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EAN : 9781091189133
la clé à molette (08/10/2016)
4/5   7 notes
Résumé :
Oui voilà. Je suis déjà une star, vous le savez bien, et je n'ai plus qu'à devenir une artiste. Ça ne doit pas être si difficile. Je serai exilée enfin pour de vrai et je pourrai brûler définitivement mes racines dans un autre pays.

Suzanne et l'influence est son premier roman publié, libre échappée poétique inspirée du film Une femme sous influence de John Cassavetes.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Frédérique Cosnier, que j'ai rencontré il y a quelques mois, à « Livres en boucle » à Besançon, est pour moi une écrivaine atypique.
Elle est avant toutes choses, une grande passionnée de poésie où elle excelle en la matière.
*

Mais lorsque l'auteure écrit des romans comme « Pacemaker » ou comme « Suzanne et l'influence », elle me propulse dans un autre univers.
Car même si j'ai retrouvé le style très poétique, lyrique et musicale de Frédérique Cosnier, je me suis demandé si c'était cette même auteure qui avait écrit l'histoire si truculente de Suzanne, l'héroïne du roman.
C'est un récit qui m'a encore surpris par un texte qui semble être parfois décousu.
Et le lecteur peut être aussi déstabilisé par cette écriture cadencée, martelée, comme pour donner plus d'ampleur à la confusion des pensées qui s'entrechoquent sans cesse dans la tête de Suzanne.

Avec Frédérique Cosnier, je ne sais jamais où elle veut m'amener et c'est là que niche pour moi son talent.

Un autre point fort de cette auteure, c'est son humour.
Un humour caustique qui a l'art de dédramatiser des situations tragiques, plombantes et surtout qui rend cette Suzanne énervée, plus supportable.
*

Mais qui est Suzanne ?
Qui est cette femme borderline ?
Une échappée en roue libre ?
Qui s'enfonce dans des monologues insensés, dans une spirale d'une douce folie meurtrière, ou dans des fiévreuses hallucinations.

Cette femme, à la personnalité très complexe, me questionne et fascine à la fois.
Est-elle bien celle qu'elle prêtant être ou celle qu'elle voudrait être ?
Car Suzanne n'est pas toute seule, elle est plusieurs personnages différents.
Le matin, elle veut qu'on l'appelle Thelma, comme son héroïne dans « Thelma et Louise ». L'après-midi, elle est une star adulée qui se nomme Madonna.
Et l'après-midi d'après, elle est Bonnie et part en road-movie avec Clyde.
*

Pour Suzanne, la course est lancée, poussée par un souffle de folie.
Dans sa tête, des pensées qui tapotent, des pensées qui flottent, des pensées qui tourbillonnent.
J'aurais voulu la retenir, j'aurais voulu lui montrer une autre route, un autre chemin.
Mais Suzanne n'entend que sa voix.
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Deux femmes sous influence et pourquoi pas trois ?


