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sur 594 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Vous connaissez Sandrine Collette ?
Mais si, elle écrit des guides touristiques.
Elle vous envoie visiter des endroits insolites avec montée d'adrénaline garantie.
Elle vous invite à dormir dans des endroits et dans des conditions que vous n'auriez jamais imaginé.
Elle vous enchaine dans une cave.
Vous l'accompagnez en vendanges.
Vous affrontez les rigueurs du froid et de la neige en haute montagne.
Elle vous fait découvrir la Patagonie.
Et puis les nuits dans les logements insolites, elle vous y entraîne aussi, dormir dans une carcasse de voiture, ça vous dit ?
Elle va même jusqu'à vous inviter en croisière sur un mini-bateau dans une eau déchaînée.
Dans son nouveau catalogue de petits plaisirs pour grands frissons elle vous emmène à la chasse. Mais attention, on est bien chez Sandrine Collette,  on part pas chasser la caille et le perdreau, ah non, on chasse le gros, le lourd, le dangereux. Je vous l'ai dit, faut que vous en ayez pour votre argent.
Que vos poils se hérissent.
Que votre tension atteigne les sommets.
Que votre sang se fige.
Bref bienvenue dans... Animal.
En grande professionnelle, Sandrine choisit les meilleurs endroits du monde, pour la beauté du lieu, l'exotisme, le dépaysement. Ici, elle vous entraîne donc entre le Kamtchatka et le Népal. Ça vous plaît ?
Ah ! Y a un truc que j'ai noté chez Sandrine Collette, elle adore les enfants... elle les adore tellement que je me demande si elle en mange pas.......
Animal ça commence par une histoire d'enfants justement. Un petit garçon et une petite fille que Mara, une jeune veuve, va sauver d'une mort certaine et tenter d'élever.
Animal c'est Nun et Nin, que la vie réunie puis.... mais chut ! Je n'en dirai pas plus.
Surtout que dans Animal, il ne faut pas faire de bruit. Il ne faut pas attirer la bête.
Alors un conseil, faites vous discret. Tournez les pages lentement. Mais soyez sur vos gardes, on vous guette.
Vaincre sa peur en l'affrontant c'est le défi que se lance Lior. Elle veut se confronter au  plus bel animal du monde, le plus dangereux, capable de vous ôter la vie d'un coup de patte.
Enfin, sous la plume de la romancière, le plus dangereux, il a souvent deux pattes.
En tout cas, après nous avoir bien promené dans cette partie du monde, ses forêts,  ses lacs, sa nature, sa beauté et sa misère, Sandrine Collette nous réserve ici une fin... inattendue.
Quand à moi, puisqu'une fois de plus j'ai survécu, je ne défais pas mes valises, je suis prêt pour le prochain périple,  alors dites-moi Sandrine, on va où maintenant ?
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Un grand merci à Babelio et aux éditions Denoël...

Au coeur de la forêt népalaise, Mara découvre, un soir, un garçon attaché à un arbre. Elle sait ces enfants abandonnés, livrés à eux-mêmes, que plus personne ne veut. Elle n'aurait pas dû le détacher et l'emmener avec elle. Mais c'est plus fort qu'elle. Par curiosité, elle y retourne le lendemain soir. La fille, elle, se débattait, essayait de défaire la corde qui la retenait à l'arbre. Sans argent, à peine de quoi manger, elle décide d'aller s'installer en ville, avec Nun et Nin. Mais, très vite, les enfants trainent dans les rues, chapardent les commerçants et désertent l'école. Ils ont beau aider Mara pour s'en sortir, l'argent manque cruellement. Aussi, la jeune femme décide-t-elle de faire le chemin en sens inverse et retrouver la forêt. Mais, cette fois-ci avec un seul enfant. Laisser Nin afin de lui donner une chance, à elle, de s'en sortir...
Vingt ans plus tard, un groupe de sept chasseurs arpentent les volcans du Kamtchatka. Parmi eux, Lior et Hadrien, un couple parisien. La jeune femme est fascinée par la chasse, la traque de l'animal. Elle n'est plus la même de par son côté animal...

