Je n'irai pas !

La force de cet homme impose le respect. Que notre époque semble fade, face à de tels destins ! Nous avons besoin de lire Eugène Cotte. Nous avons besoin aujourd'hui de tels hommes, des hommes de cœur, des homme de rien, qui risquaient tout par soif de justice et d'humanité. Nous avons besoin de leur engagement, de leurs interrogations, de leurs convictions.
Au sortir de cette lecture, vous serez, sans doute, bouleversé par ce parcours. Mais ce qui vous surprendra le plus, c'est son incroyable modernité. Ses propos sur les femmes, sur l'éducation des enfants, les innombrables question qu'il se pose sur l'individu et la société, le déterminisme... Tout résonne en nous. Souvent, au détour d'une phrase, d'un paragraphe relatant ses rencontres, ses expériences, ses décisions, on se surprend à opiner, à discuter, à entretenir, par-delà les années, une surprenante complicité.
Car c'est bien à une conversation avec nous-mêmes et avec notre temps que nous invite Eugène, ce jeune homme, cet anarchiste, dans ses mémoires écrits il y a tout juste cent ans.

Philippe Worms, avant-propos

Aussi à la Saint-Jean, date à laquelle se renouvellent tous les engagements des domestiques de forcer, je ne renouvelai pas le mien. Je dois dire que depuis un an mon père, par une grande générosité de sa part, me laissait mes gages afin que je puisse me constituer quelques économies. Je pouvais enfin toucher l'argent que je gagnais et m'engager moi-même sans être une marchandise vendue par mon père. C'était mieux en rapport avec mon sentiment de dignité ! J'avais dix-huit ans et j'étais maître de moi-même. Enfin !

Le seul moyen de vivre librement et paisiblement est d’abord de rendre les richesses du pays au pays lui-même et non à quelques profiteurs qui vivent grassement sur la misère des autres, et de vous organiser sans jamais prendre de chefs qui vous tromperont toujours, ni abdiquer la plus infime parcelle de votre volonté, ni de votre liberté, entre les mains de représentants et de gouvernants.

Un homme en venant au monde vaut-il mieux qu’un autre ?

Si tu veux la paix, prépare la paix !