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EAN : 9781020901034
Les liens qui libèrent (30/04/2014)
4.16/5   28 notes
Résumé :
Si rien n'est fait, qu adviendrait-il de l'humanité et de la planète à l'aube du XXIIe siècle ?
Deux des plus grands intellectuels aux U.S.A. se posent dans cet essai de prospective la question suivante : pourquoi restons-nous inactifs, alors que nous disposons d'informations scientifiques robustes sur le changement climatique et que nous savons quels terribles événements vont suivre ?
Foisonnant d'érudition, fruit d'un travail de prospective scientifi... >Voir plus
Que lire après L'effondrement de la civilisation occidentaleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un livre difficile à classer, mélange de politique-fiction et de science-fiction..
Cela fait un peu penser à Asimov et c'est très réussi car les auteurs partent de faits réels et d'une situation planétaire catastrophique; à savoir la détérioration de notre environnement et la montée du niveau des mers.
Imaginez notre monde en 2093. La civilsation occidentale a quasiment disparu, à tel point que c'est un historien chinois qui relate les faits intervenant tout au long du 21 ème siècle.
Pourquoi un historien chinois?
Selon les auteurs, parce qu'après une période de libéralisation et de démocratisation il y aura vraisemblablement un retour en force de l'autocratie en Chine, justifié par l'impératif du combat contre la crise climatique.
Imaginez un monde avec des millions de réfigiés "eustatiques" (l'eustasie étant un changement planétaire du niveau de la mer).
Ces réfugiés vont se multiplier dans le monde entier: les Hollandais vont devoir quitter leur pays pour rejoindre l'Union Nordique, de l'autre côté de la planète des millions de Chinois vont être déplacés..
Imaginez des instances politiques dominées par un gigantesque Complexe de la Combustion du Carbone, constitué par les industries d'extraction, de raffinement et de combustion des énergies fossiles, qui exercent un puissant lobby en vue de refuser les adaptations nécessaires aux changements climatiques..
Imaginez un été 2023 avec 500 milliards de dollars dus aux incendies..
Vers 2060 la banquise arctique estivale disparaît, entraînant l'extinction d'un nombre important d'espèces animales, aux premières loges notre futur regretté ours blanc..
Cela donne froid dans le dos mais le mérite de ce livre est d'attirer notre attention sur l'urgence des mesures à prendre.
Un petit mot sur les auteurs:
Naomi Oreskes est professeur d'histoire à l'université Harvard et y enseigne aussi les sciences de la Terre et des planètes.
Erik M. Conway est historien des sciences et des technologies.
Le livre est court mais très dense en informations qui concernent aussi notre époque.
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> Après 2093, deux historiens écrivent ensemble un essai.
> 2093, date choisie par les historiens d'alors comme année finale de l'effondrement de la civilisation occidentale.
> Les auteurs de l'essai parlent de la période de pénombre qui a précédé et mené à l'effondrement.

Il y a 3 parties :

- L'essai en lui-même
- Explication des termes et expressions choisies (certaines expressions n'existent pas encore aujourd'hui mais sont très appropriées)
- Interview des deux auteurs sur leurs motivations, la façon dont ils ont envisagé et construit l'essai

Mais l'essai n'est-il point un simple récit de science-fiction, un peu post-apocalyptique sur les bords, me direz-vous ?
Certes les auteurs se sont inspirés de certains romans de science-fiction (plutôt hard-science). Et ils le disent dans la dernière partie.
Mais le texte s'appuie de façon systématique sur des ressources scientifiques, des interventions réelles.
L'histoire venue du futur n'est qu'une extrapolation somme toute minime de tendances actuelles.
C'est bien une prospective. Une prospective solide et présentée de façon originale.

