Voici donc un roman écrit par un auteur de la classe, la notoriété, de G.-E. CLANCIER, marqué comme lu, à ce jour, par 4 lecteurs seulement, dont un seul a mis une note et dont aucun n'a écrit de critique, ni même reproduit le résumé de l'éditeur ! Dans le fond, ô comme on peut les comprendre ! Il serait facile d'écrire que ce roman n'est pas intéressant, et d'y mettre une mauvaise note, mais on ne serait guère plus avancés ! Oui mais, de là à analyser les raisons pour lesquelles il n'est pas intéressant, "c'est là que ça se corse" ! L'auteur en est-il excusable ? J'ai fini la lecture et je ne le sais toujours pas.
J'ai lu ce roman parce que j'ai découvert récemment que la série de 8 films, inoubliables, pour la télévision, tirée de sa suite de 4 romans, le Pain Noir ( qui avait fait connaître CLANCIER à la France entière en 1974 ) était éditée en DVD. le retour, 40 ans en arrière, sur cette oeuvre merveilleuse, m'avait donné envie de relire les 4 romans, que je n'ai pas encore retrouvés. Par contre, au nom de CLANCIER, j'ai trouvé cette "halte dans l'été" dans la collection "J'ai lu". Tiens, voilà qui va me permettre de connaître cet écrivain à travers un autre roman, je l'ai donc acheté.
Ô déception ! Il aurait fallu que l'auteur invente l'art d'écrire un roman intéressant, dans lequel il ne se passe rien ! Quand on a lu ce résumé, on connaît tout le livre ! Pourtant, j'ai voulu aller jusqu'au bout, ayant gardé un excellent souvenir de la fin absolument géniale du Pain Noir, faisant le lien entre les générations, je voulais voir quelle fin il avait inventée pour celui-ci. Il est vrai qu'il y a un point commun entre les 2 : la vie n'a pas de fin. Dans LE PAIN NOIR, la scène de la fin symbolise les générations qui se succèdent, ici, c'est une autre belle façon de terminer : la fin, c'est la fin de l'histoire, donc la rencontre entre un grand-père et son petit-fils pour un été, et chacun ira ensuite vers son destin, mais "c'est une autre histoire..."
Certes, c'est de la belle écriture, et certains passages sont remarquables, en particulier celui que je note dans les citations, mais ça ne suffit pas à sauver le roman. CLANCIER a-t-il voulu "surfer sur la vague" du succès que LE PAIN NOIR lui avait apporté à la télévision, en reprenant le même thème de la rencontre des générations, mais sans avoir vraiment d'inspiration ? Peut-être, mais ça ne me suffit pas comme explication.
Pendant toute la 1ère partie, qui occupe à elle seule une moitié du roman, le seul personnage est le grand-père ( on attend l'arrivée du petit-fils, annoncé dans le résumé, mais qui n'arrive que pour la 2ème partie ) grand-père conscient du fait qu'il est en fin de vie à cause de sa maladie, et pour qui le moindre évènement de la vie quotidienne lui rappelle un épisode de sa guerre, la Grande Guerre, celle de 14-18, jusqu'à en être vraiment exaspérant pour le lecteur. Je me suis demandé si l'auteur ne serait pas excusable parce que ce serait sa propre guerre qu'il aurait ainsi, voulu expurger. Mais non, il est né en 1914. Il a donc eu, depuis son enfance, l'occasion de côtoyer le traumatisme de ceux qui en sont revenus. Il sait à quel point c'était pénible de les entendre ressasser toujours leurs souvenirs de guerre, mais qu'il fallait le tolérer, eu égard à ce qu'ils y avaient vécu, pire que lors des guerres suivantes, c'est connu. Même pour moi qui suis né en 1947, quand un homme âgé avait un comportement surprenant, si on nous expliquait "il a été gazé pendant la guerre" ça voulait dire "il faut être indulgent". CLANCIER savait donc forcément à quel point c'est exaspérant, et pourtant il l'impose au lecteur ! Qui plus est, à partir de l'arrivée du petit-fils, finis les souvenirs de guerre ! Oubliés ! Oui, mais c'est pour passer à une autre obsession : la beauté de la jeunesse comparée à la déchéance de la vieillesse. Bon d'accord, "la vieillesse, c'est la ruine", on le sait, ça n'est pas la peine de nous le répéter à toutes les pages ou presque ! La guerre ne revient que vers la fin du livre, où un incident mineur ramène le grand-père à nouveau 50 ans en arrière, et on comprend là, que l'auteur voulait nous expliquer pourquoi ce grand-père s'interdisait toute allusion à sa guerre devant son petit-fils. Ainsi donc, CLANCIER savait que son personnage devait tenir son petit-fils à l'écart de sa guerre, alors pourquoi, lui, l'impose-t-il au lecteur, avec tous les détails les plus sordides, le poussant jusqu'à l'exaspération déjà mentionnée ? Je me suis demandé si, à travers ce roman, ce ne serait pas l'approche de sa propre mort qu'il aurait voulu exprimer. Aucune biographie, y compris celle de BABELIO, ne donne de date de sa mort, et en plus, on trouve l'une de ses oeuvres éditées en 2008. S'il est donc toujours de ce monde, aujourd'hui centenaire, c'est très bien ainsi, mais mon idée d'une inspiration liée à sa propre mort, pour ce roman dont le Dépôt Légal est en 1981, n'est pas non plus la bonne.
Alors, je ne comprends pas. Comment un écrivain, qui a pu écrire LE PAIN NOIR, a-t-il pu écrire aussi cette HALTE DANS L'ETE ? Ceux qui l'ont lu, et n'ont pas estimé devoir écrire quoi que ce soit, allez-y donc, donnez vos avis, des informations, ça peut intéresser d'autres lecteurs, et ça en intéresserait déjà au moins un : moi-même ! D'accord ?
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Oui, Jean-Pierre, continue, dis-moi tous les arbres que tu planteras, toutes les pièces que tu ajouteras à la cuisine, à la salle commune et à la chambre des Châtains, dis-moi les amis, les amies que tu amèneras, vos jeux, vos promenades, vos rêves. Dis-moi que tu aimeras, qui t'aimera, dis-moi ta femme, votre bonheur, ton travail, vos enfants. Dis-moi ta vie, dis-moi la vie quand je ne serai plus, que je la vive à travers tes paroles, que je vive toutes ces années, tous ces êtres que je connaîtrai pas, que je les vive d'un trait en t'écoutant, en te regardant vivre tant que j'entends, que je vois, que je respire encore.
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Connaissez-vous le grand roman qui raconte comme nul autre la condition paysanne ?
« le pain noir », de Georges-Emmanuel Clancier, c'est à lire en poche chez J'ai lu.