Colette l'insoumise, la sulfureuse, icône de la belle époque !
Il était temps que je lise "
Le blé en herbe" qui me faisait de l'oeil puisque Colette la femme de lettre, maîtresse de l'autofiction scandaleuse au regard de son extraordinaire vie de libertinage tant physique qu'intellectuelle, fait de ce roman un des reflets de ses métamorphoses qui met en évidence sa relation amoureuse avec le fils de seize ans de son mari Henri
Jouvenel, elle en a alors quarante sept. ( "
Chéri" traitant également de ce sujet a été écrit à cette même période)
Le mois d'août en Bretagne dans la baie de Saint-Malo, Phil, seize ans et Vinca, quinze ans, vivent leurs émois amoureux comme chaque été.
Gestes gauches, attitudes empruntées et phrases inélégantes viennent dorénavant troubler les derniers jours avant leur séparation de septembre. Des pensées inconsidérées viennent ponctuer l'injustice de leur emprisonnement dans un âge subordonné face à la liberté d'un amour vorace né trop tôt.
Ne serait-il pas aussi séduisant de mourir que de vivre séparés ?
(Passage à vide que Colette a bien connu avec Willy, son mentor et premier mari.)
Puis cette flamme incandescente , celle rencontrée aux abords d'un chemin, cette femme d'âge mûr, vêtue de blanc, les lèvres rouges, aimant "les mendiants et les affamés ", l'ivresse de Phil qui se découvre homme, lui, qui confondait amour et possession, découvre la brûlure et la trahison.
Colette s'empare du sujet brutal qu'est le passage de l'enfance à l'âge adulte, la découverte de la sexualité, du désir mais aussi de l'amertume et de la tristesse face à la perte de l'innocence.
"
Le blé en herbe" fredonne cet air distillant la cruauté du temps qui passe tout en caressant avec un appétit vorace, la vie.
Un charmant roman.