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EAN : 9782073032744
Gallimard (21/09/2023)
3.81/5   76 notes
Résumé :
Octobre 1973. Dans l’habitacle de la Mercedes 220D intérieur cuir rouge, le premier maréchal des logis Daniel Sabre, géant à la moustache noire impeccablement taillée, masque mal sa nervosité. Parti de Belgique le matin même, il doit rejoindre Lyon avant la nuit. Ses ordres ? Faire tout ce que sa passagère lui demandera, sans poser de questions. Durée de la mission ? Indéterminée.
À l’arrière, une femme à la chevelure flamboyante tente, elle aussi, de dissimu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Pas de blabla dans la car. Covoiturage dans les seventies.
L'action du dernier roman de Paul Colize, un maître actuel de la série B littéraire, se déroule en grande partie dans une Mercedes 220D intérieur cuir, qui me rappelle surtout des souvenirs de vieux messieurs austères à la mine de mauvaises nouvelles, et en 1973, année d'un fameux Krach : ma naissance.
Dans l'armée, on ne pose pas de question. La grande muette n'a jamais franchi la porte d'un cabinet d'orthophoniste. Daniel Sabre, ancien conducteur de tank, est chargé par sa hiérarchie de servir de chauffeur à une civile qu'il récupère à Bruxelles et de suivre sans discuter ses directives pour une durée indéterminée.
Au caractère renfermé et taiseux du militaire répond l'impatience et la curiosité d'une femme sociable et déterminée. Aux silences gênants des premiers kilomètres, assez proche d'un trajet d'ascenseur pendant quinze étages avec un inconnu, succèdent quelques escarmouches et soirées dans des hôtels impersonnels.
Ce trajet devient une transhumance vers le passé, transitant par Lyon, Perpignan puis l'Espagne. La passagère pas si légère, Marlène, semble chercher quelqu'un et Daniel ignore pourquoi il lui a été demandé de la chaperonner.
Au fil des kilomètres, les actualités à la radio suivent les nouvelles de la guerre du Kippour, et peu à peu le militaire se laisse amadouer et aller à quelques confidences sur sa vie.
Le huis clos dans la Mercedes permet de maintenir le lecteur sous tension durant tout le roman sans temps mort (même les pauses pipi sur les aires d'autoroute sont prétexte à des péripéties). de l'asphalte, le voyage va bifurquer à l'intérieur des personnages dans un dénouement assez imprévisible. Chacun se demande s'il n'est pas manipulé et quelle est la place de l'autre dans cette histoire.
Paul Colize maîtrise à la perfection les codes du genre (et de la route !) et il fait partie des rares romanciers à ne pas toujours raconter la même histoire. Son dernier livre, « Toute la violence des hommes », suivait par exemple un mystérieux artiste croate qui dessinait des scènes de crimes sur les murs de Bruxelles. Rien à voir et c'est tant mieux. L'auteur ne se contente pas de changer les prénoms pour transposer les mêmes névroses d'un roman à l'autre.
Cette histoire ne m'a clairement pas fait le coup de la panne (voiture allemande forcément !), mais un peu plus d'humour aurait permis à mon goût de débrider le moteur et de compenser l'absence de clim dans l'habitacle. Certains dialogues sont amusants et ne manquent pas d'esprit, mais bison futé n'a pas mué en vache qui rit. Je n'attendais pas que la passagère colle ses fesses aux vitres de la voiture pour choquer un autobus de personnes âgées, mais le romancier aurait pu ouvrir un peu plus les vannes de la vanne, détacher les ceintures.
Dernière réserve, l'insertion impromptue de récits de célèbres faits divers, anciens ou récents qui viennent imager l'ironie du titre mais dont l'apport au récit m'est apparu la plupart du temps assez énigmatique (pour ne pas dire inutile, mais je reste un garçon poli).
Dans tous les cas, ce n'est pas ce roman, dont j'ai apprécié le rythme et l'originalité qui va me donner envie de faire la route avec des inconnus. Dans un train, j'ai toujours un bouquin pour m'épargner une conversation stérile. Au volant, c'est plus difficile.
Le prix de l'essence n'excèdera pas le prix de ma tranquillité. Un coup d'oeil dans le rétro intérieur et je vois ce qui commence à ressembler à un vieux con. Warning !
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Avec le très ironique titre Un monde merveilleux, Paul Colize donne le ton de ce huit-clos entre le maréchal des logis Daniel Sabre et Marlène. Une femme qu'il a ordre de conduire où elle le demande, sans poser de question. A ne pas en douter, une mission simple. Pourtant en cette année 1973 celle-ci va se révéler très sensible. Pleine de faux-semblants et de chausses-trappes pour le sous-officier, comme d'ailleurs pour Marlène. Au fil du voyage, le passé, leur passé lié aux heures les plus sombres de la Belgique, va resurgir, pour finalement les mettre au pied du mur quand ils comprennent, un peu tard, de quoi ils sont l'enjeu.

