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sur 4410 notes
Ouf ! L'idée de relire Belle du Seigneur m'avait fait peur. Peur de m'enterrer dans ses mille cent pages et ses cent six chapitres, peur de ne pas retrouver l'enthousiasme de mes premières lectures, il y a trente ans et cinquante ans. Eh bien, si ! Je persiste et je signe. Mille cent pages magiques, un roman monument, au sommet de la littérature francophone.

Au coeur de l'ouvrage, la rencontre à Genève, dans les années trente, d'une femme et d'un homme qui vont s'aimer… disons, à la folie ! Ariane est une jeune femme très belle et très sexy, du genre femme-enfant à l'esprit naïf et romantique, mariée à un médiocre qu'elle n'aime pas. Solal est un Don Juan irrésistible, un homme beau, riche, brillant, cynique et manipulateur.

Les amants voudront prolonger indéfiniment l'intensité passionnelle et esthétique de leur relation, à l'écart des gargouillements et des exhalaisons du quotidien. Condamnés à être sublimes, attendrissants et… ridicules, ils s'enferreront dans la vision idéalisée d'une vie à deux et rien qu'à deux, imaginée par la Belle et complaisamment acceptée par son Seigneur, sincèrement amoureux, mais trop cynique pour ne pas être lucide... Tolstoï et Anna Karénine avaient bien prévenu !

A la lumière de certain débat actuel, je m'amuse – sans autre commentaire – du discours de Solal sur les femmes, qu'il accuse d'adorer la force protectrice de l'homme, son pouvoir de tuer. Un héritage de l'humanité des premiers temps, et plus loin encore, de ce qu'il appelle la « babouinerie ».

Au-delà de la romance, qui me fait moins d'effet aujourd'hui que lorsque je l'avais lue pour la première fois à l'âge de vingt ans, Belle du Seigneur est aussi une croustillante comédie de moeurs. Pendant près de quatre cents pages, jusqu'à l'anthologique chapitre XXXV où Solal conquiert Ariane, l'auteur brosse avec un humour savoureux le monde petit-bourgeois de la rebutante belle-famille d'Ariane, dont le mari travaille à la Société des Nations. Adrien Deume est un petit fonctionnaire veule, combinard et tire-au-flanc, un homme fat et étriqué, et c'est avec une férocité jubilatoire peu charitable, qu'on se délecte des stratagèmes de Solal, big boss de la même SDN, pour séduire l'épouse de son subordonné.

Ayant été lui-même fonctionnaire international à Genève, Albert Cohen (1895-1981) a bien connu l'atmosphère de « ruche bourdonnante et sans miel » de la SDN, devancière de l'actuelle ONU. L'écrivain a observé les imbéciles dont le talent est « de savoir ne rien dire en plusieurs pages ». Nul n'aurait pu mieux que lui railler les inefficiences, les compromissions et les mondanités pompeuses, unissant diplomates, délégués gouvernementaux et la haute société de la cité de Calvin. Leurs bavardages artistiques ne révélaient rien d'autre, dixit Solal, qu'une appartenance à la caste des puissants. Un bouillon de culture dans lequel proliférait l'antisémitisme fulgurant des années trente. Sous leurs yeux bienveillants, l'Allemagne de Hitler fourbissait ses armes.

Alors, Albert Cohen, le Juif séfarade né à Corfou, a ressorti les Valeureux de ses précédents romans. Cinq vagabonds juifs débarqués de son île, cousins de l'élégant et noble Solal, grotesques et admirables, méprisés et méprisants, beaux parleurs en vieux français, fiers héritiers d'un peuple qui a détaché l'Homme de ses superstitions, un peuple auquel Albert Cohen a contribué à trouver un chez lui, un peuple que Solal, le Juif solaire, le demi-dieu ou chevalier merveilleux, dévoué à un Dieu auquel il ne croit pas, place au-dessus de tout et pour lequel il sacrifiera son poste à la Société des Nations.

D'un chapitre à l'autre, la narration classique alterne avec la prise de parole des personnages, Ariane, Solal, Adrien et d'autres, la plupart sous forme de monologues intérieurs. Chacun assume son langage, lyrique ou rabelaisien, tragique ou hilarant, raffiné ou déjanté, basculant parfois dans un rabâchage obsessionnel qui efface toute ponctuation. Un ton et des mots d'une justesse implacable ! Quelques développements un peu lénifiants auraient peut-être mérité d'être plus courts. Mais qui pourrait s'autoriser à émettre ce type de critique sur l'oeuvre majeure d'un tel virtuose de la langue française ?