Au fil de ses romans, Sandrine Collette fait montre d'une imagination débordante, d'un dépaysement total et d'une maîtrise irréprochable. Son dernier opus ne déroge pas à la règle... Avec Animal, elle nous emmène au fin fond du Népal où l'on fait la connaissance de Mara, une jeune veuve qui recueille deux enfants en proie à un terrible destin, puis sur la péninsule volcanique de Kamtchatka où l'on suit une chasse à l'ours en compagnie, notamment, de Lior et Hadrien. Une traque tendue à l'issue incertaine. Une traque au cours de laquelle homme et animal se jaugent, s'affrontent. Au coeur de cette nature omniprésente, presque écrasante et étouffante, véritable personnage à part entière, l'auteur donne aussi bien la voix à Lior et Hadrien qu'à l'ours. Qui est le plus animal d'entre eux ? le plus prédateur ? En trois parties bien distinctes et au dénouement inattendu, ce roman noir, terriblement oppressant, à l'ambiance particulièrement tendue et sauvage, se révèle tout aussi addictif qu'éprouvant. L'écriture, riche et soignée, dépeint avec profondeur les rapports entre les hommes et leur interaction avec la nature et l'animal.
Un récit remarquable et saisissant !
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La chasse où l'homme se mesure à plus fort pour se prouver à lui-même, et tue pour assouvir un plaisir narcissique en fait bien sûr un prédateur presque unique dans l'espèce animale, et aussi le plus dangereux. Mais voir la chasse seulement comme une victoire sur l'animal qui serait d'une cruauté gratuite est réducteur. La chasse est un instinct de l'homme qui lui vient de la nuit des temps, quand il était indispensable à sa survie. Un instinct dont dépend aujourd'hui encore dans des régions reculées du monde la pérennité de leurs populations.

Sandrine Collette nous convie sur la piste des tigres au coeur de la forêt au Népal, après une chasse à l’ours au Kamchatka où hommes et bêtes s'affrontent dans une lutte à mort. Un combat où il arrive que l'intelligence de l'animal surpasse l'instinct de l'homme... et mette sur un pied d'égalité chasseur et proie, au point parfois d'inverser les rôles. Une histoire dont l'anthropomorphisme, les longueurs et les invraisemblances ont fait que je n'ai ni vibré, ni ressenti d'émotion à sa lecture, mais qui a le mérite de nous pousser à nous interroger sur la prédation et la part d'animalité de l'homme. Ce qui ne sont sûrement pas de vains sujets.

« À cette pensée, à ce mot, Lior chancelle.
Tigre.
L’image de la bête somptueuse et terrifiante à la fois l’envahit. Elle a les mains qui tremblent, la gorge qui palpite. Elle a les yeux qui brillent. Elle se déteste. »

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Quand j'ai découvert que ce dernier roman de Sandrine Collette allait nous plonger dans l'univers de la chasse, j'ai d'abord eu un mouvement de recul.

J'étais effrayée d'avance à l'idée de devoir lire des scènes d'animaux agonisants sous l'oeil victorieux d'êtres humains.
Point sensible chez moi.
Mais heureusement, la plume de l'auteure est beaucoup plus subtile que cela.

Le roman est relaté en deux parties bien distinctes : le livre I et le livre II.

Dans le premier, on accompagne un groupe de sept personnes pour une longue partie de chasse d'une semaine au Kamtchatka.
Évidemment, rien ne se déroule comme prévu.
J'ai pensé aux Six fourmis blanches avec ce groupe qui part s'isoler en pleine nature.
Mais ici l'ambiance est beaucoup plus sauvage.
On suit notamment un couple parmi les chasseurs, Hadrien et Lior.
J'ai trouvé original le fait que l'auteure alterne les points de vues entre Hadrien et l'ours, l'animal traqué.
Cette introspection dans la peau de ce gros mammifère est vraiment captivante.
La tournure en catastrophe de cette première partie du roman est enivrante.
On se sent transporté dans les magnifiques paysages volcaniques de la péninsule russe, avec cette partie de chasse nous tient en haleine jusqu'au bout.

Le second livre est totalement différent.
Comme dans le prologue, on replonge au Népal bien des années plus tard.
Nous suivons toujours le point de vue d'Hadrien, mais cette fois le second est celui de Nun, un personnage rencontré au début du roman.
L'histoire continue après la fameuse partie de chasse, mais ici le récit change complètement de rythme.
Tout devient plus lent.
Lior est alors le personnage central.
On assiste à ses tourments où les fantômes de son passé tentent de resurgir. Trouver l'origine de ses peurs viscérales, tel est son combat.
Même si l'auteure décrit longuement les affres de Lior et en parallèle la bataille de Nun pour mener sa vie, avec en prime une fresque du passé, je ne me suis pas ennuyée.
Par contre, dans les deux parties du roman j'ai trouvé le personnage d'Hadrien un peu trop indulgent par moment vis à vis de Lior. Tandis que celle-ci de son côté m'a parue excessivement entêtée et individualiste.
Je n'ai pas ressenti de réel attachement pour les personnages même si leur psychologie est très bien travaillée.
Concernant l'écriture, on reconnaît bien le style rustique de l'auteure.

