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EAN : 9782370734532
185 pages
Allary Editions (30/03/2023)
4.25/5   53 notes
Résumé :
C'est l'histoire de la guerre secrète menée contre nos démocraties.

C'est l'histoire d'élites corrompues qui se sont vendues à des puissances étrangères hostiles à nos principes et à nos intérêts.
C'est l'histoire de la grande confrontation avec la Russie de Vladimir Poutine que nos dirigeants n'ont pas voulu voir venir mais à laquelle nous ne pouvons plus échapper.

Je n'invoquerai pas dans ces pages la morale ou les grands princ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Après - le livre noir de Vladimir Poutine -, essai politique choral sous la direction de Galia Ackerman et Stéphane Courtois ( présenté ici ), - Les hommes de Poutine -, essai politique " référence " de Catherine Belton ( en attente de présentation... pas suffisamment d'énergie pour m'y atteler... ), - Au coeur de la guerre -, livre témoignage d'Étienne de Poncins ( présenté ici ), - Un autre monde - L'ère des dictateurs -, essai politique d'Alain Frachon ( présenté ici ), - Dans l'oeil du FSB -, témoignage autobiographique de Jean-Michel Cosnuau ( présenté ici ) et - le Mage du Kremlin - le roman " pour moi " toujours très sujet à controverse de Giuliano da Empoli ( présenté ici )... à son sujet, je profite de ce petit billet pour vous recommander - Sans ciel -, la nouvelle parabolique et " visionnaire " écrite par Vladislav Sourkov...alias Natan Dubovitsky ( nom de plume de Sourkov, " le cardinal gris de Poutine " ), que vous pouvez trouver en " googlant ". C'est éclairant, édifiant... et c'est préfacé et commenté par Giuliano da Empoli lui-même... Après toutes ces lectures, j'ai terminé hier soir celle de Raphaël Glucksmann.
Un essai politique coup de poing. Un livre intelligent, brillant, punchy, lucide, honnête, sincère, dérangeant, sourcé, clair, touchant.
Un livre et un verbe qui font mouche.
Un livre nécessaire en ces temps où le brouillard de la guerre se mêle à la confusion de nos idées tout à la fois figées et versatiles ; l'hyper labilité du monde politique ajoutée aux contradictions des infos en continu émanant des médias, des réseaux sociaux soumis aux influences les plus diverses, n'y est pas pour rien, loin s'en faut !

" Poutine fera la guerre. Je ne sais pas quand, mais il la fera. Et les Européens seront alors surpris de découvrir que cette guerre les vise aussi."
Ces mots sont ceux d'Anna Politkovskaïa, " l'immense journaliste russe " assassinée dans le hall de son immeuble le 7 octobre 2006, jour de l'anniversaire de Poutine... " comme un cadeau fait au Tsar par ses sbires "..., mots adressés à Raphaël Glucksmann, ami proche et admirateur de cette femme exceptionnelle " morte seule. Comme elle avait crié, seule, dans un océan de surdité et d'aveuglement pendant des années."
Et ce qui taraude RG, c'est : " Pourquoi nos gouvernants n'ont-ils pas voulu croire Anna ? Pourquoi n'ont-ils pas voulu voir ce que l'anéantissement de la Tchétchénie, le démembrement de la Géorgie ou la première invasion de l'Ukraine en 2014 annonçaient ? "

C'est à cette question que son livre tente de répondre.
" L'histoire que je veux raconter part de là : de cette incroyable cécité.
C'est l'histoire d'un continent qui s'est couché devant un tyran pour avoir la paix et se retrouve plongé dans la guerre.
C'est l'histoire de démocraties qui ont vendu à leurs ennemis la corde pour les pendre ( référence à Lénine ).
C'est l'histoire d'élites européennes qui ont failli à leur mission par cupidité ou par naïveté, par culte du profit ou par religion du confort.
C'est l'histoire de nations qui ont laissé se diffuser en elles le poison de la corruption et du renoncement.
C'est une histoire avec laquelle il nous faut rompre sans délai."

À travers un essai décliné en III actes : la Cité corrompue, la Guerre contre nos démocraties, la Résistance, le fils du philosophe André Glucksmann ( lui aussi comme Anna Politkovskaïa ne s'est pas fait entendre de ses contemporains sur " la menace Poutine " ), ex-époux d'Eka Zgouladze, vice- ministre de l'Intérieur de Géorgie de 2005 à 2012, puis vice-ministre de l'Intérieur de l'Ukraine de 2014 à 2016, conseiller de Mikheil Saakachvili, président de la Géorgie de 2009 à 2012, aujourd'hui député européen, président de la commission spéciale sur l'ingérence étrangère dans l'ensemble des processus démocratiques de l'Union Européenne ( pour bien situer RG au niveau national et international ), à travers III actes, l'essayiste détisse les fils de la toile que Poutine a tendu à un Occident " trop installé dans ses meubles et amoureux du confort que procure le renoncement à être."

