Dans cet essai engagé, l'auteur rend compte de la situation des communautés chrétiennes d'Orient. Toutes sont persécutées, et clairement menacées de disparition, sans toutefois pouvoir être confondues. En effet, les contextes historique, politique, social et religieux sont différents selon qu'il s'agit de la Turquie, de l'Égypte, la Syrie, l'Irak, l'Iran, la Jordanie, l'Arménie, Israël et Gaza.
La lecture en est assez difficile, d'autant que Jean-François Colosimo, lui-même théologien, se montre fort synthétique. Il y manque des tableaux récapitulatifs qui eussent servi de balises dans ce dédale théologico-historico-politique.
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Mal écrit, ce livre dont le propos est noyé dans une logorrhée pseudo intellectuelle qui ne sert finalement qu'à décourager le lecteur cherchant le sujet lui-même. Dommage car le sujet, justement, était digne d'intérêt
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Voilà un livre que n'aimeront pas les esprits tièdes ou trop prudents. Jean-François Colosimo ne s'est pas contenté de décliner les malheurs qui frappent les communautés chrétiennes orientales, dont l'exode ou les persécutions nourrissent aujourd'hui l'actualité médiatique. Il fait aussi œuvre d'historien en essayant de communiquer au lecteur les données à la fois théologiques, historiques et politiques d'un drame qui le dépasse le plus souvent.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Dès les Omeyyades, les coptes voient leur langue bannie de l'usage officiel, leurs monastères réquisitionnés et vidés, leurs ecclésiastiques encadrés et leurs élites sommées de fournir savants, fonctionnaires et architectes. L'Eglise privée de ses prérogatives, l'aristocratie de ses ressources, le peuple de ses repères, la révolte couve, nourrie de spoliations et d'humiliations qui courent sur un peu moins de deux siècles. Elle éclate sous les Abbassides, et c'est alors le carnage et la destruction. Le prix de la rébellion est une sujétion encore plus forte : l'impôt est doublé, les prohibitions sont renforcées, les droits diminués - ce qui revient, en les aggravant, à utiliser comme mode de punition les dispositions déjà discriminatoires de la dhimmitude, cette limitation et taxation de la liberté de conscience qui fait du chrétien un protégé du musulman pour autant qu'il en reconnaisse le joug et s'acquitte auprès de lui de la redevance afférente à la ségrégation volontaire. C'est ainsi qu'est peu à peu ratifiée l'existence de deux sociétés séparées dont l'une est assujettie en tout à l'autre, et constitue, nonobstant son importance, un ghetto.
Les deux composantes du peuple palestinien ne sont plus les musulmans et les chrétiens, mais une Autorité vacillante de faiblesse et un Hamas talonné par ses propres dissidences. La diversité ne se conjugue plus sur le mode de l'unité des différences, mais de la guerre intestine - à l'intersection de la descente de l'une dans l'impuissance et de l'escalade de l'autre dans le fanatisme. La charte du Hamas reconduit la destruction de l' "entité sioniste" comme objectif, requalifie la future Palestine en Etat islamique et redéploie la lutte palestinienne en part insécable de la foi musulmane - non sans recourir à des clichés antisémites venus d'Europe et qui n'arrivèrent dans le monde arabe qu'au XIXe s!ècle par les mêmes ports qui amenaient les miracles techniques de la modernité.
(...) le pays oriental où les chrétiens ont quasiment disparu est la Turquie dont ils ont été chassés par un nationalisme révolutionnaire emprunté à l'Occident - sur la terre qui a vu se tenir les sept premiers conciles œcuméniques ayant défini les dogmes de la Trinité et de l'Incarnation, et, en ce sens, aussi "sainte" que d'autres. Ils l'ont été non pas parce qu'ils étaient chrétiens, mais parce qu'ils n'étaient pas turcs - au nom du peuple indivisible, insurgé, en armes, menacé par l'étranger de l'intérieur comme à l'extérieur. Ils ne l'ont pas été en vertu d'une poussée obscurantiste, mais d'un projet moderniste. Ce ne sont pas des clercs réactionnaires qui ont mené cette purification ethnique, mais des officiers jacobins et réformistes.
L'entrée d'Ankara dans l'Europe est contrariée par la géographie, puisque le Bosphore délimite le commencement de l'Asie ; par l'histoire, puisque Lépante et Vienne bornent deux mondes ; par la politique, puisque l'Europe de la paix a tout à redouter d'élargir ses frontières aux guerres qui font rage en Orient ; mais il est une autre raison supérieure à cette difficulté : l'esprit européen ne se mesure pas aux avancées sociales et techniques, mais à la capacité de réviser de manière critique son passé, ce que refuse de faire encore aujourd'hui l'Etat turc.
Les salafistes, eux, n'ont pas attendu l'intervention des Etats-Unis [en Irak] pour armer leur propre prosélytisme qui, dans sa radicalité, ne fait pas un principe de la liberté de conscience, admet la conversion forcée et indexe l'insoumission politique à l'apostasie religieuse. Tout à leur application des purifications rituelles au corps social, en vertu d'un littéralisme qui leur sert de méthode à la fois exégétique et spéculative, ils guettent chez les chrétiens le moindre semblant d'écart, ou supposé tel, pour agiter la suspicion des foules à leur encontre. Au sein des masses populaires, l'occupation américaine suffit à ranimer le litige en loyauté qu'a causé, chaque fois qu'elle s'est produite, l'irruption d'une puissance occidentale, et qui s'est chaque fois soldé, après coup, par une vague de persécutions contre les chrétiens - sans doute en signe des autorité et dignité recouvrées de leur protecteur.
Turquie, Inde, Russie, Chine ou encore Iran : les néo-empires accusent aujourd'hui l'Occident de tous les maux, en se présentant comme les nouveaux leaders d'un Sud global opposé à l'hégémonie du Nord. Comment expliquer la résurgence de ces puissances et quelle vision du monde, défendent-elles ?
Pour en parler et analyser la situation, Quentin Lafay reçoit Jean-François Colosimo, essayiste, directeur des éditions du Cerf.
Visuel de la vignette : Sergei Bobylyov / AFP
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