Le Blé en herbe

Un des 5 livres qui composent un corpus donné à analyser dans le cadre de leurs études universitaires à des étudiants américains séjournant en France durant cet été 2016. Ils doivent "plancher" sur les romans évoquant l'adolescence à la Belle époque ( et donc, outre celui-ci, le Diable au corps, les Faux Monnayeurs , la Prisonnière,et Claudine à l'école )
Ne l'ayant jamais lu, je me devais de le lire pour pouvoir éventuellement en discuter avec Andrea.
Que retenir de ce petit livre - 126 pages- Bien sûr la prose de Colette, simple, lumineuse, harmonieuse, son vocabulaire.
Ces deux adolescents Phil (Philippe) et Vinca , diminutif de Pervenche (qui vient du latin Pervinca) sont aux antipodes de ceux d'aujourd'hui . Vinca fait de la couture à la veillée et Phil joue aux dominos et se fait "draguer" en buvant de l'orangeade ! Et pourtant au-delà des usages surannés, les comportements , les états d'âme, les sentiments , les tourments, le besoin de transgression, de liberté... restent identiques à l'adolescence du XXI e. Vinca est la vraie héroïne du roman, celle qui comprend sans voir, qui ressent sans tout connaitre. Mais Vinca me fait peine, je pressens qu'elle deviendra une femme sacrifiée (pas d'étude, mariée trop tôt...) Personnellement je préfère Claudine plus frondeuse, plus insolente, toujours actuelle !

Voilà ce que c'est qu'un roman ! Des passions, des sentiments épiques, des sensations vibrantes dans un paysage vivant - et tout cela sans qu'il ne se passe rien ! Comment fait-on pour lire ce qui ne s'attache à rien et où le lecteur n'a pas de prise : les personnages vivent pour eux-mêmes et n'ont rien à prouver à personne, le conteur s'efface derrière les nuées, les envolées lyriques de ses personnages et le bourdonnement du ressac... Que c'est frais ! Que c'est vivant ! Que c'est entraînant ! Pour un peu, on sentirait la mer, on verrait les genêts, la bruyères, les rochers et les flaques laissées par la marée... et quel vocabulaire ! Il n'est pas certain que tous les agencements de mots se laissent facilement appréhender à qui voudrait chercher l'animal dans le coquillage, mais c'est peut-être de là que naît le sens : sans même qu'on ait cherché à le cerner ; les phrases ici, comme les passions, s'écrivent avec le coeur et inspirent si aisément qui veut bien les lire avec le sien...

Un petit classique de temps à autre pour changer de la littérature jeunesse actuelle.

J'ai beaucoup aimé ce roman de Colette, malgré ses tournures désuètes et alambiquées et la condition sociale des femmes évoquée en ce début de 20ème siècle.

J'ai trouvé qu'il s'en dégageait beaucoup de poésie et de mystère. Les phrases pas toujours claires (peut-être est-ce parce que je suis lectrice du 21ème siècle?) reflètent pour moi la confusion des sentiments et des sensations de l'adolescence où rien n'est vraiment défini, ni mis en mots ou en forme.
Philippe se laisse porter vers la Dame en blanc par un désir obscur et non clairement formulé.
Il y a beaucoup de non-dits, de flottement, de zones de flou dans le récit qui ne montre que ce que Philippe, protagoniste principal de l'histoire, perçoit du monde et des autres (les parents apparaissent parfois dans le tourbillon des sentiments confus de l'adolescent uniquement comme des ombres).
Il interprète le monde, Camille et Vinca selon ses désirs et sa vision des choses et on le voit, ce n'est pas toujours exact.

Le détachement des plaisirs d'enfance, le désarroi face à l'avenir, la révolte contre l'impuissance de leur âge m'ont semblé justement décrits pour caractériser l'adolescence dans ce roman.
Cependant, même une fois le livre achevé, les êtres et les événements gardent leur part d'inconnu; c'est ce qui fait pour moi le charme de ce livre.

J'ai trouvé la fin ouverte : on se sait pas ce qu'il va advenir de Philippe et de Vinca, de leur relation et c'est peut-être cet élément qui fait que le roman a fait sensation. Rien n'est écrit pour le couple principal, ni leur avenir commun, ni leur avenir professionnel....
Cela et le fait que le roman évoque la relation entre un jeune homme et une femme plus âgée et la perte de virginité d'une jeune fille.