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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8 jours de lecture intense au bout desquels je me flagelle « dire que j'ai atteint 43 ans sans l'avoir lu : j'ai failli rater ma vie !!! »

Quel chef d'oeuvre !!! 1100 pages d'une écriture magnifique et rythmée qui raconte l'amour fou, passionnel et destructeur entre un homme et une femme. Outre ces deux héros, une kyrielle de personnages secondaires extrêmement bien cernés permet de dessiner un contexte et une époque de manière efficace : les années 30, l'aberrante société des nations et l'horreur de la montée de l'antisémitisme en Europe. Solal et Ariane , foudroyés l'un par l'autre, s'aiment d'un amour infini. Des pages et des pages, sans ponctuation aucune (un style littéraire des plus audacieux, une prouesse) nous amènent dans leur têtes, dans les vagues de leurs pensées, dans le désordre le plus total de leurs pensées, et on s'y trouve, ici et là, on se reconnait. C'est sublime. En refermant ce livre je me dis que, de la même manière que j'aurais aimé rencontrer Cioran, j'aurais aimé connaître Albert Cohen. Peu d'hommes ont une si fine connaissance de l'être humain et de sa si misérable condition....
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Ariane s'ennuie avec son mari, Adrien Deume et ses beaux-parents, gentils, mais ridicules. Ils n'ont pas inventé l'eau tiède non plus. Adrien excelle à s'affairer à la Société des Nations en ne faisant strictement rien (une scène d'anthologie). Un nouveau supérieur hiérarchique d'Adrien, Solal, est conquis par Ariane. Adrien, le benêt, croit qu'il s'intéresse à lui. C'est décidé, il l'invite dans sa famille, mais Solal ne vient pas (une autre scène d'anthologie). Solal séduit Ariane, première partie du livre, belle histoire d'amour portée par le souffle d'Albert Cohen. le lecteur sent ensuite l'histoire d'amour basculée en tragédie.
Histoire d'amour, tragédie, comédie de moeurs sur fond d'entre-deux-guerres avec l'antisémitisme qui monte pendant qu'Ariane et Solal cherchent à préserver leur amour.
Un chef-d'oeuvre.
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Albert Cohen fût Solal.
Albert Cohen, l'Amoureux, le fou, le génial, le brillant, l'éloquent, le sensuel, le ténébreux, le très-lumineux, capable d'aimer les femmes de sa vie d'un amour absolu, capable d'une lucidité crue, d'une sincérité lapidante. Laquelle de ces femmes aura su se hisser à la hauteur de son goût de l'Absolu ? Aucune ne l'a aimé sans se brûler les ailes.
L'égo, ce tyran fou, la passion, traître illusion, tuent tout Amour véritable, mais comment aimer Albert Cohen autrement que passionnément, follement?
En étant sa mère, peut-être, dévouée à sa famille telle une Sainte, ou son ami très cher, Marcel Pagnol, le généreux, afin de partager la noblesse d'un Amour si pur qu'il laisse le Coeur prendre toute la place, et n'attend rien.
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“Il est où le bonheur ?” chante t-il, et j'avais pensé à ma première lecture de “Belle du seigneur” en 2014 : “il est où le chef d'oeuvre ?”
Perplexe, j'avais alors noté 2*, frustré que j'étais à l'attente de la plus belle histoire d'amour.
J'attendais trop de l'histoire sentimentale, passant à côté de l'humour et du burlesque de…la meilleure vente de la collection blanche des éditions Gallimard (source Wikipédia).

J'avais prévu de le relire, sans attentes inconsidérées à l'égard du “chef d'oeuvre absolu” (Joseph Kessel) “comme une culture en produit une douzaine par siècle” (François Nourissier).

J'ai pu ainsi apprécier cette comédie humaine du paraître des Deume : le grotesque de certaines scènes domestiques, l'humour des situations où le cocu a des cornes alors qu'il veut écrire un Don Juan sur les conseils de Solal ! le cocasse des pensées de Mariette, la servante qui écorche les mots !
On regarde cette comédie sociétale en mettant le plus de distanceSSS possible avec ses protagonistes, de peur qu'ils nous ressemblent ne serait-ce qu'un peu !