J'avais depuis longtemps envie de découvrir Paul Colize. C'est chose faite avec ce roman, subtil et très psychologique, mettant en scène deux personnages marqués par leur antagonisme — et par l'histoire du nauséeux parti politique d'extrême-droite pro nazi Rex créé dans les années 30 par le journaliste belge Léon Degrelle — réunis pour le pire mais aussi pour quelques instants de grande humanité.

Merci à Babelio et aux Editions Hervé Chopin
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Le livre « vache-qui-rit » (si-si je vous explique).


Daniel Sabre, sous-officier ayant demandé une promotion, ne peut se permettre de refuser la mission des plus étranges confiée par ses supérieurs : Conduire une mercedes de location pour servir d'escorte à une dame qu'il ne connaît pas, prénommée Marlène, en l'emmenant absolument partout où elle veut jusqu'à la fin de son périple, pour une destination et une durée inconnues - Rapports journaliers exigés. L'armée ne faisant jamais rien au hasard, c'est au compte goutte que nous apprendrons tout l'enjeu de cette étrange mission, et de son intrigante passagère…!


Bon, vous me direz : S'il ne voulait pas obtenir sa promotion, Daniel n'aurait-il pas obéi malgré tout ? N'y aurait-il pas été obligé ? N'est-ce pas ce qu'on est sensé faire à l'armée : Obéir sans (se) poser de question ?


Est-ce un bien ? Une nécessité ? ou alors un mal, un danger ?


Pour Dany, la réponse est simple : « Toute société ne fonctionne que si les gens savent ce qu'ils doivent faire. Pour cela, il faut des dirigeants. » Il s'apprête donc à supporter la compagnie et les frasques de cette bourgeoise coincée, sans lui poser de question, comme on le lui a demandé.


Sa vision provoque la colère de Marlène : « Je trouve votre désinvolture aberrante. (…) Vous n'êtes pas un gamin, vous jouissez de toutes vos facultés mentales, vous êtes bien éduqué, vous avez des valeurs, des principes, vous croyez peut-être en un dieu quelconque et pourtant vous obéissez aux ordres qu'on vous donne sans poser la moindre question. »


Pourquoi prend-elle cette question tellement à coeur ? La réponse se trouve dans l'objet même du périple, que l'auteur nous dévoile par chapitre intercalés.


Et si l'on est tenté de répondre que cela dépend, alors à partir de quand ou de quoi cela dépend-il ? Obéir à un ordre durant une manoeuvre d'exercice ou durant une guerre, n'est-ce pas la même chose ? Mieux encore, n'est-ce pas justement l'objectif, de s'entrainer à obéir aveuglément pour que cela soit bien intégré au moment le plus crucial, le plus contestable dans le même temps, peut-être ?


« C'est la règle à l'armée et croyez-moi, c'est mieux. Si tout le monde commençait à discuter ou à s'interroger sur la finalité de chaque ordre, on ne gagnerait jamais une guerre. » Tel est du moins l'opinion de notre soldat en ce début de périple. Celui-ci le fera-t-il changer d'avis ?


De nos fauteuils bien à l'abri sous nos couvertures de jugements faciles, on pourrait être tentés de répondre que l'obéissance à un chef est nécessaire pour conserver un certain ordre, mais que si, par exemple, ce chef ordonnait de brûler des innocents dans des camps, alors il serait temps de lui désobéir… Mais est-ce si simple ? Sur quel fondement ? Quel est la différence entre cet ordre et les autres actes de guerres communément admis pour gagner une guerre…?


« Gagner une guerre ? C'est votre raison d'être ? le but de votre existence ? Exterminer les milliers de russes qui envahiront bientôt l'Europe ? Tuer l'ennemi. Quelle ambition ! »


De ces questions Paul Colize a fait un roman gigogne. Son huis clos en voiture met en abyme l'intrigue de fond objet de cet étrange voyage ... Entre deux révélations, le trajet finira même par s'animer un peu, même si l'on devine quand même assez vite vers quoi on s'oriente grâce à l'incrustation de flashes d'info. Un périple qui s'annonce comme une grande vadrouille mais pose les questions qui fâchent, autour d'une histoire bâtie comme un thriller et des personnages simples, mais efficaces. Merci à Spleen pour cette idée de lecture qui glisse toute seule : Idéale entre deux lectures plus consistantes.
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Paul Colize est un auteur que j'aime particulièrement, depuis que j'ai lu un de ses romans : « Un jour comme les autres ». Depuis, j'attends avec impatience ses nouveaux livres.

« Un monde merveilleux » est énigmatique d'abord par sa quatrième de couverture qui ne laisse que peu de choses transparaître. Ensuite, le début du récit invite le lecteur à se poser 1000 et une questions. Pour finir, c'est une grande partie de l'intrigue qui fait qu'on se demande bien la chute offerte par l'auteur car les indices ne sont semés qu'au compte-gouttes.

Je ne raconterai rien de l'intrigue afin de ne pas vous bouder votre plaisir à la découvrir, comme je l'ai fait. Je me suis laissée emportée dans cette voiture, au fil du chemin, en compagnie des deux héros principaux et le voyage m'a grisée littéralement. On ne peut s'empêcher de se demander où cette aventure va nous mener comme le héros principal, Daniel Sabre, le fait lui-même.