Frédérique Cosnier a écrit son premier roman sous influence. Elle ne s'en cache pas. le film paronyme de John Cassavetes a été l'aiguillon détonnant de son écriture. Cassavetes filme un couple dans l'Amérique des années 70 : Gena Rowlands qui vit avec Nick, Peter Falk, et trois enfants. Cette mère est borderline et aime ses kids de façon singulière. Quand ils sont à l'école, elle s'ennuie si vite d'eux qu'elle les attend à leur arrêt de bus deux heures avant leur sortie de classe. Elle organise aussi des surprises parties où chacun se dévêt pour mieux entrer dans son rôle. Elle n'entre dans aucune norme et Nick, son mari, craque et finit par autoriser son hospitalisation avant de comprendre que la vie avec elle est mieux que sans elle. Ce film est d'une vitalité bouleversante. Il fallait être drôlement sous influence pour transposer ce récit dans la France d'aujourd'hui, pour faire d'un Géant Casino l'emblème du dérapage de notre société de consommation, pour transformer la Mabel, jouée par Gena Rowlands en personnage de papier, rebaptisé Mable, qui sonne comme Mabel, mais qui s'écrit comme le nom d'une rivière française de la Loire. Il fallait avoir une petite dose de folie pour souffler dans des mots toute l'énergie que met un Cassavetes à traquer ses comédiens et sa femme Gena. Frédérique Cosnier a été cette auteure sous influence qui a embarqué ses lecteurs dans la frénésie, le bord de la raison, le hors de toute logique. Elle a même créé une troisième femme pour ajouter une Suzanne dans le cyclone. Suzanne, amie de Mabel, est dérangée elle aussi, étrange, comme on dit quand on est bien élevé. Elle est tout à la fois la Louise du couple légendaire Thelma et Louise et la figure biblique de Suzanne et les vieillards, l'innocente femme nue qui se montre et qui est perdue, malgré elle, par les avances des hommes voyeurs. La Suzanne de Frédérique Cosnier est cette innocente coupable quand elle rapporte en toute bonne foi un concombre non payé au supermarché, et pourtant coupable, quand elle dérape face à la caissière qu'elle accuse de n'avoir pas passé sous la scannette le fameux concombre. Cette Suzanne est aussi voyeuse, à sa façon, du couple de son amie Mable et de la folie de cette dernière, tout en étant aussi dangereuse qu'elle, tuant en vérité ou en imagination, avec une Clé à molette, un homme sur la route. L'amitié insensée entre les deux femmes est un cristal qui éblouit et fait perdre la vue. Suzanne devra d'ailleurs au fil du texte se métamorphoser en Gloria, et plonger dans cet autre film de Cassavetes, pour sortir du duo dévorateur. Ce que Frédérique Cosnier ajoute comme un bonus aux ingrédients cinématographiques avec cette Suzanne est un humour ravageur. Je pense que toutes les femmes qui sont, avouons-le, trop souvent sous influence masculine, devraient apprendre par coeur les répliques échangées par Suzanne et Mable dans un bar alors qu'elles se font salement draguer par deux matchos. Ce moment est jubilatoire. Il ne faut rien en dévoiler pour garder l'effet intact. Il est précieux aujourd'hui de courir dans les pages, de lire happé par un personnage et d'avoir en plus le plaisir de rire. Frédérique Cosnier, telle une Cassavetes littéraire, installe son lecteur au coeur d'un fatras vital et jamais ne le lâche. La densité n'enlève rien à l'affaire, au contraire. le monde d'aujourd'hui apparaît tout aussi cruel que la société américaine des années 70 et ces vies humaines transfigurées aimantent autant à défaut d'être aimées. Après avoir lu ce récit paru évidemment à La Clé à molette, arme redoutable, je ne regarde plus ni les caissières, ni le quotidien de la même façon. L'anormalité des choses me saute à la figure et cela me réjouit presque.
Lien : http://atelierdupassage.cana..
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J'ai reçu ce livre lors de la dernière opération masse critique organisée par le site Babelio. Lorsque je l'ai coché pour tenter de le gagner, j'ai lu le résumé fourni mais je me suis aperçue en recevant le livre que ça n'était qu'une partie de la quatrième de couverture…Il me manquait cette phrase : « Suzanne et l'influence…libre échappée poétique inspirée du film Une femme sous influence de John Cassavetes ». Honnêtement si j'avais lu cela je n'aurais sans doute pas coché la case…C'est donc l'histoire de Suzanne et de son amie Mable (qui est l'héroïne du film de Cassavetes) toutes deux très « borderline ». On vit toute l'histoire dans la tête de Suzanne et je reconnais que l'auteur réussit parfaitement par sa langue très proche de la prose poétique à recréer les pensées qui peuvent se bousculer dans la tête d'une personne « dérangée ». Elle tue un homme avec une clé à molette, elle enlève sans le vouloir un des enfants de Mable et part en cavale avec lui. Elle a sa propre logique, tout comme Mable d'ailleurs, totalement différente de celle communément admise. Mais comme vous l'aurez deviné avec les premières lignes de cette critique, je n'ai pas réussi à entrer pleinement dans cette écriture, je n'ai pas pu totalement lâcher prise et me laisser porter. J'affectionne des écritures plus classiques même si je reconnais le talent de l'auteur et l'adéquation de son style avec la personnalité très troublée de Suzanne.
Lien : http://monpetitcarnetdelectu..
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Assez étrange cette Suzanne mais attachante. Elle nous livre quelques jours de sa vie tumultueuse et sa compréhension (on non compréhension) du monde qui l'entoure.
Sa copine Mable, fraîchement sortie de l'asile psychiatrique, a rejoint son mari et ses enfants chéris. Elles me font penser à deux gamines qui ne soucient pas des conséquences de leurs actes. Elles pensent toujours à faire plaisir. Mais elles essayent chacune à leur façon de devenir adulte et responsable. Ce qui n'est pas simple dans leurs têtes !
Après quelques pages de présentations de ces 2 êtres (je ne sais pas comment les qualifier sans tomber dans la caricature et de peur de les mettre dans une seule « case », ce serait trop réducteur), les voilà parties à la recherche d'une salade « de plein champ » pour la recette de cuisine de Mable. C'est le début de leurs aventures. Elles sont drôles, loufoques, tendres. Mable essaye de s'intégrer dans ce monde grâce à ses enfants. Elle les adore. Elle va tout faire pour eux. Suzanne n'a personne à part Mable. Elle nous fait part de toutes ses pensées, ses colères, son amour pour Mable, ses réflexions sur le comportement des gens.
C'est frais et poétique. Un livre court mais avec une fin qui ouvre des perspectives.
J'etais enchantée d'avoir lu ce roman même si parfois le style me déroutait au début.
Merci encore à Babelio et aux éditions La clé à molette de m'avoir fait découvrir cet auteur.
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Ce roman un monologue halluciné d'une femme "folle" qui nous raconte quelques jours épiques de sa vie.

