Contexte : Je suis psychologue qui travaille, entre autres, dans une unité psychiatrique dédiée aux dépendances. Et la lecture de ce livre est plus dans l'idée de trouver l'un ou l'autre support partageable aux patients, aux entourages, aux autres professionnels.
Alors, oui, ce livre est partageable à ceux qui ne connaissent pas ou n'ont pas idée à quel point l'alcool peut détruire et l'alcoolisme être une « maladie » (pourquoi l'auteure emploie-t-elle les guillemets?)
Il y est bien montré l'enlisement, les rechutes, la volonté farouche d'éviter la vie, mais aussi ce qui aide, ce qui peut faire la différence et... sauver. le dialogue, être écouté, entendu, être respecté à tout prix, ne pas juger, ne pas s'apitoyer et être sans trop de remords.
L'expérience extrêmement dure peut avoir un sens et ne pas être qu'un long moment pénible et inutile. Mais comme c'est difficile.
Ce témoignage a tout les défauts de ses qualités : est-ce que tout le monde a la chance d'avoir un entourage, quelques individus merveilleux qui tendent la main, quel qu'en soit le prix ? Je ne pense hélas pas. Et tous les alcooliques ne deviendront pas des porte-parole car ils n'auront pas tous la capacité à le faire et faute de place.
Je trouve le livre optimiste, dans le sens que l'auteure espère et semble croire en une vraie évolution du regard sur l'alcoolique... et sur l'alcool. Je crois assez peu en le retournement de l'attitude et législations entre le cannabis et l'alcool.
Concernant l'écriture, le style : à l'instar du parcours alcoolique: répétitif, peu d'envolées, l'écriture reste très plate. Mais ce n'est pas le propos, évidemment.
Bref, pas mal du tout, sans doute une partie des patients s'y retrouveront, les entourages pourraient être sensibilisés, et les travailleurs du secteur qui n'ont toujours rien compris seront peut-être aussi touché et modifieront certaines attitudes catastrophistes et catastrophiques surtout.
Pour terminer, cette citation, que je trouve très juste :
Comme aime à le rappeler mon ami Jacques Locry, le buveur est "intéressant" ai début. Intéressant et heureux. Quand il a de l'argent en poche. Quand il paie des tournées. Quand il amuse la galerie. Là, il plaît ! Il régale. Il se fait aimer. On l'entoure. On lui veut du bien. On l'écoute. Puis le temps passe. La situation se dégrade tout doucement. Et bientôt le buveur n'a plus d'argent. Alors il n'invite plus. Il cesse d'être intéressant. Il ne fait plus rire personne. Il n'est plus aimable. Il encombre, même. Adieu, le boute-en-train ! le gai compagnon est mort. Il ne reste plus qu'un gars qui vomit. Un homme à terre. Un pauvre type, seul, méprisé, abandonné. Un poivrot qui titube. Qui ne sait plus ce qu'il dit. Ni où il habite. Un être qui se pisse dessus. Qui sent mauvais. Un emmerdeur. Une chose. Moins qu'une chose.
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Je tire mon chapeau à cette jeune Elodie qui réussie à se "sortir" de l'alcoolisme malqrè sa terrible descente aux enfers.
Je conseille très vivement ce livre, que se soit aux jeunes ou aux moins jeunes.
Ce livre se lit à une rapidité phénoménal. Il est clair, limpide même. le récit est humain et d'une telle simplicité.
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Le témoignage reflète de façon criante la réalité qui frappe les malades alcooliques auxquels je suis confronté dans ma vie professionnelle de tous les jours.
C'est sincère, authentique, bien écrit et bouleversant.
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Le témoignage reflète de façon criante la réalité qui frappe les malades alcooliques auxquels je suis confronté dans ma vie professionnelle de tous les jours.
C'est sincère, authentique, bien écrit et bouleversant.
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- Oui, j'ai beaucoup fait souffrir papa et maman. J'ai même levé la main sur maman ! Je lui ai manqué de respect. Je l'ai trop fait pleurer. Et c'est vrai que je le regrette...
La suite est difficile à exprimer :
- Pourtant, quand j'y repense, je me dis que c'était une expérience qui valait la peine d'être vécue.
