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3,79

sur 2453 notes
Une grande oeuvre comme j'ai rarement l'occasion d'en lire. L'autrice nous peint un tableau virulent d'une campagne profonde et détachée du reste du monde.
Les personnages sont complexes en restant vraisemblables, la trame principale est bonne et arrive à nous tenir en haleine mais l'attraction principale reste l'ambiance palpable des premières lignes au dénouement final.
Il est assez rare que je soit triste de quitter l'univers d'un livre, mais ici, je serais bien rester un peu plus longtemps au paradis à regarder le sang couler sur la terre battue.
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Ça faisait un moment que j'avais repéré Cécile Coulon, une citation d'un de ses poèmes, lue au hasard de Babelio .... Et pourtant ce n'est pas ma tasse de thé, la poésie. Justement! J'ai trouvé ça original, mature, fort. Je me renseigne sur l'autrice, une jeune femme qui a l'air douée, et qui a l'air d'avoir un style bien à elle. Quelques mois plus tard je me lance avec ce livre et j'adore !
Ensuite j'ai enchaîné avec 3 saisons d'orage et Seule en sa demeure.
Cécile Coulon sait où elle veut nous emmener, son style est fort, maîtrisé, innovant. Les descriptions sont magnifiques, les métaphores et les comparaisons sont riches, surprenantes! La nature et les lieux sont modelés aux couleurs des émotions des personnages... Ou bien est-ce l'inverse ? Peu importe on y est, on le vit.
Souvent des récits en forme de contes ruraux, avec des personnages en vase clos...clos jusqu'à l'étouffement, jusqu'à ce que les relations humaines partent en éclats toujours étouffées par les apparences, les non-dits. Merveilleuse conteuse de ressentis, Cécile Coulon excelle dans son art, celui de nous montrer l'envers du décor, peut être un peu avec toujours la même recette mais, je ne m'en suis pas encore lassée ! J'ai lu que son écriture pouvait paraître trop scolaire, trop carrée, peut-être, oui, mais quel régal ! A découvrir sans attendre !

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Ce court roman présente trois qualités notables :
- il est bien écrit
- on tourne les pages avec envie, on veut savoir comment les choses vont tourner
- a priori, on n'oubliera pas l'histoire, ni sa fin.
Il y a cependant un petit bémol : on sent bien que l'auteur a voulu écrire quelque chose comme son Thérèse Raquin à elle, son roman âpre qui lui donnera accès à la reconnaissance. Il n'y a rien de mal à ça, mais cela objectivement se voit. Certains chapitres semblent avoir été écrits et travaillés uniquement pour faire "littéraire", et en cela c'est un peu guindé et artificiel.
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Le Paradis, c'est la Ferme Émard.
Elle est tenue de mains de maître par Emilienne, la doyenne des lieux.

Le malheur frappe le Paradis.
Sa fille Marianne et son gendre Étienne meurent dans un accident de voiture à une encablure de l'exploitation. Ils laissent deux enfants.
Emilienne élève ses petits Blanche et Gabriel.
Un soir, Louis, un jeune homme battu par son père, échoue au Paradis.
Tout ce petit monde abîmé par la vie se serre les coudes. le quotidien est rythmé par les travaux de la ferme. Les années passent.

A l'adolescence, Blanche tombe amoureuse d'Alexandre. Son coeur palpite. Elle se sent belle.
Mais tout s'effrite patiemment, douloureusement, sans retour en arrière possible.
Le Paradis ne l'est plus.

Cécile Coulon tisse sa toile redoutable autour de son lecteur. Son récit est beau et destructeur.
On espère, on suffoque, on respire et on espère comme Blanche.
En vain, le Paradis devient alors l'Enfer.

Je vous conseille vivement cette lecture. Cécile Coulon a l'art de nous faire dévorer ses livres d'une traite.
Dans Une bête au Paradis, j'ai retrouvé la puissance narrative de la langue des Choses Cachées.
D'ailleurs, quand je lis Cécile Coulon, je pense à Franck Bouysse. Ils ont en commun l'amour de ces héros simples, de tous les jours, au caractère trempé et celui de la nature.
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Dans la mesure où j'ai adoré ma dernière expérience de lecture avec Cécile Coulon (Seule en sa demeure), je me doutais que ce serait plus ou moins pareil avec ce roman-ci. J'avais lu le résumé, deviné les tensions, la rudesse des personnages... Et paf ! Ça n'a pas raté : j'ai adoré. Mais, au vu du nombre de critiques négatives et des nombreuses déceptions, je dois faire partie d'une minorité 😂

Je dirais qu'on a affaire à un huit-clos rural, glaçant, un drame passionnel et passionné auquel succède une brutale montée en puissance de la haine. Ma lecture a été rapide et jouissive parce que les mots précis de l'auteur, simples, crus, violents, son style sans fioritures nous plongent immédiatement dans le quotidien d'Émilienne, de Blanche, d'Alexandre, de Louis... à coups de chapitres courts et percutants, qui accumulent les tensions.