C'est d'autant plus frappant que…
L'essai a été écrit en 2014 et donc il anticipe des évènements futurs comme des étés caniculaires qui s'établiront durablement à partir de 2023…

Très bien écrit.
Systématique.
Limpide.
Implacable
C'est au fond un miroir qui nous est tendu.
On y voit des lobbys, du déni, de la peur du changement, de l'inaction.
Et sans agir les perspectives sérieuses sont peu réjouissantes pour nos démocraties occidentales.
Ne rien faire maintenant, nous expose à prendre trop tard des mesures extrêmes qui demanderont de la coercition.

Je vous laisse découvrir ce qui va rester. Il n'aura échappé à personne que ce livre ne s'appelle pas « L'effondrement de l'humanité ».

Et encore, l'essai ne porte pas sur la disparation des écosystèmes, des ressources naturelles…
Un aspect qui manque à ce livre très centré sur le climat

## En conclusion ?

Nous sommes en juillet 2023, profitons bien tous de ce délicieux été.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Naomi Oreskes et Erik Conway, tous deux historiens des sciences étatsuniens, ont déjà collaboré dans un précédent ouvrage « Les marchands de doute », dans lequel ils décryptent les stratégies mises en place par des entreprises et des groupes de pression, avec l'appui de scientifiques au besoin, pour, dès lors qu'une réglementation environnementale est envisagée, masquer la vérité sur les enjeux en faisait en sorte de semer le doute, dans le grand public et parmi les élus.

Le présent ouvrage quant à lui serait né, comme ils l'expliquent dans l'interview de fin, dans un souci de transmission des résultats de leurs travaux en matière de changement climatique et notamment de celui d'une bonne compréhension de leurs implications politiques et sociales. Ils ont alors l'idée, en partie pour éviter le risque d'une redondance avec l'ouvrage précédent, de présenter leurs thèses sous la forme d'une fiction «que dirons de nous les historiens du futur ? ».
C'est ainsi que le narrateur, lui-même historien en 2393, en Chine, écrivant pour commémorer le tricentenaire de la fin de la Culture occidentale (1540-2093), se penche sur son passé (notre présent) et de résoudre l'énigme de son effondrement : « Nous, les enfants des Lumières, nous disposions de connaissances robustes sur le changement climatique. Nous étions parfaitement informés des catastrophes qui allaient suivre. Alors, pourquoi n'avons-nous rien fait ? »
Et notre historien du futur de s'étonner, comment en sommes-nous arrivés là malgré l'accumulation des savoirs et des prévisions scientifiques comment n'a-t-on pas pris les décisions qui s'imposaient ? Pourtant les données sur le changement climatique et les preuves n'ont pas manquées mais ont été méthodiquement ignorées. Au contraire, les responsables politiques n'en n'ont pas moins continué « la poursuite de l'usage des énergies fossiles » Et nos deux auteurs questionnent ou plutôt pointent les responsables de tous bords, leur incapacité à mettre en oeuvre d'autres politiques malgré les alertes pour éviter la catastrophe en chaîne advenue en 2093. Ils pointent bien sûr aussi les lobbies et leurs relais climatosceptiques, les campagnes de déni ou pour le moins de minimisation des conséquences, le néolibéralisme … sans oublier les failles d'un monde scientifique cloisonné et perturbé dans la diffusion du savoir scientifique et n'ayant aucun pouvoir politique de changer les choses.

« on n'a rien planifié, on n'a pris aucune précaution, et finalement on n'a géré que le désastre » !

Lire ce document fiction venu du futur, dénonciation à peine déguisée de notre incurie collective et de ses causes, est salutaire, et le partager sans modération, un acte de salubrité publique.

