« Quoi, des pétainistes dans ma famille ? J'avais pourtant toujours entendu dire qu'il n'y avait que des gaullistes ! »
Voilà la réalité à laquelle l'auteure, professeure d'histoire en lycée professionnel, doit faire face lorsqu'elle explore les documents laissées par sa grand-mère dans la maison de famille. Ces documents font écho à des repas de famille où, alors qu'elle était adolescente, on évoquait un membre de la famille qui était mort en affrontant les Russes avec la division Charlemagne. Charlemagne ? C'est vieux ça, ça devait être du temps des guerres napoléoniennes. Il eût mieux valu.
De photo en photo, elle découvre un adolescent lisant Mein Kampf dans le texte, une photo de Hitler prise à la volée ainsi qu'une bibliothèque impressionnante d'ouvrages révisionnistes ou à la gloire de la Milice. Force est de constater que l'engagement du cousin de sa grand-mère dans les chemises brunes allait au-delà d'un anti-communisme encore présent dans la famille.
Ce récit est intéressant car nous suivons son enquête, ses lectures, ses doutes dans un questionnement qui n'appartient malheureusement pas au passé. Ce n'est pas un livre d'Histoire avec un H majuscule mais le livre d'une histoire familiale qui nous concerne bien plus que ce que nous sommes prêts à admettre.
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Je me consolai en emportant le seul et unique livre pouvant se rapprocher du sujet, une Histoire de la Collaboration, de l’écrivain d’extrême droite Dominique Venner, dont le suicide en 2013 marqua les esprits, puisqu’à la manière d’un kamikaze, il décida de se donner la mort devant l’autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris, épouvanté par la décadence dans laquelle lui semblait plongée la France.
Je quittai la bibliothèque avec ce butin assez maigre, bien que relativement pesant (le livre était épais). Je me contentai de cette lecture en me faisant la réflexion que c’était quand même dommage de ne pas avoir accès à la part d’ombre des idéologies françaises dans les allées des petites bibliothèques de province. Pléthore d’historiens travaillaient pourtant sur la Collaboration. Le contenu du livre de Venner se révéla finalement plutôt intéressant, l’auteur connaissait son sujet de près. Il serait instructif de faire un jour une histoire des opinions de la France contemporaine à partir du contenu de ses bibliothèques municipales.
Je voudrais comprendre les raisons de cette fervente fidélité des époux Joubert à Pétain. Je suis tellement naïve de penser qu’avec l’exil de Pétain a disparu le pétainisme, n’est-ce pas ?… Ceux qui se raccrochent à leur fidélité à Vichy refusent-ils de céder aux affres du remords ? Au-delà de cette fidélité, j’ai du mal à saisir quel est cet « idéal » pour lequel sont morts ceux à qui rend hommage cette carte. L’idéal nazi ? Ou bien celui, réactionnaire, de la frange traditionnaliste française, nationaliste, autoritaire et xénophobe ?
juste une affaire de famille, une banale influence paternelle, un substrat d'un conformisme navrant. Cette histoire dépeignait le collaborationnisme étriqué de notables provinciaux allant tromper leur ennui dans des clubs de réflexion sur l'actualité pour se donner l'illusion de leur importance.
J'étais injuste. Mon père défendait la Collaboration, parce qu'il était de la génération à qui on avait enseigné la thèse de Robert Aron, qui soutenait que Pétain avait signé la défaite pour protéger la France d'une soumission totale du pays.
L’esthétique nazie s’était infiltrée jusqu’au confins des provinces françaises. Elle n’était pas spécifiquement allemande en marge de la modernité européenne.