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EAN : 9781246147841
170 pages
Nabu Press (21/09/2011)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Les seize textes sélectionnés pour être publiés à la fin de l’année 1918 aux Editions Crès et Cie sous le titre Dans la foule font partie d’un ensemble beaucoup plus vaste de chroniques rédigées régulièrement par Colette pour Le Matin – à raison d’une contribution tous les quinze jours voire toutes les semaines – et publiées entre 1910 et 1915 sous le titre « Contes des mille et un matins » (auquel est adjoint à partir du 30 octobre 1913 le sous-titre « Journal de C... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est au coeur d'une foule tour à tour enthousiaste, extatique, vindicative ou hostile que nous convie Colette.
C'est en effet la foule qui est le dénominateur commun de ce recueil de chroniques publiées entre décembre 1911 et avril 1914. Foule des badauds, des curieux, des désoeuvrés, que drainent inévitablement les joutes parlementaires, les visites officielles de monarques, les grands procès d'assises, les faits divers sanglants, les proclamations de résultats d'élections ou les grands-messes du sport. Certains textes tels Après l'affaire de la rue Ordener (racontant l'assaut final à la cachette de Bonot), La Fin d'un tour de France ou Impressions de la foule (retraçant un combat de boxe de Carpentier) sont de véritables morceaux de bravoure. Parfois aussi, à la faveur d'un voyage en dirigeable ou en ballon ascensionnel, le regard de la chroniqueuse prend de la hauteur au dessus de la mêlée pour relativiser toute cette agitation humaine.
Avec un regard aigu et décalé, Colette rend fort justement l'enthousiasme de ce peuple de Paris si prompt à s'enflammer d'une ardeur éphémère.
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'Dans la foule' est un recueil paru en 1918, compilant des articles écrit par Colette pour le journal le Matin auquel elle contribua de 1910 à 1915.

Dans ces 16 textes, elle évoque, entre autres, des séances de la Chambre des députés avec de brefs portraits d'Aristide Briand (Les longs bras, sinueux souvent comme l'herbe dans l'eau courante, dressent vers le ciel et parfois joignent deux mains très petites, délicates, à demi-pliées, et qu'on croirait molles, si elles ne rendaient, en s'abattant sur la table, le son dur de deux crocs de fer) Louis Barthou (Bref de taille, il montre à tous, en parlant, sa courte face au nez moqueur) et Jean Jaurès (Il sort de lui un son terrible qui effarouche le sommeil. sa voix roule comme un char cahoté ... ) .

Elle assiste aussi à une revue militaire, à une séance de cour d'assises, à une visite des souverains anglais - George V et la reine Mary, au siège par la police d'une maison d'anarchistes, à la dernière étape d'un Tour de France cycliste (J'ai vu passer devant nous, tout de suite avalés par des tourbillons lourds, trois coureurs minces : dos noirs et jaunes, chiffrés de rouge, trois êtres qu'on dirait sans visage, l'échine en arceau, la tête vers les genoux sous une coiffe blanche ...) 

Elle nous emmène avec elle dans un survol de Paris en ballon dirigeable (Paris se déroule sous nous. On l'a photographié si souvent du haut du ciel, que je le reconnais aisément ; le réseau compliqué de ses voies, ses places en étoile, son fleuve et ses îles forment un plan déjà familier) mais aussi dans un voyage en ballon à l'arrivée cahotique (Guère de peur, point de mal. Tout l'intérêt va au ballon qui gît, flasque, à à la belle bulle crevée que chacun de ses atterrissages barbares tue, qui palpite encore et que chaque sursaut vide un peu plus de sa force agonisante.) 

Le point commun entre tous ces textes : des scènes de foule : foule qui participe ou foule qui commente, foule attentive ou foule dissipée, foule contenue ou foule hystérique ...   

Des textes publiés il y a un siècle mais qui sont toujours d'actualité ... 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Après l'affaire de la rue Ordener

Il y a quelque chose là-bas... C'est plus loin que la foule, arrêtée par un
barrage d'agents et de gardes de Paris, et qui se répand en ruisseaux inégaux
sur les bas-côtés de la route, qui stagne en longues flaques noires... C'est
derrière la poussière siliceuse et lourde qui vole comme l'écume des vagues...
Il y a quelque chose là-bas, à droite de la grande route, quelque chose que tout
le monde regarde et que personne ne voit...4

Je viens d'arriver. J'ai déployé tour à tour, pour me pousser au premier rang,
la brutalité d'une acheteuse de grands magasins aux jours de solde et la
gentillesse flagorneuse des créatures faibles : « Monsieur, laissez-moi
passer... Oh! Monsieur, on m'étouffe... Monsieur, vous qui avez la chance d'être
si grand... » On m'a laissé parvenir au premier rang parce qu'il n'y a presque
pas de femmes dans cette foule. Je touche les épaules bleues d'un agent -un des
piliers du barrage -et je prétends encore aller plus loin :

-Monsieur l'agent...

-On ne passe pas!

-Mais ceux-là qui courent, tenez, vous les laissez bien passer!

-Ceux-là, c'est ces messieurs de la presse. Et puis c'est des hommes. Même si
vous seriez de la presse, tout ce qui porte une jupe doit rester ici tranquille.

-Voulez-vous mon pantalon, madame? suggère une voix faubourienne.

On rit très haut. Je me tais. Je regarde la route, barrée de tourbillons
intermittents. Je vise, comme tout le monde, un point presque invisible derrière
la poussière et le rideau d'arbres : une bicoque grise, l'angle de son toit posé
de biais... Je piétine sur place, en proie à une agitation badaude :

-Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce qu'on a déjà fait? Où sont-ils?
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J'ai vu passer devant nous, tout de suite avalés par des tourbillons lourds, trois coureurs minces : dos noirs et jaunes, chiffrés de rouge, trois êtres qu'on dirait sans visage, l'échine en arceau, la tête vers les genoux sous une coiffe blanche ...
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Paris se déroule sous nous. On l'a photographié si souvent du haut du ciel, que je le reconnais aisément ; le réseau compliqué de ses voies, ses places en étoile, son fleuve et ses îles forment un plan déjà familier
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Les longs bras, sinueux souvent comme l'herbe dans l'eau courante, dressent vers le ciel et parfois joignent deux mains très petites, délicates, à demi-pliées, et qu'on croirait molles, si elles ne rendaient, en s'abattant sur la table, le son dur de deux crocs de fer
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Guère de peur, point de mal. Tout l'intérêt va au ballon qui gît, flasque, à à la belle bulle crevée que chacun de ses atterrissages barbares tue, qui palpite encore et que chaque sursaut vide un peu plus de sa force agonisante.
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