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EAN : 9782100566587
152 pages
Dunod (28/09/2011)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Le terme d'alexithymie ("incapacité à exprimer ses émotions") définit un ensemble de caractéristiques affectives et cognitives observées chez certains patients. Ce concept a prouvé sa validité clinique et il est désormais acquis qu'un défaut d'expression émotionnelle est à l'origine de nombreux troubles somatiques et psychiques. Les sujets alexithymiques sont caractérisés par une disponibilité affective réduite ou sélective. Marqués par un défaut ou un dysfonctionne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'alexithymie, « incapacité à exprimer ses émotions », est un concept psychologique utilisé désormais tant en neurobiologie qu'en psychanalyse pour définir une pathologie dont la validité clinique est prouvée dans de nombreux troubles somatiques et psychiques, et notamment en corrélation très forte avec les addictions – d'où une grande partie de mon intérêt. Cet essai de psychologie clinique, extrêmement dense, s'adresse à un lectorat de spécialistes, et sa lecture est particulièrement ardue. Il tend à faire pencher la balance de la définition de la pathologie davantage vers son côté psychanalytique voire métapsychologique et philosophique que du côté neurobiologique, ce qui contribue encore plus à la complexité du texte. Enfin, si les cas d'alexithymiques souffrant d'addictions sont souvent cités, il n'y a pas d'analyse spécifique les concernant.
Je retiens de cette lecture un faible nombre de connaissances, hormis des éléments de définition assez clairs, dont certains ont fait l'objet de ma sélection de cit. Deux idées-phares émergent cependant, qui me semblent très importantes :
1. la caractérisation de l'alexithymie comme maladie sociale, liée à la « culture du narcissisme », de la consommation et de la performance : l'alexithymie constitue une stratégie adaptative contre l'anxiété sociale et le stress.
2. le corps constitue dans ce livre l'origine des affects, et ceux-ci, avant même le verbe, fondent le processus de sémiotisation. le défaut au niveau de la perception, de la transmission et de l'élaboration des affects-émotions qui constitue l'alexithymie part donc du corps et, d'un point de vue psychanalytique, a pour origine le « non-échange des émotions mère-enfant » et pour conséquence une certaine « fissure psychosomatique » ainsi que la « mentalisation ».
Dans le dernier chap. intitulé : « Données évolutives et incidences thérapeutiques », les spécificités de la prise en charge psychothérapique de ces patients, comparés aux névrotiques, psychotiques etc. sont établies.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
2. « Viendra alors la question de l'accessibilité d'un sujet dit "alexithymique", en proie à un clivage corps-psyché, à ses affects et ses pensées et plus profondément à son monde interne et à son inconscient et donc cette autre question de sa possibilité de recul dans l'émotion puis dans la réflexion lui permettant le traitement mais aussi l'analysabilité de ses conflits... pour qu'un acte existe, peu ou prou, entre ses élans vitaux pulsionnels et ses actes. Place complexe ou bref intervalle où loge la pensée, et où se joueront les possibilités de mentalisation, représentation, élaboration, fantasmatisation, verbalisation, symbolisation. Une pensée forcément subjective quoiqu'elle en puisse mais.
La pensée en tant ; pour qu'elle soit une pensée vivante et non un simple traitement-gestion cognitif de l'information ; qu'elle puisse être une pensée de soi sur soi concomitante d'une affectation vivante de soi à soi, toutes deux dépendantes étroitement de l'environnement proche et social, celui-là même qui aura sollicité le sujet à penser après l'avoir affecté-touché. C'est le fameux "touché-touchant" qui rend l'intentionnalité du monde et l'indispensable "expérience de la chair" décrit par Merleau-Ponty (1964). » (pp. XIII-XIV)
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4. « Dans les inter-relations humaines […], le débat oppose ceux pour qui, quoi qu'ils en disent, l'empathie est affaire de cerveau congénère que l'on finira bien par élucider (après les phérhormones, l'ocytocine est en pointe), et ceux qui veulent garder le mystère sur les affinités électives (tout en se référant au vibrato d'une voix ou au satin d'une peau...), se contentant de l'évidence de la densité de la présence de l'objet et gageant que l'indétermination de sa nature est même un plus. » (p. 46)
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6. « La relation à l'autre est marquée chez le sujet alexithymique par sa difficulté foncière à identifier les émotions de cet autre. Ainsi l'autre est moins négativé, chosifié, désobjectalisé, dévitalisé que perçu comme un objet avec qui des transactions peuvent être négociées selon les besoins plus qu'affectivement et ceci sans perversité particulière. » (p. 101)
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1. [Incipit:] « Ce serait quoi au fond une vie sans émotion ? Guère plus qu'une existence nous obligeant à rester sur des rails ou dans des clous, et à ne pouvoir commander que le plat du jour dans le menu sans jamais oser la carte. "Qu'est-ce que vous prenez ?... - La même chose."
C'est quoi une vie toujours au bord de l'émotion ? Une vie compliquée par des résurgences inouïes, des reviviscences irréelles qui risquent à tout moment de la désordonner, voire de la disloquer, et qui feraient que le présent s'annulerait dans un perpétuel retour au passé. "Qu'est-ce que vous reprenez ? - La même chose." » (p. XI)
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5. « […] S'il se veut être social, le sujet doit être un être histoire : l'histoire intime, cette troisième dimension de la personnalité qui donne sa densité à l'être, sa singularité, son charme...
L'alexithymique n'est pas dépourvu de souvenirs, mais ceux-ci n'ont pas le goût et l'odeur de la chair. Il n'y a pas de nostalgie (avec ce qu'elle comporte d'idéalisation) de l'enfance, car l'enfance n'a pas été une aire d'illusion entretenue par la capacité de rêverie parentale, et donc pas d'adhérence à des systèmes de croyance hérités de cet âge... d'où l'esprit des faits et la passion de l'exactitude. » (p. 74)
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Les menaces sur les liens interrogent tout autant la nécessaire continuité de la vie psychique que ses transformations potentielles heureuses ou malheureuses. Nous devons régulièrement comprendre, écouter, reconstruire et perlaborer les risques de ces menaces, tout particulièrement dans la clinique du bébé, de son environnement et dans celle de l'adolescence.
Dans une société marquée par des risques d'isolement humain, par l'effacement des différences et des limites, par des horloges qui tournent trop vite et par un narcissisme exhibé, comment ne pas craindre les fragilités et les dangers que la rupture des liens réels et psychiques entraîne ?
Les menaces sur les liens interrogent tout autant la nécessaire continuité de la vie psychique que ses transformations potentielles, heureuses ou malheureuses. Elles se révèlent d'une grande diversité dans leurs formes, leurs significations et leurs fonctions.
La clinique nous confronte aux menaces qui affectent le sujet, du bébé à l'adolescent, et bien au-delà encore. Certaines seraient-elles plus spécifiquement rencontrées dans la clinique du bébé comme les menaces d'intrusion ou d'abandon, d'autres dans la clinique de l'adolescence, comme la menace dépressive ou de castration ? La menace d'effondrement réactiverait-elle à l'adolescence un vécu éprouvé par le bébé ?
Des spécialistes expérimentés dans la clinique du bébé ou de l'adolescent ouvrent toutes ces questions qui, incontestablement, méritent un approfondissement et témoignent de la complémentarité qui existe entre l'observation clinique et l'écoute psychanalytique.
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