Elle et lui, le quotidien s'organise – ils vivent ensemble, tous les deux puisque les autres sont partis, elle et lui, deux coeurs complices ; l'un est l'élan, l'autre se cale. Ils vont danser, Louise avec sa troupe et ses amis, Anselme sur son canapé à les regarder, Gary le chat sur les genoux. Un rythme en accord, enrayé quelques fois par un souvenir. Un mot. Une idée. Anselme est fatigué.
Proche, un évènement. Une griffe dans le quotidien. L'école est assiégée. On en parle. Et reparle. Les langues s'affolent portées par les dires de chacun parce que chacun a son idée, bien évidemment. Tout est histoire d'histoire. Et de passé. Et d'expérience. de mémoire.
La mémoire, parlons-en !
Frédérique Cosnier l'écrit. Celle de l'esprit et du corps, profondément marquée dans les actes et les pensées – source intarissable de l'identité propre, nichée au coeur de tous. Cette mémoire qui fera de Louise une fille dévouée aux idées franches et d'Anselme un père transigeant aux brusques intolérances.
L'écrit est vif, rythmé par la musique et la danse de Louise et des Gazelles, l'art de Sylvain ou de Samir, avec dans nos oreilles le coeur d'Anselme. Il bat en cadence – des pulsations et des silences selon l'effet du
pacemaker telle la vie qui s‘écoule parfois lisse, parfois abrupte.
Ce roman est court – à peine 125 pages – et relate une seule journée. C'est d'une traite que je l'ai lu totalement subjuguée par la langue poétique et chantante, le style délié et la saveur des mots choisis. La sensualité des corps y est magnifique, l'amour filial poignant, l'amitié forte ; on se laisse prendre, happé par les heures de cette famille (re)composée au doux parfum de différences, conscient qu'en filigrane se dessine aussi la violence du temps qui passe.
Cette lecture est incontestablement un coup de coeur.
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