Quatre femmes, jeunes ou plus âgées, avec ou sans enfants, avec ou sans partenaires, cherchent à retrouver une féminité harmonieuse. Un roman qui a un tout petit goût de développement personnel, mais un petit goût subtil. À lire pour le plaisir d'une bonne lecture, ou à faire lire à celles de vos amies que vous voudriez secouer un peu.
Je ne connaissais pas du tout ma compatriote
Valérie Cohen avant qu'un libraire de mon quartier la mette à l'honneur. J'ai choisis de la découvrir par ce livre-ci, un peu par hasard; le libraire l'avait mis en évidence.
Le texte est desservi par la quatrième de couverture, qui pourrait laisser craindre un « livre de fille ». Mais
Luce Wilquin n'est pas Harlequin et ce roman vaut bien mieux que ça ! Il ne parle pas de sexe (ou si peu), je dirais qu'il parle plutôt de féminité. On y retrouve quatre femmes qui participent ensemble à un groupe de parole d'un sexothérapeute. Certaines l'ont choisi de leur propre chef, d'autres se sont laissées pousser dans le dos.
À chacune son mal-être de féminité. On pourrait concevoir qu'une femme cherche à se sentir femme pour elle-même, sans se soucier des autres. Mais ici, les quatre femmes cherchent à raviver leur féminité telle qu'elle leur apparaît dans le regard d'un homme.
C'est un roman. Néanmoins, je lui ai tout de même trouvé un air de messages de développement personnel emballés dans une jolie histoire. Mais l'emballage est subtil, qualité que je tiens à mettre en évidence. Pour prendre un point de comparaison, je suis personnellement irrités par les livres de
Laurent Gounelle. Je leur reconnais le grand mérite de sensibiliser des lecteurs a priori « réticents aux psys ». Il les fait mettre un pied dans le domaine en leur donnant, je l'espère, l'envie d'aller plus loin; c'est très bien ! Mais il n'empêche que moi, j'ai dû mal à ne pas trouver dans les historiettes de
Laurent Gounelle un côté artificiel qui masque un discours de consultant-coach en développement personnel qui aligne des slogans qui manquent de profondeur. Enfin bon, à chacun sa sensibilité…
De ce point de vue-là, le texte de
Valérie Cohen fait preuve de plus de finesse et de sensibilité que ceux de
Laurent Gounelle. Je l'ai lu avec beaucoup de plaisir. Néanmoins, je n'ai pas ressenti l'émotion d'un récit écrit avec les tripes, qui lui aurait sans doute donné plus de force. À froid, on se dit que le roman a un côté trop « construit ». L'auteure a judicieusement choisi quatre cas représentatifs: une femme plus âgée dont le couple ronronne sans fantaisie, une deuxième dont le compagnon a un air de pervers narcissique, une troisième qui est seule avec trois enfants, une quatrième dont le mari a une libido essoufflée. Dans tous les cas, l'auteur offre un message d'espoir: oui, une femme peut oser bouger, elle peut arriver à secouer le cocotier et sortir de son malaise. Évidemment, pour que le message passe, il fallait que les histoires se terminent bien. Et elles se terminent bien, dans le sens où chacune des quatre femmes en sort plus heureuse. Mais je vous laisse découvrir comment…
Un roman à message, donc. Plaisant à lire par son style fluide et son ton enthousiaste. Il mérite d'être lu et me donne l'envie d'apprendre à mieux connaître
Valérie Cohen et aussi... de fouiller le catalogue de
Luce Wilquin, une de nos gloires nationales belges, dont je pleure l'arrêt des activités.
En parallèle, par hasard, j'ai lu «
L'ours » de
Caroline Lamarche. Une autre histoire de femme. Mais d'une seule femme. Et écrit avec les tripes. Je vous en parlerai bientôt… Intéressante expérience d'avoir lu ces deux textes coup sur coup, je vous la conseille !