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EAN : 9782917084038
190 pages
Attila (07/01/2010)
2.38/5   4 notes
Résumé :
L’écorcobaliseur a disparu. Avec, au bout du bras, la tête ensanglantée de son frère. À Menfrez, tout le monde s’interroge ... Et leur sœur la première, qui doit maintenant conjurer sa solitude. Le cerveau en marche arrière, elle explore sa mémoire, son passé, le district où elle a grandi.

Frères et sœur ont jusqu’ici formé un équilibre parfait, rigoureusement autonome, et rien, surtout pas les obstacles extérieurs, n’a encore perturbé cette mécanique... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique


Qu'attendre d'un livre imprimé sur la côte atlantique, protégé d'une couverture glacée parcourue de cartes géographiques et de remous marins et placé sous la protection d'Henri Michaux, le poète surréaliste ivre de mots?Oui, qu'attendre?Eh bien, rienjustement.Car attendre, c'est ouvrir un livre avec des idées dans la tête, les siennes, alors que là il faut se laisser entraîner par la force de l'imagination de Bérengère Cournut, par le «chahut immense de son crâne. »L'histoire?S'il faut une trame, alors disons que ce sont les aventures d'une fratrie, deux frères, une soeur: l'Ecorcobaliseur, l'Anicétonque et l'Isandreline.Quoi? Vous auriez voulu qu'ils s'appellent Jean, Pierre et Anne?«Pas la peine de faire cette mine» comme dit Bérengère Cournut.Ce trio «tricéphale, trinervé, triploïde, trigéminé » vit à la manière du Congloméros du peintre surréaliste Victor Brauner. Trois corps, une tête. Regardez-le page 115!Cette triade, abandonnée par des parents inadaptés, s'aime, se cherche, se tranche la tête, se quitte pour trouver « un espace où vivre ensemble une autre vie. »Chaque élément du trio voyage. On entend la voix de l'Isandreline, un chapitre sur deux. Passent des pêcheurs, des Bédouins emportés là avec leurs dunes par une tempête de sable et tant d'autres.

Bérengère Cournut a écrit un roman épique, onirique, poétique, cauchemardesque, mais bizarrement drôle. Un peu de Jules Verne, un peu de fantaisie comme dans les contes, mais surtout beaucoup de la vie rêvée de l'auteur, qu'elle confie dans une entrevue être plus importante que sa vie quotidienne.Et en effet, la lecture de son roman qui met en scène des situations absurdes faites de morceaux de réels détournés et collés, peut susciter à son tour des rêves étranges...Bérengère Cournut crée des mots, joue avec les sonorités, invente des machines étranges, «à sonder le vide», par exemple.Cet «Ecorcobaliseur» est une mine pour celui qui acceptera de laisser à la porte ses préjugés rationnels.Et il offre aussi une belle réflexion sur l'autonomie, la perte et la nostalgie.
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Avec Berengère Cournut, on navigue dans le bizarre, entre la fable surréaliste et le conte, toujours à mi-chemin entre enfant et adulte, ici dans l'histoire d'une famille très étrange. Mais ne le sont-elles pas toutes, étranges ?

Dans cette famille aux parents disparus, les deux frères, l'aîné et l'écorcobaliseur à la tête vide, étaient proches et rivaux, reliés grâce à leur soeur inventive et curieuse, voulant toujours percer les secrets les plus obscurs. Recueillis par un couple plutôt rock'n roll, la fratrie faisait bloc, inventeurs ambitieux d'appareils inouïs, machine à sonder les vides, perforateur de carapaces…

La soeur était partie découvrir le monde ; pendant ce temps, l'écorcobaliseur a été vu, portant la tête ensanglantée de son frère. La famille, système en équilibre, semble avoir basculé. Et la soeur de retour de voyage est exposée aux on-dit, au magma hostile et indécent des rumeurs de la foule. Elle part sur les traces de ses frères, avec son appareil à sonder les vides, pour localiser le vide du crâne de son frère, l'écorcobaliseur. Ne le trouvant pas, faisant route sur les traces d'une dépression familiale, elle est au fond du trou. Errance entre terre et mer, en quête d'un nouveau point d'équilibre, les souvenirs affluent en une percée nostalgique, tandis qu'elle apprivoise la distance nouvelle d'avec sa fratrie maintenant éparpillée.

