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EAN : 9782757004937
Jacques André Editeur (20/12/2022)
4.12/5   4 notes
Résumé :
Il faut voir dans le poète une sorte de musicien qui chercherait en tous temps et en tous lieux à accorder son dérisoire instrument entre le fracas du monde et le fragile équilibre de la noosphère. Un passeur d’harmonie, mais une harmonie sans cesse déchiquetée, et par les vagues de l’Océan et par le Temps des Hommes. Devant la mer, à l’unisson des éléments, la démesure de l’espace et les aléas du temps ouvrent en nous la conviction de partager monde et Terre avec l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Nous marchons à la lisière des pins et des chênes-lièges. Sur des chemins de sable. le soleil à la verticale. de façon aléatoire le vent éparpille le semblant de silence. »

Et nous, lecteur, cheminons dans les pas du poète entre le fracas et la fragilité du monde.
Les mots de Jean-Louis Clarac oscillent entre la permanence océane et l'impermanence du monde.

Dans les quatre mouvements qui composent ce recueil, sont évoquées le ciel, l'eau et la terre auxquels se joignent la forêt, le vent, le soleil ainsi que la nuit et le jour. Nous avons là les forces naturelles qui agitent la terre et que doit affronter le marcheur.
Mais comment les mots se font-ils entendre dans le « vacarme continu/ assourdissant le monde/ entre la rumeur et le fracas. » ?

Le poète sait glaner les mots dans chacun des « trésors marins », c'est là tout son talent de cueilleur, lui qui voit l'océan comme « un Babel de langue »
Ainsi né le poème qui évoque le « labeur des femmes et des hommes » mais aussi rappelle une actualité morbide, celle des corps échoués sur les rives, témoins des violences humaines.
Et le poète de s'interroger sur les cris des mouettes et des goélands. Au-delà de l'oiseau, faut-il voir « l'esprit des humains s'échappant des cercueils flottants » ?
L'île est un « monde fragile en déséquilibre » sur lequel fond la tragédie du monde. Car le poète se doit d'écrire au-delà de « la beauté des êtres (et) celle des paysages », il se doit de dire la mort, celle engendrée par l'Homme.

« Les limites des marées recèlent
Des trésors et des ordures
Dont l'inventaire est une gageure »

L'homme laisse sa trace, mortifère pour la nature. La laisse de mer ne contient pas seulement des déchets naturels mais également les stigmates de la pollution des océans « il n'y a pas de limites/ à l'amoncellement des trésordures »

Le poète creuse le texte, creuse la vague même si « vague ne peut pas être le mot / qui nomme la vague ».
Le poète aborde le monde dans ses écartèlements entre beauté et désordres, entre nature et humanité. Vie et mort se succèdent. Ainsi « les mots se dérobent/ pour dire/ l'horreur » mais ils se révèlent trop faibles pour abolir les cimetières marins.

« Dans les profondeurs du monde
Reposent nos impuissances. »

Cette poésie que rythme la marche nous interroge sur le partage du monde Terre.
On émerge de cette lecture émus par nos fragilités, par la beauté du monde mais aussi en questionnement face à nos antagonismes.

Je remercie les éditions Jacques André et Babelio pour cette superbe lecture.

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« La rumeur le fracas » est un recueil de poèmes que j'ai pu lire grâce à une opération Masse Critique. Il a été écrit par Jean-Louis Clarac.

Le recueil se découpe en 4 volets, autant de déclinaisons d'une dialectique tendue entre rumeur et fracas, 4 temps fondés à la fois sur une permanence — 3 éléments « ciel, eau et terre » communs à chacun — et un paysage exploré qui varie : la forêt tout d'abord, le vent, le soleil ensuite, la nuit et le jour pour finir. La première déclinaison nous entraîne dans le sillage d'un marcheur, « à la lisière des pins et des chênes-lièges » (p. 9) La rumeur ou le fracas sont ceux de la mer et l'on parlera de l'un ou l'autre « selon l'écart entre l'eau et nous / le son dans le ton / le mot viendra après » (p. 9) Cela posé, nous explorons l'écart, disséquons la surface et l'envers de la mer, à l'appui de diverses sensorialités.

