Attention, thriller.
Les lecteurs seront immédiatement placés dans la posture de témoins avec la 1ère de couverture. Nous assistons probablement à une tentative de meurtre.
Nous le voyons en contrebas d'un immeuble, une jeune femme tient en respect une victime avec une arme, cette dernière est laissée dans le secret, dissimulée par l'angle du mur.
L'auteur ne laissera pas planer d'avantage de questions inutiles, la quatrième de couverture nous dit qu'il s'agit là de notre héroïne en position armée.
Nous pourrions insister, supposer, il pourrait être encore possible que Kayren soit en mode de défense, c'est une héroïne, ce que nous voyons là à distance pourrait être sujet à interprétation.
Mais non, le résumé le dit "noir sur blanc", Kayren doit remplir un contrat et bel et bien tuer quelqu'un.
Choc!
La situation est n'est pas tendue mais elle est complexe.
Le frère aîné de Kayren se lie à la Triade chinoise pour des petits boulots mais il doit s'acquitter finalement d'une tâche plus mortelle que prévue, sans quoi cela se soldera par sa propre vie à donner en échange.
À pactiser avec le diable, il fallait s'attendre à se brûler.
La situation est curieuse, improbable, comment une jeune femme de 20 ans, mère célibataire, peut-elle se trouver en position à remplir le contrat à la place de son frère et ceci la forçant à devenir une criminelle?
Kayren est une fille sans histoires, une âme un peu blessée par la sienne (d'histoire), mais une personne ordinaire, une employée d'entreprise lambda.
Comment le pas fut-il franchi?
Fabrice Colin adopte un ton distant, le quotidien de Kayren manque sciemment d'un petit supplément d'âme.
Nous sommes dans une narration externe, des descriptions courtes et détaillées des faits et gestes de Kayrennous sont données, sans pour autant effleurer la chaleur d'une intimité.
Une froideur banalisée qui nous ferait douter, adhérer à l'hypothèse d'un personnage possiblement sans scrupules tapi au dedans.
Tandis que son frère se montre affolé, Kayren se donne une mission d'honneur à le tirer de ce mauvais pas.
" Elle respire un grand coup
-Fais ce que je te dis, grand frère. Rentre chez toi. Soigne ta main. Je m'occupe de Chao He..."
Kayren a t-elle le sang froid du serpent?
Nous oscillons entre l'acte généreux de sacrifice et quelque chose de plus douteux qui rendrait le geste de Kayren moins courageux.
Des flashbacks et quelques indiscrétions viendront un peu éclaircir sur la personnalité de Kayren.
Colin marque le passé de Kayren de beaucoup d'absences, la mort de sa mère, la disparition du père de son enfant après sa demande de mariage.
Nous sommes intrigués par le personnage.
Fabrice Colin précipitera rapidement les événements comme une logique implacable, les rouages seront lancés, les dés jetés et d'un claquement de doigt c'est au tour de Kayren d'être enrôlée sans mot dire.
L'acte perpétré contre le restaurateur (la cible) signera pour la jeune fille automatiquement au bas d'un contrat
invisible et la cible se déplacera sur son enfant, le parfait levier pour mener la soldate au pas.
Nous sommes pris par la lecture, complètement ferrés.
" La nuit tombe sur Hong Kong et elle se met à trembler.
" Ils" l'ont coupée du monde.
" Ils" ont pris sa vie et l'ont déchirée en une pluie de confettis...".
Nous nous demanderons si les prédispositions hors norme de Kayren, pour les situations de crise, et son self-contrôle pourraient la tirer d'un piège aussi inextricable.
Attention, jeunes lecteurs, c'est une mafia, une hydre dont en coupant une tête deux repoussent.
Ces nouveaux employeurs semblent avoir des yeux partout et deux coups d'avance.
Le reste du roman est une aventure sous contrôle et nous avons envie de savoir comment tout cela va finir, comment tout cela peut finir.
Et vous?
Pensez-vous que la survie vous dote d'un instinct, d'un véritable sixième sens?