Les courts chapitres insérés dans l'histoire principale entraînent encore plus de mystères sur la finalité des péripéties et où nous emmène l'auteur pour cette traversée en Europe, en 1973.

En plus des originalités par l'environnement abscons du livre, Paul Colize a basé son huit-clos dans l'habitacle d'une Mercedes 220D, où prennent place deux étrangers, bien différents à bien des égards, dont le périple les liera à jamais.

Ces caractéristiques qui ne semblent aux premiers abords peu singuliers vont révéler un final renversant. Fascinée dès les premières pages, j'ai à la fois dévoré ce livre, tout en tentant de faire durer le trajet le plus longtemps possible. Paul Colize a un véritable don de conteur et ce, en toutes subtilités.

Alors que le récit ne se passe finalement que sur 5 jours, on a l'impression de connaître ses personnages, comme si nous les avions appréhendés, sur des années. La parfaite construction amenée par un style plus que plaisant font de cette intrigue où chaque mot, chaque acte a sa place, un roman si sombre mais tellement réussi et addictif.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Octobre 1973, Daniel Sabre instructeur à l'école des blindés en Allemagne est chargé d'une mission officieuse et étrange qui pourrait durer plusieurs jours. Il doit servir d'escorte à une femme, Marlène, l'emmener là où elle le souhaite, sans poser de questions ni entretenir la conversation. Il ne doit parler à personne de cette mission, même pas à sa femme. Marlène, dans son attaché-case possède un dossier dont les éléments sont confidentiels et qui doivent le rester.

Le roman de Paul Colize est très addictif, dès les premières pages je me suis laissé emporter dans ce récit. le lecteur tout comme Daniel se demande bien dans quelle étrange aventure il s'embarque. Tout au long des cinq jours que va durer cette mission, l'énigme s'épaissit de plus en plus. de la Belgique à Malaga en passant par Lyon et Perpignan, l'auteur nous distille les informations au compte-gouttes. Au cours du trajet, des souvenirs douloureux remontent à la surface, mais sans nous donner la clef sur l'objectif final de cette expédition. La construction est habile, les chapitres courts alternent entre les deux personnages principaux et l'auteur glisse de temps en temps des petites pastilles sur des personnes ou des évènements célèbres, ou des courts messages sur la guerre du Liban. Tout cela ne fait qu'augmenter le caractère mystérieux de la narration.

Avec ces deux personnages que tout oppose, Paul Colize a réussi le pari de me tenir en haleine jusqu'au bout de ce roman où j'ai découvert le rôle du Rexisme mouvement politique corporatiste, d'inspiration catholique qui se développa en Belgique à partir de 1935 et évolua vers le fascisme, se faisant le partisan de la collaboration avec l'Allemagne nazie pendant la Deuxième Guerre mondiale.
J'ai donc pris beaucoup de plaisir à vivre cette gigantesque partie d'échecs où Daniel et Marlene se révèleront n'être que de simples pions. Je remercie infiniment les éditions Hervé Chopin et Babelio pour leur confiance et de m'avoir permis de lire ce roman en avant-première.

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Comme beaucoup d'homme, il confond sensibilité et faiblesse.
Selon Baudelaire, les hommes qui passent pour de vrais durs sont plus sensibles que ceux dont on vante la sensibilité expansive. Ils se font durs parce que leur sensibilité les fait souffrir.
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Hormis quelques-uns, ses camarades lui avaient tourné le dos. Magnanime, il n'avait pas cherché à les retenir. Certains changent de cap pour garder leurs amis, certains changent d'amis pour garder leur cap.
(page 58)
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Selon Hannah Arendt, Eichmann n’était pas un monstre, c’était un homme ordinaire dont la conscience était éteinte.
D’après elle, le manque de pensée et de réflexion peut conduire toute personne à accomplir des actes abominables.
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- Qu’entendez-vous par confusions verbales ?
Il était ferré.
- Savoir et pouvoir, pour citer la plus courante. Est-ce que tu saurais me téléphoner ce soir ? Est-ce que tu saurais me passer le sel ? Soyons sérieux, Daniel ! Toute personne normalement constituée a les capacités intellectuelles de passer une salière à son voisin.
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La guerre évoluait bien ?
Comment peut-on proférer de telles énormités ?
Pour sa part, la guerre avait gagné la bataille de ses rêves d'enfant. Elle avait cinq ans lorsqu'elle avait éclaté, dix quand elle s'était terminée. L'intervalle entre l'insouciance et la honte.
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Videos de Paul Colize (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Colize
Paul Colize propose la consigne d'écriture suivante : Je m'en souviendrai toute ma vie.
Textes écrits par B.P.L, Soufiane Baida, The Dark side T.M, Dédé et Moussa Billets d'écrits, un projet de la Compagnie Gambalo, de la Foire du livre de Bruxelles et de l'Adeppi, avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en partenariat avec le Gsara ASBL et la Caap culture Adaptation et direction Nicolas Swysen Texte lu par Frédéric Clou
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