D'ailleurs, le personnage de Vinca me laisse mitigée : elle est trop docile, trop soumise à mon goût, même lorsqu'elle découvre le secret de Philippe.
Parce que j'aime les personnages féminins forts, j'aime à penser que lorsqu'elle cède à Philippe malgré la trahison de ce dernier, ce n'est pas pour le retenir à son tour mais pour faire tribut à son amour d'enfance et en finir avec cet infidèle, et ensuite continuer sa vie en refusant le destin tracé par sa mère. Bon, je suis très optimiste.

En résumé, un ovni parmi mes lectures habituelles mais j'en garderais un bon souvenir.

A partir de 15-16 ans

Cinq francs pour tout un monde, cinq francs!
Voilà ce que je vous dirais si, libraire soudainement devenue, je vous tendais ce livre, l'air entendu.

Cinq francs seulement, pour le vent dans les cheveux,
les genoux hérissés de sable
et les longues soirées d'été.

Cinq francs,
- cent pages à peine,
pour l'enfance bénie,
les amitiés sans fin
et les bains de mer du matin.

Pour les cheveux brûlés par le soleil,
la peau goûtant le sel,
et les victuailles d'un pique-nique
dans un panier en osier rassemblées.

Cent pages à peine pour un amour qu'ils croyaient inaltérable.
Pour un regard,
mille regards,
des sensations,
des odeurs, des couleurs et des évocations.

Lire Colette c'est plonger dans un monde parallèle.
Un monde dans lequel rien n'est anecdotique,
un monde dans lequel on voit, on entend, on sent avec des sens plus affutés qu'une lame.
C'est s'enfoncer dans une langue touffue, précieuse et recherchée.

Lire le Blé en herbe c'est s'éveiller à une sensualité infinie,
c'est contempler l'enfance laisser la place à l'âge adulte,
avec délicatesse et finesse.
Et regarder en face la douloureuse initiation à l'amour
que peut être la vie.
Lien : https://www.mespetiteschroni..

J'ai aimé le style élégant, précis de Colette, d'une époque où l'on savait nommer chaque plante, reconnaître le parfum de chaque fleur ; je me suis gentiment ennuyé en assistant aux minauderies des deux amants en herbe et en lisant leurs soliloques envahissants. Je préfère les actes qui expriment les pensées plutôt que les pensées qui commentent les actes. Ma curiosité a été enfin aiguisée quand a surgi la Dame en blanc avec son cortège de mystère et de séduction.

Colette. le blé en herbe. 1923. Ed. Librio. 96 p. 5 étoiles.
Les vacances en Bretagne. Bord de mer. Il a 16 ans et demi, elle en a 15. Ils se connaissent depuis l'enfance. Doux émoi des premiers jeux de l'amour…
Le soleil, les nuages, le vent, la nature, les fleurs,…Colette a le don de nous les jeter aux sens qui s'en retrouvent régulièrement doucement excités : la vue, l'odorat, le toucher,…
Sa manière sensuelle et poétique soutenu par un style littéraire inégalable.
Son écriture persévère en beauté. Je suis subjugué.
Elle ne me laisse pas lâcher le livre. Je veux encore goûter mes sens et mes souvenirs exacerbé par le plaisir de lire. Ses écrits dégagent comme une magie presqu'indescriptible car je n'ai pas envie de chercher ce qui me plaît dans les romans de Colette…
Ici encore la plage sauvage, la pêche, le farniente, les dialogues. Et l'amour. Adolescent. Et malgré tout parfois tellement adulte par les attitudes, les réflexions déjà matures, presque philosophiques…
Les 2 familles se connaissent et les parents connaissent tellement (peu) leurs enfants. Ils s'agitent comme des Ombres loin de la réalité de la vie de ce couple potentiellement en devenir…
Ils envisagent peut-être le mariage de leurs enfants : « ils s'entendent tellement bien, depuis si longtemps »…
Mais, le garçon pourrait se sentir attiré par une femme d'âge mûr (32 ans). Colette a toutes les raisons de bien connaître ce personnage…
Que va-t-il se passer ?
A vous de découvrir ce magnifique livre sensuel, juste, qui fait du bien quand le soleil se fait timide depuis plusieurs mois d'automne et d'hiver.
Un roman à faire précéder ou suivre par la Chatte. babelio.com/livres/Colette-La-Chatte/7016/critiques/3815939.
Ou/et pour rester dans une énergie assez semblable : babelio.com/livres/Baricco-Soie/1605/critiques/3815873
Le hasard a fait que je les ai lu à la suite…Magnifique.