Sur ces mots, je fonds en larmes. Je prends mon visage dans les mains et je pleure. Je ne peux rien ajouter tant ce que je ressens a été dur à exprimer, et sans doute à entendre. Comment ne pas s'en vouloir d'avoir bu jusqu'à tomber par terre ? D'avoir manqué de respect à ses parents, détruit par sa propre santé ? Bien sûr que je m'en veux ! Néanmoins, après la douleur et le chagrin vient le temps de la réflexion. Et je vois en réfléchissant que l'épreuve, à bien des égards, m'a enrichie. Elle m'a permis de toucher du doigt des réalités profondes concernant la vie et la mort. En un sens, elle est irremplaçable. Je ressemble à ces personnes "pas comme les autres" qui ont à la fois le malheur et la chance d'avoir à assumer un destin spécial. N'est-ce pas aussi un avantage.
En même temps, j'estime que le fait de se lancer un défi à soi-même est une bonne chose pour la fierté personnelle. Réussir est gratifiant. Tenir bon est gratifiant. Cultiver sa dignité est gratifiant. De même que savoir rester en bonne santé. Entretenir sa force et son autorité sur autrui. Être enfin respecté. Car le malade alcoolique, comme je l'ai dit, n'est pas respecté. Combien de fois ai-je entendu à mon propos : "Regarde-moi ça ! Elle marche encore de travers !" J'avais beau marcher de travers, j'entendais ce qui se disait dans mon dos. C'étaient des gens qui me connaissaient. Qui auraient dû me respecter. Or, ils me jugeaient. Et en me jugeant, ils me blessaient. Cruellement. Ce qui ne faisait qu'empirer les choses, car plus ils se moquaient de moi et plus ils m'enfonçaient dans ce rôle du poivrot qui n'intéresse plus personne et n'arrive même plus à retrouver sa route.
Comme aime à le rappeler mon ami Jacques Locry, le buveur est "intéressant" ai début. Intéressant et heureux. Quand il a de l'argent en poche. Quand il paie des tournées. Quand il amuse la galerie. Là, il plaît ! Il régale. Il se fait aimer. On l'entoure. On lui veut du bien. On l'écoute. Puis le temps passe. La situation se dégrade tout doucement. Et bientôt le buveur n'a plus d'argent. Alors il n'invite plus. Il cesse d'être intéressant. Il ne fait plus rire personne. Il n'est plus aimable. Il encombre, même. Adieu, le boute-en-train ! Le gai compagnon est mort. Il ne reste plus qu'un gars qui vomit. Un homme à terre. Un pauvre type, seul, méprisé, abandonné. Un poivrot qui titube. Qui ne sait plus ce qu'il dit. Ni où il habite. Un être qui se pisse dessus. Qui sent mauvais. Un emmerdeur. Une chose. Moins qu'une chose.
Ils voient que je sors d'une "baston", et pour eux tous mes ennuis viennent de mon caractère. Je m'emporte facilement. Je sors mes griffes plus souvent qu'à mon tour. Je suis comme ça. C'est mon tempérament. Le côté "bagarreuse" leur cache le problème d'alcool. Peut-être se servent-ils de ce paravent pour éviter de regarder la vérité en face. Pour se rassurer. Je ne sais pas.
En même temps, je suis réellement douée pour la dissimulation ! Dissimuler est quasiment devenu un métier pour moi. Une activité à plein-temps. Une identité. Mon identité. J'ai des bouteilles cachées un peu partout, aux quatre coins du village. Au collège comme à la maison, je suis considérée comme une fille impulsive. Tout le monde m'a cataloguée ainsi. Et tout le monde se satisfait de ce jugement rassurant.
Au bout d'un moment, Sylvie décide de me prendre à part, ce qui me fait plaisir.J'ai beaucoup d'amitié pour elle, même si je ne me suis jamais donné la peine de le lui dire. En fait, je l'ai baptisée intérieurement "la Déconneuse" - un compliment dans ma bouche. Alors que je m'éloigne avec elle, la pensée me visite pour la première fois que l'alcool n'est finalement pas une denrée nécessaire dans la conquête du plaisir, de l'amitié, de la force. Dans la conquête de soi-même. À tous égards, l'alcool est même l'ennemi. L'alcool fait du buveur un être sans affection, sans mémoire ni goût de vivre.