J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le mal que je pense de Vladislav Sourkov ( depuis 2014 sur la liste noire américaine des personnes faisant l'objet d'une interdiction de visa ), un des principaux idéologues de Vladimir Poutine, et subséquemment du malaise que j'ai ressenti en lisant - le Mage du Kremlin -, donnant trop complaisamment une part trop " belle " à celui dont le CV n'est autre que celui d'une crapule, d'un criminel de guerre.
Un des mantras de ce fascite poutinien est : " L'expansion du chaos à l'extérieur permet de remédier aux tensions intérieures ".
Pour ce faire, les Russes inventent le mot de " Schröderizatsiya "... autrement dit la " Schröderisation " des élites occidentales ; parmi les plus connues Gerhard Schröder, François Fillon, MLP et Donald Trump dont RG, après Catherine Belton, nous explique de manière détaillée ses liens inextricables avec l'État mafieux russe... pour n'en citer que quelques-uns.
Ces élites corrompues sont les cellules malignes chargées de faire prospérer celles de la tumeur originelle au sein d'organes apparemment sains et à distance du mal initial...
Le tout dans un contexte de guerre permanent, car comme le rappelait Poutine dans une émission de télévision à un gamin russe : " les frontières de la Russie ne se terminent nulle part."
Le tout dans un système " truand-fasciste " ; mot composé qui colle parfaitement au petit voyou de Saint-Pétersbourg, devenu Kgébiste avaNt d'être le nouveau grand criminel de guerre, le grand génocidaire de cette première moitié du XXIème siècle.
Les truands sont actuellement incarnés sans aucune vergogne par Evgueni Viktorovitch Prigojine, bandit de Saint-Pétersbourg condamné en 1981 à douze ans de prison... sans que cela ne choque outre mesure un monde qui a depuis des années rangé l'outrance dans le magasin de ses normes... après tout il fut bien un jour où le ridicule cessa de tuer...Mieux encore, ils ont pignon sur rue, honneurs, richesse, gloire et respectabilité... What else ?!...

Pour terminer cette petite présentation du livre de RG, trois extraits qui illustrent ce qu'est la menace poutinienne et son régime criminel mafieux et fasciste.

" Pour les truands, il n'y a rien de trop. le truand ( ou le fasciste ) montre qu'il est capable de tout pour qu'on lui permette tout. La mise en scène de sa propre cruauté est à la base du pouvoir qu'il exerce sur les autres."

" Nous ne sommes pas une force armée classique, mais un véritable groupe criminel organisé et paramilitaire. Mes gars entrent dans des pays africains et n'y laissent rien de vivant. Maintenant ils détruisent nos ennemis en Ukraine. Votre décision de servir Wagner est un pacte avec le Diable... La Troisième Guerre mondiale a commencé et vous pouvez en être, les gars ! "( harangue de Prigojine dans la colonie pénitentiaire IK-2 le 1er août 2022 )

" Chacun doit réaliser qu'une mobilisation et une guerre mondiale à mort nous attendent. Quelqu'un perdra son emploi, un autre son entreprise, beaucoup seront mutilés, encore plus de nos compatriotes seront emportés par la mort. La guerre est notre idéologie nationale. " ( Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma, à la veille de l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022 )

Face à ce cancer en pleine extension métastasique, RG nous invite à " déplacer nos meubles ", à sortir de notre " confort ", à nous battre pour vaincre l'hydre fasciste russe.
Son plaidoyer écologique en fin de bouquin est à considérer.
L'hommage pudique à son père m'a tiré au moins une larme ; je ne les ai pas comptées.
Un livre d'une formidable clarté pédagogique, un livre qui donne à penser, qui interpelle, qui questionne. Un livre plus que recommandable !
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Voici (à mon humble avis) un livre-témoignage qui fera date : en trois parties plutôt implacables (clairvoyantes et solidement documentées), le simple constat de notre malheureuse situation européenne d'avant le "déclic" du foutu 24 février 2022...

Des ânes bâtés et aveugles se tamponnaient le coquillard du conflit d'intérêt monstrueux en lequel ils pataugeaient : Schröder, Fillon et tant d'autres ("C'est que... LA PLACE EST BONNE !", comme résumait finement mon beau-père...).