Pour faire bon poids, et surtout pallier à la faiblesse de mes arguments, je vous recommanderai aussi la lecture d'une critique trouvée ici : http://www.nonfiction.fr/article-7857-portrait_dun_monde_post_changement_climatique.htm
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Remarquable livre sur un thème rebattu — le réchauffement planétaire et le désastre annoncé — mais construit de façon très originale : traité d'histoire… sur notre présent et notre avenir proche. Car le narrateur est un historien de la fin du XXIVe siècle qui se penche sur l'effondrement de la civilisation occidentale — 1540-2093, dates expliquées dans le texte — et surtout sur l'énigme de l'obscurantisme de notre époque ! Un désastre prévisible, des remèdes connus et administrables mais un déni collectif conduisant… à l'effondrement prévu !
Les deux auteurs, historiens des sciences de haut vol — l'un est à la NASA, l'autre à Harvard —, assurent une rigoureuse analyse des faits observés et accablent à juste titre les néolibéraux qui vont même au-delà des théses originelles d'Hayek et de Friedmann ; ces néolibéraux qui rejettent le changement climatique par souci du lucre et de la sacro-sainte rentabilité mais surtout, et les auteurs le soulignent avec insistance, par idéologie : tout contrôle étatique est la porte ouverte au communisme d'antan et à la dictature ! Tout se régule par le marché ! Ils n'oublient pas aussi de fustiger les politiques, idéologues bornés eux-aussi et habituellement lâches et démagogues. Mais aussi les scientifiques, qui n'ont pas su synthétiser leurs travaux, qui ont souvent dénaturé le positivisme et campé sur l'idée de considérer plus grave de tenir pour vrai ce qui est faux que de tenir pour faux ce qui est vrai. le rejet du changement climatique a prouvé qu'il n'en était rien ! Enfin aucun n'a su maîtriser la communication quant à leurs alarmes mais il faut dire que la tâche était ardue face au pouvoir libéral !
Il est intéressant aussi d'entendre leur avis sur les espoirs à fonder sur la Chine — sur le podium des pollueurs avec les USA — qui, plus autocratique, saurait mieux imposer les remèdes nécessaires. Il est vrai qu'on l'observe déjà, petitement certes, en 2018. Car précisons que la « fiction historique » est construite sur les constats faits en 2015 et non en 2018 avec les crétins climato-stupides qui dirigent les USA et leurs agences gouvernementales.
En conclusion un livre nécessaire, à étudier dans les écoles, qui n'illumine pas l'avenir mais qui réveille la niaiserie ambiante et laisse, paradoxalement, une lueur d'optimisme… quand notre planète se remettra de sa dévastation et repartira pour un autre cycle. Entre les deux, ça va être dur pour nos générations actuelles et prochaines !
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Le livre est court mais fort. Il a été publié, dans sa version française, en 2014 et comme c'est un « livre d'historien » écrit au 22eme où 23 ème siècle, il ne comprend pas les événements entre 2014 et 2022. Vous suivez ? ;-) Mais il reste étonnamment pertinent comme quoi le GIEC avait déjà raison : il situe par exemple l'été caniculaire sans fin en… 2023. On a bien eu quelque chose de ce type en France en 2022 (année où j'écris cette critique).

Pour ceux qui ne connaissent pas trop le sujets toutes les thématiques explicatives sont abordés. de mon point de vue, déjà pas mal informé (car c'est mon métier), il y a un chapitre qui m'a « perturbé ». Car c'est un sujet encore marginal, mais qui va prendre de l'ampleur à cause de notre incapacité à agir « vraiment » : la géo ingénierie.

L'idée est de se servir de nos compétences scientifiques pour agir sur les symptômes de l'effet de serre : utiliser des mécanismes pour refroidir le réchauffement climatique sans agir sur les causes, c'est à dire tout en continuant à brûler des énergies fossiles. Par exemple en émettant des milliards de tonnes de produits chimiques par avion dans la haute atmosphère (décrit dans le livre, mais il y a aussi des projets d'ensemencement des océans, etc.). Sur le papier, ça marche.

Mais tous les (bons) ingénieurs savent que lorsque l'on invente l'avion, on invente aussi le crash d'avion. le problème de la géo ingénierie, c'est quel est le « crash » que l'on invente en même temps. Dans le récit de Conway et Orestes, après un succès initial, ça se passe mal, très mal, remède pire que le mal.