Première fois que je lis un roman de Colette et quel style ! Je suis ravie, je vais en lire d'avantage sans tarder !

Jolie histoire qui relate l'amour entre deux adolescents, amis depuis l'enfance et qui ne peuvent plus cacher leurs sentiments. Seulement voilà, Phil découvre la sexualité en premier et avec quelqu'un d'autre...

L'écriture m'a beaucoup touché et traite ce sujet avec intelligence et complexité.

Je voulais relire du Colette et j'ai choisi celui-là parce qu'il racontait une histoire. Erreur ! D'abord parce qu'en général je n'aime pas les romances. Mais comme je savais que ce court roman de 1923 avait eu en son temps la réputation d'un livre audacieux, aussi sulfureux que «Le diable au corps» que je trouve excellent, j'ai essayé de le lire.
L'audace est celle de raconter la découverte de l'amour physique par deux jeunes adolescents (15 et 16 ans) qui sont amis depuis l'enfance et s'aiment. le jeune garçon se laisse tenter par une dame qui a le double de son âge…
Par son sujet, un siècle après, ce sujet est complétement dépassé, les personnages nous paraissent stéréotypés. Alors que Colette a la réputation d'une anticonformiste et d'une avant-gardiste, Vinca nous semble représenter l'idéal d'une femme épouse et mère de famille d'autrefois.
Reste la langue, magnifique (en dehors des dialogues, heureusement peu nombreux). Chaque phrase est soigneusement ciselée. Colette sait nous faire ressentir par les sensations décrites l'ambiance de vacances d'été en Bretagne, on a l'impression d'être à Cancale avec eux.

La langue délicieusement maitrisée de Colette, tantôt délicate tantôt brutale, est parfaitement adaptée aux paysages bretons côté Manche que je chéris personnellement avec tant d'amour véritable. Cette ode aux senteurs, aux couleurs, au climat bretons est enivrante et réconfortante à la fois.

Mais elle raconte surtout les émois de deux adolescents, Vinca et Philippe, qui se connaissent et s'aiment depuis toujours. Et si personnellement, l'adolescence ne m'intéresse pas, voire me dérange (d'où l'unique bémol que j'apporterais à ce magnifique tableau), je dois reconnaitre que l'autrice tape juste sur les sentiments, l'orgueil, le sens déplacé de l'honneur, la recherche d'intensité et l'égocentrisme exacerbé de ces années pourtant si innocentes.

Un très beau livre, vite dévoré.

Après avoir eu l'occasion d'étudier Colette en cours de littérature pendant mes années fac à travers La maison de Claudine, j'ai voulu approfondir ma découverte de cette auteure et c'est sur le blé en herbe que je me suis arrêtée.

Bien que ce roman ait vieilli, je pense que le sujet reste d'actualité puisque Colette offre une analyse détaillée des joies et épreuves difficiles liées à l'adolescence sans oublier l'impatience de devenir adulte que l'on ressent souvent à cette période. Tout est là. Bien sur, au 20ème siècle, tout est poésie. Colette sait représenter cette période difficile qu'est le passage de l'enfance à l'adolescence de façon légère et secrète comme un murmure à notre oreille puisqu'il faut bien souvent lire entre les lignes pour bien tout saisir. C'est là tout le charme des livres de l'époque à la différence de la littérature et du cinéma d'aujourd'hui où tout est exprimé clairement. Il est donc important selon moi de lire ce roman en pensant à l'époque où il a été écrit.

Phil et Vinca, deux amis d'enfance vont donc ensemble connaître ce passage à l'adolescence : le corps qui change, l'éveil au désir, l'envie de devenir adulte, de posséder l'autre etc.
le Blé en herbe c'est une jolie histoire nostalgique mettant en avant une des épreuves les plus difficiles de la vie : dire au revoir à l'enfant que l'on est et supporter les difficultés de l'adolescence.