Ce témoignage poignant de
Benoît Cohen nous plonge au coeur du débat sur l'euthanasie.
Ce récit est le drame d'une famille unie dans laquelle le père est atteint d'un cancer foudroyant et sans aucun espoir de guérison.
Ses deux aspects essentiels sont : une mère et ses trois fils plongés dans le malheur et un pays, la France, où le problème des soins palliatifs est loin d'être réglé. A ce sujet, ce passage est tout à fait clair :
"Nous ignorons que beaucoup de gens meurent encore dans des conditions terribles. Que malgré de nouvelles lois censées permettre la sédation, vingt-six départements français ne sont pas équipés en soins palliatifs. Que seulement un cinquième des personnes qui le réclament ont accès à ces soins. Que la complexité administrative et le manque de moyens font que la grande majorité des Français ne reçoivent pas d'accompagnement digne de ce nom. Que, même si, les médecins ont l'obligation de soulager les malades, beaucoup se limitent au protocole et refusent d'aller plus loin. Que le seul moyen de mourir sereinement chez soi est d'avoir recours à ce qu'on appelle l'"euthanasie clandestine". Que la plupart des gens meurent au sein d'établissements inadaptés dans une grande détresse. Pendant des siècles, on mourrait chez soi ; cela ne posait de problème à personne. Aujourd'hui, ceux qui font ce choix sont ostracisés. Ils doivent se débrouiller seuls. Comme à l'époque des avortements clandestins."
Benoît Cohen est révolté à juste titre : "Il est révoltant que l'Etat continue à refuser le droit à l'euthanasie sans proposer un accès aux soins palliatifs pour tous, que notre société, qui se veut laïque, ne s'est pas complètement débarrassée de l'idée christique d'une souffrance rédemptrice et salutaire."
Une lecture douloureuse mais salutaire.
Et si ce livre bouleversant était une arme de combat pour mourir dignement ?