Dans ce "Paradis" dont la ferme n'a que le nom, on côtoie un monde rude auquel les faibles se heurtent, qui les rejette pour ne garder que les plus acharnés, maintenu par la même routine jour après jour – un univers non dénué d'âme mais à mille lieues des bouleversements extérieurs. Pour Emilienne, Blanche et Louis, le "Paradis" revêt des allures d'Éden, traversé par les souvenirs, l'amour, leur construction personnelle, et des fulgurances lumineuses qui tranchent sur sa boue et sa solitude. C'est tout le talent de Cécile Coulon de parvenir à rendre belle cette terre pauvre et exigeante.

Dès le départ, on sent l'horreur se former malgré certaines scènes plus légères. Exacerbant la haine, la révolte, la souffrance, son récit explore l'amour intransigeant qu'une lignée de femmes passionnées par leur métier vouent à leur terre et à leurs bêtes. Certaines scènes sont d'une puissance incroyable. Ça parle de dévouement, de famille, de loyauté et de regrets.

Émilienne, l'aïeule, est un très beau portrait de femme mûre, farouche et intransigeante, usée par la vie, mais aimante malgré tout, droite et sûre d'elle. Et si Louis et Gabriel, les hommes de la famille, m'ont touchée (l'un par sa loyauté, l'autre par sa mélancolie), c'est pourtant bien Blanche qui a emporté mon coeur et m'a émue avec sa rage blessée et sa démence.

Même si je trouve la fin un peu excessive comparée au reste du récit et qu'elle a douché mon enthousiasme, "Une bête au Paradis" reste un livre magnifique. Il célèbre l'amour filial, l'attachement à la terre, la force de la résilience et les racines qui nous lient à nos foyers – de naissance ou choisis. Et il a l'avantage de mettre à l'honneur de beaux portraits de femmes – Émilienne, Marianne, Blanche, Aurore.... – qui toutes, à travers leurs qualités, leurs défauts, leurs forces, leurs faiblesses, animent ce drame de la vie.

Un roman terroir à la Franck Bouysse avec cette même violence et cette même noirceur que j'aime chez lui et qui percutent le coeur.
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Vraiment trop de scènes de sexe et de sexualisation de l'héroïne (à tout âge, y compris enfant 🤢). L'histoire n'est pas passionnante, hormis l'acte III qui est sympa mais sans plus, et j'ai failli ne pas arriver jusque là tant le reste me dégoûtait...
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Blanche vit dans la ferme de sa grand-mère Émilienne, le Paradis, avec son petit frère Gabriel et Louis. Les parents de Blanche et Gabriel sont morts dans un accident de voiture alors que les enfants étaient encore en bas âge. Louis, victime de violences familiales, a été embauché par Émilienne pour aider à la ferme et y vit désormais. La jeune fille sait qu'elle reprendra la ferme et ne quittera jamais le Paradis. A 16 ans elle tombe amoureuse du bel Alexandre mais vit comme une trahison qu'il décide de partir à la ville faire des études…

Blanche reste sur sa douleur que rien ne vient apaiser. Louis l'aime mais il sait qu'il n'a aucune chance. Il prend le parti de la protéger. Gabriel s'envole pour aller à son tour vivre sa vie, Émilienne vieillit doucement et la vie continue au rythme de la vie des bêtes, des saisons et du travail harassant qui empêche de s'effondrer. Jusqu'au jour où Alexandre, qui a choisit de faire carrière dans l'immobilier, revient. Et les femmes espèrent que les choses vont rentrer dans l'ordre...Mais la tragédie est écrite et les mondes séparés difficilement réconciables.

Un beau roman qui illustre bien la dimension tragique de l'existence, le divorce entre l'attachement à la terre et le désir de vivre une autre destinée, qui semble plus facile, les tourments du coeur qui ne s'attache pas à celui que désignerait la raison mais plutôt à celui qui sera son bourreau, avec l'excès peut-être de la jeunesse, et l'entêtement du désespoir. C'est cet excès qui nous laisse un peu sur le bord du chemin, qu'on comprend par l'isolement des personnages dans ce lieu au bout du monde, et qui va aboutir au drame. de l'amour au désenchantement a surgi la haine et du Paradis, l'enfer.
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Un livre très bien écrit mais trop dur pour moi : une femme sombre dans la folie après la trahison de son premier (et hélas unique) amour. L'histoire se passe dans un coin sauvage de la France profonde, une ferme isolée remplie d'animaux dits domestiques et de quelques personnages guère attachants. Les courts chapitres ont tous un verbe pour titre, qui dévoile la suite. Il est question d'amour charnel mais aussi celui d'une aïeule pour celle et ceux qu'elle a élevé et porté à bout de bras à un âge déjà avancé.
Vraiment trop de sauvagerie dans ce récit dont la fin explique le début !
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!!!Coup de coeur!!!
Le Paradis c'est une ferme familiale au bout d'un chemin de terre.
Y vivent Emilienne la grand-mère, Blanche et Gabriel les petits-enfants qui ont perdu tragiquement leurs parents, et Louis le garçon à tout faire.
La vie au Paradis, ce sont aussi les bêtes, la nature, le travail sans relâche. Simplement mais formidablement contés.
Lorsque Blanche tombe amoureuse d'Alexandre, l'équilibre de ces vies est bousculé.