Ici, l'épure est reine, tant dans le fond que la forme. Cette dernière se veut sobre comme le souligne en toute fin la note qui présente la collection dans laquelle prend place le recueil — « collection poésie XXI » : une typographie dépourvue d'artifices mais mise en valeur — seule concession à la sobriété — par un papier ivoiré et bouffant qui permet « aux mots de reposer sur une surface douce, profonde et bienveillante ». L'auteur écrit une poésie accessible, tissée de mots choisis et agencés avec soin. Sous sa plume, le monde oscille entre rumeur ou fracas et de l'entrechoquement des mots, l'espace qui les sépare ou les relie, les silences qu'ils peignent, naît une vision singulière, un jaillissement de sens, l'inattendu du beau qui se dévoile au détour d'une image.

Après la forêt, sa matérialité qui invite au voyage, le vent, deuxième déclinaison, guide les pas du poète qui l'ont conduit vers une île ; une île et son phare remués par le fracas, rencontre et mariage tonitruants de l'air et de l'eau. Puis le soleil, troisième déclinaison, prend le relai dans sa blancheur minérale, sa torpeur qui fond les éléments et les couleurs en une même unité. Enfin, et c'est là la quatrième déclinaison, la nuit et le jour se fondent et s'emmêlent, peignant une nouvelle dualité dans laquelle rumeur et fracas revêtent d'autres habits.

En toile de fond, fil conducteur en surface et dans les profondeurs marines, s'écrit et s'entend une révolte, sourde et forte à la fois. le poète l'expose page 44 : « Pourquoi écrire seulement mû / Par la beauté des êtres celle des paysages / Est-il seulement pensable de / Taire ou dire que femmes et hommes / Sont écorchés / Par les actions mortifères de l'Homme / Pourquoi dire cela / Oui dire aussi cela » Et sous sa plume prennent vie les migrants, ballotés sur les flots dans de fragiles esquifs, eux qui ont remis leur vie à d'autres mains, des migrants qui pour certains continueront à vivre, pour d'autres mourront, la mer pour seul tombeau, témoin muet de désastres infinis. Entre vie et mort se tient, pour finir le voyage, la mémoire, figure de « Mnémosyne / Blottie / En chacun de nous » (p. 89)

C'est un voyage émouvant auquel nous convie Jean-Louis Clarac, d'une beauté singulière ; son écriture fait naître en nous de belles fulgurances, entre souvenirs et invitations, élans vers d'autres contrées. L'humain s'invite en creux des paysages dans son ambivalence fondatrice : entre beauté et puissance délétère, la vie s'inscrit et le désir demeure, permanence chevillée au coeur de l'impermanence du monde.

Je tiens à remercier Babelio et Jacques André éditeur pour ce beau voyage près de la mer, de ses tempêtes et de celles qui chavirent les hommes… en ce compris les lecteurs.
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J'ai reçu avec bonheur ce recueil poétique grâce à Masse critique, et je dis avec bonheur car je n'ai pas souvent l'occasion de savourer la poésie contemporaine.
Le recueil se présente sous la forme de 4 volets, avec de façon permanente le ciel, l'eau , la terre ,et au fil des pages d'abord la foret, puis le vent, le soleil, et enfin la nuit le jour.
Il y a de très beaux passages ,où le lecteur se plonge dans la tourmente des éléments et des violences naturelles ou humaines.
J'ai aimé la forme, mais je n'ai pas totalement adhéré au signifiant.
Et je n'ai pas du tout la même perception du milieu marin et des vagues (pourtant je connais bien le fracas de la mer, dans le raz Blanchard par exemple..)
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le bruit suffoque l'alentour
Ii n'y a plus de rumeur
Le fracas l'a emporte
Dans sa saturation

L'épaisseur des éléments engloutit
Toute parole
Tout chant

Où est passé le silence sur lequel dit-on
Tout repose
Tout rebondit.
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Rumeur ou fracas
Seule l’étendue
Nous séparant du bord de l’océan
Module la confusion ou la distinction sensorielle entre
Les syncopes maritimes
Dans l’impermanence du monde
Et la respiration océane
Dans sa permanence (p. 10.)
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C’est le creux de l’heure
Quand l’absence de vent
Est un répit pour les oiseaux
Les plantes
Et nous qui nous arrêtons de marcher
Sous la chaleur de midi

Stase quand le soleil seul
Liquéfie le monde
Les ondes vibrent
Les essences s’apprêtent
A enflammer l’île (p. 58.)
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A perte de vue
Confusion de l’air et de l’eau
L’horizon se fond dans le tremblé nébuleux
Des brumes
Océane et céleste (p. 13.)
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