Aujourd'hui le déni laisse peu à peu la place à « de toute façon on ne peut pas changer notre mode de vie » (nouvelle formule des climato-sceptiques). Et après cette phase on aura droit à « mais il y une solution : la géo ingénierie ». Dans les années avenir la pression sera forte pour nous faire avaler cette pilule. Vous verrez… Mais on s'effondrera quand même :notre mode de vie c'est sûr, il reste juste à essayer de sauver nos vies… C'est désormais ça l'enjeu.

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Les anciens "Pays-Bas"
Dans le pays européen qu'on nommait jadis "Pays-Bas", une grande partie du territoire avait été arrachée à la mer, du XVI ème au XX ème siècle, par un immense effort humain.
Avec sa rapidité inattendue, la montée des eaux du Grand Effondrement a submergé ses habitants. Les descendants des Néerlandais survivants résident surtout dans l'Union nordo-scandinave.
Les seuls verstiges de leur glorieux passé sont les gratte-ciel rouillés de leurs villes englouties.
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L'année 2007 a été particulièrement inquiétante : le célèbre passage du Nord-ouest – que cherchaient depuis longtemps les explorateurs de l’Arctique – s'est ouvert, et les mers polaires sont devenues pleinement navigables pour la première fois dans l'histoire documentée. Les scientifiques on compris qu'on allait vers l'été Arctique sans glace : ce n'était qu'une question de temps, et c'était extrêmement grave. Dans les milieux d'affaires, en revanche, on a vu que cet élément rendait possible d'intensifier l'exploitation pétrolière et gazière. On aurait pu croire que les États interviendraient pour prévenir ces projets menaçants – qui ne pouvaient qu'exacerber le changement climatique – mais ils s'en sont rendus complices. Par exemple, en 2012, le gouvernement russe a signé un accord avec le géant Américain du pétrole ExxonMobil : il l'a autorisé à chercher du pétrole dans l'Arctique Russe en l'échange d'un accès russe à la technologie américaine de forage des schistes bitumineux.
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La période avait une caractéristique essentielle : le pouvoir n'était pas aux mains des fins connaisseurs du système climatique ; il se trouvait dans institutions politiques, économiques et sociales, qui avaient tout intérêt à maintenir l'utilisation de l'énergie fossile. (...) Que la perpétuation du complexe de la combustion du carbone fût dans l'intérêt personnel de ces entreprises, c'était flagrant ; c'est pourquoi elles s'étaient dissimulées derrière un réseau « d'instituts de réflexion » qui publiaient des textes pour contester le savoir scientifique qu'elles jugeaient menaçant. Les journaux citaient souvent les employés de ces institutions comme si ils étaient climatologues, en juxtaposant leurs opinions à celles des chercheurs des universités indépendantes ou des institutions publiques. En raison de cette pratique, l'opinion publique avait l'impression que la vérité scientifique restait incertaine, et elle était donc moins encline à réclamer une action immédiate
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Pour l’historien qui étudie cette période tragique de l’histoire de l’humanité, le plus stupéfiant est que les victimes savaient ce qui se passait et pourquoi. De fait, si elles ont noté tous les détails, c’est justement parce qu’elles savaient que la combustion de l’énergie fossile était la grande coupable. L’analyse historique montre aussi que la civilisation occidentale possédait le savoir-faire technologique et les capacités requises pour effectuer une transition ordonnée vers l’énergie renouvelable, mais que les technologies disponibles n’ont pas été mises en œuvre à temps37
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Au départ, le néolibéralisme était une doctrine minoritaire. Dans les années 1950 et 1960, l'Occident était globalement très prospère, et chaque pays avait développé une économie mixte qui convenait à sa culture et à son contexte national.
Les choses ont commencé à bouger dans les années 1970 et dans les années 1980, quand les économies occidentales sont entrées en stagnation; les idées néolibérales ont alors attiré des dirigeants mondiaux qui cherchaient une réponse au déclin du dynamisme économique de leur pays, comme Margaret Thatcher en Grande-Bretagne ou Ronald Reagan aux USA.
Friedman est devenu conseiller du président Reagan.
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