Le mafieux Poutine bichait de voir tous ces couards et ces imbéciles amateurs de pognon sale venir lui picorer dans la main...

Réveil général depuis le 24/02/2022 donc... "Le Parrain (n°1)" commence un peu trop à ressembler à Tonton Adolf du temps où il envahissait la Pologne après s'être mis dans la poche le Territoire des Sudètes...

Raphaël GLUCKSMANN ("L'Homme-Chance", affectueusement surnommé "GluGlu" par certains), député européen à l'âme d'enquêteur, ne mâche pas ses mots et on est emballé...

Sa belle analyse de 186 pages se présente en trois actes (une Tragédie à finale optimiste) avec un prologue, "L'Europe en guerre"...

ACTE I. "La Cité corrompue".

"Pour du cash et du caviar" (ou l'entrisme dans les sphères de Pouvoir européennes (Ministères, Parlements) avec en France les "vedettes" Fillon, Mariani, le Pen, Mélenchon et quelques autres russophiles d'Antan, évidemment "repentis" depuis 2022...) ; "Un héros de notre temps" (l'histoire de l'espion Mathias Warnig) ; "Suicide au gaz" (le gaz russe, et les gazoducs "Nord Stream" I puis II) ; "La Harrods Democracy" (Cf. la mafia russe londonienne de "Eastern Promises" / "Les Promesses de l'ombre", cet excellent film de David CRONENBERG) ; "La roulette russe" (à tous les coups, l'on gagne de bonnes places et de bons vieux dollars si on devient "ami" du Maître du KremKrem... Pouvoir sournois de nuisance des Usines à Trolls de Poutine avec règne des fake-news, délires de trous du c...l conspirationnistes ; élection de Trump, Brexit, etc.).

ACTE II : "La Guerre contre nos démocraties".

"La guerre est notre idéologie nationale" (Comprendre ce que ce petit kagébiste-mafieux de m.... a dans la tête comme "Revanche" depuis son Syndrome de Stress Post-Traumatique de la fin de l'U.R.S.S. en 1989... Pauvre chou ! Revoir aussi, par exemple, cette vidéo récente d'enfants de classe maternelle, revêtus d'uniformes militaires et défilant au pas de l'oie devant les écoles, en bon petits "Hitler Jugend" solidement encadrés par deux maîtresses bien obéissantes) ; "Le règne du crime" (Genèse du mafieux Poutine, issu de la fusion du KGB (et futur FSB) et de la "Saint-Peterbourg's Connection") ; "Le cuisinier du chaos" (Enquête sur le cuisinier ex-taulard Evgueni Prigojine, futur "patron" de la milice Wagner) ; "Une internationale nationaliste" (Les services de Poutine bichonne les le Pen-Zemmour et toute l'extrême-droite européenne) ; "La guerre de Troie n'aura pas lieu" (Quand les "experts" européens n'y croyaient pas, malgré les infos reçus des Services de renseignement américains) ; "Un réveil difficile" (Le Jour "J" du 24/02/2022, sorte de "11/09/2001"européen et les jours et semaines qui ont suivi...).

ACTE III. "La Résistance".

"Le courage ukrainien" (sans commentaires) ; "Made in Taïwan" (l'intrusion/agression impérialiste poutinienne "donnant des idées et de l'appétit à la dictature impérialiste chinoise) ; "Une révolution mentale" (changement de paradigmes) ; "Retrouver la politique" (Une éloge du bon sens, du parler-clair, du courage et du pragmatisme, les tristes naïvetés et illusions macroniennes... ) ; "L'écologie de guerre" ; "L'impossible défaite" (défaire pour toujours l'impérialisme russe et ridiculiser pour toujours son idéologie viriliste/agressive... en lui IMPOSANT la Défaite) ; "A mon père" (un hommage très émouvant du fiston à son daron Dédé... ).

