Dans l'une des nouvelles les plus surprenantes qui constituent la très borgésienne Littérature nazie en Amérique (Christian Bourgois, coll. Titres, 2006, p. 166) intitulée Rory Long, Roberto Bolaño s'amuse à distinguer deux conceptions de la poésie : «La poésie «fermée», c'était Donne et
Poe écrit-il, et aussi
Robert Browning et Archibald McLeish; la poésie «ouverte», c'était Pound et Williams (mais pas dans toute son oeuvre). La poésie «fermée» était personnelle, de l'individu poète à l'individu lecteur; la poésie «ouverte» était impersonnelle, du chasseur de la mémoire de la tribu (le poète) au récepteur de la mémoire de la tribu et partie consubstantielle du devenir de celle-ci (le lecteur). Et Rory Long pensa que la Bible était de la poésie «ouverte» et que les grandes masses qui s'agitaient ou rampaient à l'ombre du Livre étaient les lecteurs idéaux, les affamés de la Parole lumineuse.»
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