Maniant le sarcasme, Albert Cohen présente ses deux personnages principaux de manière ambivalente, associant des envolées lyriques avec leur vie matérielle.
Ah ! la scène de la gestion des borborygmes dans les moments amoureux (voir citation), que j'imagine mise en scène au théâtre avec les sons amplifiés.

D'autres passages sont anthologiques, comme celui des cinq “valeureux” (Saltiel, Salomon, Michaêl, Mattathias et Mangeclous) qui enlèvent Ariane et me donnent envie de lire “Solal” et “Mangeclous” constituant une trilogie avec “Belle du seigneur”.

La deuxième lecture m'a fait penser à Céline dans certains passages où la moquerie sociale s'allie à la veulerie des personnages.
Mais les références à Proust sont les plus nombreuses, lorsqu'il décrit les milieux oisifs et snobs de la bourgeoisie, le mépris de classe, un Proust au second degré, plus moqueur et moins autobiographique ; les Deumes forment la panoplie de la sociologie proustienne, revue à l'aune de la pleutrerie ! A certains endroits, les références sont plus explicites comme l'attente du baiser de Laure avant le coucher qui rappelle l'attente du baiser de sa mère par le narrateur de “A la recherche du temps perdu”.
Parfois, Cohen s'en moque comme dans ce paragraphe de réflexion sans ponctuation : “Proust cette perversité de tremper une madeleine dans du tilleul ces deux goûts douceâtres le goût épouvantable de la madeleine mêlé au goût pire du tilleul”.

Les personnages entourant le couple correspondent au jugement perspicace de Mariette : Antoinette, la poison, le chameau de Deume, Adrien qui se prend pour le fils du pape et se monte du col…

Quant à Solal, tel un Don Juan, il décline cyniquement les leçons de séduction, qu'il appelle “les manèges” que je ne vous recommande pas, messieurs, de mettre en application :
- Avertir la bonne femme qu'on va la séduire
- Démolir le mari
- Faire la farce de poésie - Faire la farce de l'homme fort
- Jouer la vulnérabilité
- Afficher le mépris d'avance
- Jouer des égards et des compliments
- Évoquer la sexualité indirecte
- Mettre la femme en concurrence
- Émettre une déclaration pour une vie déconjugalisée.
Le pire c'est que ça marche avec Ariane !

L'éditeur a proposé d'alléger le roman de quelques chapitres grotesques.
Les valeureux” reprend les pages écartées du manuscrit originel de “Belle du seigneur” jugé trop long par le comité de lecture des éditions Gallimard.
Peut-être que le livre aurait dû être plus allégé ; A. Cohen est en effet sans concession avec le lecteur que je suis, en développant des chapitres de réflexions sans ponctuation et interminables, alors que j'étais pris dans l'épopée amoureuse du couple !