L'ambiance est très bien posée, le style s'y accorde parfaitement. le roman est étrange et intéressant, son intérêt est littéraire plutôt que narratif.

Car s'il se passe des choses, pas pas des moindres, l'originalité est dans la vision délirante de l'héroïne. Elle est décalée de la réalité, dans son monde en même tant que le notre. On suit ses rêves éveillés, incertain de ce qu'il se produit vraiment, happé dans son manque de lucidité et pourtant toujours ancré dans le monde réel et ses problématiques.

J'ai aimé à quel point l'auteur à su décrire la folie du personnage. Les idées ne sont pas vraiment fausses, les échelles de réalités et de leurs importances floues.

Le style est formidable, ce qui en fait une très bonne découverte ! Il est également un peu indigeste peut-être, pas étonnant vu l'exercice, mais comme le roman est très court je n'ai même pas eu le temps d'en souffrir. À mon avis, il vaut mieux éviter d'entrecouper cette lecture par d'autres pour ne pas trop sortir de l'ambiance créée. Assurément un très bon livre pour qui aime le genre. Pour ma part j'aimerais lire plus souvent des textes aussi originaux !

Apparemment, le livre est inspiré du film Une femme sous influence de John Cassavetes. Je ne l'ai pas vu et n'ai pas ressenti de manque à cette lecture, qui se suffit en elle-même.
Lien : https://lemoulinacritiques.b..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les livres ne sauvent de rien. Ca, je l'avais bien compris, depuis longtemps déjà, et c'est sans doute pour cette raison que j'avais arrêté mes études de littérature. Si vous les écoutez, les écrivains, ils vous chanteront tous une chanson comme C'est la littérature qui m'a sauvé, c'est la littérature qui me fait vivre. Truc dans le genre. Sauf qu'ils ignorent qu'ils étaient déjà sauvés avant de croire être sauvés. Car pour lire, et même pour écrire, je suis sûre, il faut déjà être vivant.
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Je ne sais pas du tout pourquoi le type a eu ce comportement incroyable derrière moi. Ce que j'avais bien pu faire qui ne lui plaisait pas. Peut-être que le feu n'était pas vraiment rouge quand je me suis arrêtée, ou rouge clair, peut-être qu'il avait envie que je passe quand même, entre l'orangité et le carmin ciel. Il considérait que j'avais le temps d'y aller et de m'engager devant en plein milieu du carrefour, au risque d'y laisser ma peau, comme une vraie guerrière, une amazone du bitume mais décidément, les femmes au volant, etc. J'ai entendu sa voix autour de ma tête. Son jugement sur ma vie entière, l'instabilité de mon axe, mes changements de cap. Une voix vulgaire et très générale. Les gens ne connaissent rien à votre tournure, à votre expression, mais voimà ils ont attrapé un geste au vol, un geste vu de loin, et ils pensent vous lire dans ce geste unique. Et lorsqu'ils sont soumis à un de vos gestes, accélérer ou ralentir à un carrefour, lorsqu'ils sont inclus dans votre décision sans l'avoir voulu, le sort les accable à travers vous et ils voudraient vous éliminer. Cependant le meurtre ne s'accomplira que par cette main appuyée sur le centre du volant ou sur la petite manette latérale. Le besoin d'anéantissement s'assouvira dans un Tüüt de mouette enrouée. Ça cerne les villes aux croisements en tous genres comme dans un ultime réseau de boyaux, pétaradant dans la douleur.
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J'effectue le mouvement parfait. Silence total dans la rue. Suspension du jugement des gens, affalés dans leurs canapés devant Les Feux de l'Amour, jugement des dieux sourds qui mangent des chips à l'ancienne dans le ciel pour devenir bientôt des dieux obèses et démissionnaires.
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C'est une mère exceptionnelle. Je veux dire, n'importe quelle mère est exceptionnelle et complètement catastrophique puisqu'une mère, par définition est une catastrophe. Mais ce qui est formidable chez elle, c'est qu'elle explore des méthodes qui proviennent vraiment de son inspiration personnelle.
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- Se calmer? Tu nous offres quoi Gary Cooper? T'as vu tes mains? Tu crois qu'on peut prendre quelque chose dans des mains pareils? T'as vu ta bouche? Tu crois que ça parle, les sonx qui sortent de ce trou? Tu sens pas bon l'arbalète, t'es élégant comme une boite de thon, tu gâche ma vue, tu savais ça, hein?
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