Je ne m'attendais pas à cette fin qui m'a assez surprise.
Outre le message véhiculé, ce roman possède selon moi un fond anthropologique très marqué qui nous pousse à la réflexion.
On s'interroge sur les différents comportements instinctifs, où la frontière entre l'homme et l'animal n'est pas si éloignée que l'on voudrait bien le croire.
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Cette fois, Sandrine Collette nous emmène au Népal, où Mara, jeune veuve d'une trentaine d'années vit dans une certaine précarité dans une cabane au pied de la montagne.
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Là-bas, les prédateurs les plus redoutés sont les tigres, nombreux dans la région.
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C'est alors qu'on découvre une pratique assez stupéfiante, dont on n'aura l'explication qu'en fin de livre. Il y aurait trop d'enfants dont personne ne veut, donc les habitants s'en débarrassent.
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Un soir, Mara découvre un petit garçon attaché à un arbre. Au mépris du danger, puisque c'est strictement interdit, elle détache l'enfant et l'emmène. Elle y retourne le lendemain, et cette fois c'est une petite fille qu'elle détache également pour la ramener chez elle.
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Deux enfants sauvages de 4 ou 5 ans dont personne ne s'est jamais occupé. Ils n'avaient même pas de prénom. La petite fille s'appellera Nin, et le petit garçon Nun.
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Mais ils ne peuvent pas rester là et très vite, Mara décide de se munir du strict minimum et d'aller s'installer en ville avec les petits pour se noyer dans la foule. Mais la vie y est très difficile, les enfants n'obéissent pas, se bagarrent, chapardent, ne vont pas à l'école, et survivre avec les faibles revenus de Mara qui se fait exploiter est impossible,
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Mara ne voit comme solution que séparer les deux enfants, et elle abandonne la petite Nin dans un hôpital, retournant s'installer dans ses montagnes avec Nun.
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Les années passent, Nin, désormais "Lior" est devenue une chasseuse hors pair, les sens aussi aiguisés que ceux des animaux sauvages qu'elle traque. Nous la découvrons mariée à Hadrien qui l'aime plus que tout, et les amoureux partent à la chasse à l'ours accompagnés d'un couple d'amis, de deux hommes, et bien entendu, d'un guide.
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Dans la première partie du livre, l'un des narrateurs est Hadrien, le mari de Lior qui déteste la chasse mais suivrait sa bien-aimée jusqu'au bout du monde, et l'autre est... l'ours qu'ils poursuivent. J'ai vraiment aimé toute cette partie, et me retrouver dans la tête de l'ours en particulier était vraiment savoureux.
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Je ne vous en dirai pas plus mais c'est au retour de cette partie de chasse que tout barre en sucette. Un déclic s'est produit chez la jeune femme qui décide subitement de découvrir ses origines, à savoir ce qu'il s'est passé avant son adoption puisqu'elle a tout oublié, hormis sa terreur apparemment irrationnelle des tigres.
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Et voilà notre couple de retour au Népal, arpentant la ville en partant de l'hôpital où elle a été recueillie, allant d'un endroit et d'une rue à l'autre dans l'espoir de faire revivre ses souvenirs.
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Cette partie est d'une longueur... on tourne en rond, on s'ennuie, du moins moi je me suis ennuyée. Jusqu'au moment où Nin décide d'aller affronter sa plus grande peur, les tigres dans leur milieu naturel, et en plene nuit.
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Entretemps, nous retrouvons Nun, retourné à la cabane avec Mara. Suite à divers événements, il est devenu un chasseur de tigres redoutable, vit en ermite et à l'état sauvage ou pas loin et tout le monde le redoute. Lui par contre n'a pas oublié Nin, dont il ne cesse de regretter l'absence.
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Et alors là, sur la dernière partie du livre, ce n'est pas seulement tiré par les cheveux, mais toute la perruque m'est restée dans les mains.
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Pour couronner le tout, cerise sur le gâteau, nous avons droit à une fin ouverte, ce qui ne m'a pas vraiment surprise du fait de l'improbabilité complète des événements qui se succèdent juste avant. Mais bon, l'auteure aurait pu s'en tirer autrement à mon avis.
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Alors que dire... j'étais très déçue par la seconde partie du livre et par la fin, mais le début et la partie de chasse étaient tellement prenants que j'ai du mal à déterminer si j'ai aimé le livre ou pas. On va dire un petit "oui".
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L'auteure a quand même réussi l'exploit de me faire lire un roman qui parlait de chasse et que je n'ai eu envie de refermer à aucun moment. Pourtant, ce n'était pas gagné au départ puisqu'à la lecture de la 4e j'ai failli faire l'impasse sur le livre pour cette raison. Mais vous comprendrez pourquoi si vous le lisez.
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Je vous invite à vous faire votre propre avis, étant bien incapable de le conseiller autant que l'inverse, parce que cette première partie est tellement fabuleuse qu'elle vaut le coup d'être lue, même si la dernière centaine de pages m'a déçue.
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Et puis la qualité de la plume vaut le détour, même lors des passages les plus improbables, ou ceux que j'ai trouvés un tantinet lassants, alors j'aurais tendance à conseiller quand même la lecture de ce roman.
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Collette, c'est toujours aussi chouette.

