. Les profils des compagnes de Léna sont également curieux, et permettent d'aborder sans complexité excessive ce qui peut pousser de jeunes femmes à commettre des attentats, et le cynisme de ceux qui les y poussent.