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EAN : 9782354610333
400 pages
La tengo (26/09/2012)
3.85/5   10 notes
Résumé :
Patrick Thomas est un jeune étudiant dans la France des années 70 : il déteste Giscard, écoute les Sex Pistols, rêve d être rock critic et fait l amour avec une militante trotskiste. Il se rapproche de l ultragauche estudiantine en lutte avec le Gud. Une expédition punitive tourne mal et Patrick est contraint de quitter la France. Il débarque à Londres en 1976 et croise dans un squat un certain Joe Strummer qui cherche un nom pour son nouveau groupe. Le futur leader... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
En France, la révolte sociale passe par le militantisme politique, chez les anglais elle passe par la musique. Et en cette fin des années 70, le déclin du pouvoir politique allié au désenchantement de toute une jeunesse voit émerger une nouvelle culture, un nouveau langage, une nouvelle musique : le punk, avec ses slogans nihilistes redonnant au rock l'essence de son esprit rebelle.
Pat, étudiant parisien fidèle à la filiation d'extrême-gauche mais épris de liberté se découvre plus sensible à la musique qu'à l'engagement syndical. Si bien que le jour où sa vie bascule pour un fait sordide, il décide de prendre le ferry pour l'Angleterre, et Londres. Londres gagnée par l'effervescence culturelle et artistique des anti-système et révolutionnaires de tout poil, des génies créatifs révoltés par la pauvreté mais aussi par l'arrivée au pouvoir de la dame de fer.
Cette expatriation le contraint à une vie de semi-clandestinité mais la rencontre avec Joe Strummer lui ouvre une vie mouvementée aux côtés du groupe The Clash, cinq années trépidantes imbibées de musique, drogue et alcool avant de connaître le « grand trou noir ».


Habile, le récit rétrospectif de Clément-Petremann mêle le parcours chaotique d'un anonyme avec celui d'un des plus grands groupes rock de la scène anglaise pour mieux lui rendre hommage. Oeuvre de fiction, il n'en demeure pas moins que l'auteur reprend le discours, l'intransigeance, la liberté artistique chers au leader des Clash. Il retrace leur histoire, leur rage, leurs dissensions, leurs ratés, leurs nuits d'ivresse, ainsi que les concerts et les enregistrements des albums avec une force qui rend le récit vivant, incarné.
On pourrait se laisser duper par un récit qui revêt les attraits du docu-fiction ou d'une biographie romancée si le récit ne se recentrait pas sur notre Pat revenu en France avec une fin inattendue et pleine d'humanité.

Il n'est nullement nécessaire d'être fan des Clash pour apprécier ce livre. Nostalgique de cette époque, peut-être. Mais pas seulement.
C'est aussi un premier roman convaincant dont la structure et le rythme musical entraînent le lecteur dans un courant séduisant auquel il est difficile de se soustraire. Avec une écriture dépouillée, Clément-Petremann ressuscite un monde bouillonnant, des personnages sur la corde raide animés par l'énergie du désespoir, finalement des personnages attachants pour lesquels l'auteur témoigne beaucoup de tendresse. On se laisse bercer par leur vie vagabonde et leur esprit libertaire peut être parce que cet état d'esprit a disparu ou qu'on n'a pas le courage de l'affirmer.
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Ode aux Clash !

J'avais feuilleté mon album photo de 1976 dans «Qu'as-tu fait de tes frères ?» de Claude Arnaud et retrouvé dans l'amphithéâtre de mes seize ans, les dérives de l'extrême gauche clandestine, les crises d'identités de l'adolescence, les drogues prometteuses et les illusions perdues.
Quand je serai grand, je ferai quoi : beatnik, mod, skinhead ou punk ?

J'avais visionné les diapositives de 1976 chez Benoît Duteurtre et son « Eté 76″ et retrouvé le paradis artificiel de mes seize ans, les accords désaccordés du punk, les filles âgées de grands yeux et les désillusions apprivoisées.