Mais pas franchement marrant, par contre.

Il y a vingt ans de cela, ils étaient deux gamins, promis à une mort certaine, qu'un ange gardien prénommé Mara sauva d'un très sale karma, ascendant mort violente.
Aujourd'hui, ils sont un.
Chacun de son côté, occupé à démêler les fils d'un destin facétieux et pas franchement équitable.

Animal, c'est avant tout une chasse.
De celles, homériques, qui vous laissent le souffle court et des frissons rien qu'à y repenser, pour peu que la proie visée vous consente ce futur loisir.
Lior semble ne vivre que pour cela.
Seek and destroy !
Possédée par une sorte de folie jusqu'au-boutiste, elle ne laisserait pour rien au monde cet ours s'en sortir indemne après tous les outrages subis par le groupe.
Quel rapport entre tous ces personnages me tancerez-vous?
Et si vous alliez faire un p'tit tour du côté de chez Collette, pas très loin de chez Swann, afin de mettre les points sur les T et les barres sur les I...

D'une animale humanité, et vice et versa, ce nouveau Collette séduit, encore, comme s'il pouvait en être autrement.
Passant, avec une aisance consommée, de la montagne à la vigne, d'une casse mortifère au Népal, Collette fascine de par sa faculté à se réinventer. Petit bémol sur la vigne et la vague (penser à éviter les titres contenant des mots en v) qui n'engage que moi mais que je partage sans réserve.

Récit d'une renaissance, d'une quête identitaire, Animal questionne le chaland tout en le divertissant.
Même si ours et tigres semblent bien plus choupinou en peluche, ils semblent n'avoir rien à envier à l'humain en matière de bestialité.

Animal ou l'histoire de trajectoires hors norme qui n'appellent qu'un seul et unique adjectif : énorme !
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« Animal » est un roman d'instinct et de survie.
De l'animal.
De l'homme.

« Comme lui, l'homme armé d'un fusil n'a pas de prédateur dans la nature. Alors l'ours a décidé de lui en faire un. »

*
Le prologue s'ouvre sur une femme, Mara. Elle découvre, dans la forêt népalaise, deux jeunes enfants attachés à un arbre. Elle les délivre tout en sachant qu'elle commet une grave erreur et, la peur au ventre, elle s'enfuit avec eux.
Le lecteur ne peut que se demander pourquoi de si jeunes enfants étaient enchaînés à un arbre, voués à être dévorés par les bêtes sauvages.

Une vingtaine d'années plus tard, un groupe d'amis chasseurs part dans les terres isolées et sauvages du Kamtchaka, pour débusquer et tirer sur des ours bruns. Parmi eux, Lior, une jeune française, passionnée de chasse, attirée par la traque du gibier.
Le chasseur et sa proie.

« le claquement métallique de la culasse le saisit et le rassure, le verrouillage du loquet, l'arme est prête. D'un coup, il comprend le sentiment de puissance des hommes lorsqu'ils tiennent une de ces carabines avec l'intention de s'en servir, la certitude d'être à l'abri, intouchables, increvables. »

Et puis, les rôles se brouillent, se fondent.
Le chasseur devient également proie.
Et, tout d'un coup, l'atmosphère s'épaissit, devient vite terrifiante, oppressante. L'ours joue avec les chasseurs, les surpassant par ses connaissances de la montagne, ses réactions, son instinct de survie, sa vélocité.