Voilà qui explique le retrait d'une demi-étoile à cette re-lecture, qui fut pourtant incomparablement riche !
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J'ai bien failli abandonner au tout début : style bien trop alambiqué, à la limite de l'indigeste. Et puis je me suis accrochée. le style reste ensuite à peu près le même, mais selon les personnages et les scènes, il passe bien mieux. Il y a même beaucoup de belles trouvailles, des fulgurances. Mais il y a aussi de très, très longues tirades de monologue intérieur, parfois sans ponctuation !
Ce roman est réputé être un grand roman d'amour. C'est surtout un grand roman sur la passion amoureuse, un roman pessimiste sur l'amour qui s'étiole et l'ennui qui s'installe, d'autant qu'Ariane et Solal se retrouvent sans plus aucun lien social. La vision de l'amour de Solal est bien trop sombre ! Et celle d'Ariane bien trop romanesque et archaïque à mon goût. Mon personnage préféré est finalement la domestique Mariette, pleine de bon sens et dotée d'une saine et simple conception de l'amour.
Mais ce que j'ai le plus apprécié n'est pas là, parce que je n'ai pas vraiment accroché à leurs amours de gens privilégiés, très riches, mondains et oisifs. Ce que j'ai trouvé génial, énorme, ce sont les scènes satiriques : la vacuité du travail d'Adrien, le mari d'Ariane, l'inutilité de la SDN avec son personnel carriériste. le renvoi de Solal quand il insiste pour agir en faveur des Juifs allemands enfonce le clou. La charge contre le snobisme de la petite bourgeoisie avec le personnage d'Antoinette, la belle-mère d'Ariane, est énorme et savoureuse, elle aussi. Les analyses sociales de Solal sonnent toutes parfaitement juste. Parmi les moments mémorables, il y a aussi de vrais scènes comiques comme la rencontre de Mangeclous et du beau-père d'Ariane.
Le traitement de l'antisémitisme des années trente est aussi intéressant : Solal y prête peu attention au début du roman, et c'est un thème plutôt discret tant qu'il travaille à la SDN. Pour évoquer la situation en Allemagne, il y a juste une scène, à Berlin, complètement fantasmagorique. Par la suite, devenu apatride, Solal finit par se sentir juif et est pris d'élan de tendresse pour les Juifs, leur culture et le judaïsme. Les personnages exubérants de ses oncles, les Valeureux, sont un régal, leur langue est incroyable.
Pendant ma lecture j'ai été souvent irritée, exaspérée (une tirade trop longue, trop de lyrisme, à la limite de la mièvrerie, des longueurs, …) mais quel souffle, et quelle finesse dans la vision de la société. Cette lecture n'est pas une sinécure, mais, vraiment je ne regrette pas : beaucoup de passages sont un vrai régal.
Pour moi, ni un coup de coeur, ni un chef d'oeuvre, mais un très grand roman, hors norme !
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Roman d'amour, vraiment?
Certes, Solal et Ariane s'aiment, mais en fait d'amour absolu : tragédie de la passion, peur de la mort, comédie des sentiments, déchéance dès les prémisses, névroses et folies, égoïsmes narcissiques… Que de glaces dans ce roman, où l'on contemple sans fin sa désespérante solitude ! Et aussi que de cruautés, de mépris de classe, de théâtres de pouvoirs, règne des apparences, abjection de l'antisémitisme!

Il y a bien une histoire d'amour absolu, c'est celle que j'ai eue avec ce livre, malgré que je n'aime pas les romans d'amour :
Comment dire la rencontre bouleversante avec un texte immense au pouvoir si ensorcelant qu'il est douloureux, malgré sa longueur, d'en achever la lecture ?
Comment dire la fascination lancinante face à une langue éblouissante, riche, qui se déploie à travers un enchainement de scènes merveilleuses de théâtralité :

Adrien Deume dans son bureau à la Société des Nations, gonflé d'orgueil dans le vide abyssal de sa fonction ; cocktail mondain où se joue le ballet des pantins infatués qui tentent de s'accrocher à de moins misérables qu'eux ; les parents Deume, momifiés dans leurs certitudes bourgeoises et mesquines.

Solal séduisant Ariane bien sûr, dans un monologue si vibrant de vérité nue que l'on voudrait le citer en entier ; Ariane fébrile d'attente amoureuse, courant de sa psyché à son bain, de son bain à sa psyché, éprise d'elle-même autant que de « l'Aimé ».
Solal et Ariane seuls en leur demeure de carton, se jouant un théâtre mortifère.
Solal à Paris, désespérement seul dans un milieu hostile.

Si ce n'est pas de l'amour que de s'être plongée, le souffle court, dans les longs monologues ahuris d'Ariane, les soliloques drôles et désabusés de Mariette, les déclamations définitives de Solal ! Que de solitude encore dans ces torrents de mots sans ponctuation, tragiques et lumineux ! Seules les quelques scènes avec l'oncle Saltiel, Mangecloux, Salomon et Mattathias amènent une chaude fraternité humaine dans le récit, mais aussi toute l'horreur de la guerre à venir.

Au final, oui, roman de l'amour absolu, chef d'oeuvre de désespoir, dont je suis devenue , à mon corps défendant, l'amante éternelle.
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J'ose le dire : je n'ai pas terminé ce livre, qui m'est littéralement tombé des mains. Un chef d'oeuvre ? Une si belle histoire d'amour ? J'ai en vain cherché. Le style prétentieux ne m'a pas permis d'accrocher aux personnages et pourtant, c'est peu dire que j'aime la belle écriture et que ce qui peut sembler alambiqué pour certains, comme de longues phrases qui n'en finissent pas, sont loin de me rebuter. Mais ici, tout m'a semblé artificiel. J'ai préféré passer à autre chose.
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Mais où avait-il la tête, Gaston, lorsqu'il a accepté de publier cette diarrhée logorrhéique ? Oui, « logorrhéique » car Albert Cohen n'écrivait pas, il dictait. Il faut le savoir, sinon on ne comprend pas comment il a pu pondre un bouquin aussi gros et aussi ch..ant. La dictée lui a permis de débiter des ennuyieusetés au kilomètre, sans effort et pendant des heures. C'est plus pratique que l'écriture, ça évite la crampe de l'écrivain, c'est la pauvre dactylo qui souffre.