Me voici survolant du haut de mes, hum, hum, cinquante ans bien tassés-passés-cassés-rangés, mes souvenirs de 1976 dans «Strummerville» de Bruno Clement-Petremann qui viennent de paraître chez mes chères Editions La Tengo.

Et là, je me suis régalé !
RE-GA-LE !
Oui mais attention, sans nostalgie camarade !

Et comme Pat, j'ai poussé dans une famille communiste et traîné mes guêtres dans les Fêtes de l'Huma à Paris.
Comme Pat, j'ai trouvé les discours trotskistes ennuyeux et trop certifiés conformes au Grand Maître Léon et préféré l'espoir triste des anars.
Comme Pat, j'ai punaisé des posters de l'iguane Iggy Pop, du Ziggy Bowie et l'étoile rouge et noire à cinq branches.
Comme Pat, j'ai traîné mes creepers dans Carnaby Street et je me suis branché sur l'air électrique du Swinging London.
Comme Pat j'ai fait le mur de mes études, un temps, pour refaire le monde.
Mauvaise herbe.

Bon, passons, je ne vais pas vous raconter ma life…
Et puis je ne suis pas Pat !

Pat, parlons-en.

1976 : finale de la Coupe d'Europe des Clubs Champions à l'Hampden Park de Glasgow : les Verts victimes des légendaires poteaux carrés predent 0-1 contre le Bayern de Munich.
Thierry Roland sévit, déjà…
Raymond Barre parle de crise, déjà…
L'immeuble où vivent Jean-Marie le Pen, sa femme, ses 3 filles, ainsi que d'autres familles est éventré par 20 kilos de dynamite.

Pat rejoint la perfide Albion.
Ou plutôt il fuit la France, en proie aux longs ennuis où l'ombre de De Gaulle pèse comme un couvercle.
Une baston avec les étudiants du GUD qui a (très, très) mal tournée l'oblige à rejoindre la clandestinité.
Les enfants de 68 prennent du grade au Parti Socialiste (cherchez-les aujourd'hui dans les hémicycles veloutées de l'Assemblée Nationale) ou dérivent sans fin dans l'obsurantisme de l'ultra-gauche.
Action Directe sera le nouvel épouvantail : faire peur aux oiseaux de mauvaise augure du libéralisme.
«L'Archipel du Goulag» d'Alexandre Soljenitsyne est traduit en français et Patrik Modiano reçoit le Prix des libraires pour «Villa triste».
La France des Renault 8, R12 et R16.
La France du choc pétrolier.

Pat hésite : «La rondeur de ses fesses et la lourdeur de ses seins emportaient mon esprit bien loin des jeux obscurs des factions d'extrême gauche.»
Comme je le comprends.
Pat hésite : les Stones ? les Ramones ? les Buzzcoks ? les Who ?
Comme je le comprends.

Pat, dis-je, tombe, à pic, dans le Londres énervé de 1976.
Là, il va rencontrer Joe.
Non, pas Joe Dalton. Ni Joe Dassin.
Joe Strummer.
Le futur chanteur de The Clash !
Il sera roadie à tout faire du groupe : servir des bières, aller acheter des cigarettes, ravitailler en expédients, quelques bricoles…

Nous allons suivre, pas à pas, note après note, riff après riff, joint après joint, de port en port, les aventures explosives du plus grand groupe de rock de tous les temps !
Carrément !
The Clash. Joe Strummer, Paul Simonon et Mick Jones.
Un gang de rock politique au temps maudit de la Dame de fer.
Un disque mythique enregistré en deux semaines avec le producteur cinglé Guy Stevens : «London Calling» et sa pochette légendaire.

Nous allons suivre Pat : ses amis, ses amours, ses emmerdes.
Les tournées, les pubs, les squats, les enregistrements, sex drug and rock'n'roll.