« En vérité, jamais elle n'avait eu aussi peur.
C'était d'ailleurs bien au-delà de la peur, là où il n'y a plus de mots. L'instant où les pensées s'effacent et où le coeur s'arrête. Une sorte de vide absolu, où l'on n'est plus tout à fait vivant et plus tout à fait un homme. le moment où les gestes ne se font plus alors même qu'on les connaît depuis toujours, où les yeux voient sans qu'il se passe rien, parce que l'âme s'est mise en suspens. Un retrait de soi-même. »

*
Sandrine Colette maîtrise parfaitement l'intrigue et impose son rythme, offrant autant de pauses contemplatives que de poussées d'adrénaline.
L'écriture très évocatrice et rythmée se traduit par des successions d'images qui ajoutent à cette atmosphère étouffante.

L'auteure a une écriture très singulière, jouant avec les phrases, alternant des moments descriptifs et des moments de tension où le lecteur vit au rythme de la chasse.
Alternance de phrases longues qui nous mettent dans l'ambiance et de phrases courtes qui secouent et empoignent le lecteur.
L'intrigue, bien construite, dynamique, m'a tenue en haleine jusqu'au bout et le dénouement, inattendu, m'a saisie.

« Au fond, c'est Vlad qui avait raison quand il disait que rien n'était gagné d'avance, ni pour les hommes ni pour les ours.
Cela se joue jusqu'au dernier moment.
Jusqu'aux dernières blessures.
Et à l'instant ultime de l'épuisement. »
*
Chaque chapitre s'ouvre sur un des protagonistes de l'histoire, ce qui nous permet d'entrer dans la psychologie de chacun, saisir leurs faiblesses, leurs angoisses, de comprendre les liens qui les unissent. L'alternance des points de vue des protagonistes permet d'appréhender également les émotions qu'ils ressentent face à un animal sauvage, l'émerveillement, l'excitation de la traque, la peur qui tenaille et paralyse, l'incertitude quant à l'issue de la chasse. En ce qui me concerne, j'ai ressenti un malaise face à la chasse au trophée, ne voyant pas l'intérêt de tuer un animal, de plus protégé.

« C'est pour cela qu'il a cent fois, mille fois raison d'avoir peur. le destin, ça tourne dans n'importe quel sens. »

« L'excitation lui fait briller les yeux, une pression qu'elle n'a plus connue depuis longtemps, la prémonition de quelque chose de puissant aussi, peur et joie mêlées. »

*
Pour conclure, avec « Animal », Sandrine Colette façonne un roman d'ambiance oppressant et surprenant.

Le dépaysement est total. Ce voyage nous emmène dans la presqu'île sauvage du Kamtchaka à l'extrême Est de la Russie et dans les forêts au Népal où la population vit au contact des animaux sauvages. Ces décors grandioses, d'une beauté à la fois éblouissante et sauvage, nous amènent à réfléchir sur l'impact de l'homme sur la nature, la place de la faune sauvage dans notre environnement, et sur notre instinct de survie.
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Après "Derrière la vague", où l'on ne savait pas trop où l'action se situait si ce n'est sur une île. Sandrine Collette nous emmène cette fois ci avec "Animal" au Népal avec une grande maitrise de sa plume et du suspense qu'elle engendre.

Isolement et traque sont bien mis en avant dans ce roman où la chasse à l'ours dans le Kamtchatka est particulièrement détaillée et saisissante de réalisme, emmenant de grands frissons dans son canapé.

En revanche, la construction du livre m'a déçu avec le Livre II où ce que j'avais anticipé se révèle exact dans le scénario imaginé par l'auteure, mais je n'en dis pas davantage pour ne pas "spoiler" ;+P).

Malgré tout, je reste un lecteur addict à Sandrine Colletet qui a su, une fois de plus, dépeindre avec son talent les paysages volcaniques comme la jungle népalaise, aussi bien qu'un guide touristique. C'est pleinement dépaysant par les temps qui courent ...
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Des canards se baladent sur le périphérique. Des dauphins jouent avec les poissons revenus dans la lagune de Venise . On a vu des sangliers dans le nord de Rome. Et plus simplement, il n'y a jamais eu, dans le ciel de Paris redevenu limpide et respirable,  autant de vols ni de chants d'oiseaux..

Les hommes, eux, se terrent et se confinent tandis que les animaux , débarrassés de leur plus grand prédateur, retrouvent un espace qu'il leur confisquait abusivement.

Ceci explique sans doute cela.

C'était le moment de lire "Animal".

Pas déçue du trekking!