Ce roman c'est un univers, celui de Cécile Coulon. Les personnages, comme le paysage, dégagent une force incroyable. Les sentiments poussés à l'extrême.

Roman organique, à fleur de sens : on respire, on touche, on goûte la campagne.
Roman passionnel : amours des hommes et de la terre.
Roman très puissant qui marque l'imaginaire.

Et le final....grandiose.

Quelle patte que celle de Cécile Coulon qui manie les mots à merveille.

(A la lecture, jai ressenti un petit goût du Né d'aucune femme de F.Bouysse, qui fut une de mes lectures les plus marquantes)

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Le Paradis est une exploitation agricole tenue d'une main ferme par Émilienne, veuve, mère de Marianne, Marianne mariée à Étienne, ex enseignant reconverti dans la "ruralité"; retour aux racines et à la terre notre mère nourricière. Marianne et Étienne ont deux enfants : Blanche l'aînée et Gabriel son cadet de deux ans.

Le Paradis, c'est aussi un cocon "familial", un refuge au-delà d'un monde voué au superflu.
La survie du cocon a un prix d'exigences et d'excellence : le travail sans compter, l'abnégation consentie, la dévotion et le respect dûs aux bêtes... à l'écosystème, dirions-nous persuadés que nous maîtrisons tout le contenu sémantique dont ce mot est porteur.
Le Paradis, c'est aussi et surtout la liberté, et pour commencer celle d'être ce qu'on est, sans artifices, sans faux-semblants, sans tricheries...

Un jour de mauvais temps, Marianne et Étienne trouvent la mort dans un accident de la route, dans une épingle non loin du Paradis.
Émilienne prend en charge l'éducation de ses deux petits-enfants devenus orphelins.
Blanche se raccroche à cette femme que la dureté de la vie ne semble pas parvenir à ébranler.
Elle rentre sa douleur et l'endurcit.
Le Paradis devient l'épicentre, le coeur de sa vie son tout, son moi...
Gabriel, plus fragile que sa soeur,a le deuil à fleur de l'âme.
Il survit au milieu des souvenirs, des regrets, des ombres, de l'amour confisqué. Empli de bleus au coeur, le Paradis a pour lui le goût de l'absence...

Et puis chez ces chez gens-là, il y a Louis, le commis qu'a recueilli Émilienne un soir d'orage, un soir où le gamin de seize ans alors, s'était fait rouer de coups par une bête humaine, une brute paternelle à laquelle le silence complice de la mère autorisait l'au-delà de tout.. Louis est resté au Paradis, intégrant cette famille qu'il a faite sienne...
Il seconde Émilienne et veille comme un frère aimant sur Blanche et Gabriel.

Et puis un jour, à l'école Blanche fait la connaissance d'Alexandre. C'est un Apollon, un charmeur à la voix enjôleuse, au sourire carnassier, un chérubin dévoré par l'ambition et l'appât du gain.

Pour Blanche, Alexandre c'est le coup de foudre, l'Amour en lettres capitales.

Seul Louis prend la mesure de la menace...

Ce roman qui s'inscrit dans une filiation littéraire dans laquelle pourraient figurer Giono, Marie-Hélène Lafon, Franck Bouysse et auxquels pourraient s'adjoindre Simenon et Dard, ce roman est une somme de petits chapitres tous introduits par un verbe à l'infinitif... "L'inconscient s'exprime à l'infinitif", disait Freud...

Il s'ouvre sur une scène dans laquelle Blanche devenue octogénaire, vient jeter un bouquet de fleurs sur la fosse aux cochons, désormais condamnée... et elle se souvient...

D'entrée, le lecteur sait donc que cette fosse aux cochons va jouer le rôle du fusil de Tchekhov ( loi de conversion des genres ) ; il n'y a plus qu'à suivre la plume tellurique, riche, sensuelle et maîtrisée de Cécile Coulon dans ce drame d'une réelle "époustouflance."

Un roman qui m'a marqué, qui a laissé une empreinte émotionnelle forte dans mon petit coeur de lecteur.

Cécile Coulon a un talent monstre... ce livre le montre avec toute la force et toute la violence d'un tragique intemporel et universel.

Un très grand roman !


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