Puis ce sera le clash au sein du groupe : mésententes entre égos démesurés, toxicomanie ravageuse…
Should I Stay or Should I Go ?

Mais le passé va rattraper Pat.
Les histoires d'amour finissent mal…en général.
Passage à la case prison : passer son tour pendant vingt piges !
Et le monde carcéral décrit ici fait terriblement froid dans le dos : camisole chimique, suicides, matons sadiques…
Il en connait un rayon notre auteur, Bruno Clément-Petremann,
puisqu'il exerce le métier de…directeur de prison !

Un romance échevelée, «amphétaminée», (désen)chantée à l'imparfait.
Un extrait de notre Histoire de France, un morceau de l'Histoire du rock.
J'applaudis. Bis. Rappel.

Exclusivement réservé aux fans de The Clash et aux enfants de Giscard !
Purement et simplement conseillé aux communs des mortels…
Ce premier roman vient d'obtenir le Prix Première Impression 2012.

J'ai encore fait trop long…je vous laisse, le temps de ressortir votre platine disque du grenier et de dépoussiérer vos vieux vinyls, et on se retrouve pour la suite du livre…

J'ai fait trop long, long comme un morceau sans fin de The Cure.

«Les groupes de ska éclataient en ville et soufflaient un peu de fantaisie et d'énergie sur la new-wave noire et froide.»
Comme le temps passe vite…
Z'écoutent quoi aujourd'hui les d'jeunes ?

Hasta la victoria siempre…

J'ai a-do-ré, vous dis-je !
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France. 70's. Patrick est étudiant et ne sait pas trop quoi faire de sa vie. Il aime le rock et Lucie, militante trotskiste. Musique et Politique sont les ciments qu'il a choisis pour se construire une existence un peu moins prévisible. Jusqu'au jour où son désir de vivre plus l'amène à l'irréparable, il tue un membre du GUD et doit quitter la France. En 1976, il choisit Londres comme terre d'exil. Joe Strummer s'apprête à monter un groupe, Patrick devient son ombre ; sa vie se déclinera dès lors au rythme des albums et des tournées des Clash, impétuosité, frénésie, apothéose, ralentissement, chute… A la recherche de son ami en plein questionnement sur l'avenir de son groupe, à Paris, Patrick se fait arrêter et en prend pour vingt ans.

Etrange roman que celui-là. Malin d'avoir choisi cette voie et de ne pas nous pondre un sempiternel documentaire sur un groupe dont on sait déjà tout. Malin de faire de Strummer un personnage de fiction. C'était casse-gueule de mettre dans sa bouche des dialogues qu'il n'a pas tenus ou dans sa tête des pensées qu'il n'a sûrement pas eues, et si la lecture peut s'avérer un temps déroutante, ça fonctionne plutôt bien au final. Néanmoins, ce n'est pas là que réside l'intérêt fondamental du bouquin, mais plutôt dans la description vraisemblable du contexte politique et social dans lequel l'intrigue est menée. Giscard, Thatcher, puis les années Mitterrand, l'ultragauche, la crise qui se pointe et qui s'enracine… et surtout dans la peinture hyperréaliste du milieu carcéral. Bruno Clément-Petremann est directeur de prison, nous dit-on en quatrième de couv. L'empathie dont l'auteur fait preuve envers les condamnés, ses positions sur la justice et les conditions d'emprisonnement dans les geôles françaises, c'est peut-être bien dans cette dénonciation des absurdités et des iniquités du système, qu'il retransmet le plus justement la voix du leader des Clash.
Lien : https://blackrosesforme.word..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La musique pouvait-elle être le vecteur de la révolution ? Joe confessera plus tard une certaine naïveté en répondant à la question d’un journaliste : « Si Karl Marx a échoué, il n’y a aucune raison pour que quatre guitaristes londoniens ne réussissent. » En attendant, c’est bien cet état d’esprit qui fut à l’origine de ce déversement de chansons flamboyantes.
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