Berengère Cournut a une voix singulière mais qui semble ici ne s'être pas tout à fait posée, dans un récit qui a l'air de toujours chercher sa propre voie.
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Une note moyenne pour un livre qui a éveillé en moi un peu d'émerveillement et beaucoup de curiosité au début.
De la déception ensuite un petit peu face à un univers par trop réel pour moi.
Des questionnements face aux métaphores plus ou moins poétiques dont l'autrice use.

Je ne déteste pas, ne recommande pas forcément mais ne peut que constater que, pour moi, Bérangère Cournut exerce vraiment tout son talent avec ses odyssées féminines et ethnologiques plus qu'en fiction/fantasy pure et dure.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mes frères et moi venions de mettre au point un perforateur de carapaces. Une invention simple mais ambitieuse. Nous promenant sur la plage quelques jours auparavant, nous avions trouvé un chat noyé. Pelé, son corps était également gonflé et, à vrai dire, nous avions hésité un moment avant d'y reconnaître un chat. Nous étions surtout intrigués par la peau devenue translucide, carapace molle qui laissait voir ce qui d'ordinaire était invisible. Armés d'un bâton, nous avions éprouvé ce curieux dedans-dehors. D'abord élastique, la peau avait finalement cédé, libérant une coulée visqueuse. Un mélange d'humeurs et de viscères s'était échappé de là, empuantant l'atmosphère. Le chat était en bouillie et nous avions envie de vomir. Un geste avait suffi pour anéantir ce qui restait de l'animal et notre bonne santé.
La question échue ce jour-là était : toute carapace protège-t-elle à la fois l'intérieur et l'extérieur ? Toutes les choses qu'habituellement nous épargnons pour ne pas leur nuire n'ont-elles pas en réalité le pouvoir de nous transformer, de porter atteinte à notre intégrité ? Nous mîmes au point un outil élémentaire, la pique, qui devait nous servir à larder toute défense palpable pour en faire jaillir la réponse à notre interrogation.
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La fête est finie, les Menfréens sont rentrés chez eux. C'est à présent derrière les fenêtres éteintes que tout se joue. Les regards guettent le passage de l'étranger qui a volé l'isandreline, de grandes enjambées résonnent dans toutes les têtes. La preuve la plus sûre... qu'il se passe quelque chose ! Demain, les langues cavaleront. La rumeur aura vu la double silhouette en plusieurs endroits de la ville.
De fait, cette nuit, l'homme arpente le territoire de Menfrez. Pour ne pas s'endormir. Tenant l'isandreline toujours plus serrée contre lui, il espère atteindre cette heure profonde de la nuit où les choses cristallisent en secret, où la jeune fille pourra découvrir en elle l'équilibre qui lui fait défaut.
Pour l'instant, elle semble déjà avoir renoncé à casser la mécanique en se contractant trop fort. Il n'y a plus guère que ses petits doigts qui s'agrippent à lui, tricotant à la manière des chats sur son abdomen. À mesure que la nuit avancera, les doigts iront plus profond, extraire quelque chose de précis. Il ne la lâchera pas avant qu'elle ait trouvé.
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Que savent-ils au juste ?
Ils savent que l’écorcobaliseur est hanté par un vide hors du commun. Sans en connaître la mesure exacte, ils connaissent ce que son frère et sa sœur appellent communément « le creux du crâne de l’écorcobaliseur », cet espace inaccessible à tout autre qu’eux-mêmes. Les seuls moments où l’écorcobaliseur existe cérébralement sont ceux où il est stimulé par le cerveau des deux autres. En dehors de cette présence, il ne s’y passe rien. Totale déconfiture.
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