Si j'osais dire... J'ose !!! Vivement que "Place Publique" (animée par R. GLUCKSMANN) tisse Alliances avec ce qui nous reste de la Gauche et du Centre gauche (même en se penchant vers L Infini et au-delà) pour nous réveiller ce tout petit monde bleu-blanc- m... qui (si l'on en croit les sondages) penche vers l'ex-bonne amie de la Russie poutinienne...
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Je ne dirai pas le plus grand mal du livre de Raphaël Glucksmann, bien que j'estime qu'il se trompe à peu près sur tout. Je ne doute pas une seconde de sa sincérité et je suis d'accord en principe avec les grandes valeurs qu'il prétend défendre. Mais les meilleures intentions du monde peuvent se révéler dangereuses surtout lorsqu'elles adoptent le ton du pamphlet et qu'elles tombent dans l'incantation. Comme Bernard Henri Levy et quelques autres, il estime que Vladimir Poutine est l'incarnation du mal absolu et qu'il doit être mis dans le même sac que Staline et Hitler. Et que Zélinski doit être soutenu jusqu'à la défaite de la Russie. Je préfère une démarche qui se nourrit de doutes et d'interrogations préalablement aux conclusions. Pour faire court, et au risque d'être traité de poutinolâtre ou de munichois, j'aime mieux le recul d'Anne Nivat dans La haine et le déni que les certitudes assénées à grands coups d'invective de la grande confrontation.
Quand je suis venu en Russie au début des années 1990, étant viscéralement de gauche et plutôt européen, je partageais la majeure partie des convictions actuelles de Glucksmann. J'ai changé ; sans m'être enrichi d'un kopeck pour cela au cours de mes séjours. Simplement ceci : J'ai constaté très vite que ce passage du communisme au libéralisme économique avait provoqué une véritable catastrophe dont peu de gens en Europe comprenaient l'ampleur. Les années Eltsine ont été terribles pour les Russes (et aussi pour les autres peuples de l'ex-Union soviétique). le nombre de suicides était incroyablement élevé, l'espérance de vie moyenne en Russie reculait de plusieurs années, concomitamment à l'effondrement du système de santé et à une baisse drastique du niveau vie général. Emmanuel Todd a bien relevé ces faits dans son livre La défaite de l'Occident. Parallèlement à l'enrichissement scandaleux des profiteurs du démantèlement des grands conglomérats soviétiques, les plus exposés - et particulièrement les personnes âgées - se voyaient plongés dans la misère. Parlant russe, j'ai personnellement discuté avec des retraitées de plus de 80 ans obligées de vendre des journaux dehors par moins 25 degrés parce que leur retraite ne leur permettait pas de vivre. Parallèlement, l'insécurité augmentait considérablement. Par rapport à bien des « spécialistes » de la Russie qui ne fréquentent à Moscou que des Russes qui partagent leurs opinions, j'ai eu la chance de me promener en province et de rencontrer non seulement des universitaires ou des cadres supérieurs (j'ai des amis russes dans ces milieux et d'opinions variées), mais aussi des gens très modestes dont certains sont proches du seuil de pauvreté. Que cela plaise ou non, j'ai constaté qu'une majorité de Russes estimaient que sous la présidence de Vladimir Poutine des améliorations importantes avaient été apportées dans leur vie de tous les jours. Et croyez-le, ces Russes qui ont voté Poutine ne sont ni des maffieux, ni des fascistes rouge-brun, ni des décérébrés. Oui, dira-t-on, mais la propagande… La propagande russe, réelle et omniprésente, ne me semble guère plus outrancière que celle de certains intervenants de LCI. Cela ne donne pas pour autant un brevet de sainteté au président russe. Mais il convient de ne pas trop simplifier les choses.
Pour faire le procès de la vénalité qu'il a constaté au Parlement européen, Glucksmann nous rappelle, au début de son livre, l'affaire du Quatargate qui a mis en évidence des cas de corruption de parlementaires européens. Sur ce point, je ne mets pas en doute ses affirmations et je partage son indignation. Il en déduit que la Russie étant plus puissante ses capacités de corruption sont plus importantes. Pourquoi pas ? En revanche, quand il a l'air de suggérer que Poutine a organisé le pillage de l'économie russe avec l'aide d'alliés occidentaux douteux comme Schroeder, je lui répondrai simplement que ce pillage généralisé avait été organisé bien avant lui avec Eltsine. La corruption sous ce dernier était concomitante de la ruine du pays. La corruption sous Poutine subsiste sans doute mais elle s'accompagne d'un grand mieux. Les oligarques qu'il soient russes ou ukrainiens ne me sont pas très sympathiques. Mais les pires sont ceux qui transfèrent à l'étranger leurs milliards comme Berezovski ou Khodorkovski qui ont bénéficié longtemps de la grande indulgence du journal le Monde parce qu'ils étaient critiques de Poutine.