En revanche, un qui n'échappe pas à la crampe, c'est le lecteur. Tourner des centaines de pages où il ne se passe strictement, mais rigoureusement, absolument rien d'intéressant [la meuf, il lui faut 40 pages rien que ça pour essayer ses tailleurs parce que Chérichou Dieusuperbeau arrive ce soir, ], l'index humecté d'un coup de langue furtif et las, ça use la phalange distale (oui, distale, c'est mon médecin généraliste qui me l'a dit et je le crois sur parole, il a lu tout Proust et il en a gardé une malformation digitale).

Bon, étant donné que Tonton Bébert s'est déjà copieusement vidangé sur 845 pages chez Gallimard (je n'ose imaginer l'horreur en « Poche », ça doit frôler les 1200 pages), je vais vous la faire courte :

Il est beau, il a de belles dents, donc elle l'aime. Elle est belle, elle a de beaux cils recourbés, donc il l'aime. Comme elle est un peu nunuche et qu'il ne cesse de se lamenter sur son sort, ce bouquin très dispensable aurait plutôt dû s'intituler « Bête du Geigneur » mais bon, ce n'est pas moi qui décide. Au bout d'un moment, mais ça prend bien 300 ou 350 pages, facile, ça coïte dur sous l'oeil attendri de Tonton Bébert, cigarette au bec, qui s'extasie sur sa propre dictée. A mon humble avis, sans raison valable. Les dialogues amoureux, par exemple, sont inénarrables, genre : « Aimé, Ô mon Aimé, j'aime quand vous m'aimez et que vous me dites que vous m'aimez avec vos lèvres que j'aime aimer ». Et devinez ce qu'il répond, le mec aux lèvres presque boursouflées tellement elles sont aimées ? : Bingo ! Il répond : « Je t'aime aussi ». C'est tellement beau qu'on dirait presque du Joël Dicker.

Mais, à la fin, les deux débiles de service en ont presque aussi marre que nous de cette histoire sans aucun intérêt et ils se suicident, sniff. On peut comprendre leur désespoir : ils sont jeunes, beaux, bourrés de fric et n'ont rien d'autre à faire que profiter de la vie, du soleil et de la Méditerranée. Personne ne pourrait supporter longtemps un tel enfer. Si ça s'était produit 750 pages plus tôt, on aurait gagné un temps précieux.

Pour résumer, il est bien gentil, Bébert, mais presque 900 pages indigentes et indigestes pour nous expliquer que l'amour ne dure pas éternellement, sniff, et que c'est bien triste, sniff, merci, on était déjà au courant, il y en a des centaines qui l'ont écrit avant lui, et beaucoup mieux. Il paraît qu'après moult réflexion et cigarettes très chères, il voulait réécrire complètement le résultat de son transit intestinal en y ajoutant 400 ou 500 pages pas piquées des vers et indispensables selon lui. Grâce sans doute à quelques douches glacées et piqûres calmantes (« Merci, mon Dieu »), nous avons échappé à une seconde catastrophe.

Zut, je vous avais promis de la faire courte. Je me suis laissé entraîner, désolé. Après tout, Tonton Bébert m'a surgonflé les amygdales pendant un bon mois je peux bien vous casser un peu les coudes pendant dix minutes, non ?
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C'est le livre qu'il fallait lire un jour. Donc c'est fait !

Jeux de séduction, passion obsession, déchéance et tragédie, cette tragique histoire d'amour a fait rêver ou cauchemarder des millions de lecteurs.

Il y a des longueurs, des descriptions interminables d'un ennui mortel. le bain d'Ariane dure 23 pages !!! Il y a de quoi en sortir toute fripée ;)

Mais il y a aussi l'exploration du sublime au creux des silences savamment placés, édifiant ce récit sombre et délicat.

Le langage très stylisé compose un ensemble d'une puissance littéraire incontestable.




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