Et à ceux qui,  avant ce mois de mars 2020,  ont pu trouver le roman de Sandrine Collette peu crédible, je dis que parfois c'est  la réalité qui  dépasse la fiction. Et qu'  Animal peut se lire comme une fable pleine d'enseignement, pas seulement comme un roman au suspense cynégétique.

Il s'agit de chasse, pourtant, de chasse au gros (je sais que cela se dit pour la pêche,  et suis particulièrement ignorante en matière de chasse. Et de pêche.  J'aime trop les animaux..), bref, il s'agit de chasse aux grands fauves: l'ours dans les montagnes du Kamtchatcka,  le tigre dans la jungle népalaise. 

Je n'aime pas la chasse, mais je dois reconnaître que les bouquins qui s'en inspirent sont souvent réussis, de la Légende de Saint Julien l'Hospitalier de Flaubert, au Poids du Papillon d'Erri de Luca en passant par d'autres, moins connus mais superbes, comme Le Guetteur d'Ombre ou La Chasse royale de Pierre Moinot.

Lior , elle, est passionnée de chasse, Hadrien , passionné de Lior. Alors il la suit . Partout. Au Kamtchatka,  dans un safari sibérien qui vire au cauchemar, puis, quatre ans après,  au Népal,  le pays natal de Lior,  comme un retour aux sources du mal et de la peur qui la rongent. 

Pour guérir. Pour  comprendre.

Mais n'est-ce pas un nouveau piège? La chasse au passé est-elle sans risque? Les grands fauves n'ont pas tous des robes rayées, les coeurs de tigres se reconnaissent et s'aimantent...

Lior est une ancienne enfant trouvée , traumatisée  physiquement et moralement, recueillie, adoptée,  choyée,  aimée :  que chasse-t-elle donc avec tant de fièvre,  au mépris du danger? Est-ce une enfance effacée de sa mémoire qu'elle traque ou un gibier féroce? Est-ce une peur enfouie au plus profond de son enfance qu'elle cherche à retrouver, comme on cherche la clé perdue  d'un coffre-fort?

 Mais qui est chasseur? Qui est chassé ?  Qui épargne, qui protège? qui sacrifie,  qui immole? C'est ce dont,  progressivement,  on se met à douter.

Et plus les rôles s'infléchissent et s'inversent, sous la plume habile et captatrice de Sandrine Collette, plus l'Animal en nous se dit que mieux vaut une terrible patte d'ours,  une farouche dent de tigre, que la folie meurtrière  des hommes.

Efficace diversion  à  notre situation actuelle. Mais pas dépourvue d'incidences métaphysiques qui nous permettent de la considérer autrement. D'en tirer quelques enseignements. L'homme est un loup pour l'homme, on le savait déjà.  Mais il est un ours, un tigre pour le règne du vivant. Animal. Végétal. 

 Sans aller jusque là, voilà un livre qui m'a,  en tout cas,  donné une furieuse envie de faire une descente de lit avec la peau du premier viandard de safari qui me tombera sous la main.... quand on pourra sortir!
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Lors du dernier festival Quais du polar, j'ai eu la chance de participer à un petit-déjeuner, en comité très restreint, en présence de la romancière Sandrine Collette.

Une rencontre qui avait lieu au Mama Shelter, un grand établissement hôtelier lyonnais ( il y en a aussi à Paris et dans d'autres grandes villes françaises) pendant plus d'une heure et on aurait voulu qu'il ne s'arrête jamais.

Ce moment particulièrement privilégié aura été l'occasion d'explorer avec elle toutes les nuances de son écriture et d'appréhender, à ses côtés, les racines de ses romans noirs.

Pour ceux qui l'ignorent encore, Sandrine Collette est l'auteure de sept romans parus chez Denoël puis pour six d'entre eux au Livre de poche.

Dans Animal, son tout dernier roman paru, qu'elle a présenté lors de ce petit déjeuner, notre maîtresse du roman noir français s'interroge sur notre part animale et retrouve son instinct de chasseur.

Un roman dans la lignée des autres dans lequel Sandrine Collette réussit avec sa maîtrise habituelle à nous faire rentrer dans la tête de personnages taiseux, en réussissant à faire parler des individus pourtant tellement plus à leur aise avec le mutisme et le silence.

Ce conte terrifiant qui rassemble les thématiques habituelles de l'auteur et qui insiste notamment sur l'inhumanité des hommes réussit aussi à atteindre le meilleur des livres de nature writing américains, de David Vann à Ron Rash , en montrant bien à quel point la nature est implacable. ( suite de l'article/ portrait sur le blog..)


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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