Sur la guerre en Tchétchénie, événement extrêmement tragique et compliqué, où les atrocités ont été largement partagées par les deux camps, Glucksmann reprend la thématique assénée par la plupart des journaux d'occident : les Russes seuls ont été des bouchers et ont réalisé un véritable génocide en Tchétchénie. le fait que la Tchétchénie soit aujourd'hui nettement plus peuplée qu'en 2000 ne semble pas les interpeller. Des crimes de guerre ont bien été commis, mais ils ne sont pas l'apanage d'un seul camp. Bassaïev, le chef de guerre le plus redouté des Russes était un fondamentaliste dont j'ai eu la curiosité de consulter le site internet. Son antisémitisme délirant, bien camouflé dans ses interviews au Figaro et autres médias, apparaissait éclatant dans ses pages web au moment du 11 septembre 2001. Dans La grande confrontation, à propos de la Tchétchénie, la référence à la journaliste Sophie Shihab, ukrainienne mariée à un musulman proche des fondamentalistes, ne me parait pas pertinente pour juger impartialement un conflit de ce type. Je constate du reste à ce propos que notre ami Raphaël ne mentionne pas Anne Nivat qui a reçu pourtant la prix Albert Londres pour ses reportages en Tchétchénie – pourtant fort critiques sur les exactions de l'armée russe. Il l'estime peut-être qu'elle devenue un peu trop russophile.
Sur l'Ukraine, les affirmations de l'auteur quant à l'aide qu'elle peut nous apporter me paraissent étranges : elle serait notre ligne de défense contre l'impérialisme russe et elle préserverait notre liberté en luttant pour la sienne. Je n'en crois rien. le budget militaire de la Russie est trois fois inférieur à ceux des pays européens de l'Otan. On crie aux loups pour se faire peur. Les Russes qui piétinent dans la boue depuis huit mois, sans vraiment percer les lignes, ont laborieusement pris aux Ukrainiens 500 kilomètres carrés. Selon Zelinski les Russes ont eu plus de 300 000 tués (certes il multiplie par trois les pertes ennemies et divise les siennes du même nombre) ; si on s'en tient à ses chiffres, tout cela pour avancer vers l'ouest de 80 km. A ce rythme, pour atteindre Paris la population russe n'y suffirait pas. A contrario, la défaite de la Russie – même si elle semble improbable - serait lourde de menaces. le risque de confrontation avec cette puissance nucléaire augmenterait considérablement. Glucksmann pense le contraire. Il me semble un peu léger.
Quant à l'amour des Ukrainiens pour la liberté, il reste sans doute fort mais il s'érode puis que Zelinski peine à décréter une conscription pourtant éminemment nécessaire. Contrairement à Zelinski, le général Zaloujny, le chef d'état-major ukrainien limogé depuis pour ses positions, pensait que les deux camps se trouvaient dans une impasse. Les barrières défensives rendant peu probable une percée stratégique de l'un ou l'autre camp. Il pensait aussi au sort de ses malheureux soldats qui continueraient de mourir pour un résultat qui risque bien d'être le même dans deux ou trois ans si la guerre se prolonge. Plutôt que de rabâcher sur Munich et 1938, on ferait mieux de se rappeler la guerre de Corée. Les deux camps, principalement composés des Américains et des Chinois, estimaient être en mesure de l'emporter. Dès janvier 1951 la ligne de front était gelée ; et en plus de deux ans de prolongation de la guerre, rien de fondamental n'avait changé. Les deux camps ont entamé des négociations en 1953 pour arriver à un résultat identique à celui qu'on aurait atteint deux ans plus tôt ; en économisant un million de vies humaines. Ce n'était pas être munichois que d'appeler à négocier en 1951. Les Va-t-en-guerre comme Glucksmann devraient y réfléchir. Ce n'est pas rendre service au peuple ukrainien de vouloir prolonger inutilement ce conflit.
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Livre différent de ce que j'ai l'habitude de lire mais qui permet d'avoir une vision plutôt objective de ce qui se passe au niveau de nos décideurs… Et le moins qu'on puisse dire est qu'il va falloir faire bouger les choses et peut-être que l'auteur nous donne quelques solutions non dénuées de sens
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Agréablement surpris par cet ouvrage.

Les deux premières parties sont très intéressantes et mettent en avant les collusions de certains dirigeants européens avec la Russie de Vladimir Poutine mais également l'avidité de certaines multinationales...

On apprécie le franc parler de l'auteur sur l'OTAN et sur son rôle indispensable en Europe mais également sur l'absence de financement des pays européens pour atteindre une hypothétique autonomie stratégique et ainsi d'être moins soumis aux errements récents de la politique étrangère américaine.

Un ouvrage que je recommande.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
C'est parce que la démocratie leur semble éternelle que tant de gens la méprisent. Les meubles de la salle à manger paraissent plus précieux que les fondations de l'immeuble aux yeux de ceux qui n'imaginent pas une seconde qu'il puisse un jour s'effondrer.
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Rien n'arrête une idée quand son temps est venu.
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Vidéo de Raphaël Glucksmann
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